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OLIER. DOCTRINE SPIRITUELLE


monde et de ses maximes. Catéchisme chrétien, leçon i ; Introduction à la vie, e. n et m. Pour exprimer cette dévotion à la vie intérieure de Notre-Seigneur. M. Olier adopta la prière que lui avait apprise le P. de Condren et la compléta : O Jésus vivens in Maria. Paillon, Vie de M. Olier, 4e édit., t. i, p. 168. Pour faciliter la pratique ce l’union à Notre-Seigneur, non seulement dans ses mystères principaux, mais en toutes ses actions, il composa la Journée chrétienne que H. Bremond appelle le Génie du Bérullisme et dont il exalte le rythme mystique et lyrique. Hist. litt., t. iii, p. 462 sq. Qui agira et vivra ainsi en union journalière, constante avec Jésus-Christ, pourra dire avec saint Paul : « Le Christ est ma vie », et réalisera la maxime de la Pietas seminarii : Vivere somme Deo in Christo Jesu.

Le christianisme, dit M. Olier, consiste, en trois choses : avoir Notre-Seigneur devant les yeux, dans le cœur et dans les mains, ("/est là, en même temps qu’une règle de vie, une méthode d’oraison : « Regarder Jésus, s’unir à Jésus, et opérer en Jésus. Le premier porte au respect et à la religion ; le second à l’union ou à l’unité avec lui, le troisième à l’opération, non pas solitaire mais jointe à la vertu de Jésus-Christ que nous avons attiré en nous par la prière. Le premier s’appelle, adoration, le second, communion, le troisième, coopération. »

Mystère de l’eucharistie. — Le « mémorial de tous les mystères du Christ » c’est l’eucharistie. « L’esprit intérieur qui les vivifie y est présent. Là il nous donne en nourriture tous ses mystères et nous communique leur vie et leur vertu. » Pietas seminarii, iv, ix. Pour M. Olier, la véritable formation du prêtre s’opère surtout par une participation à l’état de Jésus-Christ au Très Saint-Sacrement. Sa vocation, étant de former des prêtres dans les séminaires, demandait qu’il eut une dévotion toute particulière au Saint-Sacrement et une grâce spéciale pour la communiquer. « Priant sur le Saint-Sacrement, il me fut montré qu’il fallait former des prêtres auxquels on devait inspirer la dévotion et le zèle de la gloire du Très SaintSacrement pour le porter partout. Il me fut mis devant les yeux xiii homme toujours priant et d’un autre côté des prêtres grimpant par les montagnes et portant avec zèle dans les lieux les plus pauvres la piété au très auguste Sacrement. » Mémoires, i, 75. Il était persuadé avoir reçu cette grâce de Notre-Seigneur. En 1642, après la fondation du Séminaire, il écrit dans ses Mémoires (ni, 72) : « Notre-Seigneur me faisait voir que deux personnes avaient déjà travaillé à le faire honorer dans ses mystères, à savoir : Mgr de Kérulle pour faire honorer son incarnation, le P. de Condren, sa résurrection, et qu’il voulait que je le fisse honorer en son Saint-Sacrement et pour cela qu’il me voulait donner la grâce et l’esprit de ce divin mystère, m’apprenant à vivre conformément à ce divin mystère et l’apprendre encore aux autres, à savoir comme hosties vivantes. »

Aussi le serviteur de Dieu s’étonne-t-il que Dieu ait voulu faire de lui une image de son Fils unique, de son Fils, hostie au Saint-Sacrement, en lui faisant éprouver les sentiments de ce divin intérieur pour les communiquer par lui insensibement aux âmes. Faillon, Vie de M. Olier, t. ii, p. 209.

Pour exprimer les devoirs que Notre-Seigneur au Saint-Sacrement rend à son père et auxquels nous devons communier, le serviteur de Dieu lit dessiner par Lebrun et graver par Claude Mellan, l’image d’un ostensoir au-dessus duquel on voit l’Ksprit-Saint planant sous la forme d’une colombe, et le Père étendant ses bras, et, de chaque côté, la sainte Vierge et saint Jean en adoration. Au centre, l’hostie sainte représentant un agneau immolé et consumé par les flammes.

et émettant quatorze rayons sur chacun desquels sont écrits des actes religieux comme adoration, amour, louanges, etc., et sur l’un d’eux devoirs inconnus : lesquels actes religieux sont :

Les saintes occupations

De Jésus-Christ dans ce mystère.

