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NAZARIUS (JEAN-PAUL) — NECTAIRE

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(l’une controverse avec le calviniste Thomas Casseli, à Pleurs, dans les Grisons. Le sujet de la controverse était le sacrifice de la messe, l’enjeu était le choix de la religion catholique ou calviniste par les habitants de ce bourg. La discussion se poursuivit pendant trois jours, les 8, 9, 10 mars 1597, le calviniste ne voyant dans la messe qu’une simple commémoraison sans sacrifice, Nazarius répliquant que, participant du sacrifice sanglant du Calvaire, la messe n’en est pas moins une nouvelle offrande et un renouvellement du sacrifice.. Il ne semble pas que le résultat de la dispute ait été décisif en un sens ou dans l’autre, pour ce cpii concerne la croyance des habitants de Pleurs. Plus tard, en 1620 et 1621, Nazarius fut ambassadeur des Plats de Milan auprès du roi d’Espagne Philippe. Il L’ayant quitté, il se rendit dans le midi de la France, et il nous a laissé un témoignage intéressant sur l’état religieux et moral des catholiques et des protestants dans ces contrées. Retourné en Italie, Nazarius y poursuivit son œuvre de théologien et d’écrivain jusque dans son extrême vieillesse. 11 ne mourut que le. Il juin 1645.

Surtout dans la dernière partie de sa vie, l’ensemble des publications de Nazarhis est considérable. En 1020, il publie à Bologne, ses Commentaria et controversise in I am parlem Summie I). Thomse Aquinatis, en 3 in-folios de 921, 551 et 650 pages. En 1625, 1627, 1630, il édile et réédile à Pologne et à Cologne ses Commentaria et controi>ersi ; e in /// am parlem Summæ l). Thomse Aquinatis, en 3 in-folios ne traitant que des 59 premières questions, mais en 1500 pages. En outre Nazarius a publié à Pologne à partir de 1630, trois gros recueils in— 1°, d’opuscules, parfois considérables, sur divers sujets : controverses avec des calvinistes, des jésuites, des dominicains, des fidèles, écriis et doctrines de saint Thomas, messe, l’autorité dans l’Église, la méthode des sciences sacrées et profanes, la magie, la vie religieuse et ses obligations, les cas de conscience et leur solution.. Il a publié aussi sur le droit canon et sur la philosophie aristotélicienne : logique, physique et métaphysique.

Son activité théologique apparlient nettement au xviie siècle, encore que toute la première partie de son existence ait appartenu au xvie siècle. Il a composé ses écrits étant sexagénaire ou septuagénaire, et à une époque où les grandes controverses de la fin du xvr siècle et du début du xviie siècle étaient closes. D’avoir vécu cette période de controverses, et d’y avoir pris intérêt, Nazarius garde une grosse érudition. Aussi son thomisme, fidèle quoique éclectique, joint à des qualités de précision dans l’exposé une abondance remarquable de références aux théologiens des diverses écoles, à propos des moindres détails.. Il est à noter que dans ses volumes étendus qu’il intitule opuscules, il se montre moraliste aussi érudit qu’il étail renseigné sur les hommes et les idées, nature doctrinale dans ses commentaires magistraux de la Somme.

Quètif-t-’chard, Scriptores ordinis prædicatorum, t. ii, p. 511-545 ; Touron, Histoire des hommes illustres de l’ordre de saint Dominique, t. V, p. 258-268.

M. —M. Gorce.

    1. NÉCESSITÉ##


NÉCESSITÉ.— —Ce mot intervient en théologie avec des acceptions assez variées, qu’il n’est pas facile de classer :

1. Sens de besoin.

C’est ainsi qu’on parle en

français des « nécessiteux », c’est-à-dire de ceux qui manquent des choses nécessaires à la vie. Cette « nécessité » a des degrés ; elle peut être qualifiée d’extrême, de grande, d’ordinaire. Selon les degrés, cette nécessité ciée à celui qui en est victime des droits plus ou moins stricts à l’assistance de ses semblables. Voir Aumône, 1. 1, p. 2566. Quant à l’axiome : In casu

exlremæ necessitatis omnia bona sunt communia, il en sera parlé à l’article Propriété (Droit de).

