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NICÉK (IIe CONCILE DE


mière partie de son enquête le 53e canon des Apôtres, il passe sous silence le 09° qui rejette la validité des ordinations conférées par les hérétiques. Il est aussi difficile d’admettre qu’un patriarche de Constantinople ait ignoré la lettre de son Église à Martyrius d’Antioche, ainsi que le rituel deTimothéede Constantinople, deux pièces défavorables à la validité des ordinations conférées par les hérétiques. Cf. Saltet, Les réordinations, Paris, 1907, p. 106 sq.

Le concile renvoya l’affaire des évoques iconoclastes à une date ultérieure ; ils furent réintégrés sans débat à la ui° session.

IIe session. — La deuxième session eut lieu le 26 septembre. Après le renvoi de l’affaire de la réintégration de l’iconoclaste Grégoire, évêque de Néocésarée à une date ultérieure, on lut les lettres du pape à Irène et à Taraise. Dans sa lettre, Adrien explique à l’impératrice que saint Pierre a reçu du Seigneur le pouvoir de lier et de délier, pouvoir qui est passé à ses successeurs (le texte grec dit que Pierre et Paul ont reçu ce pouvoir et que les papes sont les vicaires des deux Apôtres). Or, les successeurs de Pierre ont toujours été favorables à la vénération des images. Comme preuve, le pape citait les Gesta Sylvestri qui racontent que Constantin, malade de la lèpre, vit en songe les apôtres Pierre et Paul, qui lui dirent de faire venir le pape Sylvestre alors caché au mont Soracte à cause de la persécution ; Sylvestre lui indiquerait une piscine dans laquelle il recouvrerait la santé si le pape consentait à l’y plonger trois fois. Ayant fait venir Sylvestre, Constantin lui demanda quels étaient ces deux dieux, Pierre et Paul. Le pape expliqua à l’empereur que c’étaient les deux apôtres et les lui montra représentés sur une image. Alors Constantin s’écria que c’étaient ces deux hommes qui lui étaient apparus, et que la preuve était faite que sa vision venait de Dieu. La lettre d’Adrien continuait en rappelant les efforts de ses prédécesseurs depuis Grégoire II en faveur du culte des images, et en défendant ce culte du reproche d’idolâtrie. Comme preuve scripturaire en sa faveur, Adrien allègue les chérubins, l’arche d’alliance, le serpent d’airain, figure du Christ, et le respect témoigné par le psalmiste à la représentation de la face divine. Ps. xxv, 8 ; xxvi, 8 ; xliv, 13. Comme autorités patristiques en faveur des images, le pape cite Grégoire de Nysse, Basile, Jean Chrysostome, Cyrille d’Alexandrie, Athanase, Ambroise, Èpiphane, Etienne de Bostra, Jérôme. La suite de la lettre du pape à Irène ne fut pas lue au concile. Elle contenait les conditions mises par Adrien à sa participation au concile, dont nous avons déjà parlé, la revendication des patrimoines de l’Eglise romaine confisqués par les empereurs iconoclastes, la protestation du pape contre le titre de patriarche œcuménique pris par Taraise, le blâme infligé à l’Église de Constantinopie d’avoir élu Taraise, un simple laïque, comme patriarche. Voir la lettre du pape à Irène dans Mansi, t.xii, col. 1056-1075. La lettre d’Adrien à Taraise qui fut lue ensuite ne contient rien de nouveau. Cf. Mansi, t.xii, col. 1078-1084 ; Jafîé, n. 2448, 2449.

