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NICOLAS IV — NICOLAS V


Perettus cardinalis de Montevlto in ordincm et patriam pietale posuit M. D. LXXIV.

I. Sources.

Potthast, Regesta…, t. ii, p. 1820-1914 et les autres recueils mentionnés ci-dessus à Nicolas III. A côté de Raynaldi, voir aussi L. Waddlng, Annales Minorum, t. tv, p. 345, 353, : îS7, 395 et 411 ; t. v, p. 15-10, 47-49, 70, 91, 123, 1 17, 168-169, 213 ; courte biographie de Bernard Guy, dans Muratori, lier. itul. script., t. m « , col. 609 (— Ducbesne, Le Liber ponti/knlis, t. ii, p. 166).

II. Travaux.

Les notices de !.. Waddlng, Scriptorea ordinis minorum, 2e édit., Rome, 1906, p. 118 ; de II. J. Sharalea, Supplementum, t. i, Rome, 1908, p. 371-372 ; de Fabrlcius-Mansi, Bibliotheca laltna Mediæ et Inflnut /Tîlatis, Padoue, 1754, t. v, p. 101 ; Nicolaus IV, dans Klrchenlexikon, Fribourg-en-B., t. ix, 1895, col. 291-293 ; H. Holzapfel, Ilamlbuch der Geschichte des l’ranziskanerordens, Fribourgen-B. , 1903, p. Il sq. ; (i. Garavani, Gli splrituali Franceseani nette Marche, t’rbino, 1905 ; O. Schifl, Sludien zur Gesehtehte des Papsles Nikolaus IV., Berlin, 1907 ; W. Norden, Das Papstlum und Bytanz, Berlin, 1903 ; Dræseke, Die Kircheneinigungsversuche des Kaisers Michæl Palmologus, dans Zeitsclirijl fiir ivissensch. Théologie, t. XXXIV, p, 383 sq. ; I lefele-I.eclercq, Histoire des conciles, t. vi a, p. 153-340.

Am. Teetæut.

5. NICOLAS V, pape (6 mars 1417 — nuit du 24 ai 25 mars 1455.) — Thomas Parentucilli, tel était son nom patronymique, naquit, le 15 novembre 1397, d’un père médecin, qui pratiquait son art à Sarzana. Après avoir conquis la maîtrise en théologie à l’université de Bologne, il demeura en qualité de familier, aux côtés de Nicolas Albergati, tant pendant son épiscopat à Bologne que lorsqu’il fut devenu cardinal. A la mort de son protecteur, Eugène IV, qui l’avait remarqué, le nomma vice-camerlingue (1413), puis évêque de Bologne (27 novembre 1444). Le rôle qu’il remplit à la diète de Francfort lui valut le chapeau cardinalice (16 décembre 1446). Son aménité de caractère, l’étendue de sa culture intellectuelle, sa piété et l’honorabilité de sa vie privée le recommandèrent aux suffrages des cardinaux qui l’élurent pape, le 6 mars 1147. Le nouveau pontife prit le nom de Nicolas, par reconnaissance à l’égard de Nicolas Albergati qui l’avait comblé de bienfaits. Son sacre eut lieu le 19 mars suivant. Les événements saillants de son pontificat paraissent avoir été la fin du schisme de Félix V, la signature du concordat de Vienne, les tentatives de réformes dans l’empire, le sacre comme empereur de Frédéric III, le rétablissement de la paix et de la prospérité dans les États de l’Église, la répression de la conjuration de Porcaro ; nous étudierons chacun d’eux ; après quoi, nous ferons connaître l’humaniste et le protecteur des arts que fut Nicolas V et apprécierons son pontificat.

I. La fin du schisme de Feux V.

-Lors de son avènement au trône pontifical, Nicolas V trouvait l’Eglise déchirée, une fois encore, par le schisme. Sans doute, les négociations qu’il avait habilement conduites à Francfort, avaient provoqué l’adhésion du roi des Romains, Frédéric III, à Eugène IV, mais l’antipape Félix V (Amédée VIII de Savoie) et les Pères de Bâle comptaient encore des partisans nombreux, sinon entièrement convaincus, du moins hostiles à la cour romaine et puissants comme les princes-électeurs. Esprit conciliateur, le nouveau pape promit de concéder des dédommagements sérieux à Félix V, si celui-ci opérait sa soumission, et autorisa volontiers Charles VII, roi de France, à remplir le rôle de médiateur (avril 1447).

