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NICOLAS DR BOTLESHAM

NICOLAS BOZON

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féré proniptement au sludium générale de Londres, car c’est tomme conventuel de ce monastère, qu’il y fut ordonné acolyte le 17 décembre 1429, diacre le 23 décembre 1430 et prêtre le 24 février 1430.1431 (1431 selon la compilation actuelle, car avant 1752, l’année anglaise ne commençait qu’au 25 mars). Il étudia en outre à Oxford, où il devint bachelier, puis à Paris et enfin à Cambridge, Barret (cf. les Monumenta du P, Ben. Zlmmermann, p. 408) et Leland le disent docteur de Paris. Baie, dans son Catalogua imprimé, copie Leland, mais dans son ms. Selden. 41 supra, il le dit docteur de Cambridge. Nicolas ne figure point dans le Carlulaire de l’univcisité de Paris de Denifle ; dès lors il faut conclure qu’il prit le grade de docteur à Cambridge en 1437, l’année de son priorat en cette ville ; et puisqu’il est mort en cette même année, il se pourrait qu’il y soit mort avant la promotion. Autrement il faudrait penser qu’ayant pris le grade à Paris, il est allé à Cambridge afin d’y être incorporé et qu’il y est mort en la même année. Quant à la date de la mort de Nicolas de Botlesham, les auteurs donnent l’année 1435, telle que la fournit Baie dans son Calalogus imprimé. Or Baie dans son ms. Selden. 41 supra donne l’an 1437, comme celle de la mort, et celle-ci est la date exacte. Nicolas écrivit : 1. In Magislrum Sententiarum lib. IV ; 2. Quiesliones theologicie ; 3. Tabulare Sententiarum ; 4. In canlica Ridevallis, c’est-à-dire de saint Ailred, abbé cistercien de Biesvaulx (1109-1166) ; 5. des Lectures et 6. des Sermons.

Jean Leland, Commentarii descriploribus britannicis, r Oxford, 1719, cap. dxliv, p. 448 ; Jean Baie, ms. Selden. 41. supra de la bibl. BodI. d’Oxford ; et Scriplorum illustiium majoris Britanniæ catalogus, Bâle, 1559, centuria vii, c. xerv, t. i, p. 576-577 ; Jean Pitseus, Relalionum historicarum de rébus anglicis, Paris, 1619, t. i, p. 625 ; Ant. Possevin, Apparatus sacer, Venise, 1606, t. rf, p. 480 ; Gesner, Bibliotheca (Epitome de Simler), Zurich, 1574, p. 517 ; Augustin Biscareti, Palmiles vineæ Carmeli, ms. de 1638, conservé au collège Saint-Albert de Rome, fol. 176 r° ; Alègre de Casanate, Paradisus carmelitiei decoris, I.yon, 1639, p. 342 ; Lezana, Annales, Rome, 1645-1656, t. iv, p. 481, n. 13 ; Daniel de la V.-M., Spéculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. ii, p. 1118-1119, n. 3948 ; Fabricius, Bibliotheca latina Media : el Infimæ /Etalis, Florence, 1858, t. v, p. 322 ; Thomas Tanner, Biblioth. brit.-hibern., Londres, 1748, col. 11$1-$215 ; Cosme de Villiers, Bibliotheca carmeliiana, Orléans, 1752, t. ii, col. 482, n. 13 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. ii, col. 810 ; Benedict Zimmermann, Monumenta hislorica carmeliiana, Lérins, 1907, p. 408 ; Dictionarij of national biography, Londres, 1908, t. ii, p. 909.

P. Anastase de Saint-Paul.

18. NICOLAS BOZON, frère mineur, entièrement ignoré jusqu’à la fin du xixe siècle. Les rares détails que l’on possède sur la vie de ce franciscain, sont dus à deux mss., qui contiennent des ouvrages de Bozon : le ms. de Gray’s Inn, à Londres, qui renferme le texte le plus complet des Contes moralises, et le ms. de la bibliothèque de Sir Thomas Phillips à Cheltenham, qui contient, outre la plus grande partie des contes, un recueil unique des poésies de Bozon. Le manuscrit de Cheltenham nous donne le nom de l’auteur sous deux formes : Boioun et Bosoun, tandis qu’une table ancienne placée en tête du ms. porte deux fois Boson. D’autre part, le manuscrit de Gray’s Inn, dans un explicit, porte Bozon, forme que les auteurs ont cru devoir adopter.

