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NIL DIASORENUS — NINI (LUC)


On trouvera dans le Répertoire de Chevalier la bibliographie non indiquée ci-dessus. Voir en outre le compte rendu détaillé de l’ouvrage d’Arsenij dans la Byzantinische Zeitschrift, 1895, t. iv, p. 370-373.

V. Grumel.

    1. NINGUARDA Félicien##


NINGUARDA Félicien, dominicain du xvr

siècle. — Originaire de Morbigno dans la Valteline, il prit à Milan l’habit de saint Dominique. Il fut d’abord envoyé en Allemagne pour rétablir l’observance dans les couvents de son ordre à titre de vicaire général. Puis il enseigna la théologie à Vienne et fut orateur et théologien de l’archevêque de Salzbourg aux sessions de 15(52-15(53 du concile de Trente. En septembre 1562, il y conseilla la plus grande prudence dans l’afïaire délicate de la communion sous les deux espèces. Ce passé et les qualités qu’il comportait, le firent désigner par Pie V, de concert avec l’emoereur Maximilien II, pour être commissaire et visiteur apostolique des couvents de tous ordres en Allemagne. A partir de 1567, Ninguarda s’acquitta de cette mission avec habiletéetsurtoutavec une grande énergie. Onl’aconsidéré comm ? un de ceux qui ont le plus contribué au raffermissement et au maintien du catholicisme dans une partie de l’Allemagne. Ninguarda fut alors nommé (1576) évêque de Scala en Sicile. Il fut transféré de là au siège épiscopal de Sainte-Agathe (1583). En 1588, Sixte IV le fit passer à l'évêcné de Gôme qui avait besoin d’un prélat habile pour éviter le protestantisme et agréer la discipline de Trente. Ninguarda s’intéressait aussi aux luttes religieuses en France. Comme, après l’exécution du conseiller-clerc au Parlement de Paris, le prêtre Anne du Bourg, pendu et brûlé le 20 décembre 1559, les protestants avaient fait de ce coreligionnaire un de leurs martyrs, il ne se trouva pour ainsi dire personne en France pour justifier par un écrit suffisamment ferme la condamnation du conseiller-clerc qui avait pourtant été convaincu d’hétérodoxie. Son sort n’avait été que celui qui était, en ce temps, coutumier aux dissidents en matière religieuse. Cependant un livre huguenot lui attribuait des miracles. Après l’attitude religieuse intransigeante des protestants français au colloque de Poissy en 1561 et leur entrée en guerre à la suite de l'échaufiourée de Vassy en 1562, il importait de leur ôter leur martyr Anne du Bourg et d’enlever tout prestige à ce nom. Félicien Ninguarda s’y employa, tandis qu’il se trouvait au concile de Trente en 1562, à titre presque officiel. Son ouvrage parut en 1563, in-4°, 210 folios, à Venise chez Dominici Nicolini : Assertio fidei catholicse adversus articulos ulriusque confessionis fidei Annse Bargensis juris doctoris, et in academia Aurelianensi olim professoris ac postremo Parlamenti Parisini senatoris quam ipse eidem Parlamento obtulit, cum propter hxresim diu. in carcere inclusus paucis pont diebus ad supplicium esset dedactus, necnon adversus pleraque id genus alia. Prseterea contra ejusdem morlis historiam quæ martyrium inscribitur, Lutetias editam, deque hxreticorum miraculis specialis additur articulas auctore Feliciano Ninguarda a Morbinio, dominicano, doctore theologo, Rev. et lll. archiepiscopi ac principis Salisburgensis consiliario et in sacro Tridentino concilio oratore, salvo semper S. E. R. judicio cui me in his et cseteris omnibus cum omni humilitate submitto.

