Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée
105
100
NESTORIUS, LES AN AT HÉM AT18 M ES CYRILLIENS


pensée, bref que, s’il convenait de se montrer intraitable en matière de dogme, la modération s’imposait à coup sûr dans les tractations personnelles. Inler Cyrill. epist., xv, P. G., t. i.xxvii, col. 100 ; A. C. O., i, 1, 1, p. 99.

L’ultimatum ù Conslantinople.

Acace et Jean

raisonnaient tous deux dans l’ignorance du contenu exact du formulaire adressé à Constantinople. Que serait la réaction de Nestorius quand il le connaîtrait ?

Elle fut moins violente qu’on aurait pu l’attendre. Le courrier d’Alexandrie était arrivé dans la capitale le 30 novembre. Le G décembre, l’archevêque montait en chaire 1 1 prononçait un long sermon dogmatique dont Marius Mercator a conservé la traduction latine. Coll. Palatina, n. 23, A. C. O., i, 5, p. 38-45 ; Nestor., p. 297-313. Les allusions y sont transparentes à la tyrannie égyptienne, aux mauvais procédés dont Alexandrie a toujours usé à l’endroit de ses rivaux. Du moins, sur le point en litige, Nestorius donne les satisfactions qu’on pouvait attendre de lui. Sans doute, dit-il, le mot The’otokos a été de fait employé parles hérétiques, et dans un sens fâcheux. Il est susceptible néanmoins d’une interprétation orthodoxe quand on y ajoute, en parlant de Marie, le terme d’anlhropolokos ; le terme de Christotokos, proposé antérieurement, avait l’avantage de réunir en une seule appellation les deux idées qu’expriment respectivement le Théotokos et Vanlhropotokos.. Il coupait court aux erreurs de Paul de Samosate et de Photin, dont Cyrille d’ailleurs se représentait très inexactement les idées. Et cette petite leçon d’histoire terminée, l’orateur ds reprendre pour son compte l’exégèse du Verbum caro jactum est, ce fameux texte dont on avait prétendu l’accabler ; avec précision il déclarait ne croire qu’en un seul Fils : « Non oixi alterum fîlium aut alterum Deum Verbum, sed dixi Deum Yerbum naturalilcr et iemplum naturaliler aliud, fîlium conjunctione unum : Je n’ai pas dit : autre est le fils, autre est le Verbe divin, mais bien par nature le Verbe est une réalité et par nature le temple en est une autre ; mais il n’y a qu’un Fils par l’union des deux. » Nestor., p. 308, 1. 8. Il ne se dissimulait pas d’ailleurs les inconvénients de ces discussions théologiques, et terminait, comme il avait commencé, par un appel au Dieu de paix.

Le lendemain, après une conversation fort animée avec ses clercs dont fait mention une curieuse note du Sunodicon, il revenait sur la question et faisait une déclaration encore plus explicite (deux textes latins, notablement divergents, l’un dans Marius Mercator, l’autre dans le Synodicon, A. C. O., i, 5, p. 45-46, et i, 4, p. 6-7 ; reproduits sur deux col. dans Nestor., p. 314-321). Le dogme essentiel, disait l’archevêque, le voici : affirmation de la Trinité consubstantielle, incarnation du Monogène, union inelïable de la nature divine avec la nôtre au sein de la Vierge, considération des deux natures dans un Fils unique : Consubslanlialis deiloquium trinitatis, unigenili inhumanutio et divinæ naturæ ad naturam nostram in utero virginali unilio ineflabilh, duarumque in uno ftlio conlemplalio naturarum (texte du Snnod., d’après Schwartz, p. G, 1. 20). Le nom de Christ étant significatif des deux natures, quand nous appelons.Marie Christotokos, nous disons à la fois qu’elle est The’otokos et unthropolokos. « Mais, puisque d’aucuns exigent une affirmation plus explicite, et qu’ils le font en fils de l’Église, exprimons-nous donc plus nettement encore ; ce que tout à l’heure en un seul mot (Christotokos ) nous prêchions de la sainte et bienheureuse Vierge, disons-le donc maintenant en nous servant de noms plus clairs. Oui, la sainte Vierge est mère de Dieu et mère de l’homme ; mère de Dieu parce que le temple qui a été créé en elle par le Saint-Esprit, était uni

