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455 NICEPHORE DE C() XSTA NTI NOPLE — NICÉPHORE GREGORAS 456

est ricrxopia anJv-0|i.oç, appelée ordinairement Breviarium Nicephori, qui raconte les événements survenus depuis la mort de l’empereur Maurice jusqu’au mariage de Léon IV Khazare (1)02-7(59) : révolutions politiques, guerres, donations aux Églises, querelles religieuses, etc. Photius en fait à bon droit le plus grand éloge au point de vue de l’information et du style (Bibliotheca, cod. 60, P. G., t. ciii, col. 164). Les éditions se sont succédé assez nombreuses depuis celle de Petau en 1616, mais la meilleure est celle deC. deBoor, op. cit. : on trouve le texte grec et une traduction latine dans P. G., t. c, col. 876-994. Saint Nicéphore composa

uiNsi une Chronique abrégée qui va d’Adam à sa

propre mort (829) : divers auteurs l’ont continuée jusqu’en 1 180. Elle se trouve dans P. G. A. c, col. 9951060, et dans ! ’é : lition de Boor, à la suite du Breviarium.

Saint Nicéphore a laissé des canons. Le cardinal l’ilra en a publié jusqu’à 161 dans le t. iv du Spicilegium Solesmense, p. 381-415, alors qu’on n’en connaissait qu’une soixantaine avant lui. Les canons traitent des sujets les plus divers, entre autres ceux de la discipline monastique. On attribue encore à saint Nicéphore, mais avec beaucoup d’hésitation, un Oneirocriticon ou interprétation des songes qui figure sous son nom dans plusieurs manuscrits, entre autres dans les mss. 2494, fol. 198, et 2511, fol. 19, du fonds grec de la Nationale de Paris. H. Omont, Inventaire mammaire des manuscrits grecs de ta Bibliothèque nationale, Paris, 1898, t. ii, p. 270 et 276.

R. Ceillier, Hist. des auteurs sacrés « ecelés., 2° édit., t. xii, p. 274-298 ; Fabricius, Bibliotheca græca, 1714, t. VI, p. 153-154, 295-299, 624-667 ; t. ix, p. 397 ; t. xiii, p. 520 ; Comment. pra’i>. dans les Acla sanctorum, 3e édit., mars, t. ii, col. 289-290 ; A. Mai, Spicilegium minimum, 1812, t. vii, p. xx ; t. x fc, p. 152 ; Nova Pulrum bibliotheca, 1849, t. v, 1, p. 1-114 ; 2, ]). 1-112 ; 3, p. 1-271 ; P. G., t. c, col. 9-1060 ; J.-B. Pitra, Spicilegium Solesmense, 1852, t. i, p. lxv-lxxv, 302-503 ; t. IV, p. 233, 265-380 ; K. Præchter, Zu Nikephorns XpovixôvT -jv-rofiov, dans Byzantin. Zeitschr., 1897, t. vi, p. 331-332 ; Surins, Vitee sanctorum, 1618, t. iii, p. 171-173 ; K. Krumbacher, Ge schichletter byzantin. Literatur.2’édit., 1897, p. 71-72, 349-352.

R. Janin.

5. N ICÉPHORE GREGORAS, philosophe et théologien byzantin, un des plus grands écrivains du xive siècle (1296-1 360). -- I. Vie. IL Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

Né en 1296 à Héraclée du Pont, en Bithynie, Nicéphore à dix ans est orphelin. Il doit s ; i première formation intellectuelle et morale à l’évêque de sa ville natale, Jean, son oncle, le favori des Paléologues. Ce prélat éclairé fait son neveu à son image, passionné d’études et d’ascèse. A vingt ans, en 1316, l’envie de parfaire ses études conduit à Byzance l’élève qui bientôt, s’autorisant du prestige dont jouit son oncle à la cour, frappe aux portes des maîtres les plus célèbres ; il fréquente alors chez le patriarche Jean Glykys, un spécialiste de la grammaire et de la rhétorique ; il obtient du grand logothèse Théodore le Métochite des leçons de philosophie et d’astronomie. Cet esprit curieuxet impatient de savoir reprend par la base l’instruction reçue en province : il ne garde de sa première éducation que les graves leçons de morale chrétienne, qui le soutiendront si efflcàcemment dans les multiples infortunes de sa vieillesse. L’empressement que ces maîtres réputés mettent à satisfaire les désirs du jeune homme, l’accueil bienveillant qu’il reçoit de l’empereur lui-même, l’attachent a la dynastie des Paléologues et expliquent l’altitude antipalamite qu’il aura plus tard. Andronic II, à l’encontre de son père, se soucie peu d’expéditions militaires ; pendant que les Turcs s’approchent de Byzance, une cour de

