Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/343

Cette page n’a pas encore été corrigée

667

NIL L’ASCÈTE

i ; r, 8

lem narrationes de ciede monachorum et de Theodulo filio, qui est, pour le moins, très douteux, P. G., t. lxxix, col. 583-694. — 2. Le Tractatus de viliis quæ opposila sunt virtutibus ad Eulogium, court et apparemment incomplet, et présentant comme la suite du traité des vertus chrétiennes Ad Eulogium, s’éloigne par trop de la manière nilienne et ne peut être qu’une œuvre postérieure. Degenhart, op. cit., p. 30 sq ; P. G., t. lxxix, col. 1139-1144. — 3. Le traité De octo vitiosis cogitalionibus, P. G., ibid., col. 1435-1464, n’est qu’une refonte et une amplification postérieure de l’authentique De octo spiritibus malitiæ. — 4. De même le De malignis cogitationibus, ibid., col. 1199-1234, assez émaillé de citations d’Évagre pour lui avoir été attribué, reprend servilement des sujets déjà épuisés dans d’autres ouvrages authentiques. Le chapitre xxiii notamment, consacré à la prière, peut s’identifier avec le De oratione. Heusi donne de fort bonnes raisons pour douter de son authenticité, op. cit., p. 163-166. — 5. L’écrit Ad Agathium monachum Peristeria seu tractatus de virtutibus excolendis et vitiis fugiendis, col. 811-968, traitant, en deux sections, des devoirs et des vertus de l’homme considéré dans sa vie individuelle et sociale, semble bien avoir été composé à Alexandrie. Anastase le Sinaïte qui en cite trois passages, dit que l’écrit appartient à un moine Nil, P. G., t. lxxxix, col. 437, 536. Heusi, après Tillemont, Mémoires, t. xiv, p. 209, montre que notre Nil n’en peut être l’attributaire, parce qu’il vivait dans un tout autre monde de pensées que l’auteur, op. cit., p. 160-163. — -6. Le Tractatus moralis et multifarius est un sermon incolore d’origine inconnue, P. G., t. lxxix, col. 1285-1312. — 7. h’Epicteti enchiridion seu manuale est une paraphrase chrétienne du Manuel d’Épictète, représentée par de très nombreux manuscrits, dont l’auteur inconnu est certainement de beaucoup postérieur à notre Nil. P. G., col. 1285-1312. C. Wotke, Handschriftliche Beitràge zu Nilus Paraphrase von Epiktets Handbûchlein, dans Wiener Studien, 1892, t. xiv, p. 69-74 ; Degenhart, op. cit., p. 18-20. — 8. La Narratio de Pachon patiente bellum meretricium et vincente, P. G., ibid., col. 1311-1316, est un extrait de l’Histoire lausiaque de Palladius, Butler-Lucot, Palladius, Histoire lausiaque, Paris, 1912, chap. xxiii. — 9. L’hymne intitulée Paradisus qui porte, dans beaucoup de manuscrits, le nom de Nil, doit être restituée au poète Jean le Géomètre, P. G., t. cvi, col. 867-890.

III. Doctrine.

Saint Nil n’a rien d’un théologien de profession. Mais ses écrits, ses lettres notamment, sont un trop précieux témoin de la tradition pour ne pas voir leurs conclusions consignées ici. La spiritualité nilienne, encore qu’elle soit aussi peu originale que possible, veut en outre être commémorée. Ces divers points de doctrine seront donnés d’affilée et les références se feront toutes à P. G., t. lxxix. Pour l’emploi des lettres, le chiffre romain en dira le livre et le premier chiffre arabe en indiquera le numéro.

Exégèse.

Saint Nil cite les livres saints sous

le nom de paroles, iii, 228, col. 488 C ; 243, col. 496 D, ou d’Écriture divine, ii, 321, col. 357 A. Sa collection, comme en font foi les citations fréquentes, contenait les IIe et IIIe épîtres de saint Jean et l’épître de saint Jude. Semblablement Nil recevait les péricopes de Daniel dans la fosse aux lions, i, 88, col. 121 AB ; des trois jeunes Hébreux dans la fournaise, ii, 310, col. 352 C ; le livre d’Esther, ii, 220, col. 313 D-316 A ; l’épître de saint Jacques, iii, 228, col. 489 B, et l’épître aux Hébreux, ii, 251, col. 329 C. Les citations des apocryphes sont fort rares. Différentes versions se trouvent utilisées : ici, Symmaque, iii, 78, col. 424 CD ; la, Aquila, Symmaque et Théodotion, ni, 191, col.

