Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/500

Cette page n’a pas encore été corrigée
981
982
OLIER — OLIEU


dans ses Mémoires (i, ICI). De même que la sainte Vierge attire tout le monde d’abord à son amour et à son service pour les porter après à Jésus-Christ NotreSeigneur, la grande étude de cette divine Mère regarde la gloire et l’honneur de son cher Fils. Ce qui est exprimé par les paroles qu’elle dit au festin des noces sic C.ana. qui représente l’Église et le ciel même. Quidquid dixerit uobis, facile. »

C’est dans le même esprit qu’il honorait les anges et les saints. Dans ses Mémoires et son Traité des anges, il les montre remplis de l’Esprit de Jésus-Christ et communiant à sa religion envers Dieu. De même il honorait les saints comme membres vivants de Jésus-Christ, reproduisant chacun selon sa grâce les états et les vertus de Notre-Seigneur. Il fit honorer spécialement au séminaire ceux qui avaient eu le plus de rapports avec Jésus, comme saint Joseph, saint Jean-Baptiste, les saints apôtres, particulièrement saint Jean, saint Pierre et saint Paul ; et parmi les saints plus récents, il donnait comme patrons au Séminaire saint Martin, saint François de Sales. Voir dans les Pensées choisies ses vues générales sur les saints et celles qui concernent les saints que nous venons de citer ; Pielas seminarii, art. Il et 12. A la fin de la dernière édition (1928) de la Journée, chrétienne, Les Grandeurs de saint Joseph.

1° Manuscrits (les n°* 1, 2, 3 conservés au Séminaire) : les sources de la vie de M. Olier sont : 1° ses Mémoires autographes, dont il a été fait une copie ancienne en 3 vol., contenant même quelques cahiers perdus de l’original. — 2° La oie de M. Olier par M. de Bretonvilliers, son disciple et successeur immédiat, qui vécut quinze ans dans son intimité, 4 vol. in-4 c ; il en existe aussi une copie revue et corrigée par M. de Bretonvilliers lui-même. — 3° L’esprit de M. Olier, ouvrage dont le fond est de M. de Bretonvilliers (qui le tira des écrits et des conversations du serviteur de Dieu), mais a été mis en ordre et achevé par M. Tronson, 3 vol. in-4o. Il y a peu de faits, on traite surtout des vertus. — 4° Mémoires sur la oie de M. Olier et le séminaire de Saint-Sulpice, par M. Baudrand, curé de Saint-Sulpice. Une ancienne copie se trouve à la Bibliothèque nationale ; elle a été imprimée à la fin du t, m de la Bibliothèque sulpicienne de M. L. Bertrand. — 5° Mémoires de M. du Ferrier, un des premiers compagnons de M. Olier, qui les composa vers 1680. l’ne copie se trouve à la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Imprimés.

La première vie fut composée par

M. Lesehassier, troisième successeur de M. Olier, d’après les mss. de M. de Bretonvilliers et les Mémoires de M. Olier. Composée vers 1682, elle a été insérée par le P. Giry dans Les oies des Saints… et grand nombre de oies nnuoelles, etc. Paris, Léonard, 1683-1685, 2 vol. in-fol., t. i, col. 11911718, et publiée à part : La oie de M. Jean-Jacques Olier, s. 1., 1687, petit in-12. La même notice est entrée en 1773 dans les Remarques historiques sur l’église et la paroisse Saint-Sulpice, par Simon de Doncourt, t. iii, p. 498-570. En 1702, le P. Charles de Saint-Vincent publia dans l’Année dominicaine, La vie de Messire Jean-Jacques Olier, prêtre du tiers-ordre de Saint-Dominique, fondateur et premier supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, 20 p., in-4 #. Joseph Grandet, ami de M. Tronson et supérieur du grand séminaire d’Angers, a écrit une vie de M. Olier dans les Saints prêtres français, IIIe série, p. 279-395, imprimée par M. G. Letourneau en 1897. — Ch. Nagot, directeur au séminaire Saint-Sulpice, puis fondateur du séminaire de Sainte-Marie de Baltimore, composa en 1790 une Vie plus étendue, dont il fit plusieurs copies corrigées, complétées, imprimée à Versailles, Lebel. 1818, in-8o, sous le titre : Vie de M. Olier, curé de Saint-Sulpice à Paris, fondateur et premier supérieur du séminaire du même nom. — M. Faillon, Vie de M. Olier, fondateur du séminaire de Saint-Sidpice, accompagnée de notices sur un grand nombre de personnages contemporains, 2 vol. in-8o, Paris, Poussielgue, 1842 ; ouvrage que le cardinal Wiseman regardait comme » un très grand service rendu au clergé et à l’Église. En 1853, seconde édition. En 1843, il en parut un abrégé en 1 vol. in-12 ; Le pasteur modèle ou le salut des peuples, in-12, Aix, 1849, abrégé anonyme de l’ouvrage de M. Faillon, 1841 et 1843. Muni de documents nouveaux

