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NICOLAS V

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Coire et Sion firent partie de sa légation. Le cardinal Louis Aleinan ne fut pas destitué, mais il se confina volontairement dans ses fonctions d’administrateur de l’archevêché d’Arles. Des anticardinaux, nommés par l’antipape, Guillaume Hugues, Jean d’Arces et Louis deLaPalu, reçurent, seuls, à nouveau les honneurs de la pourpre (19 décembre 1449).

L’excellent ouvrage de N. Valois, La crise religieuse du XV siècle. Le pape et le concile (1418-14-59), Paris, 1909, t. ii, p. 323-370, expose, de façon neuve, l’histoire de la fin du schisme de Félix V, et rectifie quelques erreurs de détails commises par G. Pérouse, dans son remarquable livre intitulé : Le cardinal Louis Aleman, président du concile de Bàle, et la fui du grand schisme, Paris, 1904, et qui contient une bibliographie très riche. Voir encore M. Bruchet, Le château de Ripaille, Paris, 1907, l’article Amédée VIII de Savoie du Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. ii, col. 1172-1174 ; G. de Beaucoart, Histoire de Charles VII, Paris, 1881-1891 (cet ouvrage doit être souvent corrigé à l’aide de celui, cité plus haut, de N. Valois). Sur le concile de Bàle, cf. E. Bursche, Die Reformarbeiten des Baster Konzils. Eine kirchengeichichlliche Unlersuchung, Lodz, 1921 ;.1. Haller, Concilium Basiliense. Studien und Quellen zur Geschichte des Konzils viin Basel, Bîle, 1896-1903, 4 vol.

IL Le concordat de Vienne (17 février19 mars 1448). — Si les princes allemands se résignèrent à abandonner la cause de Félix V et à se rallier à Nicolas V, ce fut, sans nul doute, le fruit des négocitations laborieuses qui aboutirent, le 17 février 1448, à la signature du concordat de Vienne et à sa ratification, à Rome, le 19 mars. L’irritante question de la collation des bénéfices qui avait fait tant de mécontents était enfin tranchée. La solution adoptée offrira des avantages tels qu’elle restera en vigueur, fort longtemps. A la bien considérer, elle constituait le reniement des théories révolutionnairss émises dans certaines sessions du concile de Bàle. Les Pères auraient voulu dépouiller le Saint-Siège des réserves et des armâtes ; or, le concordat de Vienne réglait précisément les cas où les unes entreraient en jeu et les autres seraient perçues. Certes, le pape perdait le droit de nomination aux évêchés, mais il le recouvrait si l’élection s’était effectuée contrairement aux prescriptions canoniques ou avait été différée au delà des délais, fixés par le concile du Latran ; au demeurant, il possédait le droit de confirmation.

L’application du Concordat de Vienne ne s’opéra pas facilement. Il fallut vaincre les résistances de l’épiscopat et des princes par la concession de faveurs et après de longs pourparlers. L’opposition de l’archevêque de Salzbourg ne cessa que le 22 avril 1448, celle de l’archevêque de Mayence qu’en juillet 1449, celle de l’archevêque de Trêves, eu 1451 et, enfin, celle de Strasbourg, en 1476.

L. von Pastor, Geschichte der Pdpste seit dem Ausgang des Mitlelallers, Fribourg-en-Brisgau, 1925, t. i, p. 399-402 ; édit. française, Paris, 1911, t. ii, p. 34-39 ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, Paris, 1916, t. vii, p. 1130-1137. Le texte du concordat se trouve imprimé dans A. Mercati, Raccoltà <ii concordait su malerie ecclesiasliche Ira la Santa Sedee le autorità ciinli, Rome, 1919, p. 177-185.

III. Tentatives de réforme dans l’empire. — 1° La légation du cardinal Nicolas de Cues.

 Au lendemain

du funeste schisme de Félix V, un grave devoir s’imposait à Nicolas V, celui de combattre les maux qu’avait engendrés l’indiscipline des Pères de Bàle et dont le principal était l’anarchie religieuse. Il invita, d’abord, le monde chrétien au repentir et à la pénitence en publiant un jubilé (1449), puis il donna les pouvoirs de légat en Allemagne, Bohême et pays circonvoisins à un homme fort savant, sachant la langue de ces contrées, connu pour son zèle apostolique, sa vertu, son tact, son éloquence, au cardinal Nicolas de Cues (24 et 29 décembre 1450).

