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NESTORIUS, ACTES CONCILIAIRES


nés, ne peuvent être considérées comme des reproductions telles quelles des procès-verbaux authentiques et des pièces annexées. Chacune de ces collections possède son caractère spécial ; elle choisit et groupe les diverses pièces à sa disposition suivant une idée directrice particulière. Le premier devoir qui s’impose est donc d’étudier d’abord en elle-même chacune de ces collections, d’en déterminer l’esprit et la tendance ; c’est plus tard seulement qu’il sera possible de remonter plus haut et de se rapprocher des procès-verbaux eux-mêmes.

Une seconde remarque s’impose.. Il n’y a pas eu, à l’été de 431. un, mais bien deux conciles d’Éphèse, assemblées rivales et qui se sont mutuellement condamnées. Voir ci-dessous, col. 114 sq. « Il y a donc eu, comme le l’ait remarquer Ed. Schwarlz, deux séries d’actes qu’il eût été nécessaire de rédiger en un seul or pus, si l’on avait voulu donner du concile une /Iliade vraiment exacte. Mais telle n’était pas, loin de là, l’intention de ceux à qui est due cette ancienne collection (cyrillienne) où ont puisé, comme à une source commune, les collections actuellement existantes. Ceux qui sont demeurés vainqueurs, Cyrille et ses partisans, ont fait un’choix dans les pièces et mis en œuvre celles qui paraissaient devoir servir leur dessein et montrer à l’empereur, qui d’abord ne leur était pas favorable, que le concile des Orientaux manquait totalement d’autorité. » A. C. O., i, 1. 4. prêt., ]). xx. Ainsi, tels qu’ils nous sont conservés, les actes sont essentiellement des actes cyrilliens ; mais, à ces actes, des compilateurs ultérieurs ont ajouté un certain nombre de pièces qui avaient figuré au dossier du concile oriental. De ce dernier, les actes ont disparu comme tels, mais une partie s’est conservée de façon indirecte. C’est par eux que nous devons commencer.

1° reliquI/S du concile oriental. — Quelques années après le concile d’Éphèse, peut-être seulement après 448, le comte Irénée, un fervent ami de Nestorius, entreprenait de réhabiliter l’archevêque déposé et les quelques évêques qui avaient, en fin de compte, partagé son infortune. Usant du même procédé littéraire qu’avait jadis mis en œuvre saint Athanase, il recueillait[le plus grand nombre possible de documents officiels et les reliait par une série de remarques et d’introductions ; le tout formait le livre qu’il intitulait : Tragédie. Les procès-verbaux du concile oriental lui fournissaient, comme de juste, des documents importants ; mais il utilisait aussi de nombreuses pièces relatives aux tractations qui amenèrent l’accord de 433. Cette Tragédie est perdue en tant que telle ; mais elle a été utilisée, d’abord peu de temps après son apparition, par Nestorius lui-même, dans le Livre d’Héraclide, puis, un siècle plus tard, par le diacre romain Rusticus, neveu du pape Vigile, et défenseur acharné des Trois chapitres. Durant son long séjour à Constantinople, entre 547 et 553, puis à une date ultérieure qu’on ne peut préciser, Rusticus avait entrepris de faire une nouvelle traduction des actes du concile de Chalcédoine. Ses recherches dans la bibliothèque du couvent des acémètes le firent tomber sur des textes nouveaux relatifs au concile d’Éphèse, particulièrement sur la Tragédie d’Irénée. Il résolut alors de publier également une nouvelle édition latine des actes du concile de 431. Prenant comme point de départ la collection latine déjà existante que nous désignerons sous le nom de Collectio Turonensis (ci-dessous, col. 90), il la suppléments largement en empruntant de très nombreuses pièces au livre d’Irénée. Sans doute son dessein est tout différent de celui du comte. Irénée voulait innocenter Nestorius ; Rusticus veut défendre la mémoire de Théodoret, en prouvant que celui-ci s’est

dégagé à temps de la doctrine de son ami ; il n’hésite pas, pour arriver à ce résultat, à accuser Irénée de falsification. Ainsi fut rédigé le Synodicon de Rusticus, que l’on appelle d’ordinaire le Synodicon casinense, du nom de la bibliothèque du Mont-Cassin qui en a conservé le meilleur exemplaire. Les pièces qui y figurent, à partir du n.Lxxvii, proviennent, pour la plus grande partie, du livre d’Irénée et donc indirectement du dossier du concile oriental.

