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OCCAM


des principes occamistes et qui lui paraissaient compromettre le dogme. Il ne semble pas que jamais l’on ait prêté attention à ce qui constituait le danger réel du nominalisme, nous voulons dire à la distinction absolue entre le domaine de la foi et celui de la dialectique. La revendication du droit, pour la raison, de tirer jusqu’à leur extrême limite les conséquences de l’argumentation, quitte à déclarer ultérieurement que cette dialectique demeurait sans prise sur les objets de la foi, était autrement redoutable que telle ou telle thèse particulière qui attira l’attention des autorités. Il fallut le bouleversement causé par l’humanisme et la Réforme pour faire sentir aux théologiens la grandeur de ce péril. Mais on peut dire qu’alors l’occamisme, en tant que tel, disparut de lui-même et sans aucune intervention de l’autorité. Sans doute, il se trouvera, même parmi les théologiens du concile de Trente, des partisans déclarés de telles ou telles thèses nominalistes, celles en particulier qui sont relatives à la justification. Mais l’état d’esprit même qui nous paraît constituer le nominalisme a disparu pour toujours.

L’Église et les doctrines ecclésiastiques d’Occam.


Si, dans l’ensemble, l’autorité officielle ne s’est pas montrée autrement sévère pour ce complexe de doctrines métaphysiques et théologiques qui constitue proprement l’occamisme, elle s’est, par contre, montrée intransigeante pour les productions d’Occam relatives au droit ecclésiastique. On a dit, col. 872, quels désaveux avaient été imposés à Occam comme condition de sa rentrée dans l’Église. Il convient de remarquer, néanmoins, qu’il n’y a pas eu contre le franciscain révolté de condamnation analogue à celle que, dès 1327, Jean XXII promulguait contre le Defensor pacis de Marsile de Padoue. Voir ici t. x, col. 167. Il faut attendre jusqu’au xvie siècle pour trouver une réprobation explicite des ouvrages d’Occam. L’Index librorum prolubilorum, publié le 24 mars 1564 par Paul IV en exécution des décrets du concile de Trente, mentionne de notre auteur les livres suivants : Opus nonaginta dierum, item Dialogi et scripta omnia contra Johannem XXII. Remarquer cependant que ces écrits figurent parmi les livres condamnés de la 2e catégorie. tandis que le Defensor pacis est stigmatisé comme ouvrage d’hérétique, rentrant dans la première catégorie. Les éditions successives de l’Index ont conservé les titres susdits, même après la suppression du départ entre les deux catégories. Ce n’est que depuis 1897 que les auteurs antérieurs à 1600 ont cessé de figurer au catalogue des livres prohibés. Voir Reusch, Der Index der verbotenen Bûcher, t. i, p. 25.

I. Renseignements généraux et biographie.

Trithème, De scriploribus ecclesiaslicis, Bàle, 1494, fol. 82 r° ; J. Leland, Commentarii de scriptoribus Brilannicts, édit. A. Hall, Oxford, 1709 ; C. E. du Boulay, Historia universitatis Parisiensis, t. IV, p. 960 ; A. Wood, Historia et antiquitates universitatis Oxoniensis, Oxford, 1674, I™ part., p. 159160 ; II" part., p. 87 ; Tanner, Bibliotheca britannico-hiberntca, 1748, p". 554-556 ; L. Wadding, Annales minorum, 2’éd., Rome, 1731-17 36, an. 1308, n. 42, 63, 66 ; an. 1323, n. 15 ; an. 1347, n. 19 ; du même Scriptores ordinis minorum, 2° éd., Rome, 1906, p. 106 sq. ; J. H. Sbaralea, Supplementum. .. ad scriptores O. Vf., t. I, 2° éd., Rome, 1908, p. 341-346 ; A. G. Little, The grey Friars in Oxford, Oxford, 1892, dans Oxford historical Society, t. xx (capital) ; P. Feret, La faculté de théologie de Paris et ses principaux docteurs. Moyen Age, t. iii, Paris, 1896, p. 339-350 ; articles de R. L. Pool, dans Diction, of national biography, t. xli, 1895, de R. Seeberg, dans Prot. Rcalencyklopàdie, t. xiv, 1904. — Comme nous l’avons dit, l’aspect général de la biographie d’Occam a été complètement renouvelé par les travaux du P. J. Hofer, C. SS. R., Biographische Studien iiber Wilhelm von Ockham O. F. M., dans Archivum franciscanum historicum, t. vi, 1913, p. 209-233, 439-465, 654-669, auxquels il faudra dorénavant se référer en attendant une biographie critique complète.

II. Attitude ecclésiastique.

1° Milieu historique et théologique — Se reporter à la bibliographie de l’art. Mar sile de Padoue, t.x, col. 176, et ajouter H. Moeller, Ludwig der Bayer und die Kurie im Kampf uni das Rcich, 1914.

Écrits.

Même bibliographie ; l’ouvrage capital est

S. Riezler, Die literarischen Widersacher der Pàpsle zur Zett Ludwigs des Bayern, Leipzig, 1874 ; E. Knotte, Untersuchungen zur Chronologie der Schriflen der Minoriten am Hoft Ludwig des Bayern, Wiesbaden, 1903 ; à compléter par l’excellente énumération donnée par le P. W. Mulder, S. J., dans Arch. franc, hist., t. xvi, 1923, p. 469 sq.

