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OPTAT DE MILÈVE — OPUS OPERATUM


d’hui à Orléans, biblioth. mun., n. 131), dom A. Wilmart a donné une meilleure recension de ce texte et s’est prononcé avec beaucoup de décision pour l’attribution à Optât. Texte dans Revue des sciences religieuses, 1922, t. ir, p. 282-291 ; l’étude précède et suit le texte, p. 271-302. Le sermon n’est pas destiné, comme il semblerait d’abord, à la fête des Saints-Innocents, mais bien à celle de Noël. Il est expressément attribué à Optât par le ms. de Fleury, et non seulement rien dans le texte ne s’oppose à cette attribution, mais la comparaison avec la langue et les idées du traité contre les donatisles est extrêmement favorable à cette idée. Dans une note de la Revue, bénédictine, 1923, t. xxxv, p. 24-26, dom A. Capelle a fourni un confirmatur à cette démonstration. Elle n’a pas convaincu A. Pincherle, Un sermnne donatista atlributo a S. Optato di Milevi, dans Bi-Igchnis, 1923, qui a voulu attribuer le texte à un donatiste ; mais ce paradoxe n’a pas de chance de prévaloir.

I. Texte.

L’édition princeps a été donnée à Mayence, en 1549, par J. Cochlæus, d’après un unique ms., d’ailleurs fort médiocre ; en 1563, F. Baudoin en donne à Paris une nouvelle édition, qui fut rééditée en 1569 (voir ici, t. ii, col. 479), avec, cette fois, le livre VII, qui n’avait pas encore paru ; il faut citer aussi l’admirable édition d’Ellics du Pin, Paris, 1700, et Amsterdam, 1701, rééditée avec des corrections à Anvers, 1702, c’est elle qui est passée dans la Bibl. vet. Patr. de Gallanrli, t. v, p. 459 sq, et dans P. L., t. xi, col. 883 sq. Sur les autres éditions voir Schcenemann, Bibl. Iiislorico-lilleraria, t. i, p. 343 sq. (reproduit dans P. L., t. xi, col. 875 sq.). La dernière édition critique est celle de C. Ziwsa dans le Corpus de Vienne, t. xxvi, 1893 ; cf. du même auteur Bcitrâge zu Optalus Mil., dans Eranos Vindobonensis, 1893, p. 174-170. — Traduction française par P. Viel, Paris, 1664.

La collection des pièces justificatives. — A diverses reprises, Optât renvoie, dans son texte, à des documents que l’on trouvera, dit-il, à la fin de son ouvrage : (preces) quorum cxemplar in/ra scriptum est, I, xxii ; volumen aetorum, quod si quis volueril, in novissimis parlibus légat, I, xxvi. Un seul des mss. d’Optat, le Paris. 1711 (ancien Colbert. 1951, en provenance du monastère de Saint-Paul à Cormery-sur-Indre) donne, à la suite du 1. VU une série de monuments relatifs a la première période du donatisme. Les deux premières pièces se rapportent à la Purgatio Cœciliani et à la Purgatio Felicis : les huit autres sont des lettres, dont six de Constantin. Texte reproduit en appendice dans l’édit. Ziwsa, p. 183-216. Ce dossier ne représente pas exactement celui auquel renvoie Optât. A l’estimation de P. Monceaux, , op. cit., t. v, p. 270-271, (cf. t. iv, p. 213-216), il faut en détacher les huit Epislulæ qui n’ont été ajoutées au recueil que du temps de saint Augustin. D’autre part les Gesta purgaiionis tant de Cécilien que de Félix d’Aptonge étaient beaucoup plus volumineux que ce qui est conservé dans le Parisinus ; en ce ms. il ne subsiste, en somme, que la première et la dernière pièce de ces Gcsta. Les recherches de L. Duchesnc ont montré, par ailleurs, que ce recueil était antérieur a Optât, ayant été compilé par un clerc africain entre 330 et 347 ; Optât l’annexa à son traité. L’authenticité des pièces est absolument certaine. Pour la littérature relative à cette question, voir ci-dessous. II. Études.

Notices dans les manuels de patrologie

ou d’histoire littéraire ; parmi les plus récents : O. Bardenhewer, Altkirchliche Literutur, t. iii, 1912, p. 491494 ; M. Schanz, Gesch. dcr rômischen Litteralw, t. iv, l re pari., 2e édit., 191 1, S 959 ; P. de Labriolle, Hist. de la liltèr. latine chrétienne, 1920, p. 333, 393-395 ; mais surtout P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. v, 1920, p. 240-306 ; O. R. Vassal-Phillips, The work of St Optalus, bishop of Milevis, against the donatists, Londres, 1917. — Sur la théologie d’Optat : E. Michaud (vieux catholique), L" théologie d’Optat de Milève d’après son « De schismale donatistarum », dans Revue internationale de théologie, t. xvi, 1908, p. 238 sq. ; 1’. lîatillol, !.< catholicisme de saint Augustin, I. i, 1920, p. 77-108 ; sur la date du traité cf. une note de A. Pincherle dans Ricerchi religiosi, I. ni, 1927, p. 110-115. — Sur le dossier du donatisme : I). Voiler, Dcr Ursprung des Donatismus,

