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ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D’)


gutlis quibusdam irrorati quelques gouttes provenant non deficiamus in via. d’elle, nous ne succombions

pas en cliemin.

Ce canon reproduit la 325e (al. 323e) sentence de Prosper, extraite elle-même des Tractatus in Joannem, tract, v, n. 19, P. L., t. xxxv, col. 1414.

Hefele fait remarquer que ce canon, à première vue semblable aux prop. 25 et 27 de Baïus, condamnées par Pie V, est une véritable crux inlerpretum. Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. n b, p. 1100.

Ripalda a donne de ce canon une explication que Hefele résume en ces termes : « Il n’y a dans le système du monde actuel que deux sortes d’œuvres humaines, celles qui sont virtuellement mauvaises et celles qui sont surnaturellement bonnes. Il n’existe pas d’œuvres naturellement bonnes qui puissent certainement exister dans le genre humain et à la production desquelles la force naturelle de l’homme puisse suffire, car les forces morales naturelles de l’homme ne sont pas seulement concédées par Dieu lui-même, mais elles sont encore soutenues par la grâce de Dieu dans leur manifestation morale. Lors donc que les forces naturelles (le suum, ainsi que le nomme le concile) de l’homme sont seules en jeu, il n’en résulte que le contraire de la moralité, c’est-à-dire le péché et le mensonge « Cette explication vaut ce qu’elle vaut : elle a été admise pourtant par un grand nombre de théologiens, entre autres par l’historien des dogmes Schwane.

Dans une étude intitulée : Die Werlte und Tugenden der Unglâubigen nach S. Augustinus, nebsl einem Anhang iïber den 22len Canon des Arausicanum secundum, Innsbruck, 1871, Jean Ernst rejette l’explication de Ripalda et propose la suivante : « Dieu a donné à l’homme un but surnaturel, le salut éternel. Par le péché d’Adam, l’homme a été écarté de cette destination et de ce but voulu par Dieu, ce but a été perdu pour lui ; c’est pourquoi rien de ce que l’homme déchu peut encore accomplir au point de vue moral n’a de valeur réelle auprès de Dieu. » Op. cit., p. 140, 197-201, 215. D’après cette explication, les œuvres qui ne sont que naturellement bonnes sont appelées péchés par saint Augustin et le concile d’Orange, parce qu’elles sont inefficaces pour le salut. Cette explication semble préférable à celle de Ripalda. Elle est plus conforme au texte du canon et elle est dans la ligue de la pensée augustinienne. Ernst se demande aussi si le concile, après saint Augustin, concevait ces œuvres comme péchés formels ou simplement comme péchés matériels, et il se décide pour la première de ces alternatives. Nous croyons que cette question ne pouvait se poser à l’époque du concile d’Orange.

Can. 2’.. Suam voluntatem liomines faciunt, non Dei, quando id agunt, quod Deo displicet ; quando autem id faciunt, quod volunt, ut divina ; serviant voluntati, quamvis volentes agant, illius tamen voluntas est a quo et præparatur et jubetur quod volunl.

Ce canon reproduit la Prosper, extraite de sain tract, xix, n. 19, P. L., t.

Can. 21. Ita sunt in vite pulmiles, ut viti nihil conférant, sed inde accipianl unde vivant ; sic quippe vitis est in. palmitibus, ut vitale alimentum subminis Quand les hommes font ce qui déplaît à Dieu, c’est leur volonté qu’ils accomplissent et non celle de Dieu ; mais quand ils font ce qu’ils veulent, en vue de servir la divine volonté, bien qu’ils agissent suivant leur volonté, c’est par un effet de la volonté « le celui qui prépare et commande ce qu’ils veulent.

3 10e (al. 338e) sentence de t Augustin, In Joannem, xxxv, col. 1555.

Les sarments sont sur le cep sans pouvoir rien lui donner ; mais ils reçoivent de lui ce qui les fait vivre ; le cep est dans les sarments de manière à leur donner

tret iis, non sumat ab iis. l’aliment vital sans le pren Ac per hoc et manentem in dre d’eux. C’est ainsi que

se habere Christum et mal’habitation du Christ dans

nere in Christo, discipulis le chrétien comme l’habi prodest utrumque, non Christation du chrétien dans le

to. Nam præciso palmite, poChrist est profitable au chré test de viva radice alius pullulare, qui autem pra-cisus est, sine radice non potest vivere.

tien mais non au Christ. En effet, un sarment étant coupé, un autre peut surgir de la racine vivante ; mais le sarment coupé ne peut vivre sans la racine.

