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NICOLAS (JEAN-JACQUKS-AUGUSTK ;


christianisme. Ce travail fit la réputation d’Auguste Nicolas : les fascicules fuient réunis en volumes, dont le premier parut en 1842, le second en 1844, les troisième et quatrième en 1844 et 1845. Le succès s’annonça de suite : les éditions se succédèrent rapidement et la 26° parut en 1885, avant la mort de l’auteur.

Dans ce travail remarquable, Nicolas procède par exposition et synthèse, beaucoup plus que par analyse et discussion directe de l’incrédulité, dont les arguments varient sans cesse avec les temps et les lieux. Cette méthode explique le succès vraiment extraordinaire de cet écrit, composé par un auteur, alors complètement inconnu, dont les journaux et les revues ne parlèrent point d’abord. Le Correspondant n’y fit allusion qu’en 1845 et V Univers en 1846, alors que le succès était déjà surprenant, et il ne s’explique que par le fait qu’il répondait à un besoin du temps. Le P. Lacordaire écrivit, le 5 août 1845, une lettre fort élogieuse, qui fut suivie d’une seconde, placée désormais en tête de l’ouvrage. Un petit écrit satirique, intitulé : Les Bordelais en 184°, par une exception très rare, fait un très grand éloge de M. Nicolas et de ses Études. C’est sans doute pour récompenser l’auteur que M. de Falloux, devenu ministre, fit accorder à M. Nicolas, en 1849, la croix de la Légion d’honneur et la place de chef de division au Ministère des Cultes, le Ie’mars 1849.

Dans ce nouveau poste, où il resta jusqu’au 15 février 1854, Nicolas rédigea un grand rapport sur la restauration des cathédrales et la réparation des édifices paroissiaux ; c’est alors aussi que Dufaure, le 22 août 1849, fit nommer Nicolas membre de la commission des enfants trouvés, pour la rédaction d’un projet de loi qui ne fut jamais discuté. Cependant le succès des Études se poursuivait : Nicolas était reçu dans les salons de M mo Swetchine et de la marquise de La Rochejaquelein ; une romancière anglaise, Lady Georgiana Fullerston, dans l’Oiseau du Bon Dieu, attribue à l’influence du livre de Nicolas la conversion de son héros ; des témoignages très nombreux, cités par le biographe, Paul Lapeyre, montrent tout le bien produit par l’ouvrage apologétique de Nicolas, qui fut, dès lors, traduit en anglais, en polonais, en italien et en allemand. La lecture de cet écrit convertit un socialiste incarcéré qui a raconté son histoire dans une brochure curieuse intitulée : Quarante jours de cellule, par le docteur A. Bonnet, Étampes, 1852. La Bibliographie catholique de février et mars 1845, t. iv, p. 350-353 et p. 490-491, et de janvier 1851, t. x, p. 309-312, fait un compte rendu très élogieux des Éludes. Le pape Pie IX envoya un bref à leur auteur, le 16 novembre 1852, cité par L’Ami de la religion du Il janvier 1853, t. clix, p. 9697.

Un nouvel incident provoqua la publication d’un nouvel écrit de Nicolas. En 1851, Guizot, en tête de son écrit : Méditations et éludes morales, avait fait appel aux catholiques, comme aux protestants, pour les inviter à s’unir contre le socialisme envahissant. A. Nicolas aperçut le péril de cette union, et publia un volume pour montrer que le protestantisme n’était qu’une forme du socialisme contre l’Église, et que, par suite, le protestantisme était radicalement impuissant pour combattre le socialisme qui est le protestantisme contre la société. Dans le volume intitulé : Du protestantisme et de toutes les hérésies dans leur rapport avec le socialisme, précédé de l’examen d’un écrit de M. Guizot, in-8°, Paris, 1852, Nicolas attaque le protestantisme, non pas en se plaçant au point de vue religieux, mais du point de vue de ses conséquences philosophiques, politiques et révolutionnaires, subversives de tout État ; c’est, une forme du

