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NOVATIEN. ŒUVRES


de Cartilage, dans la tradition manuscrite, un lot considérable d’tcrits qui ont toutes chances de ne lui point appartenir. Réunis pour la plupart dans l’édit. Hartel, vol. 3. Pc ces opuscules quelques-uns ont été revendiqués, avec plus ou moins de raison, avec plus ou moins de fermeté aussi, pour Novatien. Les problèmes que soulève telle ou telle de ces attributions sont loin d’être définitivement résolus et les critiques sont loin d’être d’accord. Nous allons énumérer ces petits traités, en indiquant les solutions le plus généralement adoptées.

1. Le spectaculis.

Texte dans Hartel, vol. 3, p. 113 ; P. L., t. iv, col. 811-818. Lettre écrite prr un pasteur séparé provisoirement de ses ouailles, pour les mettre en garde contre les dangers de tout genre que présentent les spectacles : danger d’idolâtrie, péril d’immoralité. Qu’il s’agisse de cirque ou de théâtre, un chrétien est déplacé en ces sortes d’endroits Les spectrcles majestueux de la nature, les scènes magnifiques <’cs Livres saints sont, pour lui, infiniment préférs blés — Le prologue rappelle de très près celui du Le cibis ; une comparaison stylistique attentive relève nombre de parallèles avec les écrits authentiques de Novatien. C’est à lui que l’attribuent la plupart des critiques : Harnack, Ammundjsen, Yorke Fausset, Schanz, d’AIès, bien d’autres. Contre, Monceaux, Hist. liltér. de VAfiique chrétienne, t. ii, p. 109.

2. Le bono pudiciliæ.

Texte dans Hartel, ibid., p. 13-26 ; P. L., t. iv, col. 851-860. Lettre pastorale écrite dans, les mêmes conditions que la précédente et que le Le cibis. Bel éloge de la pudicité, avec quelques emprunts fort visibles au Le pudicilia de Tertullien, bien que le sujet soit assez différent. Il ne s’agit pas seulement d’ailleurs de la chasteté conjugale, mais encore de la parfaite continence ; la première s’impose comme un commandement, la seconde n’est que de conseil, mais quelle admirable préparation à la vie future, quid aliud est quam juturse vitæ gloriosa mediiatio. .. Le tout se termine par des conseils pratiques sui la simplicité et la pudeur qui sont les gardiennes de la chasteté. — La comparaison avec les écrits authentiques de Novatien est favorable à l’attribution que lui en font la plupart des critiques (les mêmes que ci-dessus).

3. Quod idola LU non sint, ou, comme portait un autre titre, Le idolorum vanilate. — Texte dans Hartel, vol. 1, p. 19-31 ; P. L., t. jv, col. 585-004. Tract destiné à la propagande chrétienne parmi les païens : critique rapide, du point de vue eyhémériste, de la mythologie classique et des arguments d’ordre social et politique par quoi l’on essayait de la sauver ; affirmation c’e l’unité divine (où quelques mots rappellent des expressions du Le Trinilate), bref exposé de la mission du Christ qui est virlus Lei, ratio, sapientia, glcria, de sa divinité et de l’union en lui du Dieu et de l’homme. Quelques expressions sont à noter : Leus cum htmine miscetur, hic Leus ncsler, hic Christus est, qui mediator duorum homincm induit quem perducul ad Palrcm, n. 11, col. 599 A ; et la façon dont est expliquée l’ascension : In cœlum sublalus est ut heminem quem dilexit, quem induit, quem a morte protexit ad Palrcm victor imponcret, n. 14, col. 601 B. — Ces passages qui rappellent tout à fait les idées et les expressions mêmes du Le Trinilate ont amené certains critiques à attribuer ce court traité à Novatien, c’est l’opinion de W. Yorke Fausset, qui est très ferme. Ammundsen hésite, à cause ce l’attribution traditionnelle à Cyprien ; A. d’AIès ne voit pas de raison positive de le donner à Novatien ; Harnack n’est pas très ferme non plus. Schanz le classe parmi les œuvres cyprianiques, mais sans conviction arrêtée sur l’attribution. Hugo Koch, par contre, revendique très énergiquement l’authenticité cyprianique. Il nous paraît que les

raisons de Fausset devraient emporter pièce dans le sens de l’attribution à Novatien.

