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NESTORIUS, LES AN AT HÉM ATISMES CYRILLIENS


même dont il s’était adressé séparément à l’empereur et à Pulchérie, comme s’il avait voulu mettre la brouille dans la famille impériale. Un concile allait se rassembler où les questions théologiques seraient examinées, et il était bien entendu que les juges ne seraient pas seulement Cyrille et les siens, xpiTaç TTpoxaôiaat 8eï toùç TTJç i.Tcot.’vza.’/oû TrposaTÛTaç lspocrov7)ç, et que l’évêque d’Alexandrie, de gré ou de force, devrait en accepter les décisions. Des lettres ultérieures en régleraient le détail.

Mêmes idées dans une lettre de Nestorius au pape Célestin qui doit être du même moment, été de 430. L’archevêque, ignorant encore tout ce qui se passait pour lors en Italie, établissait à sa manière la liaison entre les querelles théologiques soulevées par Cyrille et le procès personnel dont celui-ci était menacé. Tout ceci, et d’autres questions ecclésiastiques encore, serait ventilé en un concile œcuménique. Placuit vero, Deo adjuvante, etiam synodum inexcusabiliter lolius orbis lerrarum indicere propler inquisitionem aliarum rerum ecelesiasdcarum. Col. Palatina, n. 55, A. C. O., i, 5, p. 182 ; Nestor., p. 181-182 (faussement attribuée à Mercator).

Le 19 novembre 430, antérieurement donc à l’arrivée à Constantinople de l’ultimatum cyrillien, une sacra (Geïov yp°’f jl — ! i — a) étaitexpédiée à tous les métropolitains, les convoquant pour la Pentecôte de l’année suivante (7 juin 431) dans la ville d’Éphèse : chaque métropolite emmènerait un petit nombre de ses suffragants qu’il choisirait lui-même, ôXtyouç oûç âv Soxifi.aæt.ev. Le but du concile n’était pas nettement indiqué : apaiser selon les canons ecclésiastiques le trouble survenu à la suite de contestations, rectifier ce qui n’avait pas été fait selon les règles. Il importait, avant la réunion, d’éviter toute décision nouvelle, préjugeant de la sentence définitive de l’assemblée, |i.7]8e[i, iàç 7rpô ttjç àyi.coTâT7)ç ctuvoSou jcocl toû [iiXXovroç mxp’aù-rrjç xotvîj tJ^W ètp’arocai SîSoaOat, tûttou xaivoTojxîaç tSîa 7rapâ —uvcov Yivo[iiv7 ; ç. Vatic., n. 25, A. C. O., i, 1, 1, p. 112 ; Mansi, t. iv, col. 1112.

Cette prescription impériale explique au mieux l’apparente tranquillité avec laquelle Nestorius reçut en décembre l’ultimatum envoyé par Cyrille au nom de Rome et au sien propre. La sentence portée était, pensait-il, de par la lettre impériale, frappée de nullité ; toutes choses étaient remises in integrum jusqu’aux décisions conciliaires. L’acceptation par Rome de la convocation impériale n’allait pas tarder, d’ailleurs, à arranger toutes choses. Puisque le pape Célestin se faisait représenter au concile, c’est donc qu’il se rangeait à la décision prise à Constantinople. Canoniquement la situation de Nestorius demeurait intacte. Par ailleurs, la démarche qu’il faisait le 7 décembre en donnant publiquement au pape Célestin les satisfactions demandées, ne pouvait que rassurer l’archevêque. Cette incontestable preuve de bonne volonté ne devait-elle pas montrer à l’évidence son désir de la paix ?

4e La campagne des Orientaux. — Aussi bien l’imprudence, avec laquelle Cyrille s’était découvert, semblait devoir ménager à Nestorius un triomphe plus complet encore.

