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OLIEU — OLIVA


gulièrement mieux inspires que ne le fut le parti de la communauté en les vouant à une réprobation générale.

En dehors des ouvrages déjà cités, il convient de mentionner encore : René de Nantes, Histoire des spirituels dans l’ordre de S. François, Paris, 1909, p. 266 sq. ; F. Callæy, L’idéalisme franciscain spirituel au XIV’siècle, Élude sur Ubertin de Casale, Louvain, 1911 ; A. Thomas, Le vrai nom du Frère mineur « Pelrus Johannis Ulivi », Annales du Midi, t. xxxv, 1913, p. 68 ; F. Sarri, Pi’er di Giovanni Olivie Uberlino da Casale, dans Studi francescani, t. xxii, 1925, p. 88 sq. ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles t. vi b, 1915, p. 666 sq. ; Gratien, Une lettre inédite de P. de J. O., Études franciscaines, t. xxix, 1913, p. 414 sq. ; Sentence et dernière déclaration d’Olieu, dans Archiv. franc, hist.. t. xi, 1918, p. 264 sq. Du point de vue scolastique, celui qui a étudié le mieux Olieu est B. Jansen, l’éditeur des 118 Quxsliones in secundum Librum Senleniiarum. Dans les Prolégomènes aux trois volumes que comprend cette édition, il cite les nombreux articles de revues (P/iilosophisches Jahrbuch, Franziskanische Studien, Gregorianum), sa dissertation Die Erkenntnislehre Olivis (Berlin, 1921), dans lesquels il a exposé les théories d’Olieu sur la relation entre le corps et l’âme, sur le libre arbitre, le mouvement, le mécanisme de la connaissance, et a examiné la portée historico-philosophique de ses preuves de l’immortalité de Tâme. Enfin, il taut noter aussi : S. Belmond, Deux penseurs franciscains, Pierre-Jean Olive et Guillaume Occam, dans Études franciscaines, t. xxxv, 1923, p. 188 sq. ; La défense du libre arbitre par Pierre Jean O ive, dans La France franciscaine, t. x, 1927, p. 33 sq. ; Le mécanisme de la connaissance d’après Pierre Olieu, ibid., t.xii, 1929, p. 291 sq. ; W. Pohl, Ein bedeutsames Werk der Franziskanerscholastik des XIII. Jahrhunderts. Bemerkungen zu Janscns Oliviausgabe, dans Franziskanische Studien, t. xvi, 1929, p. 65 sq. ; F. M. Delorme, S. Bonavenlure ete nombre apocalyptique 666, dans La France franciscaine, t. viii, 1925, p. 519 sq. ; P. J. Olivi, Queesiio hucusque inedila de indulgentia Porliunculæ, dans les -4c(a ordinis fr. minorum, t. xiv, 1895, p. 139 sq.

P. F. Callæy.


1. OLIVA Alexandre(1407-1463).— Né à Sassoferrato en Ombrie, il entra de fort bonne heure dans l’ordre des ermites de Saint-Augustin, dont il revêtira les principales dignités, jusqu’à celle de général qu’il reçut en 1459. Le 5 mars de l’année suivante, Pie II le nommait cardinal du titre de Sainte-Suzanne et, le 16 novembre 1461, lui confiait l’administration du diocèse de Gamerino. Le cardinal Alexandre de Saxoferrato, comme on l’appelait, mourut le 20 (ou le 22) août 1463. — Il avait été surtout un infatigable prédicateur dont l’éloquence fut célèbre dans toute l’Italie ; un vigoureux réformateur des mœurs ; un pacificateur dont l’action se fit sentir en divers domaines. Les bibliographes de son ordre lui attribuent divers recueils de sermons et quelques traités ascétiques qui sont demeurés inédits : De Christi aclu sermones centum ; De Cœna cum apostolis facta ; De peccato in Spiritum Sanclum ; De remedio amoris ; et aussi un recueil de lettres.

G. J. Eggs, Purpura docta, t. ii, Munich, 1714, p. 152162, qui résume les anciennes notices ; il y a une monographie récente, M. Morici, Il cardinale Alessandro Oliva predicatore quatlrocenlista, Florence 1899 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. ii, col. 984 ; Eubel, Hierarcliia catholica Medii JEvi t. h (1431-1503), Munich, 1901.

É. Amann.