4. Le laude marlurii.

Texte dans Hartel, vol. 3, p. 26-52 ; P. L., t. iv, col. 817-834. C’est un discours en trois points sur le martyre : quid sit, quantum sit, cui rei prosil ; la division est marquée extérieurement, bien que les idées chevauchent un peu d’une partie sur l’autre. Remarquer quelques pensées nettement stoïciennes : nihil detestabilius i.edecoie, nihil fœdius servilule, n. 8, col. 822 C ; une sévérité très marquée à l’endroit de ceux qui renient le Christ : negalores œternus ignis inardeicit, n. 11, col. 824 A ; l’idée fréquemment exprimée que le martyre est le plus sûr moyen de se mettre à l’abri de l’éternité malheureuse : ad hune gloriæ titulum metus excitai futurorum, n. 19, col. 828 C, de racheter les fautes du passé. Bref, le martyre est conçu d’un point de vue très utilitaire, et je re vois pas qu’il y soit fait grand état de l’amour parlait de Dieu qu’il suppose Et que dire de la christologie qui se manifeste dans la péroraison, où l’orateur montre la passion du Christ comme l’exemple qu’il faut avoir sans cesse devant les yeux : Si juslus es et Léo credis, quid pro eo sanguinem fundere meluis quem pro te toties passum esse cognoscis, in Isaia seclus, in Abel occisus, in Jsaac immotalus, in Joseph venundalus, in homine cruciftxus ? N. 29, col. 833 B. Phrase d’orateur, sans doute, et qu’il ne faut pas trop presser, mais qui ne laisse pas d’inquiéter et que l’on rapprocherait volontiers de telles idées qui s’expriment au Le Trinilate. Le style pourtant est moins clair que dans ce dernier traité, l’argumentation moins serrée ; il y a de l’enflure et de la déclamation, la différence qui sépare, en somme, un discours d’un traité. — Harnack et Fausset sont très fermes pour l’attribution à Novatien ; Ammundsen hésite. Pour A. d’AIès, ce ne peut être un écrit de Cyprien, encore moins de Novatien ; il faut l’attribuer au diacre Pontius, le biographe de saint Cyprien. Voir Recherches de science religieuse, 1918, t. viii, p. 319-355. Contre lui, H. Koch, op. cit., p. 354-357.

5. Adversus Judseos.

Texte dans Hartel, vol. 3, p. 133-144 ; P. L., t. iv, col. 999-1007. La facture rappelle le Le idolorum vanilate : démonstration rapide du changement d’économie opéré par le Christ. Par la faute des Juifs, l’ancienne alliance est devenue caduque, une autre a été instaurée par Jésus, et les apôtres en ont porté aux Gentils la bonne nouvelle ; à tous la rémission des péchés est promise, et le repentir pourra sauver Jes Juils eux-mêmes. Peu de points d’attaches avec la doctrine de Novatien : on ne saurait pourtant tirer argument contre l’appartenance de cet écrit à notre docteur du fait qu’il proclame la rémission des péchés par le repentir (A. d’AIès). A aucun moment Novatien n’a nié que le baptême remît les péchés ! Mais l’attribution positive au prêtre romain n’est guère démontrable ; les critiques hésitent plus encore que pour les ouvrages précédents. A. d’AIès considère l’e>puscule comme sorti de la même plume ejue le traité Ad Novalianum (ci-dessous, col. 830).

6. Le singularitale clericorum.

Texte dans Hartel, vol. 3, p. 173-220 ; P. L., t. IV, col. 911-948 Lettre pastorale adressée au clergé pour le mettre en garde contre les dangers de la cohabitation avec les femmes (il ne s’agit pas en propres termes du célibat ecclésiastique). L’attribution que Fr. von Blachs (élans Kirchengesch. Abhandlungen de Sdralek, 1901, t ii, p. 191256), a voulu faire de ce traité assez long è Novatien n’a pas été acceptée par la majorité e’cs critiques. Voir surtout P. Schepens, L’épîlre Le singul. cler. du pscudo-Cyprien, dans Recherches de science religieuse, 1922, t. xiii, p. 178-210, 297-327 ; 1923, t. xiv, p. 47-65, qui fait remonter le traité au iiie siècle, en cherche