L’envoyé pontifical avait mission de rétablir la paix sociale, de redresser les erreurs doctrinales et de corriger les mœurs ; il devait, pour ce faire, tenir des conciles provinciaux ou locaux qui promulgueraient des statuts salutaires, visiter les monastères et les réformer, prendre des sanctions canoniques contre les clercs prévaricateurs et oublieux de leurs obligations, lever les censures encourues par tels autres, travailler à l’extinction de l’hérésie, publier les indulgences du jubilé, en un mot restaurer la vie chrétienne. Ce plan grandiose, Nicolas de Cues l’exécuta consciencieusement. Il exerça une action bienfaisante dans l’Allemagne du Nord et jusqu’en Belgique, en Hollande, en Zélande et en Frise. Il s’attacha à détruire les pratiques superstitieuses, les exagérations du culte des images saintes et les abus nés des pèlerinages ; il remédia encore à l’ignorance générale, en forçant le clergé à enseigner les rudiments de la religion au peuple, à prêcher et à faire respecter le repos dominical. La rénovation déjà vie chrétienne n’était possible qu’à la condition que les gens d’Église donnassent, les premiers, le bon exemple ; or, sans trop pousser au noir les tableaux qui ont été tracés de la moralité cléricale, il faut avouer que la simonie et le concubinage contaminaient séculiers et réguliers allemands dans une fort large mesure. La faute ne leur incombait que partiellement ; elle retombait principalement sur les collateurs ordinaires, qui ne conféraient les bénéfices que moyennant l’abandon frauduleux des dîmes paroissiales et des revenus ecclésiastiques, ou le paiement de pensions à des tiers. Des décrets synodaux interdirent de pareils marchés sous peine d’excommunication. Quant aux concubinaires, de sévères prescriptions les contraignirent à observer la chasteté. Il fut plus difficile de détruire les abus qui sévissaient dans les monastères. Des décrets réformateurs rétablirent la clôture, et menacèrent les contrevenants de la perte de leurs privilèges. Cependant, le légat préféra employer les moyens persuasifs plus volontiers que la manière forte : les visiteurs qui le suppléèrent furent invités à user de modération. La correction des abus l’obligea parfois à agir fermement ; c’est ainsi que, fidèle à la ligne de conduite qu’il s’était tracée et qui consistait à placer de bons supérieurs à la tête des maisons religieuses, il n’hésita pas à déposer certains abbés récalcitrants et à leur choisir des remplaçants plus méritants. Hélas ! il faut l’avouer, la mission réformatrice de Nicolas de Cues n’obtint pas tout le succès désirable. Sans avoir été stérile, elle échoua en partie, en raison de l’hostilité de ceux qui se refusaient à amender leur vie privée ; c’est ainsi que les moines de Deddingen mirent en pièces la voiture qui transportait l’ecclésiastique chargé de les visiter, et qu’à Nuremberg des dévoyés jouèrent du poignard.

Le cardinal réussit mieux dans le domaine social. Ses instructions lui imposaient la tâche de ramener la concorde parmi le peuple allemand. Il s’évertua à les remplir intégralement, mais, en toute occasion, il obéit à ses principes favoris, d’après lesquels la restauration du pouvoir hiérarchique devait servir de base au rétablissement del’ordre. Voilà pourquoi il soutint énergiquement les droits du pape, des évêques et du clergé séculier contre ceux qui les violaient. A Eichstàtt, il régla les cas dans lesquels le doyen du chapitre serait désormais soumis à l’évêque du lieu ; à Magdebourg, à Minden et à Mayence, il restreignit la juridiction des archidiacres qui empiétait sur celle des officiaux : ailleurs, il réprima les excès des religieux qui ne respectaient pas les privilèges curiaux contrairement aux canons, ou apaisa les conflits de juridiction qui avaient surgi entre les communes avides d’indépendance et les clercs ; en un mot, il s’ingénia à mettre