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NKSTORIUS, ŒUVRES


moins complètement, les originaux. L’Église nestorienne elle-même n’a p : is su conserver dans son intégrité l’œuvre traduite en syriaque de celui dont elle porte le nom.

1° Témoignages relatifs à l’activité littéraire de Nestorius. 1. Dès les débuts de ses difficultés à Constantlnople, Nestorius avait envoyé au pape Célestin un cahier assez volumineux, contenant le texte de divers sermons prononcés par lui. Par ailleurs, au témoignage de saint Cyrille, des homélies de Nestorius circulaient dès 429 à Alexandrie, et Cyrille en lit parvenir à Rome une copie. Sur le détail, voir plus loin, col. 98. Sensiblement à la même date, Marius Mercator, pour lors en résidence à Constantinople, se procurait le texte de sermons prononcés par l’archevêque et en faisait une traduction latine ; au môme moment encore, le moine Cassien, à Marseille, était mis en possession d’un ensemble de textes analogues. Il n’est donc pas douteux que, dès les origines de l’affaire nestorienne, des recueils plus ou moins identiques de sermons de l’archevêque de Constantinople n’aient été mis en circulation, soit en Orient, soit en Occident. Quelques années plus tard, l’historien Socrates pouvait encore lire les discours (ou traités) publiés par Nestorius, gyo> Se èvtux&v T °ÏÇ Ttapà Neo-Toptou Xôyoïç (èx)So0eïat., H.E., VII, xxxii, P. G., t. lxvij, col. 809 B, et se faire, par eux, une idée personnelle des doctrines professées par l’archevêque..Enfin, vers les années 450-460, l’auteur anonyme du Conflictus Arnobii catholici et Serapionis de Deo trino et uno, pouvait citer textuellement des homélies de Nestorius qu’il avait en main. P. L., t. un, col. 285 C.

En tout ceci, il ne semble être question que d’œuvres oratoires et non de traités proprement dits. Gennade, à la fin du ve siècle, rend un son un peu différent : Nestorius hæresiarches, écrit-il, cum in Antiochena Ecclesia presbyter in docendo insignis ex tempore declamator haberetur, composuit inftnilos tractatus diversarum hypolheseon : in quibus etiam lum subtili nequitia injudit postea proditæ impietatis venena, quæ moralis interdum occultabal suadela. Poslquam vero, eloquentia ejus et abstinentia commendante, constanlinopolitanee Ecclesim pontifleatu donalus est, apertum se hoslem Ecclesiæ quem diu celarat ostendens, scripsit librum quasi de incarnatione Domini sexaginla et duobus divinæ Scripluræ lestimoniis pravo sensu suo constructum : in quo quid asseveraverit, in calalogo hæreticorum monslrabitur. De script, eccles., n. 53, P. L., t. Lvni, col. 1088-1089. De prime abord il semblerait que Gennade connaisse, outre un recueil d’homélies antiochiennes, un traité en forme sur l’incarnation. Mais peut-être ce Liber quasi de incarnatione Domini est-il simplement un recueil des homélies constantinopolitaines, plus ou moins analogue par son ampleur à celui qu’eut en main saint Cyrille. Sur ce texte de Gennade qui n’est pas très clair, voir B. Czapla, Gennadius als Lilerarhistoriker, Munster, 1898, p. 109, et les objections que lui a faites F. Loofs, Nestoriana, Halle, 1905, p. 89-96. Il reste, en tout état de cause, que Gennade eut de certains écrits de Nestorius une connaissance personnelle.

Or, une telle connaissance nous ne la trouvons plus, en dehors de l’Église nestorienne, que chez l’historien grec Évagre le Scolastique, qui écrit vers 595. Pour rédiger sa notice sur l’affaire de Nestorius, cet auteur a disposé d’un B16Xoç NscTopCoo qui lui est, fort heureusement, tombé entre les mains. Il s’agit d’une apologie personnelle, où le condamné d’Éphèsc se défendait contre diverses attaques, et racontait à sa manière l’histoire du concile et de ses suites immédiates jusqu’à son propre exil à l’Oasis. « Il écrivit, encore, continue Évagre, un autre traité adressé à un

