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NICOLAS (JE ANJACQUESAUGUSTE — NICOLAS D’AMIENS


Jules Morel, dans L’Univers des 23 et 30 août 1886, et Yves Lebreton dans la Bibliographie catholique de novembre 1886, t. lxxiv, p. 390-394, ont analysé et discuté ce dernier écrit d’Auguste Nicolas.

Paul Lapeyre, Auguste Nicolas, sa vie et ses œuvres d’après ses Mémoires inédits, ses papiers et sa correspondance, in-8°, Paris, 1892 ; J. Noury, dans les Éludes des PP. jésuites, du 15 septembre 1896, t. lxix, p. 148-160 ; Edmond Biré, Études et portraits, nouv. édit., in-8°, Paris et Lyon, 1913, p. 289-311 ; P. Largent, Prédicateurs et apologistes contemporains, dans le Correspondant du 10 novembre 1887, t. cxlix, p. 425 ; Kirchenlexicon, t. ix, col. 276-279 ; Louis Dumolin, Auguste Nicolas, in-8°, s. 1. s. d. ; Dictionnaire pratique des connaissances religieuses, t. v, col. 18.

J. Carreyre.

7. NICOLAS D’ALSENTIA dit aussi de

Kreuznach, exégète, théologien et prédicateur carme allemand du xv° siècle. Il entra dans l’ordre des carmes au couvent de Kreuznach (Hunsruck), s’appliqua avec ardeur à l’étude de l’Écriture sainte et à la prédication, et fut aussi professeur de théologie. D’après le contemporain Jean Trithème, il vivait encore en 1495, ayant alors plus de 40 ans. Jean Baie, au contraire, lui donne 40 ans dès 1465.Il mourut à Worms entre 1501 et 1517. On lui doit des commentaires sur l’Exode et sur l’Apocalypse ; un grand ouvrage sur le saint sacrifice de la messe, ainsi que des sermons. Certains auteurs, tel Cosme de Villiers, confondent cet auteur carme avec un autre Nicolas de Kreuznach. Ce dernier, excellent théologien et prédicateur lui aussi, n’était point carme ; en outre, il enseigna la théologie pendant de longues années à l’université de Vienne ; fut en faveur auprès de l’empereur Frédéric III (1440-1493). Il est l’auteur d’un commentaire sur les quatre livres des Sentences, d’un ouvrage sur l’Immaculée Conception et de deux volumes de sermons. Il mourut à Vienne en 1491, au témoignage de Jean Trithème.

Trithème, Catalogus illustrium viror. ; Opéra hislorica, Francfort, 1601, p. 167 et 179 ; De script, eccl., édit. cit., p. 378 ; Jean Baie, Ms. Harleꝟ. 3838, fol. 224 v » ; et Ms. Bodlei. 73, fol. Il v° ; Gesner, Bibliotlieca (Epilome de Simler), Zurich, 1574, p. 518 ; Pierre Lucius, Carmelitana bibliotlieca, Florence, 1593, fol. 64 V ; Possevin, Apparatus sacer, Venise, 1606, t. ii, p. 478 ; Augustin Biscareti, Palmites vineie Carmeli, ms. de 1638, conservé au collège Saint-Albert à Borne, fol. 171 v° ; Lezana, Annales, Borne, 1645-1656, t. iv, p. 991, n. 5 ; Daniel de la Vierge-Marie, Spéculum carmelilanum, Anvers, 1680, t. ii, p. 1098, a. 3890 ; Fabricius, Bibliotlieca lalina Mediæ et Infima’Mlaiis, Florence, 1858, t. v, p. 104 ; Cosme de Villiers, Bibliotlieca carmelitana, Orléans, 1752, t. H, col. 471-472, n. 7 ; Henri-Hubert Kosh, Die Karmelitenklôster der Niederdeulschen Provint, Fribourg-en-B., 1889, p. 60 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. ii, col. 992, note 1.

