Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/478

Cette page n’a pas encore été corrigée
937
938
ODON DE CHICHESTER — ODON DE CLUNY


finalement par 1.. llervieux. Les fabulistes lutins, t. iv, Eudes de Cheriton et xcs dérivés, Paris, 1896.

On trouvera dans cet ouvrage une étude très complète sur Eudes de Cheriton, que l’éditeur identifie avec l’auteur du Pénitentiel et des Sermons ; B. Hauréau qui avait jadis accepté cette identification (voir Notices et extraits de quelques mss. latins, t. ii, 1891, p. 83 ; t. v, 1892, p. 163) nous paraît avoir bien établi la distinction des deux auteurs dansle Journal des savants, 1896, p. 111-123 (compte rendu du livre de L. Ilcrvieux). Ces deux auteurs renverront aux notices littéraires anciennes et modernes.

É. Amann.
    1. ODON DE CLUNY (Saint)##


4. ODON DE CLUNY (Saint), ainsi nommé du monastère de Cluny dont il fut le deuxième abbé (879-942). — Né dans le Maine, d’une famille honorable, Odon fut destiné aux carrières séculières ; mais, attiré de bonne heure vers la vie religieuse, il entra vers l’âge de dix-neuf ans dans le corps des chanoines de Saint-Martin de Tours. Après avoir passé quelque temps à Paris où il s’instruisit des arts libéraux sous Rémi d’Auxerre, il rentra à Tours, où il paraît bien qu’il fut chargé du soin de l’école. attachée à la basilique. Désireux néanmoins d’une vie plus austère, il finit par entrer au monastère de Baume-les-Messieurs, pour lors dirigé par l’abbé Bernon, qui présidait en môme temps aux destinées de Gigny, de Bourg-Dieu, de Massay et plus tard de Cluny (fondé en 920). Odon y reçut le sacerdoce vers 908 et fut chargé de l’instruction des jeunes gens. Bernon, sur le point de mourir, résigna sa charge abbatiale, qui fut confiée à Odon (927). Celui-ci eut la conduite des monastères de Cluny, de Massay et de Bourg-Dieu. Peu après la mort de Bernon, Odon alla s’établir à Cluny, dont il peut être considéré comme le vrai fondateur. Par ses soins la jeune abbaye devint bientôt le modèle de la vie monastique, et c’est d’elle que l’observance régulière se communiqua à un très grand nombre de couvents qui ne tarderont pas à former la « congrégation de Cluny ». On sait les immenses services que rendit à l’Église et à la chrétienté, particulièrement aux xie et xiie siècles, cette importante institution. Dès Pépoque d’Odon, Cluny commence d’être une des grandes puissances et son abbé un personnage de premier plan. A diverses reprises on trouve Odon à Rome, mandé par le patrice Albéric ; en 936 et 938-939, sous le pontificat de Léon VII, en 942 sous celui d’Etienne VIII (IX). C’est lors du premier voyage, qu’il fut chargé de la haute direction des monastères de Rome et des environs ; il mourut à Tours, le 18 novembre 942, au retour de son troisième voyage en Italie.

Odon de Cluny intéresse surtout l’historien de l’Église : la grande réforme monastique dont il a été l’un des plus actifs artisans est le premier prélude et l’une des conditions de la réforme ecclésiastique du xi c siècle. Le théologien trouvera moins d’intérêt à l’ensemble de son œuvre littéraire, bien que celleci soit assez considérable (rassemblée dans P. L., t. cxxxiii, col. 105-858). — 1° Moralium in Job libri XXXV, simple abrégé, sans rien de personnel, du grand ouvrage du pape saint Grégoire. — 2° Sermones quinque, sur la chaire de Saint-Pierre ; sainte Marie-Madeleine (identifiée avec la pécheresse et la sœur de Lazare) ; sur saint Benoît ; sur l’incendie de la basilique de Saint-Martin de Tours par les Normands en 903 (intéressant par un certain nombre de considérations morales) ; enfin sur saint Martin. — 3° On a attribué à Odon une Vie de saint Grégoire de Tours (voir P. L., t. lxxi, col. 115-128) ; il est certainement l’auteur d’une Vie de saint Gérald, comte d’Aurillac et fondateur de l’abbaye de cette ville. Cette vie existe en deux recensions, l’une plus longue, celle de Marrier (reproduite dans P. L., ), l’autre plus courte, fournie par les mss. Paris, lat., 3 783’, 3 809 l, 5 301, 5 365, et publiée d’abord par Mgr Bouange, Hist. de l’abbaye

