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ORATOIRE. THEOLOGIENS


sophes, que même les extraits des Pères fussent rares et brefs : L’Écriture Sainte, telle était la source à laquelle il voulait que l’on revînt sans cesse.

Par là, ses disciples rendaient à la chaire une autorité, une simplicité, un sérieux qui, depuis longtemps, ne s’y rencontraient plus. Cette doctrine spirituelle si élevée, que nous avons expliquée, non seulement les prédicateurs des grandes villes, mais aussi les missionnaires c’es campagnes se faisaient un devoir et une joie de la proposer aux foules. Dans son merveilleux sermon pour Noël, Des trois naissances du Verbe, le P. Lejeune suit presque mot à mot le chapitre des Grandeurs de Jésus qui porte le même titre.

Jésus, principal objet de leur prédication, en était aussi le principe et, pour ainsi dire, l’auteur : « Donnezlui, répétait Rérulle, votre esprit, votre cœur, votre langue pour devenir son organe. La première disposition est celle de la charité et de l’oraison, celle de la science ne vient qu’après. » Œuvres, p. 772.

D’après Jacquinet, Les prédicateurs au XVIIe siècle avant Bossuet, p. 197, Sénault (1601-1672), contribua plus que personne à cette restauration : chargé du cours d’éloquence sacrée à Saint-Magloire, il forma les PP. Le Boux, Mascaron, Hubert, de la Hoche ; de plenitudine ejus nos omnes accepimus, disait de lui l’aimable Fromentières, vrai précurseur de Massillon. Après eux, il faut citer de cette période, avant tout saint Jean Eudes, Guillaume Dodu (1587-1654), Michel Le Fèvre (1591-1 058), Eustache Gault (1591-1639), Jean-Baptiste Gault (1593-1643), deux frères, tous deux évêques de.Marseille, Jean Jaubert. Le Blanc (16131703) ; un peu plus tard Laisné : « Depuis.Métézeau, un des cinq premiers compagnons de Bérulle, l’Oratoire n’avait cessé de fournir aux chaires des principales villes de France et aux missions des campagnes des prédicateurs zélés, instruits, éloquents. « Perraud, L’Oratoire, p. 328.

Après la révocation de l’Édit de Nantes, la Congrégation employa aux missions, qui furent données à cette occasion, plus de cent de ses membres dans trente-cinq diocèses de France. L’abbé Arbelot ajoute que « les nouveaux convertis avaient plus de confiance aux missionnaires de l’Oratoire qu’à ceux des autres corps. » Cloyseault, t. iii, p. 225. La liste générale et véritable des prédicateurs dans les églises de Paris, de 1646 à 1788, renferme en moyenne dix à quinze noms d’oratoriens appelés à donner les stations de Carême et d’Avent.

On ne peut pas même citer ici les noms de ceux qui ont publié leurs sermons, reproduits la plupart dans Migne, mais seulement ceux qui ont quelque chose de particulièrement intéressant : Paul Métézeau, donne sous le titre de Theologia sacra justa formant evangelicæ prœdicationis dislributa, in-fol.. 1 625. un cours de théologie mis en desseins de sermons un peu étendus. Pierre le Chartier, Dictionnaire apostolique plein de desseins pour les mystères, panégyriques, etc. in-8°, 1685 : ce sont des divisions de serinons toutes faites.

Après, nommons Jean Durand. Edme Bourée, Pierre Cocquerey, Jean Chapuis, Jean Gabriel Chappuis son frère. Loriot, Claude Masson, Du Brueil, François Boyer, Jacques Thorentier, Pierre et Vincent Chalons, Lion, Mathieu, Mobilier, les trois Terrasson, Graveron.

IV. Théologie. - - Fondé par un maître éclairé sur les mystères les plus sublimes fie la foi d’une manière qui tient du miracle et dont les premiers disciples, Bence, Gastaud, Bertin, Gibieuf, de Morainvilliers, Philips, Alard étaient docteurs de Sorbonne, l’Oratoire s’occupa toujours de théologie.

