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NAUSÉA (FRÉDÉRIC) — NAVARRUS


quelques données biographiques extraites de Kopallik, Regesten zur Ceschichte der Erzdiozese Wien, t. ii, 1898.

Toutes les histoires de la Réforme et de la Contre-Réforme font une place à Nauséa. Sur les tentatives de réunion avec les protestants auxquels celui-ci fut mêlé, voir L. Pastor, Die kirchlichen Reunionsbestrebiingen wàhrend der Regierung Karls V., Fribourg-en-B., 1873, qui donne en appendice, p. 495 sq., le texte de la Consultatif) signalée par le Calalogus, p. 49(3 : Liber unus consullationis super reconciliandis in religione eliristiana dissensionibus. Sur la présence de Nauséa au concile de Trente, J. G. Mayer, Bischof Fried. Nauséa von Wien auf dem Konzil von Trient, dans Historisches Jahrbueh, 1887, t. viii, p. 1-27.

É. Amann.

11 NAVARRETTE (Le bienheureux Alphonse), dit aussi De Navanele, dominicain espagnol martyrisé au Japon le 1° juin 1017. A la fin de la Congrégation De auxiliis, il était entré en conflit avec les jésuites du Japon qui prétendaient avoir dans ce pays le monopole de la prédication et qui voulaient y introduire le seul molinisme.. Il ne faut pas confondre le 13. Alphonse Navarrette avec son compatriote et contemporain, missionnaire dominicain comme lui, Dominique Navarrette, théologien et historien des missions de la Chine.

Archives généralices dominicaines, Reg. Galamini, iv, 55, n. 66, cité par Mortier, Histoire des Maîtres généraux de l’Ordre des Frères prêcheurs, t. vi, p. 268-271.