Ce canon reproduit la 368e (al. 366e) sentence de Prosper, extraite du tractât, lxxxi, in Joannem, n. 1, P. L., t. xxxv, col. 1841.

Can. 25. Prorsus donum C’est entièrement un don

Dei est diligere Deum. Ipse de Dieu que d’aimer Dieu.

ut diligere tur dédit, qui non II nous a donné de l’aimer,

dilectus diligit. Displicentes lui qui, n’étant pas aimé,

amati sumus. ut fieret in nous aime. Objets de déplai nobis unde placeremus. Difsance, nous avons été ai fundit enim cliarilatem in cormes, afin de recevoir en

dibus nostri.i Spiritus (Rom., nous de quoi devenir ob v, 5) Patris et Filii, quem jets de complaisance. Car il

ctim Pâtre amamus et Filio. a répandu en nos cœurs la

charité de l’Esprit du Père

et du Fils, que nous aimons

avec le Père et le Fils.

Ce canon reproduit la 372e (al. 370°) sentence de Prosper, extraite elle-même du tract, en, in Joannem, n. 5, P. L., t. xxxv, col. 1898.

Ac sic secundum supra scriptas sanctarum Scripturarum sententias, vel antiquorum Patrum delinitiones, hoc Deo propitiante et prædicare debemus et credere, quod per peceatum primi hominis ita inelinatum et attenuatum fuerit liberum arbilrium, ut nullus postea aut diligere Deum sicut oportuit, aut credere in Deum, aut operari propter Deum quod bonum est, possit, nisi eum gratia misericordiæ divin* prævenerit. l’nde et Abel justo et Noe et Abrahæ et Isaæ et Jacob, et omni anliquorum Patrum multitudini illam præclaram fidem, quam in ipsorum laude prædicat Apostolus Paulus (Heb., xi), non per bonum naturæ quod prius in Adam datum fuerat, sed per gratiam Dei credimus fuisse collatam : quam gratiam etiam post adventtira Domini omnibus, qui baptizari desiderant, non in libero arbitrio haberi, sed Christi novimus simul et credimus largitate contenu, secundum illud, quod sœpe jam dictum est et quod prædicat Paulus Apostolus : Vobis datum est pro Christo, non solum, ut in eum eredatis, sed etiam, ut pro illo patiamini (Phil., I, 29) ; et illud : Deus qui cœpit in vobis bonum opus, perfwiel usque in diem Domini nostri Jesu Christi (Phil., i, <>> ; et illud : Gratia salui lacti estis per fidem, et Ime non ex uobis : Dei enim donum est (Eph., il, 8) ; et quod de seipso ait Apostolus : Misericordiam

Selon les textes scripturaires et les définitions des anciens Pères, que nous venons de citer, nous devons avec l’aide de Dieu enseigner et croire que par le péché du premier homme le libre arbitre a été tellement porté vers le mal et affaibli, que par la suite aucun homme ne peut aimer Dieu comme il le doit ou croire en lui ou faire le bien pour Dieu, si la grâce de la miséricorde divine ne le prévient. C’est pourquoi nous croyons que le juste Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et toute la foule des anciens Pères n’ont pas reçu cette foi remarquable que l’apôtre Paul loue en eux, par le bien de la nature donné primitivement a Adam, mais par la grâce de Dieu. Même après la venue du Christ, cette grâce n’est pas dans le pouvoir du libre arbitre de ceux qui désirent être baptisés, car nous savons qu’elle est conférée par la bonté du Christ selon la parole déjà souvent répétée et que l’apôtre saint Paul proclame : « .4 vous, il a été donné non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui : et : « Dieu qui a commencé en vous lu bonne ir livre l’achèvera jusqu’au jour de NotreSeigneur Jésus-Christ ; » et : i C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi : et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; » et encore, selon ce que l’Apôtre dit de lui-même : « J’ai obtenu