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ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D’) — ORATOIRE


et que saint Paul a appelé le Christ l’auteur et le consommateur de la foi. Heb., xii.

Après avoir reconnu que la profession de foi envoyée par Césaire correspond aux règles catholiques des Pères et l’avoir approuvée, le pape démontre l’illogisme des adversaires de l’évêque d’Arles. Ils doivent admettre, dit en substance le pape, que sans la foi aucun bien ne peut être accompli, car tout ce qui n’est pas de la foi est péché. Or, si la foi elle-même n’est pas un don de Dieu, aucun bien ne pourra être attribué à la grâce, puisque ce qui n’est pas de la foi est péché. Si la grâce peut nous mener au bien, c’est donc que la foi elle-même, sans laquelle aucun bien n’est possible est un don de Dieu.

Pour terminer, Boniface II déclare ne pas vouloir s’occuper des autres chefs d’accusation formulés par Césaire contre ses adversaires. II fait confiance à l’activité de l’évêque d’Arles pour les amener à résipiscence.

C. F. Arnold, Cœsarius non Arelale, Leipzig, 1894, A. Malnory, Saint Césaire d’Arles, Paris, 1894 ; P. Lejay, Le rôle lliéologique de Césaire d’Arles, dans Revue d’histoire et de littérature religieuses, première série, t. x, p. 218 sq. ; Tixeront, Histoire des dogmes, t. iii, Paris, 1912, p. 304 sq. ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. ii, p. 1085 sq.

G. Fritz.

    1. ORANTES (HORANTIUS) François##


ORANTES (HORANTIUS) François, frère mineur de l’observance. - — Né, en 1516, à Cuellara, dans le royaumede Castille, il entra, à l’âge de 19 ans, le 3 août 1535, dans l’ordre des frères mineurs de l’observance, au couvent de Valladolid. Dans ses études philosophiques et théologiques, il eut comme professeur le célèbre Alphonse de Castro. Il enseigna lui-même, plus tard, la théologie à ses jeunes confrères, dans le couvent de Valladolid. Hautement apprécié par Philippe II, roi d’Espagne, il fut choisi, au début de 1561, par ce dernier pour remplacer Christophe Fernandez, l’évêque de Palentia, au concile de Trente. Il n’avait alors que 45 ans. II y tint, à la Toussaint de l’année 1562, un sermon devant tous les Pères et les théologiens du concile. Il écrivit aussi, pendant le concile, un ouvrage remarquable contre les erreurs et les hérésies de Calvin. Ce travail porte comme titre : Septem libri locorum theologicorum ou catholicorum. Revenu en Espagne, il devint supérieur des couvents de Valladolid et fut institué, par Philippe II, inquisiteur pour tout le royaume d’Espagne. Élu provincial en 1573, il fut, peu après, lors du chapitre intérimaire, tenu à Valladolid, envoyé par Philippe lien Belgique, avec don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, dont il serait le confesseur, le conseiller et le vicaire général. Pendant son séjour en Belgique, le roi songeait à instituer François Orantes chef de l’expédition militaire qu’il préparait contre Elisabeth d’Angleterre. Orantes fut retenu toutefois en Flandre par les controverses aiguës qui sévissaient, vers cette époque, entre Philippe Marnix, abbé de Sainte-Aldegonde, et Michel Baïus, professeur à Louvain, par rapport à l’autorité de l’Église. Consulté par les deux partis, il écrivit, le 8 janvier 1580, une longue lettre, ou un petit traité, dans lequel il relève plusieurs erreurs aussi bien du côté de Ph. Marnix que de Baïus. Vers la même époque, il accompagna en Espagne les restes de don Juan d’Autriche, que la mort avait frappé en 1578, aux environs de Namur. Il fut élevé, en 1581, au siège épiscopal d’Oviedo. Il n’y resta que trois ans ; il mourut, en 1584, âgé de 68 ans.

