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NOVATIEN. I/ÉGLÏSE NOVATIENNE


de l’Église novatienne nous permettent d’apercevoir quelques traits de la constitution intérieure de celle-ci. Elle ne semble pas différer de ce que l’on voit à la même époque chez les catholiques. On y retrouve évoques, prêtres, diacres, synodes ; une certaine prépondérance aussi reconnue aux titulaires des villes plus importantes. A propos du concile phrygien de Pazos, Socrates fait expressément remarquer que l’absence à cette réunion des évoques de Constantinople, Nicomédic, Cotyæum (Kutahia) était bien faite pour atténuer Importance des décisions prises : ÛTtè toûtcov y*P *) Nauocriavwv ôpTjoxeta (lâXiaxa xavovtÇeToa. IV, xxmii, col. 541. — Les sacrements étaient ceux de l’Église catholique ; toutefois au dire de Théodoret, loc. ci !., les novatiens ne pratiquaient pas la chrismation après le baptême, toîç ûtc6 acpwv Pow-nÇouivoiç t6 TCavâyiov où Kpouçépoum yptau, a. Même idée dans Pacien, Epist., iii, 3, P. L., t. xiii, col. 1 065 A : Vestrst plebi unde Spiritum, quant non consignât unctus sacerdos ? Aussi avait-on prescrit parmi les catholiques, du moins en Orient, de faire l’onction du chrême aux novatiens qui se convertissaient. Inversement et, dès les premières origines, les novatiens rebaptisaient les catholiques, qui passaient à leur secte.

II. Èke de dispersion.

A. Harnack, art. Novalian de la Realencycloplâdie, t. xiv, p. 240, a fait le relevé, par provinces ou régions, de tous les points de l’empire où, dans les trois siècles qui suivent l’explosion de la crise, se retrouvent des novatiens.

En Occident.

Gaule : affaire de Marcien, évêque

d’Arles, vers 250 (ci-dessus, col. 842) ; Réticius d’Autùn, vers 315, rédige contre Novatien un grande volumen (S. Jérôme, Vir. M., 82) ; au début du ve siècle, le pape Innocent I er écrivant a Victrice, évêque de Rouen, lui signale entre autres règles canoniques, qu’il ne faut pas rebaptiser les novatiens qui reviennent s l’Église, mais seulement leur imposer les mains ; quant aux catholiques qui, passés aux novatiens et rebaptisés par eux, reviendraient à résipiscence, ils seront soumis à une longue pénitence. Epist., ii, 11, P. L., t. xx, col. 475. — Espagne : Pacien, évêque de Barcelone dans le dernier quart du ive siècle, polémique contre un novatien, Sympronianus, voir art. Pacien ; mais, au début de la discussion, semble assez mal connaître la secte qu’il confond plus ou moins avec les montanistes. — Haute-Italie : vers 390, saint Ambroise consacre le traité De psenilenlia a réfuter ex-professo les docteurs des novatiens. — Rome : à la fin du ive siècle, les novatiens y avaient plusieurs églises et un évêque : au moment où Théodose vainqueur de Maxime entre à Rome, 392, c’est chez l’évêque novatien Léonce, que Symmaque, fort compromis, se réfugie, c’est par Léonce qu’il obtient sa grâce de l’empereur. Socrates, H. E., V, xiv, col. 601 B. Sous le pape Célestin (422432), l’évêq^e schismatique se nommait Rusticula. Ibid., VII, xi, col. 757. Quoi qu’il en soit de l’appartenance au juif converti Isaac (voir ici, t. viii, col. 1 sq.) des Qusestiones Veleris et Novi Testamenti, parmi lesquelles figure au n. en le Contra Novalianum, il paraît incontestable que l’auteur vivait à Rome et sous le pape Damase (366-384) ; cela montre l’importance que les novatiens avaient à ce moment dans la capitale. — Afrique : outre les renseignements fournis par saint Cyprien, ci-dessus, col. 842, faire état d’une lettre de saint Léon (440-461) donnant aux évêques de la Mauritanie Césarienne des instructions sur le cas d’un évêque (ou d’un prêtre) novatien, Donatus, qui passe au catholicisme avec tout son troupeau, Epist., xii, 6, P. L., t. liv, col. 653.

En Orient.

