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NICOLAS D’AUTHKCOURT


qualiier ômnes propter logicos sermoncs Aristolilis elvverroys deserebaut res morales et curam boni commuais. Cf. L., p. 37*, 1. 29-30. Les hommes s’usent inutilement sur les textes d’Aristote. en oublient leur véritable fin. Il faut les réveiller de leur sommeil. Citons déjà la phrase de belle allure, où M. Gilson discerne « le ton de la Renaissance », toc. cit., p. 122 : Sed cum iasurrexil arnicas verilalis et sua m fecit souare tubam ut dormieales a somuo excitaret… Mais alors, Nicolas rencontre les théologiens.

c) Ymo iuler cetera… vidi… quod aliqui revereadi patres, quorum capita jam albescuat cauicie… : pour ces hommes vénérables, Nicolas éprouve spontanément du respect ; mais lorsque se lève « l’ami de la vérité », ils partent en guerre contre lui : quasi armati ad capitale prelium ia eum irrueruat. Cꝟ. 1,., p. 37*, 1. 3334. Est-ce la charité qui les anime ? L’envie, le désir de la vaine gloire ne les tiennent pas moins que les autres hommes : oaiaibus aubiis quibus involvuntur homines sic apparent subjecti quod ia aullo aisi in pejus vita eorum et vila vulgi difjereas esse videtur. En cette diatribe, Nicolas prétend rester moraliste, ne pas tomber dans l’attaque personnelle : Sic dixisseia geærali aoa aocel contra quos loqiior. Abscindatur gladio lingua mea si in speciali delraxerim eis. D’ailleurs, ces défauts des théologiens ne sont pas sans liaison avec les disputes nées de leur aristotélisme (cf. infra).

I) Cette incidente terminée, Nicolas reprend le cours de ses pensées : Redeundo unde sermo prius, cum sic vidi, quod de rébus per apparentia naturalia quasi nulla certiludo potest meliri, et quod brevi tanpore id quod potest haberi habebitur si homiæs sic immédiate iatellectum suum coavertaat ad res sicut feceruat ad iatellectum homiaum Aristolilis et commeatatoris Averroys… Cf. L., p. 37*, 1. 5-8, et 1. 26-27. On peut estimer à rien la certitude que nous apportent les « appaiences naturelles » (de la polémique contre Bernard, on retire l’impression que tout l’aristotélisme ne peut rien ajouter aux données de l’expérience brute) ; celle qu’on peut avoir, on l’aura, en peu de temps, si on la demande aux choses même, sans passer par les livres. Mais les hommes ne doivent guère s’attacher à cela : détachés des « apparences naturelles », ils se tourneront vers les choses de la morale et s’attacheront à la loi chrétienne : cum etiam apparuit quod homiæs modicum debeat adherere appareatibus aaturalibus, apud me hoc veait judicium quod si hoc cogaoscereat beæ aati commuailatis pollilicc coavertereat se ad res morales et adherereal flrmiter legi sacre, legi christiaæ que iater omæs hoæslissimuai modum viveadi complexa est, loc. cit., col. A-B. Des recherches vaines ne troubleraient plus les âmes : noa habereat materiam elalionis, considérantes quod sic ex puris naturalibus parvam cerlitudinem possuat habere de rébus, muadareat corda sua… Vision d’avenir : des hommes libérés de l’aristotélisme, occupés seulement de répandre la loi divine : apparereat diviai quidam homiæs qui non tolum tempus vite coasumereat in logicis sermonibus vel in distingueado proposiliones obscuras Aristolilis, sed iatellectum divine legis mani/estarent populo… On peut évoquer ici Descartes, autre adversaire de l’aristotélisme, qui se distinguera, pur spéculatif, de « ceux que Dieu a établis pour souverains sur ses peuples, ou bien auxquels il a donné assez de grâce et de zèle pour être prophètes. « Discours de la méthode. Sixième Partie. Contre l’aristotélisme, Nicolas d’Autrecourt, d’abord logicien, se découvre « prophète ». Il aborde « ce qui touche les mœurs » ; il se présente en « réformateur » ; à la suite des articles de eternitate rerum, nous lisons ceci : fecit, ut dicitur, proclamari quod legeret librum pollitice Aristolilis sub hac forma : « quicumque voluerit audire librum pollitice Aristolilis una cum quibusdam quesliouibus de

quo disceptatur de justo et injusto per quas… poterat novas leges condere, conditas, si que sint corrigende, corrigere, véniel ad t<dem locum… L., p. 40*, 1. 26-31.

