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NICOLAS D’AUTRECOUHT


ruptible, non pas en soi, isolément, mais comme paitic du Tout, qui doit être parfait.

Le tractatus primus confirme cette interprétation ; après avoir multiplie les arguments pour l'éternité des choses, Nicolas écrit : lias igitur rationes induxi ut probabiles ad conelusionem. Certum est quod conclusio hec non potest probari per explicationem conceptuum lerminorum conclusionis, que média dicuntur cause formates, ita quod sciens per talia dicitur scire per causant formaient ; et explices quantumeumque ris, de conceptibus explicitis non concludes affirmutivam nec negativam ; ergo in hujus rei consideratione oportuit me recurrere ad causam finalem et osienderc quod melius est dicere res eternas et quod perfeclio major attribuitur sic dicendo uniuerso, et cum illud non sit impossibilc, dicendum est saltern ei magis assenliendum quam opposito. Bodl., fol. 7 r°, col. B. Ainsi : 1° à considérer seulement les termes « choses », « éternité », on n’en tirera ni que les choses sont éternelles, ni qu’elles ne le sont point (Nicolas accorde seulement dans le prologue qu’on en tirerait plutôt l'éternité) ; 2° l’analyse de la notion d'être ne suffisant pas, il faut en appeler à la considération du bien, de la finalité, de la perfection du Tout : de ce point de vue seulement, la corruption d’un être répugne, paraît contradictoire. Mais il ne s’agit pas de contradiction interne à un concept, de répugnance à la pure logique ; le principe d’identité n’est pas seul en jeu, comme dans la polémique avec Bernard ; il intervient aussi le principe du meilleur.

9. Quod isli conclusioni, quod res permanentes sunt eterne, magis est assenliendum quam opposite ; et si aliqui dicant eum ex hoc negare pro se, non dicit quod (wohl negare fulem, ostenditur quod, nach A) hoc non possunt dicere nisi mentiendo. L., p. 39*, 1. 18. (A désigne l'édition des Sentences, Bâle, 1488, d’après laquelle Lappe corrige le texte de Denifle) : nous reproduisons le texte entier de cet article, obscur dans sa seconde phrase que Lappe a dû corriger, nous proposons de le rapporter au tractatus primus, Bodl., fol. 7 r°, col. A et B. — D’abord, la première phrase : le manuscrit note ainsi la thèse de l'éternité : probabilis — probabilior ralionibus conclusionis opposite (ibid. A) ; — ei magis assenliendum quam opposito ; — probabilior opposito (ibid B), La thèse de Nicolas qui se prouve davantage mérite surtout notre assentiment. Et voici une explication de probabilior : si enim habeanl rationes qui lenent conclusiones opposilas, dicant eas et faciant super hiis comparationem amatores veritatis, et credo quod euilibel non magis affectalo ad unam partem quam ad aliam apparebil gradus probabililalis excedens in hiis ralionibus (ibid. A) ; les thèses opposées se font valoir, subissent l'épreuve de la discussion, devant un esprit non prévenu, qui apprécie. Nicolas a jugé après expérience, sentant sa force : sic loquor quia in libris aliorum ad conclusiones occultas (opposilas ?) paucas vidi rationes ad quas nescirem probabiles dure responsiones. Et si dicant quod ego nego principia per se nota, mirabile est qualiter sic falsa nolorie exprimunt que non nisi mentiendo dicere possunt (ib. A). — Ici paraît notre seconde phrase : et si aliqui dicant eum ex hoc negare per se nota, (au lieu de : pro se, non), dicit quod hoc non possunt dicere nisi mentiendo. Et voici l’explication qui nous ramène à la première partie du tractatus primus (cf. supra, 1) : ostensum [est] supra quod, succedenle nigredine ; dicere quod albedo non sit, nec est principium notum ex terminis, nec est aliquid quod primo experiamur in nobis ; ibid., A : double inévidence de la corruption.

