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NICOLAS BIARD — NICOLAS DE BOTLESHAM


système poussé jusqu’à ses dernières limites par les individus, manquant de l’intelligence ou de l’activité nécessaires pour produire eux-mêmes. Vers le dernier quart du xme siècle, on commença à ériger en coutume un véritable communisme de la parole. Ainsi Robert de Wimi, chanoine prémontré, mêla à ses sermons des fragments entiers de Nicolas Biard. qu’il copia littéralement. De plus, les sermologes se vendent et se louent ; leurs prix sont taxés, en 1303, par le recteur de l’université. On n’a plus besoin de composer ni de préparer ses discours. On prêche Abjiciamus, on prêche Resurreclio, etc., c’est-à-dire qu’on récite les séries de sermons tout faits, commençant par ces mots et rédigés dans les Distinctiones de Nicolas Biard, Nicolas de Gorran ou tout autre. On a conservé des copies manuscrites des Distinctiones de Nicolas de Biard à la Bibliothèque nationale de Paris, cod. lat. 14800, 16482, 16487, 16488, 16489 ; à la bibl. Mazarine, cod. 1007 ; à la bibl. de Laon, cod. 150 ; à la bibl. de Cambrai, cod. 480 ; à la bibl. de Padoue, cod. scaff. XXII, 507. B. Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibl. nationale, Paris, 1800-1893, t. i, p. 206 ; t. ii, p. 84-100 et 285-292 ; t. iii, p. 114 ; t. iv, p. 07 ; t. v, p. 142 ; t. VI, p. 264205, analyse plusieurs de ces manuscrits, ainsi que des codices qui contiennent des sermons de Nicolas Biard. D’après le cod. scaff.’XX II, 507 de la bibl. de Padoue, l’ouvrage débute ainsi : Absconditur malum a diabolo sub delectatione sicut pedica sub folio.

2. Sermones dominicales, Sermones de sanctis et Scrmones Darii. Ces sermons, dont le texte est mêlé de français et de latin, abondent en proverbes populaires, qui les font souvent glisser sur la pente de la trivialité. Il arrive aussi que les phrases françaises, intercalées dans les morceaux latins, sont des citations de vers ou de proverbes, auxquels le rédacteur a voulu avec raison laisser leur forme originale, ou qu’il n’a pu traduire. De la sorte, les sermons de Nicolas Biard sont tout farcis de proverbes français qui sont le plus souvent rimes. En voici quelques exemples : « Ne la vache ne le veel. Ne va si bien cevals qu’après dis mile anz tres-alest. Berte fu à la mait : s’eledonat, si en ait. Qui bien vei et mal prent, à bon droit se repent. Qui est garniz, si n’est honiz. Amors qui ne vaut ne fait nient à prisier. Qui à eure veut mengier, ains eure estuet apparillier. A la feste saint Martin, toutes vieilles boivent viii, etc. » Les sermons de Nicolas Biard sont épars dans une quantité de collections. La principale, c’est-à-dire la moins confuse et la plus complète, renferme de lui quatre homélies sur les livres des Bois, de la Sagesse, de Job et des Machabées, puis un grand nombre d’autres sur les évangiles des dimanches et des saints. C’est le cod. lat. 45383 de la bibl. nationale. D’autres sermons de Nicolas Biard sont conservés à la bibl. nationale de Paris, cod. lat. 13579 ; 15951 ; 15953, fol. 27 ; 15954, 15955 ; 15959 ; 15971, fol. 80-82 ; 16482, fol. 285, 289, 291, 293 ; 16498, 16503 ; 16505 ; fol. 230, 238, 249 ; à la bibl. de Laon, cod. 297 et 308 ; à la bibl. de Troyes, cod. 1693. Les Sermones dominicales débutent comme suit : Præparate corda vestra Domino et servite illi soli. Dicitur vulgariler : Qui est garniz. Si n’est honiz. Les sermons se vendaient ou se louaient dans l’université de Paris, en 1303, à des prix qui font voir qu’ils étaient fort répandus. Ainsi h ; tarif promulgué dans le Liber rectoris (voir Du Boulay, Historia uniuersilatis Parisiensis, t. iii, p. 570) fixe à 10 deniers les Sermones dominicales, et à 10 deniers les Sermones de sanctis.