d’Aurillac, t. i, p. 370 sq., et par les bollandistes, d’après le Par. lat., a 36ô, dans le Catalogus cod. hag. lat. Paris., t. ii, 1890, p. 392-401. Hauréau estimait que la forme abrégée était l’originale ; Mgr Bouange croit au contraire que la forme longue a été abrégée dans la recension courte. — 4° Collalionum libri 1res, qui portent dans les mss. des titres assez variés. Au moment où il devait être élevé au sacerdoce, Odon s’en défendit longtemps et fit en présence de l’évêque de Limoges, Turpion, qui devait l’ordonner, de vives représentations sur la dignité du sacerdoce et les désordres par lesquels trop de mauvais prêtres la ravalaient en ce temps. Le tout l’ut postérieurement mis par écrit. C’est surtout le 1. III qui insiste sur les désordres du clergé et des moines, les I. I et II ayant plutôt pour sujet les châtiments divins qui en sont la conséquence et qui retombent sur le peuple chrétien en général, mais aussi sur les auteurs de ces prévarications. On relèvera, en ce qui concerne l’histoire de la doctrine du péché originel, une théorie qui montre que le vieux rigorisme augustinien n’avait pas dit son dernier mot. L. II, c. xxiv, col. 568-569. Voulant montrer la gravité de l’impureté, l’auteur argumente ainsi : Pourquoi Dieu condamne-t-il, au malheur éternel l’enfant mort sans baptême, même issu de légitime mariage ? manifestant est illud fteri propter illud peccalum quod fit liora conceptionis. Si ergo tanta est culpa in conjugaH concubitu, ut infans pro illa sola puniri debeat, quanta in slupro est vel in pollulione quæ ad solam libidinem explendam palratur ! On notera aussi l’usage abondant que fait notre auteur du traité de Paschase Radbert sur l’eucharistie, t. II, c. xxx sq., col. 575 sq. — 5° A. Swoboda a récemment publié un poème considérable d’Odon, qu’avaient connu Mabillon, les auteurs de VHisloire littéraire, et Ceillier, mais qui n’avait pas trouvé d’éditeur au xviir 3 siècle. Le texte qu’il donne est, d’ailleurs, plus long de moitié ; au lieu de quatre livres, il en comporte sept. Il s’agit de VOdonis abbatis Cluniacensis occupatio, poème en vers hexamètres, qui décrit successivement : 1. La création des anges et leur chute ; 2. La condition de l’homme au paradis et sa faute ; 3. La dépravation rapide du genre humain et les châtiments divins (déluge, ruine de Sodome) ; 4. L’histoire des patriarches, la loi mosaïque, la promesse du rédempteur ;

5. Une brève histoire de l’apparition du Sauveur ;

6. La passion, à partir de la Cène, le triomphe que le Christ en croix remporte sur les puissances mauvaises, la descente aux enfers, la résurrection, l’ascension, la descente de l’Esprit-Saint, les débuts de 1 Église.

7. Le septième et dernier livre décrit la condition misérable de l’Église contemporaine, flagelle les vices, mais exhorte en même temps les pécheurs au repentir, les bons à la vigilance, en faisant entrevoir le repos final dans le céleste Jérusalem. — L’ensemble présente donc moins un résumé de l’histoire sainte, qu’une série de considérations morales sur l’histoire du péché, considérations qui s’sccrochent, tant bien que mal, aux divers événements rapportés. L’exégèse allégorique sévit dans toute sa puissance et permet de rattacher à nombre d’épisodes ou de textes scripturaires des développements parfois inattendus. Poème fort intéressant au demeurant et dont l’inspiration est du même ordre que celle des Collationes. — 6° Musique sacrée. Odon a composé un certain nombre d’antiennes et d’hymnes religieuses ; Mabillon le croyait aussi l’auteur d’un traité sur la musique, encore inédit de son temps et qui a été publié par Gerbert (cf. P. L., t. cit., col. 757 sq.) ; selon Hauréau, il serait seulernen’l’auteur du très bref morceau intitulé Tonora per ordinem, ibid., col. 755-758.

I. Textes.

Les œuvres d’Odon ont d’abord été rassemblées par dom Marrier et A. Duchesne dans la Bibliotheca