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NICETAS STÉTHATOS

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cienne avait dans le manuscrit S7â un De paradiso terreslri divisé en cinq chapitres. — 19. A ces œuvres il faut ajouter, d’après Martini, Catalogo di manoscritti greci esistenti nelle biblioteche italiane, Milan. 1893, les quatre ouvrages suivants : IIpôç MavouTjX rcepl ôpcov Çcorjç ; ïlepï tcov ovtcov, Brescia, Bibliotheca communale Queriniana f A. IV. 3, fol.209-212 ; A6yoçxaTà’Iou8auov xal ëXsy/oç èv. Trpoo’.|iiwv ttjç à7te18eîai ; oojtwv xoà àmaTiaç, ibirf. ; le Kxri àyioxaTY)yôpcov mentionné du reste par Lambros, Catalogue, n. 4.505.

III. La doctrine.

Nicétas Stéthatos est un des rares auteurs qui aient trouvé grâce devant l’intransigeance mystique du véritable initiateur de l’hésychasme proprement dit, Grégoire le Sinaïte, P. G., t. cl, col. 1321 D. L’apologète anti-latin, pourfendeur des azymes, du célibat ecclésiastique, du jeûne du samedi et de l’omission du rite quadragésimal des présanctifiés nous solliciterait si ce Dictionnaire ne l’avait déjà entendu. Voir l’art. Michel Cérulaire, col. 1691 1693 ; M. Jugie, op. cit., p. 268 et 269, 273 et 274, 298, 320-344 passim, 345, 408. Le théologien de la procession du Saint-Esprite solo Paire, encore qu’il enrichisse la théologie photienne de nouvelles argumentations, et fasse effort pour lui donner une base positive solide dans son traité inédit, ne mérite pas une plus ample attention. M. Jugie, p. 300-301. Reste le maître de vie spirituelle. Il nous faut indiquer les pièces maîtresses ds la théologie ascétique et mystique de Nicétas, presque exclusivement d’après les centuries. Les citations se feront à P. G., t. cxx, le chiffre arabe indiquant la colonne et le chiffre romain le numéro du chapitre utilisé.

1° Le Pourquoi de la vie spirituelle ? — A la manière de celle des maîtres byzantins, la spiritualité du Stéthatos se présente comme un retour à l’état originel : ï) à7CoxaTàoTaa£ç ècj-n tcov Suvâ ; j.swv rrjç ^’j/r)ç elç t/jv TtocXodocv e>jyÉvei.av, xal ïj ènl to aùxè aùvoSoç Toiv yevixûv àpertov elç ttjv xaxà tpùariv èvépyeiav, col. 884, lxxii. Position fort intelligible : image de Dieu non par la constitution organique du corps, mais par sa nature intellectuelle, irréductible à la matière, col. 953, iv, image par le voûç et le Xôyoç, col. 956, viii, en un mot dans sa partie rationnelle, ressemblance de Dieu en tant que passionnelle, col. 957, ix, l’âme humaine a pour fin l’svcoaiç ou la ouvâtpeia avec Dieu, col. 880, lxi ; 881, lxv et lxvi. Mais l’image et la ressemblance ont été corrompues par le péché. Le moyen de s’unir à la Sainteté-Dieu par la dissemblance de la cpiXauTia et à la Lumière-Dieu par les ténèbres de l’àyvota ? col. 859, xviii. Entre l’àyvoia et l’image qui est une imitation de l’impassibilité, de la lumière et de la sagesse de Dieu, col. 953, i, je dirais mieux une autre divinité, col. 953, iii, et de même entre la cpiXauTÎx, et la ressemblance qui copie la justice, la vérité, la miséricorde et l’humanité de Dieu, col. 957, viii, et qui s’achève dans une nouvelle déification, ôécoaiç, col. 968, xxxiii, il est un abîme que peut seul combler le retour à la nature, col. 857, xv ; 957, vin ; col. 960, xii. Le Christ après avoir assuré en lui cette restauration de la nature humaine, col. 948, xciii, la restaure en nous par la grâce, col. 918, xciv et xcv, par la purification et par l’amour, col. 968, xxxiv, par l’impassibilité, la contemplation et la théologie, col. 861, xxv, en un mot par la vie spirituelle qui en assure par ailleurs la permanence, col. 969, xxxv.

2° La marche mystique : les trois étapes. — La spiritualité de Nicétas nous place d’emblée dans le troisième état de l’humanité, celui des spirituels, col. 904, vu, au-dessus des charnels dont toute la vie de péché va à les signer à l’image de la bête, col. 901, v, et des psychiques, ces malades ou demi-fous qui se contentent de l’honnêteté naturelle, col. 900 et 901, iii, iv, vi.