François Orantes, dans l’exercice des hautes charges ecclésiastiques, qui lui furent confiées, trouva encore le temps d’écrire de nombreux ouvrages théologiques et exégétiques. Le sermon qu’il prononça, en 1562,

au concile de Trente, fut publié, avec d’autres sermons, en 1567, sous le titre : Oralio habita a Francisco Horanlio in concilio Tridentino, anno 1562. Il fut repris ensuite dans la collection des conciles de Labbe. — Les Septem libri locorum catholicorum (ou theologicorum), cum libro de justificatione, præcipue adversus hæreticum Joannem Calvinum, dont nous avons déjà parlé, furent imprimés, d’abord, à Venise, en 1564, avec une dédicace à Charles d’Espagne, et, ensuite, à Paris, en 1566. Lin autre frère mineur, Flaminius Maria Annibali de Latera, revit cet ouvrage, en disposa les matières d’après un ordre plus logique, l’illustra de nombreuses notes et en procura une nouvelle édition, à Rome, en 1795-1796. Le traité : Opus de justificatione, qui d’après J. H. Sbaralea, aurait paru séparément, n’a jamais été publié seul, mais avec l’ouvrage précédent, dont il fait partie. — La lettre d’Orantes aux deux controversistes Philippe Marnix et Baïus fut publiée à Cologne, en 1580, sous le titre : Epistola seu traclalus de quibnsdam quæstionibus inter Philippum Marnixium S. Aldegondæ abbatem et Michælem Bajum Academiæ Lovaniensis cancellarium circa Ecclesias auctoritalem et judicem conlrouersiarum fidei. On trouve dans ce petit traité une réponse aux questions suivantes qui constituaient l’objet des controverses entre Marnix et Baïus : An Ecclesia, ejusque constitutiones seu traditiones aliud habeant critérium seu judicium, ex quo judicari possint, prieter solam consuetudinem eorum, qui se profitentur romanam sectari religionem, qtiam vocanl catholicam ? El an hoc critérium, si quid est aliud, constat sola pagina sacrai Scripluræ ? an Patrum explanationibus, et commentariis ? an conciliorum decretis ? an romanorum pon.tifl.cum placitis ? an scholaslicorum pronuntiatis ? an passim sequatur, ut ait Salyricus, corvos teslaque, lutoque ? An Ecclesia Iribual auctoritalem verbo Dei, an potius verbum Dei tribuat Ecclesiæ auctoritalem ? A côté de ces ouvrages théologiques, Orantes a composé encore deux ouvrages exégétiques : Commentarii in libriim Job et Commentarii in Daniclem, ainsi qu’un Traclalus de ss. eucharistia et un autre De sacris indulgenliis. Ces derniers ouvrages n’ont jamais été imprimés.

Joseph Marie d’Ancône, Annales minorum continuait, t. xix, Rome, 1745, p. 405 ; Stanislas Mclchiorri de Cerreto, Annales minorum continuati, t. xxi, Ancône, 1844, p. 161, 315 et 441-442 ; L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, 2e édit., Rome, 1906, p. 83 ; J. IL Sbaralea, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Franeisci, 2° éd., t. i, Rome, 1908, p. 274 ; G. Guggenbichlor, BeilràgezurKirchengeschichte des XVI. und XVII. Jahrhundcrls, t. i(unicum), Bozen, 1880, p. 46 sq. ; Kirchliches Handlcxikon, t. ii, Munich, 1912, col. 1224 ; I-Iurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 162.

A. Teetært.

ORATOIRE DE JÉSUS (congrégation

DE L’) ou Oratoire de France. — I. Fondation. II. Doctrine spirituelle (col. 1107). III. Prédication (col. 1130). IV. Théologie (col. 1131) V. Philosophie (col. 1134). VI. Le nouvel oratoire (col. 1136).

I. Fondation.

On ne dira ici de l’histoire de cette

congrégation que ce qui importe à l’intelligence de sa doctrine spirituelle qui a exercé une très grande influence au xviie siècle et ensuite jusqu’à nos jours.

But poursuivi.

Dès 1601, deux ans après

son ordination, Pierre de Bérulle, né en 1575, s’était senti pressé d’établir une congrégation de prêtres dont la mission serait « d’annoncer à toute la terre les desseins de Jésus-Christ, Annunliate inter génies sliidia ejus, » Ps. ix, 12. Après avoir sollicité saint François de. Sales, César de Pus, des philippins de s’en charger, il réunit autour de lui, le Il novembre 1611, cinq autres prêtres, dans une maison de la rue Saint-Jacques appelée Petit-Bourbon, à l’emplacement actuel du Val-de-Grâce. En 1616, on quittait