Quant au pays d’origine, il résulte de plusieurs passages des Contes moralises que Bozon doit être originaire du nord de l’Angleterre, el y avoir vécu pendant la première moitié du xive siècle. Ses Contes moralises doivent, en effet, avoir été rédigés après 1320. Du fait qu’il a écrit ses contes en français, quelques auteurs concluent, à tort, que Bozon, bien qu’originaire d’Angleterre, doit avoir vécu en

France. Cette conclusion, en effet, ne tient pas si l’on considère qu’au temps où Bozon écrivait, le français était devenu, en dehors du monde ecclésiastique et universitaire qui continuait à écrire en latin, la langue littéraire par excellence de l’Angleterre, et était bien près de devenir la langue commune.

L’ouvrage principal de Bozon est. Les contes moralises, écrit après 1320. Il est conservé dans les deux mss. signalés ci-dessus (le second est incomplet). Il a été publié à Paris, en 1889, par Lucy Toulmin Smith et Paul Meyer, sous le titre : Les contes moralises de Nicole Bozon, frère mineur, publiés pour la première fois d’après les manuscrits de Londres et de Cheltenham. Les éditeurs ont pris pour base le ms. de Gray’s Inn. Une traduction latine des premiers contes de Bozone » t conservée dans le cod. Ilarl. 1288 du British Muséum de Londres. Dans le ms. de Cheltenham, les contes sont anonymes, tandis que le ms. de Gray’s Inn est précédé d’une table, à la fin de laquelle on lit : Explicit tabula metaphorarum secundum fratrem Nicholaum Bozon, de ordine minorum. En employant le mot metaphoræ, le copiste a bien marqué le caractère du livre de Bozon.

Cet ouvrage, en effet, n’est pas seulement un recueil d’exemples, c’est-à-dire de contes réels ou fictifs pouvant donner lieu à une application morale, mais il y a aussi, et en plus grand nombre, des notions empruntées à la science du temps, principalement à l’histoire naturelle. Ces notions sont exposées, non pour elles-mêmes, mais pour l’enseignement moral que l’auteur arrive, par voie de métaphore, à en tirer. Bozon est ainsi resté fidèle à une longue tradition. Ce qu’il peut y avoir d’original, dans la façon de procéder de Bozon, doit être cherché dans le choix des éléments mis en œuvre, dans le caractère des applications qu’il en a tirées.

Les éléments du livre sont de trois ordres différents. On peut y distinguer : 1° des faits d’histoire naturelle, ce qu’on appelait au Moyen Age les « propriétés » des choses ; 2° des exemples ; 3° des fables proprement dites. Bozon procède généralement de la façon suivante. Il expose la « propriété » d’un animal, d’une plante ou d’une pierre, il en tire l’application morale qu’il accompagne de citations bibliques, puis il confirme son dire par le récit d’une fable ou d’une anecdote plus ou moins historique. Tous ces contes, quelle que soit leur nature, ont été compris au Moyen Age sous le nom latin d’exempla. Les exempta que Bozon s’est appropriés ont certainement été puisés par lui à de ? sources variées, mais qu’il est souvent impossible de déterminer.

L’originalité de Bozon consiste surtout dans l’enseignement qu’il expose. Sa morale est appropriée ? l’intelligence et aux besoins spirituels du peuple. Il procède par voie d’exposition allégorique, mais ses allégories sont tirées, non de la Bible, mais de l’histoire naturelle, d’une histoire naturelle toute fantaisiste, et d’autant plus propre à piquer la curiosité et à retenir l’attention des bonnes gens. Les préceptes proprement religieux en occupent la moindre partie. Le reste est d’une morale assez vulgaire, parfois passablement égoïste, tendant plutôt à une réforme sociale qu’à la perfection religieuse. Les vices que l’auteur signale et blâme sont ceux des puissants., spécialement des hommes qui ont le gouvernement et l’administration du pays. La convoitise est l’un de ses principaux thèmes, et les usuriers sont l’objet de ses plus violentes attaques. S’il est, dans la morale de Bozon, un trait qui mérLe d’être relevé, c’est l’éloge énergique qu’il fait du travail, considéré comme profitable au corps et à l’âme.

Ce livre de Bozon est des plus intéressants et, dans toute la littérature anglo-normande, il n’y a