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NICOLE (PIERRE) — NICON

dont quelques-uns, on vient de le voir, ont été publiés après sa mort ; mais beaucoup restent encore, en totalité ou en partie, inédits. La Bibliothèque nationale possède, aux ms. franc. 13 889, des Copies de lettres de M. Nicole, du P. Quesnel et de quelques autres sur les affaires de Port-Royal, et ms. 17 805, des Extraits des lettres de M. Nicole à Mlle Gallier, 16811682. La bibliothèque Mazarine, ms. 2 477, possède un Essai de Nicole contre Pascal sur le Formulaire, et, ms. 2 470, un Parallèle du système de S. Augustin et de S. Thomas touchant les décrets de Dieu, la prédestination, la grâce et la liberté, par M. Nicole.

Les ouvrages de Nicole eurent une grande réputation et les contemporains de Nicole apprécièrent fort tous ses écrits. On connaît l’estime de Mme de Sévigné pour Nicole et le Journal des savants, en 1737, p. 497, après avoir cité Mme de Sévigné, ajoute ces paroles qui résument bien les appréciations des critiques de son temps. « Nicole est solide, profond, lumineux et nous n’avons peut-être point de meilleur modèle de la précision et de la netteté du style ; ses ouvrages, quoique pour la plupart de piété, sont entre les mains de tous les gens d’esprit, et humainement il n’y en a point de plus propres à leur faire respecter la religion. » Aussi c’est avec raison que M. Bremond, op. cit., p. 419, note, trouve « fâcheux, presque scandaleux, que personne n’ait encore fait une étude approfondie de Nicole. » Cette lacune sera peut-être bientôt comblée, puisqu’on a annoncé une thèse de doctorat sur Nicole.

Ajoutons enfin — et cela seul prouve le succès de Nicole — que beaucoup d’écrits se sont inspirés de lui et ont puisé largement dans son œuvre pour en tirer des ouvrages. Qu’il suffise de citer : Œuvres de controverse de Nicole, 6 vol. in-12, Paris, 1755 ; L’esprit de M. Nicole ou Instructions sur les vérités de la religion, par l’abbé Cerveau, in-12, Paris, 1765 et 1774 ; Pensées de M. Nicole, précédées d’une introduction et d’une notice sur sa personne et ses écrits par Moreau de Mersan, in-12, Paris, 1806 ; Pensées de Nicole, par J.-B. Champagnac, in-8, Paris, 1828 ; Les moralistes français du xvii » siècle ou Pensées choisies de Pascal, Nicole, La Rochefoucauld, La Bruyère, avec des notes biographiques et littéraires par M. Bouchez, in-12, Toulouse, 1833 ; Choix de pensées de Nicole ou Traités de la paix avec les hommes, in-12, Paris, 1842, à la suite des Pensées de Pascal ; Choix de traités de morale de M. Nicole : de la faiblesse de l’homme, de la soumission à la volonté de Dieu, des diverses manières dont on tente Dieu, des moyens de conserver la paix avec les hommes, de la civilité chrétienne, in-16, Paris, 1857, etc.