M. —M. Gorge.

2. NAVARRETE ou NAVARRETTE Do minique-Ferdinand, missionnaire et théologien dominicain. Né à Pcnnafiel, dans la vieille Castille, il prit l’habit des Frères prêcheurs vers 1630 et professa très jeune au célèbre collège de Saint-Grégoire de Valladolid, l’un des foyers de la science théologique en Espagne. Répondant à l’appel de son confrère Jean-Baptiste de Moralez, qui revenait d’Extrême-Orient chercher des missionnaires, il partit pour les îles Philippines, en 1646. D’abord professeur de théologie à Manille, il partit ensuite pour cooopérer à la conversion de la Chine et il devint vers 1660 un lettré chinois remarquable, qualité qui donna beaucoup d’originalité et de portée à son action dans le Fo-Kien et le Tché-Kiang. Succédant à son maître Moralez, il devint en 1664, préfet apostolique des missions dominicaines en Chine. C’est alors qu’il composa divers écrits en langue chinoise. 1. Une explication des vérités catholiques avec une réfutation des erreurs les plus communes ; 2. Un catéchisme ou instruction sur les noms admirables de Dieu ; 3. Une apologie de la religion chrétienne contre le chinois Jang-Kuang-Sien qui venait de publier en 1659 un écrit contre les missionnaires ; 4. Des morceaux choisis des meilleurs écrivains chinois. A ce moment-là, en 1665, au cours d’iine persécution, il se trouva relégué avec vingt-six autres religieux jésuites et franciscains dans le même lieu de la province de Canton. Ces religieux mirent à profit leur captivité pour s’entretenir longuement de la méthode à suivre pour introduire le catholicisme en Chine, et des concessions qu’on pouvait faire aux usages des Chinois. Au cours de son apostolat personnel, Navarrele avait toujours préféré admettre au baptême un moins grand nombre d’indigènes, sauf à être plus assuré de la pureté de leur foi. Navarrete montra dans les discussions de Canton une attitude conciliante. Mais dans le fond de son cœur, il conservait la plus vive répugnance pour les facilités accordés par les jésuites au culte de Confucius et au culte des ancêtres. Tandis qu’aux conférences de Canton, le porteparole des franciscains, le Père Antoine de Sainte-Marie, protestait contre ces pratiques de laxisme dogmatique, Navarrete résolut de s’opposer efficacement à ce qu’il croyait être une conversion impar faite et viciée des Chinois. Incapable de faire sur place œuvre en ce sens, il revint en Europe intéresser les autorités de l’Église. Il était à Madrid en mai 1672 et à Rome en janvier suivant. Il y fit une relation détaillée de ce qui se passait en Extrême-Orient, non seulement au général de son ordre, mais au pape Clément X et à la Sacrée Congrégation de la Propagande. Des facilités de rendre hommage à Confucius et aux ancêtres avaient été accordées aux convertis chinois par le pape Alexandre VII en 1656, après avoir été interdites par Innocent X en 1645. Néanmoins Navarrete fui très écouté, et on lui proposa de devenir évêque et de prendre en main la direction générale des missions de tous les ordres en Chine. Il refusa une situation qui l’eût mis en conflit perpétuel avec des collaborateurs jésuites, et préféra dénoncer dans leurs derniers détails les abus des rites chinois à la Congrégation du Saint-Office. L’une des principales pièces de son accusation fut le doute soulevé en 1610 par le second supérieur des missions jésuites, Longobardi, à propos de l’orthodoxie du syncrétisme prêché par son prédécesseur Ricci. Ce travail de Longobardi était demeuré jusque-là manuscrit et inconnu. Par les soins de Navarrete, l’ouvrage fut traduit en espagnol en 1676. Il devait être traduit en français en 1701 par les adversaires des jésuites. Cette publication de Navarrete faisait partie d’un immense travail d’ensemble édité à Madrid, en 1676 et 1679, deux in-folios, en langue espagnole : Tratados historicos, politicos, elhicos y religiosos de lu monarchia de China. Descripcion brève de aquel imperio y exemplos raros de emperadores y magistrados del, con narracion difusa de varias sucessos, y cosas singulares de olros reynos y diferentes navegaciones. Anadense los decretos ponli/icius y proposiliones califieadas en Rama para la mission Chinica, y una bulla de Clémente X en favor de los missionarios : t. i, 518 p. : six traités de documentation sur la Chine et un traité d’affaires missionnaires ; t. ii, Que trala de las controversias anligas y modernas de la mission de la gran China y Japon, 669 p. L’auteur se proposait de revenir à la charge dans un troisième volume contre « les procédés employés par les religieux de la Compagnie pour la conversion de la Chine. » Ce volume resta manuscrit. Dans son t. ii, p. 30, Navarrete vantail fort un chinois, « le Père Grégoire Lopez, religieux de notre ordre qui est présentement évêque de Basilée et chargé par le Saint-Siège du soin de l’Église de la Chine. Il a été disciple de Don Jean Lopez qui est mort archevêque de Manille et qui m’a dit souvenl beaucoup de choses à son avantage dont je pourrais parler s’il ne vivait pas encore. C’est à Dieu qu’il faut rendre gloire de tout cela. » Lopez, le premier évêque qui ait été de race chinoise avait accepté la charge que Navarrete avait refusée. Il ne lui fut pas reconnaissant du compliment. Le 18 août 1686, Lopez adressait à Rome un mémoire favorable à l’attitude, des jésuites dans la querelle des rites chinois. Il est vrai qu’à ce moment-là, Dominique Navarrete, devenu en 1678 archevêque de Saint-Domingue, dans les Antilles, s’appliquait à y fixer les jésuites et à leur y créer un collège florissant. La dispute sur les rites de Chine ne devait se clore par leur interdiction qu’en 1742. Dès la fin de l’année 1689, Navarrete était mort, bien loin de cette discussion qui lui survivait.

Quélif-Échard, Scriptores ordinis prcdicalorum, t. ii, p. 720-723 ; Touron, Histoire des lionunes illustres de l’ordre de saint Dominique, t. V, p. 627-638 ; C.ordier, Histoire générale de la Chine et de ses relations avec les pays étrangers, 1920, t. iii, p. 321, 323.

M. —M. GORCE.

    1. NAVARRUS##


NAVARRUS, voir Aspilcueta, t. i, col. 2119.