socialisme, et tout cela, il le montre, en s’appuyant uniquement sur les autorités et des aveux empruntés aux protestants eux-mêmes. Dans un article du Correspondant, Franz de Champagny contesta assez vivement quelques détails de la thèse ; Nicolas répondit et, dans une seconde édition, publiée en 2 vol. in-8°, 1854, il ajouta le chapitre viii du livre II pour examiner et discuter les objections de Champagny : il a pour titre : De l’individualisme et de l’individualité, preuve nouvelle, tirée d’une objection. Dans ce livre, Nicolas montre que la religion catholique seule donne la vraie solution des rapports du fini et de l’infini. Le chanoine U. Maynard qui avait beaucoup loué la première édition, dans la Bibliographie catholique de novembre 1852, t.xii, p. 193-201, ajoute : ibid., janvier 1855, t. Xiv, p. 337-343, que la seconde édition a considérablement amélioré la première. Une troisième édition parut en 1869 avec un long Avertissement, où Nicolas indique les raisons qui l’ont fait différer, pendant quinze ans, cette réédition : les passions qui renaissent, à la veille du concile, l’engagent à ne plus différer.

Les loisirs que lui procura, en 1851, son poste d’inspecteur des bibliothèques publiques, lui permirent de composer un nouvel écrit qu’il rédigea, à la suite d’un vœu qu’il avait fait à Notre-Dame d’Arcachon pour la guérison d’une de ses filles : « II fut pris au mot », écrit-il ; sa fille fut guérie miracu leusement d’une maladie très grave. Il fut d’abord très embarrassé pour tenir la promesse qu’il avait faite à la sainte Vierge de composer un écrit en son honneur. Mgr de Ségur, qu’il consulta, lui communiqua un plan dressé par M. Baudry, prêtre de Saint-Sulpice, futur évêque de Périgueux, avec qui il entra en relations. Ainsi encouragé, il se mit au travail et tous les huit jours, il venait faire à M. Baudry la lecture de ce qu’il avait rédigé. Ce fut comme le complément de ses Éludes philosophiques, dans lesquelles il n’avait rien dit de la sainte "Vierge. De là, le titre général : Nouvelles études philosophiques sur le christianisme.

Ce grand travail comprend trois parties : la première forme le premier volume, paru en 1855 ; il a pour titre : La vierge Marie dans le plan divin. L’auteur montre le plan divin par rapport à la création, et par rapport à la chute et les conséquences de cette chute : Je Verbe est médiateur universel de religion et de rédemption ; dans ce double rôle, le ministère de Marie est intimement uni à celui du Verbe incarné. Le plan divin comprend comme trois termes : Dieu, Jésus, Marie. Au début, Marie, pure créature ; au centre, Jésus Dieu-Homme ; au sommet, Dieu éternel. Le chanoine U. Maynard constatait aussitôt le succès de ce premier volume par un article très élogieux de la Bibliographie catholique, février 1856, t. xv, p. 357-366 ; une troisième édition, revue et augmentée paraissait en 1857, Bibl. cath., janvier 1857, t. xvii, p. 53-55.

Le second volume intitulé : La vierge Marie d’après l’Évangile parut dès les premiers jours de 1857 et connut les mêmes succès ; il valut à l’auteur les félicitations de Mgr de Ségur, de l’abbé Isoard, alors auditeur de rote et futur évêque d’Annecy ; le chanoine U. Maynard en fit un compte rendu fort élo gieux dans la Bibliographie catholique, de mai 1857, t. xvii, p. 405-416.

Enfin les tomes m et iv, La vierge Marie vivant dans l’Église, parurent en 1860 : « C’est l’épanouissement de la fleur dont nous avons précédemment montré la tige dans l’Évangile et la racine dans le plan divin. » On trouve dans ces deux volumes, l’étude dogmatique, l’étude liturgique et l’étude historique du culte de la sainte Vierge dans l’Église, soi-