Ces pièces ont été éditées pour la première fois par Christian Lupus (Wolf) : Ad Ephesinum concilium variorum palrum epistolæ, Louvain, 1682, édition extrêmement défectueuse ; Baluze n’ayant pu obtenir communication du manuscrit utilisé par Lupus, s’est contenté, bien qu’il se rendît compte des fautes de l’édition princeps, de reproduire celle-ci dans sa Noua collectio conciliorum, Paris, 1683, en lui donnant le titre, qui, malgré son inexactitude, est demeuré longtemps classique : Synodicon adversus Tragœdiam Ireniei. C’est cette édition de Baluze qui est réimprimée dans Mansi, ConciL, t. v, col. 731-1022, et dans P. G., t. lxxxiv, col. 551-864. Il faut désormais utiliser l’édition Schwartz, A. C. O., i, 4 : Collectionis Casinensis sive synodici a Ruslico diacono compositi pars altéra, 1922-1923 ; voir tout spécialement la préface.

Actes du concile cyrillien.

Bien qu’ils soient

mieux conservés dans l’ensemble, ces actes sont eux-mêmes incomplets. La comparaison entre les diverses collections fait ressortir de-ci, de-là, des lacunes qui ne sont pas sans importance. Seule, par exemple, la Collectio Athenensis récemment découverte a conservé en grec les résolutions relatives aux messaliens ou à la question de Chypre. Nous savons d’autre part qu’il a été question au concile des pélagiens (voir col. 116) ; or il n’y a aucune pièce sur leur compte.

Par contre les compilateurs de ces collections ont grossi leur dossier en joignant aux extraits plus ou moins larges, plus ou moins fidèles, des procès-verbaux conciliaires, un certain nombre de documents destinés à éclairer et les origines du conflit et les suites de la dissension qui se manifesta à Éphèse entre orientaux et cyrilliens. C’est ainsi que sont passés, dans plusieurs recueils, des ouvrages considérables de saint Cyrille. De là une division ternaire de toutes les collections tant soit peu complètes : 1. Pièces relatives aux discussions qui ont précédé et rendu nécessaire le concile. — 2. Documents relatifs au concile lui-même. — 3. Les suites du concile jusqu’à l’accord de 433. Cette division est fort ancienne ; elle se trouve déjà dans la traduction latine dite Turonensis, antérieure à 553 ; mais on peut remonter beaucoup plus haut. Quand il rédigeait le Livre d’Héraclide, Nestorius avait entre les mains des actes du concile, mis en circulation par les cyrilliens, qui affectaient déjà cette forme. — Il nous reste à indiquer brièvement les principales collections grecques et latines, en renvoyant pour le détail aux diverses préfaces de Schwartz.

1. Les collections grecques.

Elles se ramènent à trois : la Collectio Vaticana = V, a été publiée au complet dans A. C. O., i, 1, Acta græca, fasc. 1-6, 1927-1928, correspondant, mais parfois avec de notables interversions, au texte grec imprimé dans Mansi, ConciL, t. iv, col. 577-1478, t. v, col. 1-445 (voir le tableau comparatif, vol. 1, fasc. l, p. xx-xxiv) ; — la Collectio Seguieriana = S (ainsi nommée d’après le Coislin. 32, provenant du chancelier Séguier) ; — la Collectio Atheniensis = A, contenue dans le manuscrit 9 de la bibliothèque de la XpiCTTiavtx.r] àpx ouo ^°’Y ly — J’]’EToupta d’Athènes. Ces deux dernières seront publiées au fasc. 7 ; un aperçu très suffisant de leur contenu est donné dans YAbhandl. de l’Académie