Michaud, Bibliographie universelle, ’j xxx, p. 554-556 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxvii, col. 10181026 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, édit. de 1759, t. vii, p. 1029-1033 ; Bayle, Dictionnaire historique et critique, édit. de 1820, t. xi, p. 139-150 ; Feller-Weiss, t. vi, p. 221-223 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xvii, p. 464-466 ; Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel historique, critique et bibliographique, édit. 1810, t.xii, p. 485-488 ; Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. xxix, p. 285-333 ; Barrai, Dictionnaire historique, littéraire et critique, t. iii, p. 657-664 ; Ladvocat, Dictionnaire historique et bibliographique portatif, t. ii, p. 415-416 ; Dictionnaire historique des auteurs ecclésiastiques, t. iii, p. 227-231 ; les diverses Histoires de Port-Royal : Clémencet, Guibert, Fontaine, Lancelot, du Fossé et plus récemment Sainte-Beuve dans son Port-Royal, t. iv, c. vii et viii, parlent très souvent de Nicole ; de même Rapin, Mémoires, édit. Aubineau, et Hermant, Mémoires, édit. Gazier ; Besoigne, Histoire de l’abbaye de Port-Royal, 1752, t. iv, p. 223-336 ; Nécrologe des plus célèbres défenseurs de la vérité, 1761, p. 293-296, et Supplément au nécrologe des plus célèbres défenseurs et confesseurs de la vérité des XVII’et XVIII’siècles, 1763, p. 265 270 ; Goujet, Histoire de la vie et des ouvrages de M. Nicole, in-8° et in-12, 1733 et 1766, placée en tête du t. xii des Essais de Nicole ; du même, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVI II » siècle, 1. 1, p. 422-435 et 526-569 ; Lanjuinais, Études biographiques et littéraires sur A. Arnauld, P. Nicole et Jacques Necker, avec une notice sur Christophe Colomb, in-8°, Paris, 1823 ; Liron, Bibliothèque chartraine, p. 294-298 ; Merlet, Bibliothèque chartraine antérieure au XIXe siècle, in-8°, Orléans, 1882, p. 313326 ; Migne, Encyclopédie théologique, t.xii, col. 685-710 ; André Hallays, Le pèlerinage de Port-Royal, in-8°, Paris, 1914, p. 218-233. — Hurter, Nomenclaior, 3e édit., t. iv, col. 444-448 ; Gazier, Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, 2 vol. in-8°, Paris, 1922, p. 162-164 et 214-216 ; Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. iv, L’école de Port-Royal, p. 418-588 ; Em. Thouverez, Pierre Nicole, in-16, Paris, 1926 ; il faut ajouter La vie manuscrite de Nicole par Goujet, à la Bibliothèque nationale, ms. franc. 13 898 ; Vie anonyme de Nicole, écrite au milieu du xviiie siècle, distincte de celle de Goujet et de celle de Besoigne, à la bibliothèque Mazarine, ms. 2488.

J. Carreyre.

NICOLLE Vincent, dominicain, mort en 1739. Il avait publié à Douai, in-4°, une Synopsis variarum resolutionum in historiam sacram V. et N. T., qui est en réalité, sous forme catéchistique, une histoire doctrinale, en particulier des diverses hérésies, jusqu’au début du xviiie siècle.

Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1189.

M.-M. Gorce.

NICOLUCCI Jean-Dominique, dominicain italien qui publia à Bologne, en 1691, un Tractatus theologicus de justificatione impii. Canoniste, il écrivit aussi, entre 1676 et 1693, divers ouvrages sur l’état du clerc et du religieux.

Quétif-Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, t. ii, p. 734. — Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 390.

M.-M. Gorce.

1. NICON, patriarche de Moscou en 1652, déposé, en 1666 et mort en exil en 1681. I. Vie. II. Ecclésiologie.

I. Vie.

Nicon, dans le monde Nikita Minic, naquit en mai 1605 à Veldemanov, province de Niznij-Novgorod, defamille paysanne. Il entra dans le clergé séculier, mais, après une dizaine d’années, à l’âge de 30 ans, il se sépara de sa femme, qui entra dans le monastère de Saint-Alexis à Moscou, et partit lui-même pour les solitudes de la mer Blanche. Il se joignit tout d’abord au moine (en Russie, bienheureux) Éléazar, supérieur de la skyte de l’île d’Anzer, mais, s’étant brouillé avec lui pour des questions d’argent, il le quitta pour se diriger vers le monastère de Kozeozero où il devint bientôt higoumène (1642). En 1647, il va à Moscou pour les affaires de sa communauté et séduit par l’austérité de sa vie le jeune tsar Alexis Mikhailovic (1629-1645-1676), qui le fait nommer archimandrite du monastère de Novospass à Moscou. L’influence de Nicon à la cour grandit si vite que, deux ans après, il est consacré métropolite de Novgorod (1649).

En 1652, il persuade au souverain de faire venir de Solovetz les reliques de saint Philippe. Il s’agit du métropolite de Moscou, assassiné sur l’ordre d’Ivan le Terrible (1530-1584) en 1569, et canonisé depuis lors dans l’Église russe. Tous les historiens russes voient dans cet acte une réparation faite parle pouvoir civil au sacerdoce outragé. Dans une lettre que Nicon devait lire devant le corps de Philippe, avant la translation, le tsar disait : « J’incline ma dignité royale devant toi, à la place de mon aïeul qui pécha contre toi, afin que, par ta venue parmi nous, tu lui pardonnes son péché, afin que l’opprobre qui pèse sur lui pour t’avoir persécuté soit enlevé, et afin