Qui veut vivre en ce sacrement

Comme l’unique supplément

De nos devoirs envers son Père.

ainsi qu’il est dit dans la légende imprimée au bas de l’estampe.

La dévotion au Saint-Sacrement de l’autel et pratiquée dans l’esprit qui vient d’être exposée est pour M. Olier la dévotion fondamentale du séminaire, comme on peut le voir dans les 12 premiers articles de la Pietas seminarii, et dans le Traité des saints ordres. C’est la même dévotion ainsi entendue qu’il propagea dans sa paroisse. (Cf. Explication des cérémonies de la grand’messe de paroisse). L’image du Saint-Sacrement dont nous venons de parler, a été faite originairement pour la confrérie du Saint-Sacrement à Saint-Sulpice.

A la dévotion au Très Saint-Sacrement se rattache étroitement la dévotion à l’état d’hostie du Verbe incarné. Mais, pour le P. de Condren et M. Olier, cet état d’hostie n’est pas considéré seulement dans le sacrifice de la croix ou dans celui de la messe. Pour eux cet état d’hostie résume toute la vie du Christ sur la terre et dans le ciel. C’est par l’incarnation même que le Verbe incarné a été constitué prêtre. Sa vie ne fut qu’un sacrifice unique dont les différentes parties sont composées de ses divers mystères. (Cf. Idée du sacerdoce et du sacrifice de Jésus-Christ du P. de Condren ; M. Lepin, L’idée du sacrifice dans la religion chrétienne, principalement d’après le P. de Condren et M. Olier, in-8°, Paris -Lyon, 1897). Jésus a été prêtre de son sacrifice et hostie de son sacerdoce. En lui, prêtre et hostie c’est tout un. Ainsi en doit-il être du prêtre. Cf. Olier, Traité des saints ordres, passim. P. Giraud, Prêtre et Hostie (2 vol. în-8°), regarde le Traité des ordres de M. Olier, « chef-d’œuvre de doctrine et de piété », comme la source principale de son travail.

La sainte Vierge et les saints. — Tout dans la Religion se rapporte à Jésus-Christ. Mais n’est-ce pas honorer Jésus que d’honorer la trèssainte Viergeetles saints. C’est la vie de Jésus qu’on contemple et honore en eux : c’est un aspect de cette dévotion sur lequel l’école française à la suite de Bérulle aime à attirer l’attention. Marie a droit à un culte spécial, unique, parce que Jésus a vécu en elle d’une manière unique. M. Olier a admirablement développé les motifs de cette dévotion dans plusieurs de ses ouvrages, surtout dans ses Mémoires. On peut en voir des extraits dans les Pensées choisies, 2e partie, c. i, ii, iii, à la fin de la dernière édition de la Journée chrétienne, l’opuscule La vie de Jésus en Marie. Voir aussi la Pietas semi~ narii, art. 10 et 1 1, et le dernier chapitre du Catéchisme chrétien de la vie intérieure (cf. l’ouvrage indiqué plus haut édité par M. Faillon, Vie intérieure de la très sainte Vierge, 2 vol. in-8°, dont M. Icard a donné une édition abrégée).

Toute sa vie le serviteur de Dieu eut une particulière dévotion envers la Vierge ; il cherche partout à la communiquer dans ses missions, à la paroisse, dans le séminaire. La fête de la Présentation fut choisie pour la fête patronale du séminaire : la Vierge se consacrant à Dieu était pour lui le modèle du clerc dans sa donation au Seigneur. Pour lui, il fit, à l’exemple de plusieurs saints, le vœu de servitude à Marie, qui contribua à l’unir plus étroitement à Jésus-Christ. < Je tiens le bonheur et la gloire d’une servitude à Jésus, de celle que j’avais vouée à la trèssainte Vierge, écrit il