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NESTORIUS, LE CONCILE D’EPHÈSE


Veranensis, n. 9, 7, 10, 8, A. C. O., i, 4, p. 22-27. La cour impériale, de son côté, avait prévu des troubles possibles. S’aulorisant du précédent de Nicée, où l’empereur lui-même avait surveillé et, jusqu'à un certain point, dirigé la marche des débats, Théodose II envoyait à Éphèse un haut fonctionnaire, le comte Candidien. Une sacra dont il était porteur et qui devait être lue à l’ouverture du concile, précisait ses pouvoirs. Vaticana, n. 31, A. C. O., i, 1, 1, p. 120 ; Mansi, t. iv, col. 1117. Le comte, cela allait de soi, n’avait point à prendre parti dans les questions dogmatiques ; mais il veillerait à la discipline extérieure et intérieure de l’assemblée, interdirait l’accès de la ville aux éléments de désordre, assurerait dans les réunions la liberté de discussion, surtout empêcherait les membres du concile de quitter Éphèse avant la clôture régulière. Nulle autre question ne pourrait être ventilée avant qu’ait été terminée l’affaire générale de la foi pour laquelle le concile était réuni ; les causes proprement judiciaires, civiles ou criminelles, ne seraient pas touchées ; suivant une règle qui de plus en plus s’imposait, elles seraient réservées aux tribunaux (ecclésiastiques) de la capitale.

Candidien dut arriver à Éphèse peu après Nestorius, dans les derniers jours de mai ; Juvénal de Jérusalem à peu près en même.temps que saint Cyrille ; partis de Rome seulement à la mi-mai, les légats romains ne pouvaient guère être rendus à Éphèse pour la date fixée, et il ne semble pas qu’on se fût, dans les milieux cyrilliens, beaucoup préoccupé de leur absence. C'était dans une autre direction que se portaient les regards. Jean d’Antioche et tous les Orientaux ses suffragants avaient pris la route de terre ; en mettant les choses au mieux, il leur fallait une quarantaine de jours pour arriver ; il était à craindre que ce délai fût insuffisant, et qu’il fût impossible d’ouvrir le concile à la Pentecôte.

Les controverses ne chômaient pas pour autant entre Nestorius et son entourage d’une part, les partisans de saint Cyrille de l’autre. Ces derniers, ayant les églises à leur disposition, ne se privaient pas d’y parler et d’y attaquer de manière plus ou moins précise l’archevêque de Constantinople. Un certain nombre de sermons de saint Cyrille conservés dans les Actes peuvent être de ce moment. Vaticana, n. 77, 76, A. C. O., i, 1, 2, p. 96 sq., 93 sq. ; P. G., t. lxxvii, col. 981 sq., 985 sq. Quelques évêques essayèrent aussi de disculer avec Nestorius ; il s’ensuivit des débats assez vifs dont certains échos seront plus tard rapportés en séance (voir col. 113). Saint Cyrille, de son côté, s’efforçait d’expliquer ses anathématismes qui, même parmi ses partisans, ne devaient pas recueillir tous les suffrages. Bref on vivait à Éphèse dans une atmosphère de bataille ; que serait-ce quand les Orientaux arriveraient, et se rangeraient en masse, on pouvait le craindre, aux côtés de Nestorius ?

2° La convocation du concile par saint Cyrille et la séance du 22 juin. — Tout ceci explique, si elle ne la justifie pas entièrement, l’attitude résolue que va prendre saint Cyrille une fois passée la Pentecôte (7 juin), date à laquelle, d’après l’ordre impérial, le concile devait s’ouvrir. Huit jours après la fête les Orientaux n'étaient pas encore arrivés, et il ne parait pas qu'à ce moment on eût encore de leurs nouvelles (voir sur ce point qui n’est pas sans importance les remarques de F. Nau, dans Revue de l’Orient chrétien, 1912, t. xvii, p. 433-434). C’est seulement vers le 20 juin qu’arriva une lettre de Jean annonçant qu’il n'était plus qu'à cinq ou six étapes d'Éphèse, s’excusant de son retard, mais n’invitant nullement à commencer sans lui. Vaticana, n. 30, A. C. O., i, 1, 1, p. 119 ; Mansi, t. iv, col. 1121.

