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NOMBRES (LIVRE DES). ORIGINE


tique, xv ; épisode de la révolte de Coré, Dathan et Abiron, occasion du rappel et de la confirmation des privilèges de la tribu de Lévi ou plus exactement de la maison d’Aaron, xvi-xvii ; prescriptions concernant les fondions et les revenus des prêtres et des lévites, xviii ; la préparation d’une eau de purification dans les cas de souillure par suite du contact d’un cadavre humain, xix.

Avec le chapitre xx, on passe subitement de la deuxième à la quarantième année après la sortie d’Egypte : le peuple se trouve maintenant à Cadôs, au sud de la Palestine, où déjà ils se trouvaient trente-neuf années auparavant, Num., xiii, 27. Jusqu’à l’arrivée aux plaines de Moab, plusieurs épisodes sont signalés : la mort de Marie, le murmure du peuple contre la sécheresse du pays, l’eau du rocher frappé par le bâtonde Moïse ; demande de ce dernier auxÉdomites du passage à travers leur territoire, xx. L’attaque et la défaite du roi d’Arad à Horma puis les étapes pour contourner le pays d’Édom avec l’incident du serpent d’airain, la victoire sur les Amorrhéens et Og, roi de Basan, amènent les enfants d’Israël dans les plaines de Moab, vis-à-vis de Jéricho, xxi.

Troisième partie, xxii-xxxvi. — Israël dans les plaines de Moab. Les chapitres xxii-xxiv rapportent l’histoire de Balaam. Le roi de Moab, Balac, pour conjurer le péril de l’invasion des Hébreux et échapper au sort des Amorrhéens, mande au devin Balaam de maudire le peuple d’Israël ; sous la pression de l’ange de Jahvé ce sont des bénédictions et non des malédictions que fait entendre Balaam, vainement sollicité et menacé. Cependant les femmes moabites et madianites débauchent les Israélites et les entraînent à sacrifier à leurs idoles ; le châtiment qui déjà décimait les coupables est détourné grâce à l’intervention de Phinées qui tue un homme d’Israël et la femme madianite qu’il avait amenée jusqu’au milieu de l’assemblée des enfants d’Israël, xxv.

Sur l’ordre de Jahvé un nouveau recensement a lieu en vue du prochain partage du pays de Canaan, xxvi, et solution est donnée d’un cas d’attribution de biens quand dans une famille il ne reste que des filles, xxvii, 1-11. Le récit qui suit, de l’investiture de Josué, laisse entendre que l’activité du législateur d’Israël touche à sa fin ; un certain nombre de questions toutefois sont encore réglées par la promulgation d’ordonnances sur les sacrifices à offrir chaque jour et aux différentes fêtes de l’année : sabbats, nouvelles lunes, Pâque, Pentecôte, dixième et quinzième jour du septième mois, xxvin-xxix, et sur les vœux, xxx.

Au chapitre xxxi reprend le récit des combats des Hébreux pour s’assurer la possession du pays que Jahvé leur a promis. C’est d’abord la victoire sur les Madianites, dont les femmes, cause de l’infidélité d’Israël, doivent être mises à mort, xxxi, 1-20 ; le nombreux butin conquis sur l’ennemi en cette circonstance est réparti suivant les minutieuses prescriptions édictées par Jahvé, xxxi, 21-54. Le pays, ainsi occupé à l’est du Jourdain, est partagé entre les tribus de Buben, de Gad et la demi-tribu de Manassé, à condition toutefois pour ces tribus d’aider leurs frères dans la conquête de Canaan, xxxii.

L’énumération des campements d’Israël depuis la sortie d’Egypte jusqu’à l’arrivée aux bords du Jourdain face à Jéricho vient combler la lacune de la deuxième partie des Nombres, touchant cette période de l’histoire d’Israël au désert, xxxiii, 1-49. Vient ensuite, en vue de l’occupation du pays à l’ouest du Jourdain, l’ordre d’expulsion de tous ses habitants avec la détermination exacte des frontières et l’établissement d’une commission de partage, xxxiii, 50-xxxiv, 29. Pour les lévites, les tribus devront céder des villes dans leur héritage ainsi que des

lieux de refuge, six villes, où le meurtrier involontaire pourra trouver droit d’asile, xxxv, 1-15. Une ordonnance réglant le châtiment du meurtrier, xxxv, 16-34, et une addition à la loi relative aux filles héritières terminent le livre, xxxvi.