P. Anastase de Saint-Paul.

8. NICOLAS D’AMIENS (xii° siècle). — Sous le nom de Nicolaus Ambianensis plusieurs mss anciens, dont on verra plus loin la description, donnent une œuvre théologique curieuse, intitulée : Ars fidei catholicx, actuellement éditée parmi les œuvres d’Alain de Lille, P. L., t. ccx, col. 595-618. Voir ce qui en est dit ici, t. i, col. 657. Les recherches de M. Grabmann ne laissent guère de doute sur l’appartenance de cet écrit à un certain Nicolas d’Amiens, et sur la fausseté de l’attribution au docteur de Lille. Ce Nicolas d’Amiens nous est mal connu ; mais il passait à la fin du xiie siècle pour un des plus illustres parmi les disciples de Gilbert de la Porrée. En tête d’un ms. de l’abbaye de Saint-Amand, actuellement à la bibliothèque de Valenciennes, n. 197, et qui contient les commentaires de Gilbert sur les livres de la Trinité de Boëce, figure, entre autres effigies des disciples du savant évêque,

celle de Nicolaus qui pro dignitate sua arcanis Pictaviensis episcopi sententiis, ut digni intromiltantur ad eas, lucem plenæ expositionis injudit. De lui et de trois autres personnages qui figurent avec lui, il est dit : Magister Gilleberlus… altiora Iheologice philosophie sécréta diligenlibus, atlentis et pulsantibus, quorum nomina subscripla sunt, quia digni sunt memoria, et un peu plus bas : Hi très et Me quarlus (c’est de Nicolas qu’il s’agit), intensiore studio attend, mentis acie perspicacissima et sola veritatis specie tracti, sub Pictaviensi episcopo digni viguerunt discipuli, quorum animas requiescanl in pace. — En fait l’Ars fidei catholicæ, dédié au pape Clément III (1187-1191) est inspiré par les mêmes méthodes qui sont caractéristiques de Gilbert de la Porrée. Il se propose de défendre la foi catholique contre l’envahissement des hérésies et du mahométisme, et c’est dans la dialectique que l’auteur cherche exclusivement ses armes. En 5 livres, d’ailleurs fort courts, il traite de la cause première, c’est-à-dire de Dieu un et trine ; puis de la création des anges et de l’homme, de l’existence du libre arbitre ; ensuite de l’incarnation du Fils de Dieu, ordonnée au rachat de l’homme ; des sacrements de l’Église qui appliquent le fruit de cette rédemption ; en dernier lieu, de la résurrection des morts et plus généralement des fins dernières. Chaque livre débute par des séries de définitions et de propositions universellement admises, puis viennent les théorèmes qui tirent des principes posés les résultats cherchés. Le tout d’une sécheresse parfaite et d’une logique désespérante et toute mathématique : a On ne rencontre pas au xii< siècle un autre docteur qui soit tombé dans le même excès. » (Hauréau). C’est proprement le genre qu’adoptera Spinoza.

De ce traité qui met en œuvre la méthode de Gilbert de la Porrée, M. Grabmann rapproche un autre écrit encore inédit, et d’ailleurs anonyme, qu’il pense appartenir aussi à ce même Nicolas d’Amiens. Il s’agit d’une Delensio orthodoxæ fidei Gilberli Porrelæ, praisertim ex auctorilalibus patrum et Boetii libro de Trinilale contexla, qui se lit dans le Val. lat. 561 (xii<- siècle), du fol. 176 à la fin, s’étendant sur une centaine de feuilles, et qui est transcrite à la suite du commentaire de Gilbert sur le De Trinilale de Boëce ; le traité en question répond très exactement au titre, mettant en œuvre de nombreuses citations patristiques (S. Augustin, S. Jérôme, S. Hilaire, S. Ambroise S. Athanase, etc.) pour justifier Gilbert des accusations portées contre son orthodoxie. Grabmann, qui en donne le prologue, ne doute pas qu’il ne s’agisse ici du traité auquel fait allusion le ms. de Valenciennes précédemment cité : c’est bien une initiation aux arcanes de la philosophie de Gilbert. Ainsi Nicolas nous apparaîtrait comme un disciple tout dévoué à la mémoire de l’évêque de Poitiers. La manière dont parle de lui le ms. de Valenciennes, sub Piclavi- : nsi episcopo dignus viguit, semble bien faire allusion à des relations d’élève à maître.

Par ailleurs, divers mss. latins, entre autres le Vatic. reg. Suec, n. 454, donnent sous le nom d’un Nicolas d’Amiens une Chronique latine, depuis la création jusqu’en 1204. Cette chronique dépend très étroitement des œuvres similaires antérieures, et les additions que le compilateur y a faites ne sont pas d’un intérêt majeur ; elles prouvent du moins qu’il s’intéressait aux affaires de la région picarde. Ces quelques passages originaux ont été rassemblés, d’une part, dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. xiv, p. 21, 23 ; t. xviii, p. 701-702, et d’autre part, dans les Monum. Germ. hisl., Script., t. viii, p. 473-474. Le chroniqueur consigne la date de sa propre naissance à l’année 1147 ; et, comme la Chronique s’arrête brusquement en 1204, cette date