>. Summa de abstinentia ou Dictiunarius pauperum,

qui débute par les mots : Duplex est abstinentia, detestabilis et laudabilis. (Test un considérable répertoire, en forme alphabétique, qui, commençant par Absti nentia et finissant par Vita seterna, fournit aux prédicateurs de nombreux matériaux pour leurs sermons. Œuvre destinée aux prédicateurs, cette Somme aborde également des questions théologiques, et traite des problèmes dogmatiques et moraux. De la sorte, cette somme constitue un écrit théologique, dans lequel se reflètent les opinions courantes de l’époque. La Summa de abstinentia est conservée dans un grand nombre de manuscrits, par exemple, dans trois codices de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, cod. 29, 45 et 490. Cette Somme a été imprimée plusieurs fois sous le titre ; Dictionarius pauperum seu Summula omnibus verbi divini seminaloribus pernecessaria, quæ est extracta a magno dictionario et potest dici dictionarius pauperum, licet de abstinentia intitulatur. Nous en connaissons les éditions suivantes : Paris, 1498 (cf. Pellechet, Catalogue général des incunables des bibliothèques publiques de France, n. 4237 ; Hain, Reperlorium, n. 6153) ; Paris, s. d., mais de la fin du xve siècle (cf. Pellechet, n. 4236) ; Cologne, 1504 et 1505 (Panzer, Annales tijpographici, t. vi, p. 355, n. 70. et t. ix, p. 420, n. 76 b) ; Paris, 1512 (Panzer, t. vii, p. 567, n. 569) ; Strasbourg, 1516 (Panzer, t. vi, p. 77, n. 424) ; Strasbourg, 1518 (Echard, Scriptores O. P., t. i, p. 125) ; Paris, 1530 (Echard, loc. cit.). D’après Sbaralea, op. cit., p. 270, ces. différentes éditions ne porteraient pas le nom de l’auteur, Nicolas Biard. Dans l’édition de 1 198, on lit explicitement que ce Dictionarius est un long extrait des Distinctiones qui sont restées inédites.

Enfin, on ne peut point confondre la Summa de abstinentia ni les Distinctiones de Nicolas Biard avec un autre ouvrage, intitulé : Distinctiones exemplorum Yeteris et Novi Testamenti, reductæ ad diversas materias secundum ordinem alphabeti, imprimé à Memming en 1485 et que J. F. Ossinger, Bibliotheca augustiniana, p. 135 et 172, attribue à Bindo de Sienne et à Nicolas de Biart, dont il fait un ermite de Saint-Augustin. Ces Distinctiones, divisées en 141 chapitres et débutant par les mots : Absilncnlia meriti augmr.ntativa, sapienliæ acquisitiva, religisio^ilatis ostensiva, doivent être attribuées à l’ermite de Sain ! Augustin, Bindo de Sienne, comme à leur véritable et leur unique auteur, et milieu eut à Nicolas Biard.

Quétif-Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, t. i, p. 123 125 ; Possevin, Apparalus sacer, t. I, Cologne, 1608 ; Oudin, Cornmentarius de seriptoribus ecclesiaslicis, Leipzig, 1722, t. iii, ad ann. 1400 ; L. YVadding, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1906, p. 177 ; J. H. Sbaralea, Supplementum et castigatio ad scriplores Irinm ordinum S. Francisci, 2’édit., Rome, 1921, t. ii, p. 270-271 ; Daunou, dans Histoire littéraire de la France, t. xviii, Paris, 1835, p. 530-531 ; V. Le Clerc, Robert de Wimi, prémontré, dans Histoire littéraire de la France, t. xxi, Paris, 1847, p. 164166 ; A. Lecov de la Marche, La chaire française an Moyen Age, 2e édit., Paris, 1886, p. 134, 255, 331-333 et 523 ; B. Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, Paris, 1890-1893, t. i, p. 206 ; t. ii, p. 84-100 et 285-292 ; t. iii, p. 114 ; t. IV, p. 67 ; t. v, p. 142 ; t. vi, p. 264-265 ; Kirchliches Handlexikon, t. ii, col. 1141 ; P. Mandonnet, art. Preachers, dans Catholic encyclopedia, txii, p. 364 ; E. Longpré, Les Distinctiones de Fr. Thomas de Pavie, dans Archivum franciscanum hisloricum, t. xvi, 1923, p. 18-19 ; A. Zawart, The hislory oj franciscan preaching and of franeiscan preachers, New-York, 1928, p. 356-337.

A. TEETAERT.

17. NICOLAS DE BOTLESHAM, théolo gien carme anglais du xv siècle. — Nicolas naquit à Bottisham, petite localité du diocèse d’Ely, comté de Cambridge. Bottisham, selon la prononciation dialectale, revêt plusieurs formes (lesquelles se sont plus ou moins cristallisées dans des noms propres)’: Botilisham, Botelisham, Botlesham, etc. Entré au couvent des carmes de Cambridge, Nicolas fut trans-