2. OLIVA Jean-Paul, de la Compagnie de Jésus (1600-1681). — Né à Gênes Je 4 octobre 1600, d’une famille illustre qui a donné deux doges à la république, il entra au noviciat le 22 décembre 1616 ; devenu prêtre il s’acquit bientôt un grand renom de prédicateur. Supérieur du noviciat et recteur du Collège germanique, il n’en continua pas moins ses prédications avec beaucoup d’éclat, soit à la cour pontificale, soit dans les principales villes d’Italie. Le R. P. général Goswin Nickel ayant demandé à la congré gation générale de 1661 de lui désigner un vicaire avec droit de future succession, Paul Oliva fut élu avec l’approbation spéciale d’Alexandre VII. La mort du Père Nickel (31 juillet 1664) le fit général de droit comme de fait. Il mourut à Rome le 26 novembre 1681.

Son généralat fut traversé par un certain nombre d’affaires épineuses ; il fallut défendre la Compagnie contre l’accusation d’encourager par la doctrine du probabilisme le laxisme moral, accusation qui trouvait des échos dans la Compagnie elle-même (La Quintinye, Thyrse Gonzalès) ; il fallut empêcher les jésuites français, tout spécialement le P. de La Chaize, de soutenir trop ouvertement le roi de France dans sa lutte contre le Saint-Siège, et expliquer, non sans peine, au pape Innocent XI les raisons de leur attitude ; il fallut régler tant bien que mal les conflits soulevés en Indo-Chine entre les missionnaires jésuites et les vicaires apostoliques. Tout ceci appartient devantage à l’histoire qu’à la théologie. On retiendra néanmoins l’attidude prise par le général dans la question du probabilisme.

Dès 1666, Oliva recevait du P. de la Quintinye, un jésuite français de la province d’Aquitaine, un long rapport où celui-ci se plaignait des mesures prises contre lui par ses supérieurs immédiats, à cause de l’attitude qu’il se permettait vis-à-visdes doctrines morales de la Compagnie. Texte dans Dôllinger et Reusch, Geschichte der Moralstreitigkeilen, t. ii, Nôrdlingen, 1882, documents, p. 1-12. A diverses reprises La Quintinye s’était rigoureusement élevé contre la théorie que « la bonne foi excuse toujours du péché », et il avait dénoncé les funestes conséquences qui en résultaient tant au point de vue de la vie chrétienne, qu’à celui du bon renom de la Compagnie. Non moins vigoureusement protestait-il contre un aspect de cette thèse qu’autour de lui ses collègues prônaient comme la doctrine propre de la Compagnie : En inquiunt, germana socielalis doctrina, en dogma quod tenent omnes jesuitse ut a multis audivi ssepius, quod nempe ibi nunquam sit peccaium ubi non sil actualis el prœsens cognitio qua judicet opérons se mole operari ; quia, ut volunt, talis cognitio est necessarium quid et essentiale ad peccandum. On voit que notre jésuite avait lu et médité les Provinciales. — Le 17 août 1666, Oliva répondait à ce mémoire, et sa réponse était en définitive une fin de non recevoir ; le général ne voulait pas comprendre qu’il y avait une question du laxisme. Le P. de la Quintinye devrait se persuader qu’il y avait des docteurs plus savants que lui : Cum i ?a Va non dubilet pro sua religiosa humilitale, quin doctiores ipsa passim occurrant plures, sic etiam delrectare nullatenus débet eorumdem placitis, sua visa suasque sanetorum Patrum aliorumque doctorum interpretationes pacale religioseque postliabere. Notre volonté, continuait le général, est que toutes ces discussions cessent, et que l’on obéisse modestement et religieusement aux ordres des supérieurs ; il renvoyait aux paragraphes de la règle prescrivant cette obéissance. Dôllinger-Reusch, loc. cit., p. 12-13.

La Quintinye se le tint pour dit. Mais l’accession au trône pontifical du pape Innocent XI (21 septembre 1676), dont on savait qu’il était le ferme ennemi du laxisme, sembla lui fournir une occasion plus favorable. Le jésuite français s’adressa donc direcment au pape. Lettre du 8 janvier 1679, ibid., p. 17. Il s’y plaignait de la façon dont le général avait reçu ses premières doléances et mettait sous les yeux d’Innocent XI tant son mémoire de 1666 que la réponse d’Oliva. Le 2 mars 1679 paraissait le fameux décret condamnant 65 propositions d’un laxisme évident. Voir Laxisme, t. ix, col. 72 sq. Les plaintes du jésuite Thyrse Gonzalès (voir son art., t. VI,