472 D et 473 A. Sans rejeter pour autant le sens littéral propre et figuré, son exégèse dénonce une forte tendance alexandrine, cherchant partout, à la faveur d’une étymologie ingénieuse, i, 90, col. 121 CD, un enseignement moral ou mvstique, u. 223, col. 316 C317 A.

Ajoutons que la foi nilienne repose en outre sur la tradition, ii, 210, col. 312 A et sur les saints canons n, 155, col. 273 B.

Monothéisme et création.

Nil vide résolument

et non sans humour, i, 234, col. 168 D et 169 A, le panthéon hellénique, ii, 32, col. 212 D et 213 A ; 42, col. 216 C ; iii, 16, col. 377 BC ; il en expulse nommément le Hasard et la Fortune, i, 278, col. 184 D et la tourbe impudique des Éons mâles et femelles, i, 296, col. 192 A ; 248, col. 173 C. Leur sacrifier serait s’agenouiller devant Satan et s’attirer, en manière de récompense, le fini de sa haine, ii, 280, col. 340 D. S’adonner à la magie, ii, 148, col. 269 A, consulter les augures et les aruspices, c’est s’exposer pour sa propre punition à ce que Dieu les réalise, ii, 151, col. 269 D272 A. Il ne serait, au contraire, que de rejeter tout ce fatras de superstitions pour voir cesser les maux de l’empire : pestes, famines, guerres, tremblements de terre, i, 75, col. 116 AB.

Il faut plutôt adorer le vrai Dieu, créateur et conservateur de toutes choses, i, 19, col. 89 A, Dieu de qui, quoi qu’en aient les manichéens, la nature tire sa bonté essentielle, ii, 299, col. 349 C-350 A, sa malice apparente ne venant que des cœurs corrompus qui la regardent et en usent, i, 32 et 33, col. 97, en sorte qu’il faille agir xoexà cpûaiv pour nous ramener à la rectitude originelle, ii, 199, col. 304 D et 305 A, et qu’il n’y ait pas lieu d’embrasser la désespérance manichéenne et de nous asseoir dans le péché puisque la conversion est possible, ii, 317, col. 356 A. Dieu a créé nos premiers parents à son image et à sa ressemblance, ii, 191, col. 300 CD, les a bénis, dès avant leur péché, comme destinés à répandre l’espèce humaine, i, 190, col. 153 D. Il faut donc rejeter la préexistence platonicienne et origéniste des âmes et leur chute dans les corps, i, 189, col. 153 CD, tout autant que leur anéantissement final prêché par Aristote, i, 192, col. 156 B. Mieux encore, ces âmes spirituelles et éternelles ressusciteront leurs corps, i, 109-113, col. 129-132 ; 163, col. 149 ; 192, cpl. 155 ; n, 82, col. 237 ; 200, col. 305. Avec cela l’être humain est-il pour Nil un composé de trois éléments substantiels comme le veulent les trichotomistes ? Ce n’est pas impossible : Nil connaît fort bien le o&y.<x, la { >uyj) et le 7rv£Ùjj.a, Ad Eulogium, col. 10Il A, et donne une division tripartite des vertus, De oratione, c. cxxxii, col. 1196 ; mais sa psychologie n’est pas exclusive et soutient même la plupart du temps la division de l’homme en corps et en âme, i, 292, col. 189 B ; ii, 76, col. 233 C ; De monastica exercit., col. 781 B.

Trinité.

Le Dieu créateur de Nil est le Dieu un

en trois personnes, Institutio ad monachos, col. 1237 C. Il n’y a qu’une divinité du Père, du Fils et de l’Esprit, qu’une nature, qu’une puissance et qu’une volonté, i, 191, col. 156. La nature divine est une en essence ou en divinité et trois en personnes ou en hypostases. A remarquer que Nil se sert parfois du mot 7rpc(Tcj7rov pour indiquer la nature divine commune aux trois personnes, i, 174, col. 152 A. Contre les ariens, il soutient, sans craindre les répétitions, que le Verbe ; Fils de Dieu, subsiste de sa nature, est adorable, créateur de toute chose, incompréhensible et qu’il n’est ni créature ni engendré de rien, mais engendré du Père, non pas comme du créateur mais comme du Père, avant tous les siècles, sans aucune passion, seul de seul, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, semblable