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ceux qui, de port ou d’autre, mais surtout dans le camp des molinistes. avaient défiguré, à son avis, la pensée d’Augustin.

Telle est l’économie générale de l’ouvrage qu’en 1672 il soumettait à la censuie ecclésiastique et qui portait le titre : Historia pelagiuna et dissertatio de synodo V œcumenica in qua Origenis ac Thcodori Mopsuesteni pelagiani erroris uuctorum justa damnatio exponitui et Aquilciense schisma describitur, additis Vindiciis augustinianis pro libris a S. Doctorc contra pelagianos ac semi-pelagianos sciiplis. Trois parties en somme : D’abord l’histoire même de la controverse pélagienne et semi-pélagienne, en deux livres menant les événements jusqu’au IIe concile d’Orange ; puis l’histoire du Ve concile œcuménique (553) dans lequel Noris estimait (à tort) qu’avait été condamné l’origénisme, et qui avait du moins consacré la déconfiture de Théodore de Mopsueste ; en ces deux auteurs Noris voyait, non sans quelque exagération, les pères du pélagianisme. A cette histoire s’annexaient quatre dissertations où l’on réfutait les auteurs qui, tout récemment, avaient pris la défense de Julien, de Cassicn, de Fauste de Riez. Les Yindiciæ augustinianx, par quoi se terminait l’ouvrage, protestaient clairement contre les tendances qui se faisaient jour « dans l’École » d’abandonner Augustin ; et, pour que nul n’en ignorât, le dernier chapitre alignait : centum et triginta quinque recentiorum contra D. Augustiniim convicia, dicteria ac censurée ab eodem S. Doctorc et sanctis Patribus repulsæ ; sur deux colonnes figuraient d’une part les assertions des recentiores (citations textuelles de ; Molina) et d’autre part les paroles de saint, Augustin ou de ses vrais disciples, et c’était Alype de Tagaste qui terminait cette audience : Habemus dueem Augustinum qui nos in ipsa verilalis arcana, Deo jam monstrante, pei ducat.

C’est l’approbation de cet ouvrage, qu’en 1072 le jeune Noris venait demander à Rome ; traitant des matières de la grâce, le livre ne pouvait paraître qu’avec l’imprimatur du Saint-Siège. Au dire des Ballerini, Je livre aurait été d’abord assez fraîchement reçu ; se ravisant vite, d’ailleurs, l’assesseur du Saint-Office, auquel l’examen avait été confié, finit par approuver l’ouvrage, et par ratifier le jugement des deux censeurs augustins lequel est daté du 20 juin 1072. Il aurait même fait nommer peu après le jeune Noris qualificateur du Saint-Office. L’ouvrage parut à Padoue en 1673 ; autres éditions données par l’auteur lui-même : Leipzig, 1677 ; Louvain, 1702 (cf. Œuvres, t. i, col. 1-12U0). Mais il fut impossible à Noris de le faire paraître en France, où l’on avait commencé l’impression à Paris et à Rouen. Le P. Le Tellier, très en faveur auprès de Louis XIV, dont il sera plus tard le confesseur, fit arrêter tout le travail. (Lettre du cardinal Bona à Noris, 17 mars 1071). A une lettre du moine lui demandant d’intervenir, le cardinal répondait : « Je croyais que votre Révérence avait déjà été informée de ce qui est arrivé à Paris à son livre, et c’est pourquoi je ne l’en avais point avisée. En fait tous les exemplaires imprimés ont été retirés par ordre du roi, à l’instigation du P. Le Tellier, jésuite, confesseur de Sa Majesté, la même chose s’est produite à Rouen où on réimprimait l’ouvrage, avec défense rigoureuse de l’imprimer dans tout le royaume. En écrire à la personne dont vous me parlez (le cardinal d’Estrées) serait inutile, parce que nul ne peut faire échec au P. Le Tellier. Mieux vaut se taire, car il ne manquera pas d’ami pour prendre votre défense et la défense d’une cause si juste. Ainsi va le monde aujourd’hui : qui n’est pas moliniste est hérétique. » Texte italien dans Joannis Bona epislolæ seleclx, Turin, 1755, p. 301.