g) Nous ayant confié ses pensées, exposé ses motifs, Nicolas peut conclure : Iste est finis, isla est ialentio mea. Avec cette considération de l’avenir : sed tam diviaum [hoc] mihi apparet quod finaliter per me vel per ulium débitant sortictur effectuai. Viennent ensuite une brève supplique à l’autorité : Supplico hiunililer Reverendis Patribus sub quorum alis prolegimur… ut sinant hoc opus peragi, et une protestation de foi et de soumission à l’Église, que nous retrouverons. Loc. cit., col. B., cf. infra, 4.

2. Le droit à l’inaovatioa (secuuda pars primi prologi, Dodl, fol. 1 r°, col. H-fol. 2 r°, col. B). — Nicolas d’Autrecourt est un novateur, en rupture consciente avec son époque, avec la tradition séculaire del’École. Il va répondre aux objections de principe que l’on oppose aux innovations doctrinales : Sa réponse occupe la première moitié de la secuada pars primi prologi (la seconde moitié, c’est le Deeternilale rerum que nous avons déjà utilisé, Bodl., fol. 2 r°, col. Bfol 5 r°, col. B, et qui, logiquemeat, se placerait après le traclatus primus). — Nicolas fait parier ses adversaires sur ses conclusions, coaclusioæs quas posuisli ut probabiles ia tuo priacipio et quas es recitalurus ia isto tractatu, dont ils mesurent toute la portée : que [coaclusioæs] suai coatradictorie coaclusioaibus approbalis ia commuailate longo lempore…, aam suai coatradictorie Aristolili et commentatori Avcroys. Bodl., fol. 1 r°, col. B. A considérer ces innovations, on peut conclure soit à la présomption de l’auteur, soit à la fausseté des thèses mêmes. Nicolas va faire justice de cette double objection.

De la réponse qu’il fait à la première, nous retiendrons deux règles qui définissent les cas où l’on peut innover sans présomption. Première règle : soit un homme à qui, pour un certain ordre de recherches, viennent spontanément, quasi naturaliler et ex se, non réceptive ab alio, tous les concepts quela communauté humaine a jamais eus sur ce sujet, et quelques autres en plus, qui portent davantage ; disposant de plus de concepts, c’est-à-dire de plus de termes, il peut en tirer plus de principes, et des principes nouveaux, des conclusions nouvelles, opposées même aux conclusions reçues. Nicolas marque avec vigueur la conscience que cet homme posséderait de son droit à innover : cum hoc scit… quod cmnes illos conceptus quos alii formaverunt, ipse format et multos alios per quos magis… attingil res, lune videt quod est quasi Iota Ma multitudo in virtute quantum ad quesila circa que format tôt conceptus ut tola multitudo, et ultra quantum ad alios conceptus, est quasi alius homo ia gradu excedeati. Ainsi, l’homme de bien, qui voit la foule rechercher seulement les richesses et préfère l’exercice de la vertu : il n’ignore pas qu’il en sait plus que la foule, et combien il s’en distingue, potest scire quod est egregius, posilus extra gregem vulgi. Bodl., fol. 1 r°, col. B.-fol. 1 v, col. A. On notera le caractère spontané, personnel de la pensée qui s’oppose aux opinions reçues, quasi naturaliler et ex se, aoa réceptive ab alio. Nicolas n’use point de cette première règle pour se justifier : hac régula me non exonero quoniam non dico me habere cmnes conceptus aliorum super quereadis infra. Bodl., fol. 1 v°, col. B.

— Deuxième règle, qui justifie Nicolas : celui à qui viennent, sur quelque objet de spéculation, des pensées opposées à celles de la communauté, qui en discute ensuite avec des hommes de sens et demeure convaincu après longtemps, celui-là peut et doit découvrir sa pensée ; il n’est pas coupable de présomption. Bodl., fol. 1 v°, col. B. — Laissant là le premier argument, reproche au novateur de trop estimer ses capa-