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ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D’)


III. Lus canons d’Oranuk. Nous allons don ner, d’après Mansi, t.vm, col, 712 sq., le texte des canons. La traduction est nouvelle. Comparer celle de Ti. Aniann, Le dogme, catholique dans les Pères de llù/lise, Paris. 1922, p. 395 sq.

(’.an. 1. Si quis per of- « Quiconque dit que par

fensam prrevaricationis Ala faute de la prévarication

(lse non totum, id est sed’Adam, l’homme n’est pas

cuuduni corpus et animam, amoindri en tout son être,

in deterius dicit hominem c’est-à-dire en son corps

commutatum, sed anima ? liet en son âme, mais croit

bertate illtesa durante, corque le corps seul est soumis

pus tantummodo corruptio- à la corruption, tandis que

ni crédit obnoxium, Pelala liberté de l’âme demeure

gii errore deceptus adverintacte, trompé par l’erreur

satur Scriptune dicenti : de Pelage, il se met en

Anima, quee peccaverit, ipso contradiction avec l’Ecri morietur (Ez., xviii, 20), et : ture.qui dit : « L’âme qui

Nescitis quoniam, cui exhibeaura péché périra ; » et :

fis vos servos ad obediendum, « Ignorez-vous que, si vous

servi estis ejus, cui obeditis vous livrez à quelqu’un com (Rom., vi, 16) ? et : A quo me esclaves pour lui obéir,

quis superatur, ejus et servus vous êtes esclaves de celui

addicitnr (II Pet., ii, 19). à qui vous obéissez ? » et : « On est esclave de celui par qui on s’est laissé vaincre. »

On trouve quelque chose d’analogue à ce canon dans saint Augustin. De nuptiis et concupiscenlia, t. II, c. xxxiv, P. L., t. xlv, col. 471. — Ce canon vise ceux qui prétendent que le péché d’Adam n’a pas nui à la liberté de l’âme. Fauste n’enseignait cette doctrine qu’avec des nuances ; car il réfutait ceux qui affirmaient arbitrii libertatem intégrant et illsesam, De gralia, t. I, c. i ; t. II, c. ix, Corpus de Vienne, t. xxi, p. 7, 79. Il est probable que Césaire a introduit dans ce canon le terme illsesam pour montrer à ses adversaires semipélagiens qu’ils se mettaient en opposition avec leur maître Fauste.

Can. 2. Si quis soli Adæ Quiconque affirme que la

prævaricationem suam non prévarication d’Adam n’a

et ejus propagini asserit nonui qu’à lui seul et non à

cuisse, aut certe mortem sa descendance ou enseigne

tant uni corporis, quæ poeque seule la mort du corps,

na peccati est, non autem qui est la punition du péché,

et peccatum, quod mors est niais non le péché lui-même,

animæ per unum hominem qui est la mort de l’âme, a été

in omne genus humanum transmise par un seul hom transiisse testatur, injustime à tout le genre humain,

tiain Deo dabit, contradicelui-là ne rend pas justice

cens Apostolo dicenti : Per à Dieu et se met en contra unnm hominem peccatum indiction avec l’Apôtre qui

Iravii in mundum et per a dit : « Par un seul homme,

peccatum mors et ita in omnes le péché est entré dans le

homines mors perlransiit, in monde et par le péché, la

quo omnes peccaveruni (Rom., morl… et ainsi la mort a

v, 12). passé dans tous les hommes parce que tous ont péché. »

L’idée de ce canon se trouve dans saint Augustin, Contra duas epistolas pelagianorum, t. IV, c. iv, P. L., t. xliv, col. 612 sq. La doctrine visée par le canon a été exposée par Julien d’Éclane dans sa lettre à Rufus de Thessalonique. Fauste ne niait pas expressément le péché originel qu’il appelle malum originale, De gratia, t. I, c. n ; mais comme, dans sa lettre à Paulin de Bordeaux, il dit que le péché d’Adam a causé la mort du corps, mais non celle de l’âme, il est probable que c’est lui qui est visé dans ce canon. Voir ce passage de la lettre à Paulin de Bordeaux dans le Corpus de Vienne, t. xxi, p. 183.

Can. 3. Si quis ad invoQuiconque oit que la

cationem humanam gratiam grâce peut être conférée à

Dei dicit posse conferri, non la suite de la prière de

autem ipsam gratiam facere l’homme, mais que ce n’est

ut invocetur a nobis, conpas la grâce qui fait qu’elle

tradicit Isaiæ prophetse, vel soit demandée par nous,

Apostolo idem dicenti : Incontredit le prophète Isaïe

ventus sum a non qiusrentiainsi que l’Apôtre qui le

bus me, pulam apparut lus, cite : « J’ai été trouvé par qui me mm inlerrogabant ceux qui ne me cherchaient (Rom., x, 20, cf. Is., lxv, 1). pas et je me suis manifesté

à ceux qui ne me demandaient

pas.