Du gros effort fait par Ninguarda pour maintenir le catholicisme dans l’Allemagne du Sud nous avons deux témoignages directs : son Oratio de eo habita synodi provincialis Salisburgensis initia, die XV marlii 1569, Dillingen, in-4°, et surtout sa Defensio fidei majorum nostrum, Anvers, Plantin, 1575, ouvrage signalé par Echard et ignoré de Hurter, 3e édit. — Ninguarda a encore laissé trois autres ouvrages intéressant la théologie pastorale aussi bien que le droit canon et

l’histoire de l'Église. 1. Manuale parochorum et aliorum curam animarum habenlium complectens omnium sacramentorum rationem, naturam et administralionem cum instructione præsentibus temporibus convenicnte, Ingolstadt, 1582, signalé par Hurter, ignoré par Echard ; cet ouvrage avait été composé pour Je diocèse de Salzbourg. — 2. Enchiridion de censuris, irregularitate et privilegiis, curam animarum gerentibus et rerum ecclesiasticarum judicibus utile, Ingolstadt, 1583. — 3. Manuale visitatorum duobus libris complectens quæ ad visitationem pertinent ac diversos visilandi modos, omnibus qui eo munere funguntur commodum, Borne, 1589. Ce dernier ouvrage a été traduit en italien et imprimé à Côme, en 1899, en deux volumes, sous le titre Alti délia visita pastorale visitatorum. L’ensemble de ces trois écrits représente une encyclopédie de théologie pastorale, conforme aux principes du concile de Trente et appropriée au vif danger de protestantisme, adressée aux divers échelons de la hiérarchie ecclésiastique.

Quétif-Echard, Scriplores ordinis prædicatorum, t. ii, p. 313, 314, 826 ; Année dominicaine, édit. de Lyon, 1883, t. i, p. 185-186 ; Concilium Tridentinum, t. ii, Diariorum pars lia, p. 560 ; Actorum, t. v, p. 500, 504, 506, 519, 521, 878 ; t. VI, p. xxx, 774 ; Janssen, L' Allemagne et la Réforme, trad. franc., t. v, p. 204, 225, 226 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 341, 342, avec une note 1 sur les travaux de Schlecht, Schellhass, Reichenberg, Albers, concernant la mission de Ninguarda en Allemagne.

M.-M. Gorce.

    1. NINI Luc##


NINI Luc, frère mineur, appelé encore Lucas Ciams, Senensis, de Marsiliis (xve siècle). — Docteur en théologie, il était en 1424, procureur général de l’ordre. En 1428, il fut nommé inquisiteur dans les Marches et dans la république de Sienne et, en 1434, Eugène IV le chargea d’une enquête contre Boger de Bertoux, suspect d’hérésie. Agrégé, en 1438, à la faculté de théologie de l’université de Florence, il fut convoqué par Eugène IV, en 1437, au concile œcuménique de Ferrare. Il prit une part active dans les discussions préliminaires qui se tinrent au couvent des frères mineurs de Bologne, où le général avait réuni les religieux les plus éminents en vue du futur concile. Le pape leur avait envoyé les matières à discuter et à définir, surtout en vue d’une union avec l'Église grecque, à savoir la question du primat de l'Église romaine et les problèmes des attributs divins, principalement celui de la procession du Saint-Esprit. Commencé en 1438 à Ferrare, qu’on dut abandonner la même année, à cause de la peste qui y sévit, le concile se poursuivit à Florence. Luc Nini fut un des seize théologiens latins que le pape avait choisis et désignés pour discuter avec autant de théologiens grecs les questions qui séparaient les deux Églises, principalement celle de la procession du Saint-Esprit. Il composa à cette époque un opuscule sur le mode dont le Saint-Esprit procède du Père : Opusculum de Spiritus Sancti a Pâtre processione. Il apporta une contribution notable à l’union entre l'Église latine et l'Église grecque, qui fut atteinte et réalisée, en 1439, dans ce concile. Luc Nini fut envoyé, la même année, par la république de Sienne, comme nonce et comme théologien au concile de Bâle, dans lequel l’immaculée conception de la sainte Vierge fut décrétée comme pia et consona cultui ecclesiastico, fidei catholica', rectæ rationi et sacræ Scripturæ. Il écrivit à Bàle une lettre à ses concitoyens de Sienne sur la légitimité du concile et sur l’obligation d’accepter les définitions qui en émanent : Epistola ad suos cives de legilimo Basileensi concilio acceptando. — Il composa encore, Constitutiones theologici collegii Florentini ; Flores epislolarum S. Hieronymi collecti et Sermones varii.