Du moins cette interdiction du livre en France

arrêta-t-elle l’essor des écrits qui auraient pu paraître pour ou contre et qui auraient ranimé des discussions à peine éteintes. En Italie la controverse ne chômait pas. Un des premiers à prendre position fut le franciscain F. Macédo (Voir son article, t. ix, col. 1463) dans sa dissertation sur Vincent de Lérins et Hilaire d’Arles, que Noris avait rangés parmi les semi-pélagiens. Noris répondit dans son Adventoria amicissimo ac doctissimo viro F. Francisco Macedo, qui, remettant à plus tard les questions de fond, ne s’occupait que d’une chicane tout à fait accessoire et d’ordre grammatical ; la réplique sur le fond ne fut jamais publiée, l’autorité supérieure s’étant entremise pour arrêter ce débat.

C’est à peine de la polémique que la dissertation publiée par Noris à Florence, 1674, où il relève quelques erreurs commises par le jésuite Garnier dans son édition de Marius Mercator : In notas J. Garneriiad insci iptiones epistolarum synodulium XC et XCII inler augustinianas censura, dans Œuvres, t. iii, col. 1109-1180. Mais, dès 1670, les choses prenaient une tournure tout à fait sérieuse, VHistoria pelagiana était déférée au Saint-Office, comme renouvelant les erreurs de Baïus et de Jansénius ; divers écrits de circonstance s’efforçaient de peser sur les décisions du tribunal. Un franciscain, Jean de Guidicciolo, faisait paraître à Francfort ( ?) des Propositiones parallelx Michælis Baii et Ilenrici de Noris. C’est à ce factum que répondit une plaquette parue à Venise, en 1070, et sur laquelle les jugements les plus contradictoires ont été portés : Responsiones P. Fr. Macedi adversus propositiones parallelas Fr. Johannis a Guidicciolo collecta : ab Annibale Riccio Veneto, S. T. baccalaureo, reproduite dans Œuvres, t. i, col. 1337-1300. Se fiant au titre Responsiones Macedi, plusieurs critiques y ont voulu voir un ouvrage de Macédo lui-même, qui se donnait le luxe de réfuter en apparence son confrère, mais pour abonder en fait dans son sens, et affirmer le jansénisme de Xoris (c’est l’hypothèse présentée ici à l’art. Macédo, col. 1403). La réalité semble tout autre : le Riccius, auteur de la réponse, est Noris lui-même qui, pour réfuter Guidicciolo, derrière lequel il devinait Macédo, trouva piquant de chercher à ses propres expressions, accusées de baïanisme, des parallèles dans les œuvres mêmes de Macédo. — C’est sous le même nom de Riccius et avec le même procédé que Noris réfuta un autre pamphlet signé du pseudonyme, Humbert le Chartreux, et intitulé : Germanitaies Jansenii et Norisii ; Noris lui opposa des Responsa P. Fr. Macedi adversus gerras germanas germanitatum collecta ab Annibale Riccio, Venise, 1077 ; (Euvres, t. i, col. 1391-1494. — Presque en même temps que les Germanitates du prétendu chartreux avait paru une brochure en italien encore plus perfide. L’auteur se donnait pour Noris lui-même qui censurait la position prise par Annibal Riccius : Censura del P. Noris sopra le risposte raccolte dal P. Ann. Riccio in nome del P. Macedo aile proposizioni parallèle del P. Gio. de Guidicciolo. A quoi le vrai Noris opposa, toujours sous le nom de Riccius (qualifié pour la circonstance de Philalethis), une Con/utalio palinodiee sub nomine P. Ilenrici Noris publicatx, Venise, 1076 ; Œuvres, 1. 1, col. 1363-1386. — Un prétendu Fulgence Rusbrocke qui continuait la même petit jeu eut aussi sa réponse dans la Conjulatio pseudepistolx sub nomine P. H. Noris per dolum publicatx, Œuvres, t. i, col. 1495-1506. — A la même campagne se rattache la publication du Prodromus velitaris pro Augustino contra Ilenricum de Noris, paru sous le nom de Bruno Neusser, et qui pourrait être du jésuite Honoré l’abri. Voir ici, t. v, col. 2051.

La campagne, d’ailleurs, n’eut pas le succès qu’en attendaient ses auteurs. Clément IX voulait la paix ;