Égyptien, et rédigé en forme de dialogue ( ? > sur son exil à l’Oasis, où il développe plus largement ce qui précède : rpâçst, Se xal 81aXexTixâ>ç grepov X6yov 7rp6< ; -riva StjOsv Aîyj7mov auyxeîjjievov 7tepî tïjç k&toû sîç "Oaatv éÇopîaç, Iv6a Ta 7repl toûtwv TrXaTÛTepov, Xéyei. » Suivant une indication d’Évagre qui vient un peu plus loin, Nestorius s’y plaignait que les « actes d’Éphèse eussent été compilés contre le droit par l’artifice de Cyrille : jxtj xaxà tô Séov xà èv’Eçéacd auvT£07Jvai Û7to^.vr)|jiaTa, 7tavoupyîa Se xaî tivi àôéapLco xaivoxouia KuptXXou Te/vàÇov-roç. » H. E., I, vii, P. G., t. l’xxxvi 6, col. 2437 A et B. Sur les malheurs qui accablèrent l’exilé, Évagre est aussi renseigné par deux lettres de Nestorius dont il transcrit d’importants passages. Ibid., col. 2440 sq.

2. Chose singulière, l’Église perse qui, à partir du vne siècle, met Nestorius au nombre de ses docteurs, ne se montre guère mieux renseignée sur l’activité littéraire de l’archevêque de Constantinople. Sans doute faut-il faire ici la part de la grande ignorance où nous sommes encore des sources nestoriennes, et quelques découvertes récentes permettent d’espérer que le voile se lèvera peu à peu.

a) L’Histoire des saints Pères, rédigée peut-être vers la fin du vie siècle par un des maîtres de l’École de Nisibe, que M. F. Nau identifie avec Barhadbesabba’Arbaïa (voir Patrol. Orient., [= P. O. ], t. ix, fasc. 5, Paris, 1913), cite avec référence plusieurs lettres de Nestorius, en outre six passages d’un ouvrage dont elle ne donne pas le titre, et un passage qui se retrouve textuellement dans le Livre d’Héraclide. Voir les références à la table alphabétique, p. 669. Ceci témoigne, tout au moins, que l’on possédait à Nisibe un corpus des écrits de Nestorius.

b) Mais il faut aller jusqu’à la fin du XIIIe siècle pour trouver chez les nestoriens un catalogue complet des œuvres de leur docteur. Ébedjésus, Cataloguslibrorum ecclesiaslicorum, n. 35, écrit : Nestorius patriarcha | plures exaclos libros composuit, quose medio blasphemi sustulere. Qui autem ex illis remanserunt, hi sunt : | Liber Tragœdiee | et Liber Heraclidis et Epistola ad Cosmam : Quse tempore Pauli translata sunt, | prolixa ejusdem lilurgia, quam Thomas et Mar-Abas transtulere, et liber unus epistolarum, | et aller homiliarum et orationum. Texte dans J.-S. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii, 1, Rome, 1725, p. 35-36 ; pour le commentaire de ce texte.voir A.Baumstark, Geschichle der syrischen Lileratur, Bonn, 1922, p. 117 : Loofs, Nestor., p. 86-89. Retenons seulement que, d’après Ébedjésus, le catalogue des œuvres de Nestorius est incomplet ; il y manque des œuvres qui, n’ayant pas été traduites en syriaque, sont définitivement perdues ; parmi celles que le syriaque a conservées, le métropolite de Soba distingue un groupe (Tragédie, Héraclide, Lettre à Cosme) qui a été traduit à l’époque du catholicos Paul (535-536), un autre groupe (Lettres et Homélies) dont la date de traduction est inconnue. Sur la liturgie attribuée à Nestorius voir plus loin, l’art. Église nestorienne.

3. De ces divers témoignages, tant occidentaux (dans le sens nestorien, c’est-à-dire latins ou grecs), qu’orientaux, il résulte qu’à divers moments il a circulé de Nestorius : des recueils de sermons ou d’homélies ; des recueilsde lettres (Évagre ; Ébedjésus), et plusieurs ouvrages différents des précédents (cités par Évagre, Barhadbesabba) et dont Ébedjésus nous a conservé les titres, abstraction faite de la liturgie. Que nous reste-t-il de ce bagage littéraire ?

2° Les rkuqvi.-e de Nestorius. — Comme Ébedjésus le fait remarquer, la majeure partie de cette œuvre littéraire a été volontairement anéantie dans la langue originale. La décadence de l’Église nestorienne a complété le désastre, même pour les écrits qui avaient