2. Sens de contrainte. —. Il s’agit non de contraint e extérieure (on emploie alors le mot de coaclion), mais de poussée intérieure. La nécessité est alors considérée comme une puissance à laquelle on ne peut résister, et qui entraîne la volonté d’une manière inévitable. On voit les multiples problèmes, les uns philosophiques, les autres théologiques qui se posent autour de la nécessité. Ils sont touchés aux mots Actes humains, Liberté, Volontaire d’une part ; aux mots Grâce, Prédétermination, d’autre part ; comme aussi aux articles historiques relatifs aux systèmes sur l’accord de la grâce avec la liberté : Augustinisme, Baïus, Calvinisme, Congruisme, Jansénisme, Luthéranisme, Molinisme, Thomisme, etc.

3. Sens d’obligation.

Ici « nécessaire » se dit par opposition avec « facultatif », et l’on parle de la nécessité de faire tel acte, de recevoir tel sacrement. Une distinction fréquemment usitée ici est celle de nécessité de moyen et de nécessité de précepte.

Tel acte est de nécessité de moyen, quand, soit de sa nature même, soit en vertu du plan divin, il est le seul moyen d’obtenir la vie éternelle et les secours nécessaires pour y parvenir, en sorte que l’omission, même involontaire, met dans l’impossibilité de faire son salut. La foi est de nécessité de moyen (chez les adultes) pour être sauvé, on en dira autant des autres vertus théologales. Parmi les sacrements, le baptême, la pénitence (pour les péchés mortels commis après le baptême) sont de nécessité de moyen. Pour ce qui est des sacrements, les théologiens distinguent encore entre nécessité de moyen hypothétique et absolue.

Sont de nécessité de précepte des actes qui sont requis pour le salut, mais seulement en vertu d’un précepte divin. Le lien que existe entre eux et la fin dernière est moins strict que dans le cas précédent. S’ils sont involonlairement omis, le salut peut néanmoins être assuré positis ponendis. Ainsi la croyance explicite et détaillée aux principaux articles de foi est de nécessité de préceple ; comme aussi la réception de l’eucharistie, de l’extrême-onction, etc. Les questions de détail sont étudiées aux divers articles relatifs aux verlus ou aux sacrements.

É. Amann.
    1. NECTAIRE##


NECTAIRE, patriarche grec de Jérusalem, xviie siècle. — Il s’appelait d’abord Nicolas Pélopidès. Né aux environs de Chandax (Crète), il apprit les lettres dans cette ville à l’école qu’y dirigeaient les moines du Sinaï. Jeune homme, il entra à leur monastère de Sainte-Catherine. A quarante-cinq ans, il le quitta pour s’occuper des intérêts du couvent en Grèce. Il en profita pour suivre à Athènes les leçons du célèbre Théophyle Corydalée. Cinq ans plus tard, on le trouve pour le même objet en Moldovalachic. En 1660, il se trouve à Constantinople, quand Païsios, patriarche de Jérusalem, vient à mourir. Élu à sa place en janvier 1661, il est sacré le 9 avril de la même année. Le 20 novembre 1662, il approuve par une lettre la Confession de foi de Moghila dont on prépare la première édition. En 1664, il voyage dans les contrées danubiennes pour y visiter les monastères hagiotaphites. Entre temps, invité au nom du tsar de Russie à Moscou pour un concile auquel prendraient parties quatre patriarches orientaux, en vue de la déposition de Nicon, il se contente, de concert avec son collègue de Constantinople, de signer et de faire signer un lomos déclarant, en termes généraux, qu’un patriarche pouvait être jugé par un concile régulièrement assemblé. De retour à Jérusalem à la fin de 1665, il y travaille à la réparation et à l’embellissement des édifices de la communauté grecque. En 1666, le 23 octobre,