découvre. » Cité par Zigliara, op. cit., t. ii, p. 379. Cousin rapporte les principaux textes que l’on peut invoquer en faveur d’un certain ontologisme de Leibniz : « L’Idée de l’absolu est en nous intérieurement comme celle de l’être. Ces absolu ? ne sont autre chose que les attributs de Dieu, et on peut dire qu’ils ne sont pas moins la source des idées que Dieu est en lui-même le principe des êtres. » Du vrai, du beau et du bien, p. 98. « Je ne sais si l’homme peut se rendre parfaitement compte des idées, sinon en remontant jusqu’aux idées premières dont il n’y a plus à se rendre compte, c’est-à-dire aux attributs absolus de Dieu. » Ibid., p. 97. Leibniz, comme Bossuet et saint Augustin, contrairement à « quelques scotistes », qui soutiennent « que les vérités éternelles subsisteraient quand il n’y aurait point d’entendement, pas même celui de Dieu », maintient que « ces vérités nécessaires étant antérieures aux existences des êtres. contingents, il faut bien qu’elles soient fondées dans l’existence d’une substance nécessaire. » Ibid., p. 98-99.
Gioberti, pour montrer le « parfait accord de Leibniz avec saint Augustin et Malebranche », mentionne le texte suivant : Deus est enim lumm illui, quod illuminât omnem hominem venientem in hune mundum. — El veritas quæ inlus nobis loquitur, cum seternse certiludinis theoremila intelligimus, ipsa Dei vox est, quod eliam nolavil D. Auguslinus. Op. cit., t. i, p. 442. — Enfin Jean Sans-Fiel appuyait encore son « ontologisme modéré » sur les deux passages suivants de Leibniz : « Je suis persuadé que Dieu est le seul objet immédiat externe des âmes, puisqu’il n’y a que lui hors de l’âme qui agisse immédiatement sur l’âme… Et c’est ainsi que notre esprit est affecté immédiatement par les idées éternelles qui sont en Dieu, lorsque notre esprit a des pensées qui s’y rapportent et qui en participent. » Potesl dici objectum animv exlernum esse solum Deum, eojue sensu Deum esse ad mentem ut lux ad oculum. Hxc est Ma dioina in nobis relucens veritas, de qui loties Augustinus, eumjue in ea re sequutus Malebranchi. Cf. Discussion, p. 48 note. — Zigliara, op. cit., t. ii, p. 379-381, s’efforce d’enlever aux ontologistes le patronage de Leibniz, et pense même qu’on ne s’éloignerait pas trop de la vérité en leur arrachant aussi celui de Bossuet et de Fénelon, p. 382.’5’Gerdil. — E î 1748, paraissait à Turin la Défense du sentimmt du P. Malebranche sur la nature et l’origine des idées contre l’exzmm de M. Locke. Dans la préface, Gerdil écrivait : « J’ai entrepris ce petit ouvrage, moins pour défendre le sentiment du P. Malebranche, qui je crois très vrai dans le fond, que pour relever un assez grand nombre de faux raisonnements et de contradictions, non seulement dans l’examen de M. Locke, mais aussi dans son grand ouvrage de l’entendement humain. » Cité par Zigliara, op. cit., t. ii, p. 382. Quarante ans plus tard, en 1787, Gerdil donna à Bologne une nouvelle édition de la Défense, précédée d’un Avertissenent, où il indique comment il a entendu et entend encore la pensée de Malebranche : « Il tâcha (c’est de lui-même qu’il parle) en même temps de déterminer et d’exposer l’idée précise voilée sous l’expression figurée que Malebranche a employée, et qui, présentant son système sous un point de vue trop vague et peu facile à saisir, semble avoir donné lieu à la plupart des difficultés qu’on lui a objectées. .. L’auteur de cette Défense… a cru que, pour rectifier le sentimmt de Milebranchz, il suffirait de l’énoncer avec plus de précision et de simplicité. » Cité par Fabre, Réponse aux Lettres d’un sensuctliste contre l’Onlologismi, p. 151-152.