Parmi les spirituels, il distingue reîaaycoyixôç, qui restaure l’image par la vie purgative ou la Tcpà^iç. le (xsaoç, qui achève la restauration de l’image parla vie illuminative ou la Gscopta et obtient dans Vànâ.Qsi’x les premiers traits de la ressemblance, enfin le tsXeioç qui acquiert par la vie mystique ou ŒoXoyta la plénitude de la mesure du Christ et le fini de la ressemblance, la OéwCTiç, col. 869, xxxviii ; 901, i ; 972, xli.

1. L’Er.aaycoyi.x6ç. — Il appartient avant tout au commençant de s’exercer dans la vie purgative ; entendons d’éliminer peu à peu tout ce qui souille l’image divine, et de se défaire de la ressemblance charnelle par le mépris de toutes les choses visibles et le renoncement à toutes les satisfactions humaines, col. 972, xlii ; 900, i. Si la repâ^iç, en rendant adultères les facultés humaines, les a alourdies de passions, à elle aussi de les réformer en leur méritant l’oOTaŒioc, col. 864, xxxiv. Il ne s’agit pas, au vrai, de détruire les passions : elles ne sont mauvaises que par leur activité contre nature, col. 869, xxxvii. N’allons pas accuser la nature des choses quand tout le mal est en nous, col. 873, l et li ; ce serait ressembler à celui qui imputerait à l’océan, plutôt qu’à sa faiblesse de constitution, le mal de mer. Les choses ne sont instruments de péché que parce que la tpiXaurîa et l’àyvoîa nous en font user contre nature, col. 864, xxviii ; 873, lu ; 925, lu. Il n’est donc que de ramener nos facultés à leur activité naturelle par la philosophie ou vie purgative, col. 932, lxvi.

Le retour à l’image originelle exige d’abord une réforme de nos facultés de connaissance, à commencer par les sens. Les sens irraisonnables : goût, odorat, toucher, seront ordonnés uniquement à l’activité de la vue et de l’ouïe, asservies elles-mêmes à l’esprit et à l’intelligence. Et, outre que tous les sens externes ne pourront plus recevoir que les impressions essentielles des choses, c’est-à-dire n’en connaître que les Xôyouç, ils recevront de l’ascèse une mission supérieure : la vue ordonnée aux saintes veilles, l’ouïe à la méditation, l’odorat à l’oraison, le goût à la tempérance et le toucher à l’^au/toc rendront possible l’activité xarà <pûaiv des cinq sens de l’âme : esprit, raison, sensibilité intellectuelle, gnoseet science, qui pourront s’adonner harmoniquement, dans les demeures supérieures, à la Œwpîoc et à la ÔeoXoyta, col. 853-856, vi-13.

Le commençant s’adonnera, par ailleurs, au mépris des richesses, col, 925, lvi-lviii, à une humilité vraie de pensée, de parole et d’attitude, col. 912 et 913, xxiv-xxxvii, aux mortifications volontaires et involontaires, col. 994, viii. Si cette double ascèse psychologique et corporelle s’accompagne d’une foi sincère et de désintéressement, l’âme sera revêtue de la première impassibilité, à7râ0eia, et introduite dans la Ôscopîa réservée aux progressants, col. 853, n et m ; 917, xl ; 920, xlii ; 908, xviii ; 893, lxxxix.

2. Le Méaoç.

La vie illuminative ou contemplative

à laquelle l’ascèse était ordonnée comme à son terme, col. 885, lxxiv, vers laquelle elle devait acheminer le commençant sans arrêt, col. 864 et 865, xxviii-xxx, saisit l’âme à son entrée dans rà7râ8eia. col. 937-940, lxxx et l^xxi. La yvwatç tûv ôvtwv fait place à la Œcopîa qui, par les raisons des choses, s’élève vers Dieu, col. 869, xli, en découvre les mystères cachés, col. 968, xxxi. L’esprit se purifie dans la lumière et commence à participer à l’Esprit-Saint, col. 973, xliii, en même temps qu’il découvre en lui-même le royaume de Dieu, col. 900, i. Et quelle différence entre l’âme en progrès et la débutante ! Tandis que celle-là s’enivre de l’écriture, celle-ci n’y trouve que le goût monotone du pain, col. 945, xc ; alors que la première commence à se réjouir dans la souffrance, celle-ci s’y débat à peine résignée, col. 861, xxiv ; le commençant n’a pas trop de la peur du Dieu vengeur pour l’arrêter sur