10. Quod supposita redeunt eodem numéro per reditum corporum supracelestium ad eundem silum, L., p. 39*, L 23. — Encore dans le tractatus primus ; après la preuve de l'éternité des choses, Nicolas en développe

DICT. DE THlLoL. CATH.

les conséquences : ruine de l’aristotélisme, difficultés

traditionnelles évanouies, enfin ce que notre articie a retenu : Item secu.nd.um dicta faciliter potest apparerc qualiter posset dici : si corpora celeslia, quorum motibus isla inferiora assequuntur. aliquando revertantur ml eundem silum in quo mine sunt , dici potest quod idem suppposilu/n quod nunc est aliqando erit ; nam secundum posilam conclusionem omnia corpora alhomalia ex quibus res componuntur rémanent, et ita, congrégations facla, idem erit suppositum in numéro quod erat prias. Bodl., fol. 7 v°, col. A. Les corps, dont Arislote fait des substances, supposita, résultent de l’assemblage des atomes ; mais le mouvement des astres commande tout le reste : si les astres reviennent jamais à leur position présente, de même les atomes ; et voilà reconstitués les mêmes corps : supposita redeunt eadem numéro. Cf. Gilson, op. cit., p. 119.

11. Quod aclus anime noslre sunt eterni. Sed quod aliquando intelligamus, aliquando non, hoc pro tanlo estquia… L., p. 39*, 1. 26. — C’est la première de quatre propositions de actibus anime ; nous pourrions exposer ici toute la psychologie de Nicolas, curieux atomisme spirituel. Cf. Bodl., fol. 7 v°, col. B : congregatio lalium entium allomalium spiritualium ; et dans notre proposition : per motum spiritualem. L., p. 39*, 1. 33.

Considérons seulement la manière dont paraît dans le tractatus primus un bref de actibus anime : de actibus anime noslre… certe modicam notitiam habemus in tantum quod nullum est quesitum de eis quod possil terminari inter doctores, unde diffinilionem que débet esse médium in predicata demonstrando non habemus certam, ut puta : que sit cognilio. Bodl., fol. 7 v°, col. A-B. Nous restons dans l’ordre de la dialectique ; ici encore impossible de prouver par la cause formelle, en développant l'évidence d’une définition ; on s’en tiendra au probable : potest sustineri probabiliter… quod aclus anime noslre sunt eterni ; et l’on se fondera sur la considération, déjà faite, de la cause finale : omne totum perfeclum requirit suas partes… Bodl., fol. 7 v°, col. B — Quod aliquando intelligamus, quod aliquando non : le problème est encore de comprendre que l’on passe d’une contradictoire à l’autre ; c’est poulie résoudre que l’aristotélisme applique la notion de mouvement : génération et corruption, à l’activité de l’esprit : si intelligere poneretur ens corruplibile, hoc esset pro tanlo quo homo quandoque intelligil et quandoque non. Bodl., fol. 7 v°, col. B. Le problème de l’intellection. c’est la question même du mouvement, où Nicolas adopte cette position : est transitas de contradictorio in contradiclorium sine mutatione reali cujuscumque intrinsece. L, , p. 41*, I. 27. La liaison de ces problèmes, imposée par l’aristotélisme, paraît courante dans l'École (cf. par ex. Durandi de S. Porciano, O. P. Quæstiode natura cognilionis, éd. Koch, Munster, 1929, p. 33 sq.). Voici d’ailleurs la transposition de l’atomisme du matériel au spirituel : Sicut suo modo in islis malerialibus in quibus nihil est noinim, sallem de enlibus absolulis permanentibus, est lamen ista res aliquando presens alicui cuipiius non erat presens per motum localem, sic ibi, scilicet in anima nostra, per motum spiritualem et redditur ista res intelligibilis… Bodl., fol. 7 v, col. B. — Notre article se termine ainsi : El per istam positionem… cessât totus terlius liber Aristotelis De anima. L., p. 39*, 1. 33 ; Bodl., fol. 7 v » col. B : après la destruction de la physique, celle de la psychologie.

12. Quod intellectio eadem que nunc est presens michi erit postca presens alteri supposita, L., p. 39*, 1. 30. — Cette proposition se lit Bodl., fol. 7 v°, col. B : posset dici quod intellectio… -Nicolas nous indique aussitôt comment lui vint l’idée que l’intellection pouvait être éternelle : in juvénilité, cum primo audioi librum tertium de Anima, occurrit mihi, supposita opinione commenta XT

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