Un tel ensemble, malgré une certaine unité de temps et de lieu, manque réellement de l’unité de composition ; surtout le lien entre les récits et les textes législatifs, plus spécialement dans la deuxième et la troisième parties n’apparaît pas ; la suite des mouvements du peuple, même avec la liste de ses divers campements, ne semble pas non plus très facile à préciser. Un tel ensemble n’impliquc-t-il pas une rédaction faite d’éléments très divers ? Ainsi se pose la question de la provenance de ces éléments et de leur mise en œuvre. Pour les Nombres, comme pour les autres livres du Pentateuque, c’est, la question des sources ou de l’origine du’livre et aussi de leur valeur historique qui lui est étroitement unie.

III. Origine et valeur historique du livre des Nombres. — Cette question est inséparable de la question plus générale des origines du Pentateuque ; c’est pourquoi elle ne saurait être discutée ici à fond ; quelques indications suffiront pour fixer les données du problème particulières au livre des Nombres et marquer à son sujet les positions respectives des critiques modernes, soit indépendants, soit catholiques.

I. D’APRES LA CRITIQUE INDÉPENDANTE. —

Arguments.

Parmi les arguments invoqués contre

l’attribution en bloc du Pentateuque à Moïse, quelques-uns sont tirés du livre des Nombres. On remarque, par exemple, que le renseignement du chapitre xxxiii, 2, à savoir que Moïse mit par écrit les campements d’Israël, laisse entendre que les autres passages qui ne lui sont pas aussi formellement attribués ne sauraient être de sa composition, d’autant plus qu’il est toujours parlé de lui à la troisième personne et qu’il est assez difficile de prétendre que Moïse ait pu dire de lui-même qu’il était un homme doux, plus qu’aucun homme qui fut sur la face de la terre, Num., xii, 3 ; cf. Ex., xi, 3. Ne saurait davantage être de Moïse ni de son époque, la citation du Livre des Guerres de Jahvé, Num., xxii, 14, qui doit avoir contenu les guerres de Jahvé du premier livre des Bois, xviii, 17 ; xxv, 28 ; il en va de même de l’annonce par Balaam, Num., xxiv, 7, de la victoire sur Agag, roi d’Amalec et contemporain de Saul, I Beg., xv, 8-9. Le seul passage d’ailleurs, ci-dessus mentionné, Num., xxxiii, 2, où le livre revendique la composition par Moïse est inséparable de l’ensemble du Code sacerdotal d’origine bien plus récente que l’ère mosaïque, si bien que, dans ce cas même, l’authenticité ne saurait guère être revendiquée.

Que le livre d’autre part, quel qu’en soit l’auteur ou le rédacteur, ait été composé à l’aide de documents écrits ou de traditions orales, c’est ce que suggèrent les répétitions de récits parallèles, se référant aux mêmes événements, malgré quelques différences dans les détails ; ainsi pour l’épisode des cailles, Num., x, et Ex., xvi ; la nomination par Moïse d’anciens du peuple qui l’aideraient dans la trop lourde charge du gouvernement, Num., xi, et Ex., xviii ; l’incident des eaux de Mériba, Num., xx, et Ex., xvii. C’est ce que suggèrent également les contradictions ou les divergences de certains récits, tels que celui de l’envoi des espions en Canaan ou celui de la révolte de Coré, Dathan et Abiron, Num., xiii et xvi. Dans le premier de ces récits, par exemple, l’exploration des espions se poursuit ou bien jusqu’à Bohob, xiii, 22, ou bien jusqu’à Hébron seulement, xiii, 23 ; le pays parcouru est ou bien une terre où vraiment coulent le lait et le miel, xiii, 28, 24, ou bien un pays qui dévore ses