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NICOLAS DE CUSA — NICOLAS DE DIJON

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tout ce qui a été établi avant lui « pour l’édification de l’Église » et ne peut le modifieroule parfaire qu’en vue du maintien ou du développement de l’édifice. S’il voulait avec obstination dépasser ce pouvoir, il serait indigne de sa charge, et l’Église pourrait se séparer de lui, pourvu que cela n’entraîne pas en elle de scission.

Conclusion. — Dans le cadre de ces idées essentielles, Nicolas de Cues a spéculé inlassablement, variant sans cesse ses points de vue, empruntant à dos philosophies diverses les conceptions ou le langage dont il croyait pouvoir faire son profit. Il a beaucoup lu, et tout fournissait un aliment à ses méditations, comme en témoignent les innombrables notes marginales dont il couvrait ses livres. Dans l’ensemble cependant, sa spéculation se rattache beaucoup plus au platonisme, ou plus précisément au néo-platonisme qu’à l’aristotélisme : elle s’inspire surtout du pseudo-Denys, de Proclus, de saint Augustin, de l’école de Chartres, de saint Bonaventure, voire même de Scot Érigène et de maître Eckart, aux expressions les plus hasardées desquels il attachait un sens orthodoxe, f- -’Ce penseur original, au vocabulaire souvent étrange, paradoxal, a suscité de vives critiques et des enthousiasmes ardents. Il faut lui’reconnaître au moins le mérite d’avoir su comprendre les aspirations de son temps, et d’avoir essayé de leur donner autre chose que des réponses fragmentaires ou évasives. Homme de la Renaissance, non seulement par l’universelle curiosité, l’amour de l’antiquité classique, le culte de la forme, mais par l’optimisme, par l’esprit critique, par le souci du réel, de l’individuel, des connaissances positives, il a voulu synthétiser les idées et satisfaire les tendances nouvelles dans un système qui, sans s’appuyer sur une dialectique tombée en discrédit, fît la place la plus large à la religion chrétienne.

Sur plus d’un point aussi, il fut amené à énoncer des idées qui, si on les eût acceptées, eussent pu empêcher, dans la suite, de pénibles conflits. Bien avant Galilée, il a abandonné la géocentrisme, pour faire de la terre une sorte d’étoile sphérique et mobile, de même composition que les astres. Doct. ignor., 1, II, c. xii. A propos du récit biblique de la création, il a déclaré sans hésiter qu’il n’y a pas lieu de le prendre à la lettre, parce que Moïse a parlé, dans son livre, un langage « humain », adapté à l’intelligence de ses lecteurs. De Genesi, p. 131. La largeur de ses vues en semblables matières, il la doit d’ailleurs, pour une large part, à la manière dont il a su lire les Pères de l’Église, et en particulier saint Augustin.

Une bibliographie très abondante a été donnée dans E. Vansteenberghe, Le cardinal Nicolas de Cues{1401-1 464). L’action. La pensée, Paris, 1920. On se contentera de rappeler ici quelques titres en y ajoutant les principales études parues depuis 1920 : L. von Bertalanffy, Nicolaus von Cues, Munich, 1928 ; E. Cassirer, Individum und Kosmos in der Philosophie der Renaissance, Leipzig, 1927 ; Th. Desdouits, De Nicolai Cusani philosophia, Paris, 1868 ; P. Duhem, Nicolas de Cues et Léonard de Vinci, dans Léonard de Vinci, ceux qu’il a lus, ceux qui l’ont lii, t. ii, Paris 1909 ; J. M. Diix, Der deutsche cardinal Nicolaus von Cusa und die Kirche seiner Zeit, 2 vol., Ratisbonne, 1847 ; R. Falckenberg, Grundzùge der Philosophie des Nicolaus Cusanus, mit besonderer Berùcksichtigung der Lettre vom Erkennen, Breslau, 1850 ; J. Hartzheim, Vita Nicolai de Cusa, Trêves, 1840 ; B. Hermet, Cttsano, Milan, 1927 ; E. Hoffmann, Das Universum des Nikolaus von Cues, dans Sitzungsber. der Heidelh. Akad. der Wissensch., Heidelberg, 1930 ;.1. Hommes, Die philosopllischen Grttndlehrcn des Nie. Kusanus ùber Gott und das Verhàllniss Gottes zur Welt, 1926 ; A. Jæger, Der Streil des Cardinals Nicolaus von Ctise mit dem Herzoge Sigmund von Œsterreich, 2 vol., Inspruck, 1861 ; R. Klibansky, Ein Proldos-Fund und seine Bedetttung, dans Silznnsgber. der Heidelberger Akad. der Wissenschaflen, phil. hist. Klasse,