Sur ce, GerJil résume le système de Malebranche, « d’après la manière au moins dont il l’a considéré ». Il s’agit de la perception ou simple appréhension, première opération de l’intellect, où celui-ci est passif. « Cette simple perception est produite dans l’âme par l’action de Dieu, non en ce sens que Dieu dévoile ou présente à découvert son essence à l’esprit humain dans cette vie, comme un tableau chargé de figures qu’on mettrait sous les yeux et où il serait libre à chacun d’arrêter la vue sur l’objet qu’il lui plairait de contempler ; ainsi que bien des gens l’ont entendu d’après l’expression figurée de Malebranche et en ont pris occasion de le traiter de visionnaire ; mais en ce sens que Dieu, qui renferme éminemment les idées de toutes les choses, imprime par son action sur l’esprit la ressemblance intelligible qui est l’objet immédiat de la perception. Telle est la doctrine que le P. Thomassin, entre autres, a cru reconnaître dans un grand nombre de passages de saint Augustin, qui lui ont paru peu susceptibles de toute autre interprétation. » Ibid., p. 153. Ce passage de l’Avertissement de 1787, où cependant Gerdil exposait la manière dont il avait envisagé le système de Malebranche dans la Défense de 1748, a fait croire aux PP. Liberatore et Ramière et aux rédacteurs de la Civiltù catloHca, que GerJil aurait, dans son âge mûr, abandonné le malebranchisme, qu’il avait professé dans sa jeunesse. Cf. Revue du monde catholique, 1864, t. viii, p. 123-125 ; Annales de phil. chrét., avril 1859, p. 262-279, extrait de la Civiltù caltolica du 27 janvier 1859, répondant à deux articles de Clæssens dans la Revue catholique de Louvain. II n’en est rien : Fabre le démontre aisément, op. cit., p. 149-160, et Zigliara lui-même ne saurait quelle preuve donner de cette rétractation, op. cit., p. 382. — C’est qu’il ne faut pas isoler cette phrase de Gerdil de l’ensemble de sa doctrine idéologique, mais l’interpréter d’après d’autres passages où il parle plus longuement de cette action divine qui imprime dans l’esprit « la ressemblance intelligible ». Celui-ci, par exemple : « Tous ces mots, présenter à l’esprit les idées, les lui découvrir, s’unir à lui d’une manière intelligible, ne signifient que cette même action de Dieu comme cause exemplaire… ou représentative des différents êtres ; action qui produit dans l’âme une passion, qui est la perception de l’essence de Dieu, en tant que représentative de tel ou tel être. » Cité par Zigliara, op. cit., p. 227, note. Cf. Fabre, p. 156-157.
III. L’ONTOLOGISME AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.
I. EN France.
L’ontologisme était fort répandu en France vers 1860 ; nous avons cité à ce sujet le témoignage de Dailhé de Saint-Projet, col. 1003 : la lettre écrite (de Rome) à l’évêque de Nantes par Mgr Guibert, archevêque de Tours, au lendemain de la condamnation des sept propositions ontologistes, n’est pas moins significative : l’enseignement philosophique donné au séminaire de Nantes par Branchereau « est du reste celui d’un grand nombre d’établissements ecclésiastiques. » Cf. Annales de phil. chrét., mai 1862, p. 327.
La Préface mise par Hugonin en tête de son Ontologie nous apprend que c’est à M. Baudry qu’il doit « tout ce que ce livre renferme de bon et d’utile. P. vu. « Non seulement il nous a confié les cahiers qu’il avait rédigés lorsqu’il professait la philosophie au séminaire de Nantes, nous les avons revus et discutés ensemble. » Ibid. Les doctrines que contient ce livre, nous dit-il plus loin, sont professées par plusieurs des membres de la société de Saint-Sulpice ; « le cours élémentaire de philosophie publié à Clermont, en 1849, puis à Nantes, en 1855, en est une preuve. » P. x. Il s’agit des Preelecliones philosophicæ de Branchereau. « Mais, à côté de cet ouvrage, nous en avons un autre aussi répandu, écrit par un professeur de philosophie appartenant à la congrégation des prêtres de Saint-Sulpice, où l’on enseigne des doctrines opposées. » Ibid. Cet autre manuel de philosophie, aussi répandu que celui de Branchereau, serait, d’après Bonnetty,