1° Le P. de Bérulle la voulait solidement appuyée sur l’Écriture Sainte ; s’il eût douté un instant de la nécessité d’unir intimement ces deux sciences, la Réforme la lui aurait démontrée ; aussi l’Écriture Sainte

compte dans la congrégation d’illustres exégètes et commentateurs ; Jean Bence, Pierre de Cadenet, Charles Dorran, Prévost d’Herbeley. Houbigaiil. Richard Simon, Mauduit, I.aurens Daniel, Bernard Lamy. Louis de Carrières. Morin et Thomassin sont autant exégètes que théologiens ; les autres auteurs appuient fortement leur doctrine sur la Bible.

2° Bien qu’il laissât aux Pères la liberté d.e leurs opinions ; « tout ce que l’Église catholique a laissé libre devant l’être également dans une congrégation dont l’esprit était l’esprit même de l’Église, » cependant le P. de Bérulle adoptait résolument la doctrine de saint Augustin qu’il appelait « l’aigle des docteurs », dont les écrits avaient été étudiés avec zèle par les théologiens, depuis que Luther en avait tant abusé. Il engageait ses disciples à soutenir contre le molinisme les idées sur la grâce de saint Augustin et de saint Thomas. Dans son Discours sur l’abnégation intérieure, on trouve quelques traces du pessimisme augu&inien, que l’on rencontre au reste dans un grand nombre des meilleurs auteurs du xviie siècle, mais chez lui ce pessimisme s’achèvera en extase, quand il aura pris pleine possession de son génie. Il convertit à son opinion le P. Gibieuf qui, en Sorbonne, dit Cloyseault, « avait puisé sur la grâce des sentiments beaucoup plus appuyés sur des raisonnements humains que sur les Écritures, » t. i, p. 140, et qui composa De libellule Dei et creaturæ, 1630 pour défendre la théorie de saint Augustin. Les PP. Baynaud et Duchesne S..1.. qui l’accusèrent de calvinisme, furent mis à l’Index en 1633.

En morale, l’Oratoire penchait, comme au reste Bossuet et Bourdaloue, pour une morale plutôt sévère que relâchée, sans aucune trace de rigorisme janséniste.

3° Aussi, c’est une fausseté de prétendre, comme l’a fait en particulier le P. Boulay, Vie du V. Jean Eudes, c. xix, Le jansénisme et l’Oratoire, que la congrégation était vouée à l’erreur par la doctrine de son fondateur, la dépendance des évêques, la liberté plus grande laissée à chacun : 1. Rien, absolument rien de janséniste dans le P. de Bérulle qui, avant 1629, douze ans avant l’Angustinus, seize, ans avant que Port-Royal soit entraîné dans le schisme, dix ans avant que Vincent r"e Paul renonce à l’amitié de Saint-Cyran, découvre dans celui-ci « une pente si violente à la singularité… un tel orgueil qu’il se demandait avec douleur quel fond on pouvait faire sur sa fidélité à l’Église. «  Houssaye, op. cit., t. iii, p. 211. Il faut en dire autant de Condren qui acheva de décider Richelieu à sévir contre Saint-Cyran, qui envoyait au combat ses disciples les plus chers, leur répétant" que leur première soumission et leur principale obéissance est à l’Kglisr et au souverain pontife. » Lettres, p. 97 ; du P. Bourgoing qui « fit, dès le principe et durant toute sa vie, une énergique opposition au jansénisme. » Houssaye, ibid., p. 215, n. 1. — 2. Au contraire, les dévotions préférées à l’Oratoire, dévotion au Verbe incarné, à la sainte Vierge et aux saints, le soin qu’ils avaient de glorifier Dieu en tout, les éloignaient plutôt des jansénistes. Bérulle, non seulement ne se priva jamais volontairement de dire la messe, mais la disait toujours en voyage ; il entraînait les fidèles à la table sainte. 3. Après Richard Simon qui écrivait en

1666 : « J’appellerais plutôt ce parti (des oratoriens jansénistes) anti-jésuites que jansénistes. Car tous les Pères… ont signé le Formulaire et seraient bien fàclus qu’on les traitât de jansénistes ; » après Houssaye en 1872, Leherpeur, A. George, Bremond, montrent bien que, si des oratoriens sont deveuus jansénistes, la cause première en est aux difficultés qui surgirent entre eux et les jésuites, à l’occasion surtout des collèges. A Icirl ou à raison, ceux-ci ont pris peur et