Fribourg-en-B, , 1883 ; O. Seeck, Quellen und Urkunden liber die Anjànge des Donatismus, dans Zeitschr. jur Kirchengesch, , t. x, 1889, p. 505 ; Urkundenfàlschungen des 4. Jahrh., i. Das Urkundenbuch des Optatus, ibid., t. xxx, 1909, p. 181 ; L. Duchesne, Le dossier du donatisme, dans Mélanges d’archéol. et d’hist. publiés par l’École française de Rome, t. x, 1890, p. 589-650 ; H. Schrors, Drei Aklenstiicke in belrcff des Konzils von Arles. Texlverbesscrungen und Erlàulerungen, dans Zeitschr. der Savigny-Sti /lung fiir Rechisgesch., kanon. Abt., t. xi, 1921, p. -129439 ; Norman II. Baynes, dans Journ. of theol. studies, t. xxvi, 1921-1925, p. 37-44, 404-407 ; C. IL Turner, Adversaria critiea : Notes on the anti-donatist dossier and on Optalus, books I, II, ibid., t. xxvii, p. 283-296.

É. A MANN.

    1. OPUS OPERATUM##


OPUS OPERATUM, OPUS OPERAN TIS. — I. Premier emploi de ces formules dans la théologie catholique. — Les controverses relatives aux ordinations simoniaques, voir Ordre, col. 1285-1298, et, plus généralement aux sacrements administrés par des ministres indignes, eurent pour effet l’invention des formules opus operatum et opus operuntis. Si l’action du ministre, comme telle, peut être répréhensible et coupable, le résultat de cette action, l’œuvre accomplie dans l’âme du sujet qui a reçu le sacrement est bonne : ce résultat est ce qu’on appelle Vopus operatum, et ici, operatum marque bien le sens passif qui doit être attaché à l’œuvre accomplie. Ces formules, aujourd’hui consacrées parl’usrge et par l’autorité du concile de Trente ne remontent vraisemblablement pas plus haut ciue le début du xine siècle.

C’est Pierre de Poitiers, disciple de Pierre Lombard, qui, le premier de tous, les emploie dans ses Sentences, appliquant cette distinction au baptême pour démontrer que la valeur de ce sacrement est indépendante des mérites du ministre et même du sujet. IMoretur baplizans, écrit ii, baptizatione, ut baplizatin dicifur actio illius qui baptizal, quæ est uliud opus quant baplismus, quia est opus operans, sec ! baptismus est opus operatum, si ila liceat lequi. Sententiarum, 1. Y, c. vi. P. J, ., t. ccx-i, col. 1235. Cette distinction était usitée dans les écoles, au début du xme siècle, pour exprimer, dans toute action, la coopération de l’agent, actio, opus operans, et l’acte lui-même, actum, opus operatum. Le même Pierre de Poitiers en fait, en ce sens, l’application à la passion de Jésus-Christ. L’action des Juifs, faisant mourir le Christ, fut détestable ; mais la mort elle-même du Sauveur, résultat de cette action coupable, fut bonne et voulue de Dieu. Ainsi, Vopus operatum a une valeur objective indépendante de celle de Vaclio, opus operanlis. Approbavit Deus passionem Clirisli illalam a Judœis et quod fuit opus Judœorum operatum ; non approbavit opéra Judœorum operantia, et actiones quibus operati sunt illam passionem. De même aussi, les actions du diable sont mauvaises, car elles procèdent de sa malice ; mais le résultat de ses actes au contraire est bon et concourt à la gloire de Dieu : Omnia (Deo) serviunt, id est præstant materiam laudis, et diabolus ei servit et af>probat épis opéra quæ operatur. non qaibus operatur ; opéra operala ut dici solet, non opéra operantia, quæ omnia mala sunt, quia nulla ex charilale… ; pro actiofle enim diaboli offenditur Deus, sed non pro aclo. Id.. t. I, c. xvi, col. 803. L’application de la formule aux sacrements s’imposait pour ainsi dire. La célébration d’un rite sacramentel par un ministre indigne est une action mauvaise, un sacrilège : mais ce qui est célébré est toujours bon. Quamvis opus operans aliquando si ! immundum, semper tamen opus operatum est mundum. Innocent III, De Ss. aliaris mysterio, 1. 1H, c. v, P. L., t. ccxvii, col. 843. La grande autorité « le saint Bonaventure et de saint Thomas d’Aquin