Heidelberg, 1929 ; J. Lenz, Die Docta ignorantia des Nicolaus Cusanus in ihren philosopltischen Grundlagen, Wurzbourg, 1923 ; Verzeichnis der Handschriften-Sammlitng des Ilospitals zu Cues, Trêves, 1905 ; S. Lorentz, Das Unendliehe bei Nikolaus von Cues, dans Philosophisches Jahrbuch, t. XL, 1927, fasc. 1 ; M. Losacco, La dialettica del Cusano, dans Bull. dell’Academ. dei Lincei, ser. VI, vol. iv. fasc. 5-6 ; J. Marx, Nikolaus von Cues und seine Stiflungen zu Cues und Deventer, Trêves, 1906 ; E. Morin, art. Nicolas de Cusa, dans le Diction, de philosophie et de théologie scolastiques de Migne, Paris, 1856-1865 ; P. Ranft, Schôpfer und Geschôpl nach Kard. Nikolaus von Cusa, Wurzbourg, 1924 ; J. Ritter, Docta ignorantia. Die Théorie des Nichtwissens bei Nicolaus Cusanus, Leipzig, 1927 ; P. Rotta, Il cardinale Niccolo di Cusa. La vita ed il pensiero, Milan, 1928 ; Fr. A. Scarpft, Der Cardinal und Bischof Nicolaus von Cues, als Reformator in Kirche, Reich und Philosophie, Tubingue, 1871 ; M. G. Settignani, L’elemento malemalico applicato allô studio dell’in ftnito nel De. docta ignorantia di Nicolo Cusano, dans Rivista di filosofia neo-scolastica, Milan, 1922 ; Joh. Uebinger, Die Gotteslehre des Nicolaus Cusanus, Munster et Paderborn, 1888 ; du même, Der Kardinallegal Nikolaus Cusanus in Deutschland, dans Hislorisches Jahrbuch, Munich, 1887 ; E. Vansteenberghe, Autour de la docte ignorance, dans les Beilrâge zur Gesch. der Phil. des Millelalters, Munster, 1915 ; Le cardinal-légat Nicolas de Cues et le clergé de Liège, dans Leodium, 1922, p. 98-123 ; Quelques lectures de jeunesse de Nicolas de Cues, d’après un manuscrit inconnu de sa bibliothèque, dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, t. iii, 1928, p. 275-284 ; Un petit traité de Nicolas de Cues sur la contemplation, dans Revue des sciences religieuses, 1929, p. 376390 ;.1. Wenck de Hervenberg, De ignola litteratura, dans E. Vansteenberghe, Le « De ignota litteratura » de Jean Wenck de Herrenberg contre Nicolas de Cuse, Munster, 1910 ; T. Whittaker, Nicholas of Cusa, dans Mind, 1925. E. Vansteenberghe.

25. NICOLAS DE DIJON, capucin de la

province de Lyon (xviie siècle). Professeur de théologie et prédicateur recherché, il évangélisa un grand nombre de villes de France. Religieux éprouvé et exemplaire, "il exerça, pendant neuf ans, la charge de provincial. Écrivain fécond, il composa de nombreux ouvrages qui intéressent tant les théologiens que les prédicateurs. Les principaux sont les suivants :

1. Pharaon réprouvé, ou l’advocat de la Providence de Lieu sur la réprobation des peseheuri, Lyon, 1685 ;

2. L’esprit du chrétien, de l’ecclésiastique et du religieux, formé sur l’esprit de Jésus-Ch.ist, 3 volumes, Lyon, 1688 ; 3. Lettre curieuse à un ami, dans laquelle on fait l’analyse de la nouvelle théologie mistique du docteur Molinos, édité à Dijon, 1688, contre Molinos ; 4. Sermons sur tons les évangiles du carême, 3 volumes, Lyon, 1677 et 1692 ; 5. Sermons sur la sainte Vierge, 2 volumes, Lyon, 1687 ; 6. Panégyriques sur les mistères de la sainte Vierge, Lyon, sans année ; cet ouvrage fut traduit en italien : Panegirici sopra i misteti délia S. Vergine, Venise, 173Ô ; 7. Panégyriques des saints, 2 vol., Lyon, 1689 et 1693 ; 8. Sermons des XI heures contre l’abus du sacrement de la pénitence et de l’eucharistie, Lyon, 1690 ; une version italienne de ces sermons fut faite par le P. Matthieu de Bourgogne et publiée à Naples, en 1701 et en 1839. avec le titre : Sermoni délie Quarant’Ore ; 9. Sermons sur les évangiles de tous les dimanches, 3 volumes, Lyon, 1694 ; 10. Sermons de l’octave des morts, Lyon, 1696. Une traduction allemande des principaux sermons de Nicolas de Dijon, intitulée : Auserlesene Prediglen des P. Nikolaus von Dijon, parut, en deux volumes, à Augsbourg, en 1739-1741. Nicolas de Dijon mourut probablement en 1696.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis minorum S. Francisci capuccinorum, Venise, 1747, p. 199 ; J. Rosenthal, Katalog, xv, Munich, s. d., n. 186 ; A. Zawart, The historg of franciscan preaching and of franciscan preachers, New-York, 1928, p. 483-484.

A. Teetært.