Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée

729

    1. NOMINAUSME##


NOMINAUSME. SIGNIFICATION DKS UNIYKRSAUX

730

gines pro eis conslilulas intelligere possumus nec etiam ipse intelleclus. Éd. Geyer, p. 322. 1. 14-21. Quand je parle d’une intellection et que j’y pense, j’en ai une image.

On a soutenu qu’image et intellection d’une chose ne faisaient qu’un : eam formam ] idem quoa intellectumvocant, ut fabricant turris quam absente lurre concipioel altam et quadraiam in spatioso eampo contemplor, idem quod intetleclum turris appellant. Éd. Geyer, p. 21, 1. 1. Voyons si les propriétés de l’image, par exemple, la hauteur que je vois dans l’image d’une tour, peuvent être des propriétés de l’intellection. Cette hauteur que nous voyons, même la tour détruite, ne peut être la vraie hauteur, qui se trouve seulement dans la tour ; ce n’est donc pas une qualité réelle, mais une qualité feinte ; et comment une qualité feinte serait-elle la propriété d’une réalité telle que l’intellection ? Reste que cette qualité feinte repose sur une substance également feinte : telle est l’image. Sed pro/eeto vera quad ratura et vera altitudo non nisi corporibus insunt, ficla etiam qualilate nec intelleclus nec u lia vera essenlia /ormari potest. Restât igitur ut sicut l’icta est qualitas, substantiasit ei subjecta. Éd. Geyer, p. 21, 1. 11-14. L’intellection est un accident de la substance âme ; on ne peut dire de l’image qu’elle soit substance, ni accident, [forma ] quam neque substantiam neque accidens appellare possumus, p. 20, 1. 35-36 ; cf. p. 314, 1. 30-31 ; 315, 1. 5-6. Ces conceptions, ces fictions de l’esprit ne sont pas de vraies existences : imagines rerum qu ; v ftgmenta quttdam sunt animi et non existentiie vera’, p. 315, 1. 18-19. Elles ne sont rien : nil penilus esse concedimus, ibid., 1. 12. De cette irréalité des images conçues par l’esprit, Abélard rapproche l’irréalité de l’image que nous voyons dans un miroir : eu speculi imago quæ visui subjecta apparere videtur, nihil esse vere dici potest, p. 21, 1. 1416. Les images nous placent dans un ordre où il n’y a ni accident, ni substance, ni existence vraie ; dans l’intellection d’une chose en son absence, il y a conception d’un objet irréel : voilà l’image, la ressemblance de la chose. L’intellection, qui est une action réelle de l’âme, peut être dite aussi cette ressemblance, mais seulement parce qu’elle est conception de l’image, quia scilicet id quod proprie rei similitudo dicitur concipil, p. 21, 1. 7-8 ; cf. p. 322, 1. 28-29. Ayant examiné la nature des images en général, voyons s’il n’en est de différentes sortes :

Il y a des images propres à un individu et des images communes à plusieurs : qua>dam [imagines ] proprise sunt et pro una certa substantia constitutte, quædam communes, ad plura scilicet se habentes œqualiter. Nam per « Socrates » hoc nomen ad propriam applicamus, per « homo » ad communem et quasi vagam, p. 316, 1. 12-16 ; cf. p. 21, 1. 27 ; p. 22, 1. 24. — Nous cherchons un objet à l’intellection de l’universel ; le voici : de même que l’intellection du singulier, en l’absence de la chose, implique conception de son image propre, l’intellection de l’universel sera conception d’une image commune. Mais l’intellection tient-elle dans la conception d’une image ?

b) Intellection : attention à la chose : abstraction.

Les images ne sont que des signes : imagines tantum pro signis constituimus non eas quidem signifleantes, sed in eis res altendentes, p. 328, 1. 35-36. Altentio rerum per imagines : voilà l’intellection, où paraît la raison, non pas la simple conceptio imaginum, où ne se manifeste que l’imagination. Ibid., 1. 34. Abélard définit ainsi le discernement qui est la raison même : est enim discretio vis deliberandi et allendendi rerum naturas vel proprielales. Ibid., p. 329, 1. 25-26. Nous savons comment se définit une saine intellection : [intelleclus ] per quem altendimus uli res se habent, p. 326, 1. 31. C’est du point de vue non des images, mais de l’attention aux choses, qu’il faut se demander si l’intellection de l’universel est une saine intellection.