à la divinité, mère de l’homme parce que Dieu a pris d’elle les prémices de notre nature : Dei genelriz ideo quiu illud Iemplum quod in ea ex Spiritu Sunclo creatum est, deitati erat unitum ; hominis vero genelrix eo quod noslrse naturæ primitias assumpserit Drus.. IbitL, p. 7, 1. 2-0. Comparer la première expression avec celle qu’emploie le Tome ù Flavien, ci-dessous, col. 133.

11 nous paraît difficile ne de pas voir, en ces paroles, une réponse nelle à l’ultimatum même de Home. Que demandait Célestin ? Des précisions sur le uirgineus partus, sur la réalité de l’union en Jésus des deux natures divine et humaine. Ces précisions sur la foi sont données ; à la vérité elles s’expriment en une terminologie fort différente tic celle que prétendait imposer saint Cyrille, mais où Célestin se serait à coup sûr reconnu, que Cassien avait employée, que le fameux Tome de Léon reprendra partiellement. A la véri ; é encore, elles ne sont pas données par écrit, comme l’exigeait Célestin, et cette question de procédure a pu avoir une grande importance. Pourquoi Nestorius n’a-t-il pas adressé directement à Rome l’expression de sa foi ? Peut-être estimait-il que la question relevait désormais du concile dont la convocation était décidée. Le fait que Rome n’a pas été prévenue de sa démarche de décembre 430 semble établi, mais quels problèmes tout cela soulève !

Même note apaisée dans la réponse de l’archevêque à Jean d’Antioche, dont le post-scriptum tout au moins a été écrit après le deuxième sermon, Sxjnod., n. 78(3), A. C. 0., , l, p. 4 ; P. G., t. lxxxiv, col. 576. Nestorius mande à son ami, qu’il est parvenu à rallier à la doctrine exprimée dans le sermon dont il lui envoie copie, le clergé, le peuple, la cour. A peine dans le corps de la lettre une allusion à la « présomption égyptienne ». Aussi bien quelques mots indiquaient-ils que les choses prenaient une tournure fort différente de celle qu’escomptait Cyrille. Il est question d’un concile où Nestorius et Jean auront l’occasion de se rencontrer, où toutes les affaires religieuses seront ventilées, et Nestorius se réjouit par avance du succès de ce plan : post paululum, si Deus volueril, laudabitur circa istud quoque concilium !


L’idée du concile.

Pour comprendre tout

ceci, il est nécessaire de remonter à quelque mois en arrière, c’est-à-dire au moment où parvint à la cour impériale le volumineux dossier expédié par saint Cyrille. Voir col. 98.

L’effet avait été tout autre que ne l’attendait le patriarche d’Alexandrie, et sans doute Nestorius n’avait-il pas été étranger au revirement qui se constate. Menacé d’un procès pour raisons administratives devant le juridiction impériale (qui déférerait la cause, suivant les termes de la loi, à un tribunal d’évêques), Cyrille avait paru vouloir détourner le coup qui le menaçait par une diversion doctrinale. D’accusé il s’était transformé en accusateur. Nestorius dut faire remarquer que c’était là procédé courant de la part d’Alexandrie, que le moyen d’empêcher un nouveau « Synode du Chêne » c’était, prenant toutes les précautions nécessaires, de réunir un grand concile, où seraient étudiés et les questions de personnes et les problèmes dogmatiques qui y avaient été si malencontreusement rattachés.

Des mauvaises dispositions de Théodose à l’endroit de Cyrille témoigne une lettre impériale conservée dans les collections conciliaires. Vatic, n. 8, A. C. O., i, 1, 1, p. 73 ; Mansi, t. iv, col. 1109. On y rendait le patriarche responsable de l’agitation ecclésiastique qui régnait à Constantinople ; on y dénonçait les manœuvres employées par lui, et l’on voyait une preuve de son caractère intrigant dans la manière