Ce canon rappelle la phrase de saint Augustin, Enarrat. in ps. exiv, 5, quis enim eum invocavit, nisi quem ipse prior vocavit. P. L., t. xxxvii, col. 1488. Il vise Fauste qui a écrit : Ita Dominus invitât volentem, adtrahil desiderantem, erigit adnilentem, et qui enseignait que la volonté humaine devait préalablement donner à la miséricorde divine une ansula pour la recevoir. Corpus de Vienne, t. xxi, p. 52, 53.

Can. 4. Si quis, ut a Quiconque prétend que peccato purgemur voluntac’est Dieu qui attend notre tem nostram Deuni exspevolonté pour nous purifier ctare contendit, non autem de nos péchés, et nie que ut etiam purgari velimus, ce soit l’inspiration et I’inper Spiritus Sancti infusiofusion du Saint-Esprit en nom et operationem in nous qui fait que nous voulus fieri confitetur, résistif lions être purifiés, celuiipsi Spiritui Sancto per là résiste au Saint-Esprit Salomonem dicenti : Prielui-même qui a dit par la paratur volunlas a Domino bouche de Salomon : « La [Prov., viii, 35 (LXX)] et volonté est préparée par Apostolo salubriter prædiDieu », et aussi à l’Apôtre canti : Deus est, qui opéraqui, dans un salutaire entur in vobis et velle et seignement, affirme que’c’est perficere pro bona voluntate Dieu qui opère en vous le (Phil, , ii, 13). vouloir et le faire scion son bon plaisir. »

Ce canon vise Fauste qui rappelait fréquemment que le bon mouvement doit venir de la nature humaine et précéder la grâce divine. Ainsi, en commentant la question de Jésus au paralytique : Vis sanus péri ? Joa., v, 7, il déclarait : Aperte ostendit (Jésus) inditum esse homini bonse voluntatis affeetum. De gratia, I. I, c. viii, Corpus de Vienne, t. xxi, p. 25.

Can. 5. Si quis sicut augQuiconque dit que l’augmentum, ita etiam initium mentation et le commencefidei ipsumque credulitatis ment de la foi, ainsi que affeetum, quo in eum crel’attrait vers la croyance, dimus, qui justificat impium, par lequel nous croyons en et ad (re)generationem sacri celui qui justifie l’impie baptismatis pervenimus non et parvenons à la régénéper gratiæ donum, id est per ration du saint baptême, inspirationem Spiritus Sancsont en nous, non par un ti corrigentem voluntatem don de la grâce, c’est-ànostram ab infidelitate ad dire par une inspiration du fidem, ab impietate ad pieSaint-Esprit corrigeant notre tatem, sed naturaliter nobis volonté en l’amenant de inesse dicit, apostolicis dogl’infidélité à la foi, de l’immatibus adversarius appropiété à la piété, mais bien batur, beato Paulo dicente : par notre nature, celui-là Confidimus, quia qui cœpit in se montre adversaire des nobis bonum opus, perficiet enseignements apostoliques, nsque in diem Domini nostri car le bienheureux Paul a Jcsu Christi (Phil., i, 6), et dit : « Nous avons confiance illud : Vobis datum est que celui qui a commencé en pro Christo non solum, ut nous la bonne œuvre, l’achèin eum credatis, sed etiam vera jusqu’au jour de Nolreui pro illo patiamini (Phil., Seigneur Jésus-Christ, t Et i, 29), et : Gratia salvi encore : « Il vous a été facti estis per fidem, et donné à l’égard du Christ hoc non ex vobis : Dei enim non seulement de croire en donum est (Eph., ii, 8). Qui lui mais aussi de souffrir enim fidem, qua in Deum pour lui. » Et encore : « C’est credimus, dicunt esse natupor la grâce que vous avez ralem, omnes eos, qui ab été sauvés par le moyen Ecclesia Christi alieni sunt , de la foi, et cela ne vient quodammodo fidèles esse pas de vous ; c’est le don definiunt. de Dieu. » — Donc, ceux qui

disent que la foi par laquelle nous croyons en Dieu est un effet de la nature sont obligés d’admettre que tous ceux qui sont étrangers à l’Eglise du Christ sont d’une certaine façon des fidèles.