Egypte : Socrates signale la persécution

que saint Cyrille, dès son avènement au siège patriarcal d’Alexandrie (412), dirige contre les nova tiens : les églises qu’ils avaient à Alexandrie sont fermées et leurs trésors confisqués, l’évêque Théotemptos est dépouillé de tous ses biens. IL E., VII, vu, P. G., t. lxv i, col. 752 ; mais les communautés novatiennes survécurent, puisqu’a la fin du vie siècle, Euloge éprouve encore le besoin de les réfuter. — Syrie : Eusèbe d’Émèse, au milieu du ive siècle écrit contre eux, — Asie Mineure : les novatiens y sont nombreux, et Socrates donne sur eux d’assez abondants renseignements ; sont mentionnées les provinces et les villes épiscopales suivantes : Hellespont (Cyzique), Bithynie (Nicomédie, Nicée), Phrygie (Cotyæum), Paphlagonie (où les novatiens étaient spécialement nombreux, surtout à Mantinium), Galatie (Ancyre). — Au début du vi c siècle, Cassiodore fait mention d’un novatien originaire d’Asie et venu en Italie, De institut, divin, lilier., c. v, P. L., t. lxx, col. 1116 B-D. — Conslantinople : l’histoire de la communauté novatienne de cette ville est racontée avec beaucoup de détails par Socrates qui donne l’emplacement des diverses églises (il y en avait trois dans l’intérieur de la ville) et la succession des évêques novatiens jusqu’à son époque à lui. — Scythie : un évêque novatien de cette province se trouvait à Constantinople lors de la mort de Paul, évêque novatien de la capitale (439). Voici les références à Socrates suivant l’ordre géographique adopté ici : H. E., II, xxxviii, col. 329 A ; — II, xiii, col. 105-108 ; IV, xxviii, col. 540 B ; — VII, xxv, col. 796 CD ; — IV, xxvii, col. 537-541, 540 B ; — II, xxxviii, col. 329 AB ; — VI, xxii, col. 729 A ; — I, x, col. 100-101, xiii.col. 105 C ;

II, xxxviii, col. 325 C-328 C ; IV, ix, col. 477 ; V, x, col. 584 C-593 A ; xii, col. 597 A ; xxi, col. 621 ; VI, xxi, xxii, col. 728-729 ; VII, xi, xii, col. 757 ; xvii, col. 772 ; xlvi, col. 837 ; — VII, xlvi, col. 837 C. — Nous n’avons pas de renseignements sur la diffusion des novatiens dans l’Illyricum.

Il est impossible de fixer, même approximativement, l’importance numérique de ces diverses communautés. Le 8e canon de Nicée suppose qu’en certains endroits les novatiens groupaient la totalité de la population chrétienne. Ce devait être le cas dans certains cantons reculés de la Phrygie et de la Paphlagonie, où les communautés novatiennes étaient surtout formées de montanistes.

III. Histoire ultérieure de l’Église novatienne. — La fin du nie siècle avait vii, nous l’avons dit, raffermissement de l’Église novatienne. Nous n’avons pas d’indications sur la manière dont elle se comporta pendant la grande persécution. Quand la paix fut rendue aux chrétiens, l’Église novatienne en profita comme sa rivale, mais sans participer aux faveurs que bientôt la protection impériale consentit aux catholiques.

Socrates, I, x, col. 100-101 (suivi par Sozomène, I, xxii", ibid., col. 924), dit expressément qu’un évêque novatien, Acésius, sans doute celui de la capitale, fut convoqué par Constantin au concile de Nicée. Interrogé par l’empereur, il répondit qu’il ne voyait aucune difficulté à souscrire la formule de foi conciliaire et les règles établies pour la fête de Pâques ; il n’y avait, disait-il, rien que de traditionnel en ces définitions. Il expliqua néanmoins au souverain qu’entre son Église et l’Église catholique persistait le grave différend sur la question pénitentielle. H. Valois essaie de mettre en doute cette anecdote ; elle n’a pourtant rien que de très vraisemblable, et il est facile de comprendre que l’empereur ait voulu, à l’occasion du concile, réduire une séparation religieuse qui, à ses yeux, n’avait plus de raison d’être. C’est dans ce sens, d’ailleurs, que se prononçait le concile lui-même en son 8 « canon, Mansi, Concil., t. ii, col. 672, qui fait aux « cathares » revenant à l’Église des conditions de