Sur la demande des légats romains, Taraise déclara adhérer à la doctrine des lettres du pape. « Nous vénérons les images, dit-il, d’un culte relatif, n^exixôj 7rô0cp TCpoaxuvoù[iev, parce qu’elles ont été faites au nom du Christ, de sa mère, des anges et de tous les saints, mais nous réservons pour Dieu seul notre adoration et notre foi, Xaxpstav Jtort 7Ûaxiv. » Mansi, t.xii, col. 1086 B. Sur la proposition des légats romains, on procéda ensuite au vote nominal : 263 Pères déclarèrent adhérer à la doctrine exposée dans les lettres du pape. Après les, évêques, les

moines présents donnèrent eux aussi leur adhésion. De même que le concile de Chalcédoine avait accepté le tome de Léon, le deuxième concile de N’icée, avant toute discussion sur le fond, donna son adhésion aux lettres du pape Adrien I er.

ni’session, ’28 septembre. — Après la réintégration de Grégoire de Néocéssrée et des. sept évoques mis en cause à la i ro session, Taraise invita ceux qui avaient subi des mauvais traitements de la part des évêques iconoclastes à déposer leurs plaintes. Le reste de la session fut rempli par la lecture de la synodique de Taraise, de la réponse qui lui avait été faite par certains moines des patriarcats orientaux, enfin de la synodique du défunt patriarche de Jérusalem, Théodore.

Dans sa synodique, Taraise professe sa foi à la Trinité et à l’incarnation, il reconnaît les six conciles œcuméniques (il attribue les canons du Quinisexte au VIe concile) ; il anathématise individuellement tous les hérétiques, parmi lesquels il range le pape Honorius, mais il passe sous silence la condamnation des Trois-Chapitres ; enfin, il accepte le culte des images et rejette le concile iconoclaste. d’Hiéria. Voir le texte dans Mansi, t.xii, col. 1119-1128.

La lettre des moines orientaux explique pourquoi les envoyés de Taraise n’ont pu s’aboucher avec les patriarches soumis aux musulmans. Elle prie d’excuser leur absence au concile. Cela ne pourra lui porter préjudice, ajoute-t-elle, car ils ne parurent pas non plus au VIe concile dont l’œcuménicité n’est pas contestée. C’est « principalement parce que le très saint et apostolique pape de Rome était d’accord avec lui et présent par ses « apocrisiaires » qu’il en fut ainsi. Mansi, t.xii, col. 1134 E. C’est pourquoi, ajoute la lettre, de même que la foi de ce concile a pénétré par toute la terre, de même celle du futur concile, par suite de l’infervention de Taraise et de celui qui gouverne le siège du prince des Apôtres, seraprêchée partout. » Mansi, t.xii, col. 1135. Voir le texte complet de cette lettre dans Mansi, t. xii, col. 1128-1136.

Dans sa synodique, Théodore de Jérusalem débute par une profession de foi à la Trinité et à l’incarnation ; il accepte les six conciles œcunémiques et anathématise individuellement tous les hérétiques, ainsi qu’Honorius de Rome. Visant le concile d’Hiéria, il n’estime pas qu’un septième concile soit nécessaire après les six universellement reconnus, car il n’y a rien dans les traditions apostoliques ou les décisions des Pères qui ait besoin de correction où de développement. Mansi, t.xii, col. 1142 E. Théodore admet le culte des reliques et des images parce que, selon saint Basile, le culte rendu à l’image va à celui qu’elle représente. Col. 1146 A. Ensuite, les légats romains déclarèrent que la lettre de Taraise, celle des moines orientaux, ainsi que la synodique de Théodore étaient en parfait accord avec la lettre du pape Adrien. Les membres du concile s’exprimèrent dans le même sens. C’est à cette occasion que Constantin, évêque de Constantia dans l’île de Chypre, prononça les paroles qui furent si mal rendues par le traducteur latin, ci-dessus, col. 419.

IVe session, 1° octobre. — La iv° session est consacrée à la démonstration du bien-fondé du culte des images par la sainte Écriture et par les Pères.

Comme preuves scripturaires, le concile retint : Ex., xxv, 17-22, qui parle de l’arche d’alliance et des chérubins ; Ezech., xli, 1, 15, 19, qui parle des chérubins au visage humain ; saint Paul, Heb., ix, 1-5, qui parle aussi des chérubins. Taraise expliqua que, si l’Ancien Testament avait des chérubins qui projetaient leur ombre sur le trône de grâce, nous devons avoir les images du Christ et des saints qui protègent de leur ombre notre trône de grâce. II