Doctrines.

- Rettberg, Occam und Luther, dans Tneolog.

Studien und Kritiken, année 1839, t. i, p. 69-136 (étudie surtout les doctrines eucharistiques) ; T. M. Lindsay, William of Occam and his connexion with the english Reformation, dans British quarlerly Review, t. lvi, 1872 ; A. Dorner, Das Verhciltniss von Kirche und Staat nach Occam, dans Theolog. Studien und Kritiken, t. lviii, 1885, p. 672-722 ; J. Silbernagl, Wilhelms von Ockham Ansichten ùber Kirche und Staat, dans Historisches Jahrbuch, t. vii, 1886, p. 423433 (discute les diverses appréciations données sur l’ecclésiologie d’Occam).

III. L’œuvre philosophico-théologique de Guillaume d’Occam et le nominalisme des xive -xve siècles.

— 1° Les précurseurs. — On devra consulter sur Durand de Saint-Pourçain : Jos. Koch, Durandus de S. Porciano. Forschungen zur Streit uni Thomas von Aquinzu Beginn des 14. Jalu-hunderts. I. Teil. Lileraturgeschichtliche Grundlegung dans Beitrdge zur Geschichle der Philosophie und Théologie des Miltelalters, t. xxvi, fasc. 1, Munster, 1927. — Sur Pierre d’Auriole : R. Dreiling, Der Konzeptualismus in der Universalienlehre des Franziskanererzbischofs Pelrus Aureoli, ibid, t. xi, fasc. 6, Munster, 1913. — Sur Henri de Harclay : P. Felster, Heinrich von Harclay, Kanzler von Oxford und seine Quiistionen, dans Miscellanea Fr. Ehrle, t. i, 1924.

Occam.

 Voici les principales études sur la doctrine

d’Occam : Fr. Bruckmiiller, Die Gotteslehre Wilhelm von Okham, Munich, 1911 ; L. Kugler, Der Begriff der Erkennlnis bei Wilhelm von Okham, Breslau, 1913 ; E. Hochsteter, Studien zur Melaphysik und Erkenntnislehre Wilhelms von Okham, Berlin, 1927.

ISoccamisme.

Nous diviserons en trois classes les

travaux sur la philosophie et la théologie des xiv » et xv » siècles.

1. Études d’ensemble.

La plus récente vue d’ensemble

des xi v-xv siècles se trouve dans Ueberweg-Geyer, Die patrisliche und scholastiche Philosophie, Berlin, 1928, p. 583 sq. — On doit lire ensuite les études de Michalski : Les courants philosophiques à Oxford et à Paris pendant le XIV » siècle, dans Bulletin international de l’Académie polonaise des sciences et des lettres, Cracovie, 1922 ; Les sources du criticisme et du scepticisme dans la philosophie du XIV » siècle, extrait de La Pologne au Congrès international de Bruxelles, Cracovie, 1921 ; Le crilicisme et le scepticisme dans la philosophie du XIV » siècle, dans Bulletin de l’Académie polonaise des sciences et des lettres, Cracovie, 1925. — Sur la distinction encore mal précisée de la via antiqua et de la via moderna : G. Ritter, Studien zur Spàlscholastik, IL Via antiqua und via moderna auf den deutschen Universitàten des XV. Jahrhunderls, Heidelberg, 1922 ; Fr. Ehrle, .Der Senlenzkommentar Pelers von Candia, des Pisaner Papstes Alexanders V. Ein Beilrag zur Scheidung der Schulen in der Scholastik des XIV. Jahrhunderls und zur Geschichte des Wegesslreites, Munster, 1925.

2. Histoire des problèmes.

Sur l’évolution de la logique, il faut consulter Prantl, Geschichle der Logik im Abendlande, t. m et iv, Leipzig, 1867. — Sur le problème de la grâce, C. Feckes, Die Rechtfertigungslehre des Gabriel Biel und ihrc Stellung innerhald der nominalistichen Schule, Munster, 1925. — Sur la théorie de la foi, A. Lang, Die Wege der Glaubensbegriindung bei den Scholastikern des 14. Jahrhunderts dans Beitrdge zur Geschichte der Philosophie und Théologie des Mittelalters, t. xxx, fasc. 1-2, Munster, 1931.

3. Monographies.

Comme monographies, on ne peut guère citer que J. Wîirsdôrfer, Erkennen und Wissen nach Gregor von Rimini.Ein Beitragzur Geschichte der Erkenntnistheorie des Nominalismus dans Beitrdge zur Geschichte der Philosophie und Théologie des Mittelalters, t. xx, fasc. 1, Munster, 1917, et G. Ritter, Studien zur Spàtscholastik, I. Marsilius von Inghen und die Okkamistische Sehule in Deutschland, Heidelberg, 1921.

On complétera cette bibliographie sommaire à l’aide du manuel d’Ueberweg-Geyer, cité ci-dessus.

É. Amann.