M. Paillon donna une édition nouvelle en 3 gr. in-8o. M. l’ailion étant mort durant l’impression, M. Gamon continua de corriger les épreuves, d’ajouter des notes et rédigea la table. L’œuvre parut en 1873. — G. M. de Fruges, .L-.I. Olier, Essai d’histoire religieuse sur le XVII’siècle, in-8o, Paris ; G. Letourneau, l.ti mission de J.-.I. Olier et la fondation dis grands séminaires de France, 1906, Paris, LocolTre, in-12 ; F. Monier, Vie de Jean-Jacques (Hier. t. i", Paris, .1. de Gigord, 1914 ; l’auteur est mort pendant qui] corrigeait les épreuves du 1 er volume. - Sur les œuvres et leurs diverses éditions, cf. L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la compagnie de Saint-Sulpice, t. i, Paris, 1900, p. 1-40 et 523-524. - Sur la doctrine : H.-.I. Icard, supérieur de Saint-Sulpice, Doctrine de M. Olier expliquée par sa oie et pur ses écrits, Paris, 1889, in-8o, vn-418 p. ; deuxième édition, Paris, 1891, viii-601 p. ; H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. iii, Paris, 1921, in-8o, c. iv et v ; 1>. Pourrai, La spiritualité chrétienne, I. m. Les temps modernes, Paris, 1925, c. xiii et xiv.

E. Levesque.


OLIEU ou OLIVI (Pierre de Jean), frère mineur (1248-1298). I. Vie. II. Écrits et doctrine.

I. Vie.

Né à Sérignan dans le Languedoc, vers 1248, Pierre de Jean Olieu fut reçu, à l’âge de douze ans, au couvent des frères mineurs de Béziers. Après qu’il eut passé les premières années de sa formation religieuse et scientifique dans la province franciscaine de Provence, ses supérieurs l’envoyèrent au Studium générale de l’ordre à Paris. Il y suivit avec succès les leçons de maîtres éminents qui avaient été les disciples de saint Bonaventure, tels que Guillaume de la Mare, Jean Peckham et Guillaume d’Acquasparta. Dès ce moment peut-être, ce dernier conçut pour Olieu l’estime particulière dont il devait donner longtemps après une preuve éclatante. Après avoir passé l’épreuve du baccalauréat, vers 1270, il débuta dans l’enseignement, d’après l’habitude courante, par un exposé sommaire de la Bible et des Sentences. Ensuite, ayant accompli dans ce professorat les quatre années requises, il devint bachelier formé, comme en témoigne Barthélémy de Pise.dans son De conformitate. Mais, soit excès de modestie de sa part, soit défiance de la part de ses supérieurs, Olieu ne parvint pas à la maîtrise.

Il n’en continua pas moins à traiter avec compétence questions et disputes de toute espèce. Nul n’aurait songé à l’en reprendre, s’il ne s’était signalé en même temps comme un chaud partisan des tendances rigoristes et des aspirations joachimites qui depuis une vingtaine d’années troublaient l’ordre franciscain en Italie, en France et en Espagne. En lui le penseur scolastique se compliqua dès le début d’un spirituel ondoyant et d’un subtil expositeur de l’Évangile éternel. Sa personnalité complexe inquiéta bien vite Jes maîtres et les ministres franciscains du groupe de la communauté contraire aux zélateurs, et les prévint en sa défaveur, tant au sujet de sa vie religieuse dont ses admirateurs proclamaient la sainteté, qu’au sujet de ses écrits, qui pourtant sont presque tous orthodoxes et dont la plupart honorent l’école franciscaine.

Jérôme d’Ascoli, devenu ministre général en 1274, s’en prit, sans qu’on sache trop pourquoi, à sa dissertation sur la sainte Vierge et lui ordonna de la brûler : ce qu’il s’empressa de faire sans témoigner le moindre ressentiment. II eut encore à se justifier devant le même supérieur d’autres erreurs qui lui étaient imputées, dont une concernait le sacrement du mariage (sixième question du traité De perfectione evangelica). Sous le ministre général suivant, Bonnegrâce de Saint-Jean in Persiceto, Olivi eut un regain de faveur : en 1279 il était à Borne et y rédigeait, à la demande de son ministre provincial, un mémoire sur la pauvreté collective et individuelle promise dans la règle