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NICOLAI (JEAN) — NICOLAI (LAURENT)
« qu’il exprima en latin ce qu’ils ont exprimé en

français… parce que la latine est universelle et suffit

à porter à tout le monde la renommée L’an

d’après, le grand in-folio parut avec la collaboration de Nicolaï, magnifiquement édité : Ludovici J usti XIII Niincupati Gallite simul et Navarnv christianissimi régis triumphalia monumenta. — Omnia porro ex gallicu in latinum convertit Fr. Jouîmes Nicolai…, 1649. Le P. Nicolaï en aurait tiré le bénéfice d’une pension annuelle de six cents livres. Echard ; De Puymalgre, Un poète apologiste de Louis XIII, dans Revue des questions historiques, 1808, p. 221. Plus tard encore nous voyons Nicolaï, régent de Saint-Jacques, organiser une fête avec feu d’artifice en l’honneur de la naissance du dauphin et publier une plaquette : Festivus Fratrum Prædicatorum S. Jacobi…, 1661, in-4°, 7 p.

Et cependant deux ans plus tard, dans le conflit aigu entre Louis XIV et le Saint-Siège, Nicolaï sera résolument pour le pape contre le roi. Il défendra ardemment à la Sorbonne les thèses ultramontaincs de Drouet de Villeneuve, plaçant l’autorité du pape au-dessus du concile général et de l’Église gallicane. Aux assemblées de janvier, fidèle à ce qu’il avait écrit dans l’article Dominium de la Pantheologia et à l’opinion traditionnelle du couvent de Saint-Jacques, il contribuera beaucoup à empêcher d’arranger les choses au bénéfice du roi. Gérin, L’Assemblée de 1683, p. 16, 487, 512.

En dehors des références citées au cours de l’article, il n’existe qu’une étude un peu générale sur Nicolaï dans Quétif-Ecliard, Scriplores ordinis prædicalorum, t. ii, p. 647-650, et aussi ibid., 607, 653, et Supplementum novissinwm, p. 33.

M.-M. Gorce.

    1. NICOLAI Laurent##


2. NICOLAI Laurent, de la Compagnie de Jésus (1538-1622). — Né à Oslo en 1538, à l’époque où le luthéranisme était déjà la religion du pays, il a été élevé dans cette confession. Il a étudié à Copenhague, où il a pris le grade de maître ôs arts, et commencé la théologie vers 1558, mais sans pousser très loin, car il partit bientôt après pour LouvaLn où il fit la connaissance des jésuites qui l’amenèrent peu à peu au catholicisme. Mais sa conversion n’aurait pas été immédiate, car Nicolaï serait rentré d’abord en son pays, aurait reçu l’ordination dans l’Église luthérienne et pris une paroisse en 1562 ; mais tout ceci n’a rien de certain. En 1563, il est de nouveau à Louvain, entre dans la Compagnie de Jésus le 2 février 1564, est ordonné prêtre en 1565, et séjourne quelque temps encore au collège de Louvain. Prof es des quatre vœux le 18 octobre 1575, il est désigné par le Père général, Éverard Mercurian, pour la nouvelle mission que l’on se propose d’expédier en Suède.

Les circonstances sont favorables. Partie pour des raisons personnelles, partie sous l’influence de sa femme Catherine Jagellon, Polonaise et catholique, le roi Jean III médite de rétablir en Suède l’ancienne religion. En 1574, le jésuite Stanislas Warszewicki est venu à Stockholm comme envoyé secret du Saint-Siège. Il ne reste que quelques semaines, mais a le temps de se rendre compte de ce qu’il est possible de faire et, dans une lettre au général de la Compagnie, il insiste pour que l’on envoie en Suède deux Pères, l’un Polonais, l’autre bien au courant des langues du Nord. C’est ainsi que Nicolaï est désigné pour cette délicate mission ; il arrive à Stockholm fin avril 1576 (voir A. Theiner, t. i, p. 432). Le roi seul est au courant de son caractère et de sa situation ; le jésuite se donne pour un savant ayant parcouru l’Europe. Ayant appris que le roi voulait fonder un nouveau collège à Stockholm, il y était venu pour offrir ses services à Sa Majesté. Nicolaï est en effet agréé comme