Une conférence internationale s’ouvrit à Lyon, au début du mois d’août. Les délégués du roi de France, qui tenaient le rôle" principal, avaient reçu l’ordre de ne négociere : i aucune façon avec l’antipape, mais de s’entendre avec Louis, duc de Savoie, afin d’obtenir l’abdication de son père. L’issue des pourparlers ne

paraissait pas douteuse, car le prince, escomptant la mort prochaine de Philippe-Marie Visconti cite advint, en effet, le 13 août - songeait à s’emparer du Milanais. Mais une telle convoitise n’était réalisable qu’avec l’acquiescement de la France. Or, le dauphin, le futur Louis XI, désirait, non moins ardemment, le duché de Milan et avait déjà réuni environ (i 000 chevaux, en vue de l’expédition qu’il méditait. On avait compté sans l’astuce de Louis Aleman, l’animateur du concile de Bàle. Le cardinal imposa sa présence aux conférences de Lyon, et discuta âprement les conditions que mettrait Félix V à son abdication. Il eut môme la suprême habileté de transférer le siège des entretiens à Genève, où résidait l’antipape (8 novembre 1 147), et de faire paraître les ambassadeurs français en présence de ce dernier. Les Savoyards émirent de telles prétentions que, le 3 décembre, les plénipotentiaires se séparèrent sans rien oser décider. Tout dépendait de Nicolas V qu’il fallait consulter.

Cependant, tandis que des pourparlers avaient lieu avec les schismatiques, la situation du pontife romain s’améliorait de jour en jour. Tour à tour, les archevêques de Cologne et de Trêves, Frédéric de Saxe, l’électeur palatin, les ducs Othon et Etienne de Bavière, les comtes de Wurtemberg, les évêques de Worms et de Spire étaient rentrés dans l’obédience de Nicolas V. Le pape eût pu montrer des exigences, d’ailleurs justifiées. Il se montra, au contraire, très conciliant et, tout en repoussant certaines prétentions exorbitantes des schismatiques, il accorda aux rebelles des satisfactions honorables, et des avantages précieux qu’énumérèrent deux bulles expédiées les 9 et 16 août 1448.

De nouvelles négociations de paix furent entamées avec les membres du concile, mais elles traînèrent en longueur. Les schismatiques se montraient d’autant plus intransigeants qu’ils se disaient persécutés. En vertu d’une sentence impériale, ils avaient dû, en effet, quitter Bàle le 4 juillet 1448 et se réfugier en terre savoyarde, à Lausanne.

La politique, seule, débrouilla une situation apparemment inextricable. Au début de l’année 1449, le duc Louis de Savoie constatait avec dépit que Francesco Sforza lui disputait avec avantage le Milanais. Il lui fallait de l’argent, et les banquiers français, auxquels il s’était adressé, refusaient de lui consentir un prêt, s’il ne mettait fin au schisme. Circonstance plus grave encore, Charles d’Orléans s’apprêtait à soutenir par les armes les droits qu’il possédait sur le duché de Milan. Réduit aux abois, Louis de Savoie se trouvait ainsi acculé à passer par les volontés du roi de France. Son père comprit que l’heure des sacrifices suprêmes avait sonné, sans quoi les intérêts de sa maison subiraient un notable dommage : il abdiqua le 7 avril 1449, en séance conciliaire. A leur tour, le 19, les Pères réunis à Lausanne élisaient pape, à l’unanimité, Nicolas V ; puis, le 25, ils votaient le décret de dissolution d’une assemblée réduite à moins d’une centaine de membres, et composée de rares évêques.

Une série de bulles (18 juin 1449) relevèrent les schismatiques des censures qu’ils avaient encourues et les maintinrent en possession de leurs bénéfices, prélatures ou privilèges ; quant à Félix V, son orgueil fut ménagé : nommé cardinal-évêque de Sabine, il obtint le premier rang dans le Sacré-Collège, une pension mensuelle de 500 florins, l’administration de l’évêché de Genève, la commende de divers prieurés et abbayes, et le titre perpétuel de légat et vicaire du Saint-Siège dans les pays rangés précédemment dans son obédience, c’est-à-dire en Savoie, en Suisse et sur les confins de l’empire ; c’est ainsi que les diocèses de Lausanne, Bâle, Strasbourg, Constance,