| La décision de Cyrille de convoquer lui-même le concile, sans attendre la présence de Jean, fut prise après l’arrivée de cette lettre. Synodic, n. 82 (7), A. C. O., i, 4, p. 27 ; P. G., t. lxxxiv, col. 590. En vertu de quel pouvoir, c’est ce qu’il n’est pas facile de dire. Sans doute le patriarche d’Alexandrie interprétait-il la commission générale que le pape Célestin lui avait donnée l’année précédente ; mais ni la sacra impériale, ni les instructions pontificales ne font allusion à un droit de Cyrille à présider l’assemblée. L’ordre de préséance entre les grands sièges épiscopaux n'était pas encore réglé, comme il le sera plus tard, et les droits d’Antioche balançaient, à coup sûr, ceux d’Alexandrie. En recommandant aux évêques l’unanimité, l’instruction impériale semblait leur remettre le droit de désigner leur président, mais c'était vraisemblablement à l’initiative de Candidien que revenait le soin de lancer la première convocation. Cela était inclus dans sa mission de veiller au bon ordre de l’assemblée ; et c’est d’ailleurs ce qui ressort des conseils qu’il ne manqua pas de donner à ce moment-là. Voir A. C. O., i, 4, p. 32, 1. 3.

Or, le dimanche 21 juin, Cyrille convoquait pour le lendemain les évêques déjà rassemblés à Éphèse. Cette démarche suscita une vive protestation d’une importante minorité ; soixante-huit évêques signèrent une conlestatio qui fut remise à Cyrille et à Juvénal : de toutes façons il convenait d’attendre l’arrivée de Jean ; et il y avait aussi à régler la question d’admission au concile de certains membres (des cyrilliens, sans doute), dont la situation canonique n'était pas claire. Synod., n. 82 (7), donne la liste des signataires. C'était chose bien grave que de passer outre à une telle protestation à laquelle, inévitablement, s’ajouterait celle des Orientaux ; Cyrille ne recula pas devant cette démarche ; il se sentait fort de l’appui de son épiscopat égyptien (voir ici, t. x, col. 2252), du renfort considérable que lui avait amené Juvénal de Jérusalem, de celui que lui assurait Memnon d'Éphèse. Le lundi 22 juin, cent cinquante et un évêques, auxquels il faut ajouter un diacre de Carthage, représentant l’Afrique (sa lettre de créance est au procès-verbal cyrillien, Vatic, n. 61, A. C. O., i, 1, 2, p. 52 ; Mansi, t. iv, col. 1027), avaient répondu à la convocation de Cyrille, de Juvénal et de Memnon.et se rassemblaient dans l'église appelée Marie, èv -rî) àyîx èxxXyjcîa ir xaÀoujiivf) Mapla.

Le comte Candidien accourut, avec un groupe d'évêques partisans de Nestorius, il invoqua les ordres de l’empereur, supplia qu’on attendît l’arrivée de Jean. On les mit tous à la porte. A vobis injuriose ac violenter expulsus sum, écrira Candidien dans la protestation qu’il fit afficher le jour même, en annonçant qu’il en référait d’urgence à l’empereur. Synod., n. 84 (9) et 87, A. C. O., p. 31 et 33 ; P. G., t. lxxxiv, col. 595. De cette protestation il n’y a pas trace dans les Acla cyrilliens ; à les lire, il semblerait que tout s’est déroulé de la façon la plus régulière du monde. (Noussuivrons le textedela Vaticana, n. 33-63, A. G. O., i, 1, 2, p. 1-64 ; Mansi, t. iv, col. 1124-1228). La chancellerie d’Alexandrie avait d’ailleurs tout préparé pour que les choses allassent rondement. On commença par faire inviter Nestorius à paraître au synode. La veille au soir, déjà, il avait été prévenu, et avait fait une réponse dilatoire ; on lui envoya sur l’heure une invitation nouvelle qui avait tout l’air d’une citation, p. 10, col. 1133. Ce caractère s’accentue encore dans le troisième message qui lui fut envoyé après qu’il eût décliné le second. Cette fois, on le sommait de venir répondre des enseignements hérétiques dont il était accusé. Cette sommation étant demeurée sans effet, on décida, sur la proposition de Juvénal, de procéder contre lui par contumace.