professeur de théologie dans la nouvelle fondation, et commence à enseigner dès juillet. On comprend qu’il ait pu utiliser cette place pour saper adroitement let bases mêmes de la théologie luthérienne. Bientôt nommé recteur du collège, il exerça sur plusieurs des élèves une action personnelle considérable et les amena au catholicisme. Quelques-uns de ces jeunes gens purent être envoyés au Collège germanique de Rome ; on espérait en faire des prêtres qui ne tarderaient pas à revenir pour reconquérir la Suède au catholicisme, Tout en remplissant ses fonctions professorales. Nicolaï se constituait le défenseur des innovations liturgiques du souverain, lequel s’efforçait de catholiciser le culte luthérien ; en même temps, il lui fallait tenir Rome au courant de la situation et transmettre au Saint-Siège les demandes que faisait le roi pour faciliter le retour du pays à l’unité. Le P. Theiner a donné quelques-unes des lettres adressées ainsi au général de la Compagnie. En décembre 1577, on vit arriver à Stockholm le jésuite Possevin comme envoyé du Saint-Siège. Dès ce moment, Nicolaï s’était ouvertement déclaré ; le succès paraissait assuré. En mai 1578, le roi communiait de la main de Possevin. Mais, après le départ de celui-ci, 20 mai 1578, un revirement se fit dans son esprit, sous l’influence des pasteurs luthériens. Une fausse démarche de Nicolaï, dans une affaire de dispense de mariage assez délicate, fournit un excellent prétexte à ses adversaires. Le jésuite se vit excommunié par l’archevêque (luthérien) d’Upsal et dut être écarté de la direction du collège de Stockholm. Sur toute cette affaire, voir A. Theiner, p. 543 sq. Par ailleurs, le roi s’impatientait de ne point recevoir de Rome les concessions qu’il exigeait : mariage des prêtres, communion sub utraque, messe en langue vulgaire. Quand Possevin reparut en juillet 1579, les choses étaient bien compromises. De plus en plus, l’opinion se soulevait contre la politique religieuse du roi et contre ceux qui en étaient les agents. A la Pentecôte de 1580, des bagarres éclatèrent autour du Collège théologique, où Nicolaï continuait à résider ; pour enlever tout prétexte à l’agitation, le roi interdit à Nicolaï d’y prêcher ou même d’y enseigner ; la direction passa aux mains d’un luthérien qui inclinait, d’ailleurs, vers le catholicisme. Le 10 août, Possevin quittait Stockholm emmenant Nicolaï et l’un de ses confrères, avec quelques-uns des élèves qu’ils avaient formés. Après un séjour à Rome et à Vienne, Nicolaï fut envoyé en novembre 1582 à Olmùtz, où il eut une situation importante au collège des jésuites ; en 1587, il prenait le doctorat à Prague. Mais il devait revenir dans les paj’s du Nord, à Braunsberg, d’abord, puis en Danemark où il essaya vers 1606 de fonder un collège. Il mourut à Vilna le 5 mai 1622.

Sommervogel mentionne de lui : Confessio christiana de via Domini quant christianus populus in tribus regnis septemtrionalibus, Danise, Suecise et Norvegiæ con stanter confessus est …usque ad Christianunt III Dania. Norvegiœque et Gustavum Suecise reges, in-4°, Cracovie, 1601. —. Sotwel lui attribue aussi : De reformatant religionis christiante per ministros evangelicos introducta deliberalio, a sludiosis àanis et norvegis proposila professoribus Academiæ Hafjniensis die 10 oclobris 1602, Cracovie, 1606. — Les historiens protestants lui attribuent aussi la rédaction du missel publié par Jean III en 1576 sous ce titre : Liturgia Suecanæ Ecclesiæ catholiese et orthodoxe, conformis, suecice et latine, in-fol., Stockholm, 1576 ; texte reproduit dans F. Mùnter, Magazin fur Kirchengeschichle und Kirchenrecht des Nordens, t. ii, Altona, 1793, p. 19-68. Cette attribution est tout a fait invraisemblable. Ce missel qui présente un mélange très caractéristique des formes extérieures de la messe romaine