savants et de lettrés, organisée sur les bases d’une véritable académie, effort sur le Bosphore les soucis du basileus. Dans ce milieu, Grégoras règne bientôt. Le chartophylacat de la Grande-Église est aussitôt offert à son jeune talent. L’écrivain refuse l’honneur, se promettant de n’être jamais que célibataire et laïque endurci. Arrivé à la trentaine. Grégoras lit énormément, produit beaucoup et disserte plus encore. Il entre dans la politique par la voie de la diplomatie, lors d’une légation en Serbie, mais ce n’est qu’un intermède, car l’ambassadeur retourne aussitôt à ses livres. Il a bientôt traité de tout, théologie, science, philosophie, littérature ; il incarne déjà la culture encyclopédique des universités byzantines. Ses compositions hagiographiques sont adoptées par l’Église qui commande de les faire lire pendant les divins offices. Il est prié d’ouvrir des cours publics. Le nouveau professeur installe sa chaire au couvent de C.hora. à deux pas des palais impériaux (sur le programme et le fonctionnement de ce centre d’études, cf. Fr. Fuchs, Die hùheren Schulen van Konstantinopel, Berlin. 1926, p. 62-65) et mérite bientôt le titre envié de philosophe. Venu d’une lointaine région, Grégoras connaît dès lors la plus belle fortune qu’un lettré de province pût envier. Mais l’épreuve vient aussitôt : le 24 mai 1328, Andronic II abdique en faveur de son petit-fils. Cette déchéance forcée entraîne celle des ministres et des favoris ; les biens des uns et des autres sont confisqués. Grégoras qui a le courage de marquer sa fidélité à ses bienfaiteurs malheureux, tombe dans le marasme ; puis dégoûté de la vie de cour et d’intrigues, semble vouloir s’isoler dans des recherches scientifiques. Il commente les Harmoniques de Ptolémée et discute à l’avenant, même avec des Latins, sur des questions d’astronomie, se rapproche d’Andronic 1 1 1 et se lie jusqu’à l’intimité avec le grand domestique Jean Cantacuzène qui bientôt, sur le trône de Byzance, sera son ennemi acharné. Il est aux yeux de ses compatriotes, depuis la retraite de son maître Théodore le Métochite, le type de l’intellectuel achevé, lorsque un incident ajoute encore à sa popularité. Le moine calabrais Barlaam, féru de scolastique, le provoque à un débat public sur la philosophie. L’auditoire grec acclame l’avocat de sa nation et chasse de la capitale le contradicteur latin. Ce succès, dû à la faveur du peuple, lui permet de rouvrir son école où la clientèle alïlue vite. Il réapparaît alors au premier plan de la vie publique ; il tranche d’autorité la question de la réforme du calendrier, et fait échouer les pourparlers engagés en vue de l’union des Églises : surtout, après un moment d’hésitation, il combat le palamisme.

Grégoras et la réforme du calendrier. — La question avait, au cours du xme siècle, préoccupé l’Occident, mais les esprits là-bas s’étaient bientôt lassés de fatigantes recherches. A Byzance, il n’y eut jamais de courant en faveur d’une réforme si grosse de conséquences ; c’est à peine si le problème avait été agité par de rares dilettantes. Les hasards d’une séance d’académie amène Grégoras à exposer devant l’empereur, le Sénat et une docte compagnie une. solution originale qui obtient les suffrages de tous et dont chacun souhaite la prompte application. Andronic II. pour de graves raisons politiques, oppose sa volonté aux vœux de l’assemblée. Grégoras. dépilé, se console en rédigeant sur le sujet un Mémoire qu’il a consigné dans son Histoire byzantine, (P. <>'.. t. cxi.vni, col. 548-560) et en publiant un conquit pascal demeuré manuscrit. Il est difficile d’établir quels rapports existent entre les travaux de l’astronome byzantin, et les recherches qu’en 1345 Clément VI ordonnera sur le même sujet.

Grégoras et l’union des Églises. — Grégoras n’aime