A peine connus en effet, les anathématismes allaient susciter de la part des Orientaux (c’est-à-dire des ressortissants d’Antioche) la plus vive réaction. Le patriarche Jean en exprimait sa stupeur à Firmus de Césarée en Cappadoce ; il voulait encore penser, pour le bon renom de Cyrille, que ces capitula n’étaient pas authentiques : « Ils sont d’accord, écrivait-il, que dis-je, ils sont identiques à ceux pour lesquels Apollinaire a été excommunié, a été jugé hérétique par les anciens synodes. Comme il est facile de le voir à première lecture, ils entendent dire que le corps pris

par le Verbe divin de la sainte Vierge est de la même nature que la divinité, alors que la divinité n’est point sujette au changement. Proclamer l’union, la conjonction absolue, c’est chose pieuse, mais il est gravement illicite de parler d’identité de nature. Les apollinaristes eux-mêmes, bien que dans le fond ils fussent de cet avis, n’osaient point énoncer une telle perfidie. Aujourd’hui voici que des gens se trouvent pour enseigner cela tranquillement, en déclarant qu’unique est la nature de la divinité et de l’humaninité. » Il fallait y mettre bon ordre ; Firmus s’y appliquerait dans le diocèse (civil) du Pont, et liguerait contre ces capitula tous les évêques, sans en désigner l’auteur, innominato auctore seu pâtre verborum quem neque novimus neque credimus, si discamus. Stjnod., n.79(4), A. C. 0., i, 1, p. 7 ; P. G., t. lxxxiv, coi. 579. Noter la remarque finale : « Le même Jean écrivit en termes semblables à de nombreux archevêques. »

En même temps le patriarche d’Antioche demandait à deux de ses suffragants de répondre aux anathématismes. Libératus les nomme ; il s’agit d’André, évêque de Samosate, et de Théodoret, évêque de Cyr. Breoiar., iv, P. L., t. lxviii, col. 976 R. La réfutation d’André s’est conservée dans la réponse que lui opposa saint Cyrille : Apologeticus pro duodecim capitibus adversus orientales episcopos, qui figure dans la Colleclio Alhen., n. 24 ; Mansi, t. v, col. 20 sq. ; P. G., t. lxxvi, col. 316-385. Laissant de côté les anathèmes, 2, 5, 6, André prenait à partie les autres, avec cette idée clairement exprimée que Cyrille ne s’attaquait pas seulement à Nestorius, mais à toute la théologie orientale. L’évêque de Samosate justifiait ainsi bon nombre des phrases que l’évêque d’Alexandrie avait condamnées dans Nestorius, constatait que Cyrille n’était pas toujours d’accord avec lui-même, opposait les anathématismes à VÉpitre aux solitaires, et à la dix-septième Homélie sur la Pâque du même Cyrille. Il s’attardait plus longuement sur le 4 e, relatif à la division des paroles évangéliques, et au 12e sur le Deus passus. Œuvre un peu rapide, la réfutation d’André présentait bien des défauts : du moins montrait-elle que ni la terminologie ni la théologie cyrilliennes n’avaient l’audience de l’Orient.

On en dira tout autant de l’œuvre de Théodoret, sensiblement parallèle à celle d’André, mais qui discute tous les anathèmes cyrilliens. Texte conservé comme le précédent dans la réfutation de Cyrille, Vaticana, n. 167-169, A. C. O., i, 1, 6, p. 107-146 ; P. G., t. lxxvi, col. 385-452. Remarquer au moins la lettre d’envoi à Jean d’Antioche qui accuse licitement Cyrille (s’il est l’auteur de ces chapitres) d’apollinarisme, P. G., col. 389 ; le rejet formel de l’expression d’union hypostatique, col. 400 A (tyjv oè xa8’ÔTrôoTOcaiv evcoaiv 7TavTà71aaiv àYvooôfX.ev, <î)ç £év7]v xai àXXoçuXov tôv 0eîœv yp a 9Ûv xai tûv TOoiTOtç ^p[47]veux6Ta>v IlaTépcûv), surtout si on veut lui faire signifier xpâcnç aapxèç xai Ocottjtoç, auquel cas elle est un blasphème ; la défense que prend Théodoret du mot aovâtpet.a, pour signifier l’union des natures, col. 401 D ; la réfutation des anath. 7 el 9 sur les opérations humaines du Christ, avec les textes scripturaires à l’appui, col. 429 D ; les critiques de l’anath. 11, où Théodoret, non sans quelque perfidie, fait observer que Cyrille parle bien souvent de la chair du Christ, jamais de son âme, jamais non plus de l’homme parfait assumé par le Verbe : oùSajjioù aapxoç voepàç e(i.v7)u.6v£uæv, outs àv0pco7TOv tÉXeoov tov àvaXyjçOévTa wijioXôyyjaEv col. 445 D.

Ces insinuations, d’autres encore, sont injustes ; à bien des reproches qui lui sont faits par André et Théodoret, Cyrille, dans les réponses qu’il composa