L’intellection de l’universel envisage les choses par abstraction : intelleclus per abstractionem, p. 25, 1. 15. Ainsi, je considère seulement Socrate comme substance, ou comme homme, ou comme grammairien etc., alors qu’il est tout cela ensemble. Mais .percevoir les choses autrement qu’elles ne sont : vaine intellection 1

Voici la réponse d’Abélard : l’abstraction serait à condamner, si elle considérait dans la chose une propriété qu’elle n’a pas, mais elle considère seulement une des propriétés qu’elle a : nihil nisi quod in ea est intelligo, sed non omnia quiv habet attendo, p. 25, 1. 25. L’abstraction serait encore à condamner, si elle considérait que la chose ne possède qu’une propriété et la réalisait à part, mais elle considère seulement la chose dans cette propriété qu’elle conçoit seulement à part : Non enim res hoc tantum habet, sed tantum attenditur ut hoc habens, ibid., 1. 28-29 ; intelleclus per abstractionem divisim attendit non divisa, ibid., p. 26, 1. 23. La chose est considérée dans la réalité de son état, non alio quidem statu quam sit, ut supra dictum est, p. 25, 1. 30-31 : Abélard se réfère ici à l’idée de status qui assure la signification réelle des universaux. Il paraît aussitôt que, constituant une intellection d’un état des choses, ces universaux possèdent la signification intellectuelle.

Reste cependant que dans V intelleclus per abstractionem, la manière de connaître n’est pas la manière d’exister : alius modus est intclliç/endi quam subsislendi. Separatim namque luve res ab alia non separata intelligitur, cum tamen separatim non existât, p. 25, 1. 3132. « Abstraction » fait penser au « réalisme modéré », d’autant plus que des lignes de saint Thomas rappellent ce texte d’Abélard ; cf. Ueberweg-Geyer, Grundriss der Geschichle der Philosophie, 11e éd., t. ii, p. 218. A mesure cependant que se développe l’histoire de la pensée médiévale, on aperçoit que le même mot d’abstraction peut couvrir des pensées très différentes ; cf. J. Rohmer, La théorie de l’abstraction dans l’école franciscaine d’Alexandre de Halis à Jean Peckam, dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 3e année, 1928, p. 105 sq. L’abstraction thomiste est transmutation du sensible en intelligible ; nous sommes en métaphysique : il s’agit de libérer une forme de sa matière. Avec Abélard, nous sommes seulement en psychologie : il s’agit seulement de considérer, de différentes façons, les choses et leurs images ; l’abstraction est discernement, attention. Rien de plus.

4. Signification imaginaire des universaux.

Nous voulions assurer aux universaux la double signification, réelle et intellectuelle, qui convient à des termes. Ce faisant, nous avons découvert une troisième signification :

a) Triple signification des termes.
J’entends un nom : je pense à la chose ; j’ai la même pensée que celui qui parle ; je conçois l’image de la chose ; le nom signifie la chose, l’intellection et l’image même : quippe eas [imagines ] concipere per nomina quid aliud. est quam per ea significari ? Éd. Geyer, p. 24, 1. 27-28. Cette signification imaginaire vient en dernier lieu, car les termes se rapportent d’abord aux choses et aux intellections ; voici la raison de leur institution : ut videlicet de rerum naturis doclrinam facerent, non de hujusmodi figmentis, et intelleclus de rébus constituèrent, non de figmentis, sed tantum per figmenla, p. 315, 1. 30-32. Les images ne sont que des signes, nécessaires à l’intellection des choses absentes. r,

b) Image et idée.
A propos des images des choses, Abélard évoque les idées platoniciennes : quidam vero