Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/217

Cette page n’a pas encore été corrigée
419
420
NIGEE lie CONCILE DE


Constantinople. encore peu sûre, mais à Nicée en Bithynie. Sur l’échec de la réunion du concile à Constantinople et sur les mesures prises par Irène pour rendre possible sa célébration, voir ici même, t. vi, col. 585 sq.

II. Les actes et les délibérations.

1° Texte et versions des actes. — Le texte grec des actes du deuxième concile de Nicée est édité d’après trois mss., deux de la Vaticane et un troisième ayant appartenu à un archevêque de Tarragone, Antoine Augustin. Voir la note de Binius dans Mansi, Concil., t. xiii, col. 486.

Immédiatement après le concile, le pape Adrien I er fit faire une traduction latine des actes ; elle est perdue à l’exception des fragments conservés par les Livres carolins. Sous le pontificat de Jean VIII (872-882), Anastase le Bibliothécaire disait de cette traduction que son auteur « ignorant le génie de chacune des deux langues, avait traduit d’une manière tellement servile que, rarement ou même jamais, on n’arrivait à saisir le sens, de sorte que cette version rebutait le lecteur et était tombé dans un profond discrédit. » Mansi, t.xii, col. 981 ; P. L., t. cxxix. col. 195 C.

Un fragment de cette version conservé par les Livres carolins nous permet de constater le bien-fondé du jugement d’Anastase. A la troisième session du concile, le texte grec des actes fait dire à Constantin, évêque de Constantia dans l’île de Chypre : ô^iôçpcov yl-yioLOLi… 8zy_6y.sioç x.cà à<T7taÇ6(jievoç tptixcoç t « ç àytaç xal aeTTTàç etxôvaç. xal ttjv xocrà Xaxpsîav T : poax’ivy]Cf(.v 16vr] TÎj ÛTrspouaîco xai Ça>ap)(t.xYJ TpiâSt. àva7TS(ji.Trco (Je suis du même avis, je reçois et salue avec respect les saintes et vénérables images. Quant au culte de latrie, je le réserve à la Très Sainte-Trinité). Mansi, t.xii, col. 1147. Voici comment la première version latine rend ce passage : Suscipio et amplector honorabililer sanctas et venerandas imagines secundum servitium adorationis quod consubstantiali et vivificalrici Trinilati emitto. On comprend l’indignation du rédacteur des Livres carolins à la lecture de cette énormité. Voir Livres carolins, t. III, c. xvii, P. L., t. xcviii, col. 1148. C’est pour éliminer cette fâcheuse version qu’Anastase le Bibliothécaire, qui avait déjà traduit les actes du VIIIe concile, en fit une nouvelle ; c’est celle qui est imprimée dans les collections de Hardouin et de Mansi, en regard du texte grec, sans le grec dans P. L., t. cxxix, col. 195-512. En 1540, fut imprimée à Cologne une troisième version latine des actes du IIe concile de Nicée. Le cardinal Baronius l’estimait bien inférieure à celle d’Anastase. Voir la note de Binius dans Mansi, t. xiii, col. 485. Elle est imprimée dans Mansi, t. xiii, col. 497 sq. Ces deux dernières versions latines présentent la même lacune, elles ne donnent pas le procès-verbal de la vin 6 session, elles se contentent d’en traduire les canons. Il se pourrait que cette lacune ait été volontaire, au moins de la part d’Anastase. Les Livres carolins, I. III, c. xiii, P. L., t. xcviii, col. 1136, reprochent au concile de Nicée d’avoir admis une femme dans son sein pour y enseigner, contrairement à la sainte Écriture ; or, d’après les Actes grecs, c’est Irène qui présida la viiie session du concile et qui y prit la parole. Mansi, t. xiii, col. 413 sq. Il ne nous semble pas impossible qu’Anastase ait omis de traduire le procès-verbal de cette séance pour esquiver ce reproche ; peut-être aussi a-t-il considéré la vin’session comme une séance d’apparat sans importance. La traduction latine du procès-verbal de la vme session du concile, imprimée en regard du texte grec dans Mansi, est l’œuvre de Binius.

Les sessions conciliaires.

i re session. — Le

24 septembre 787, les Pères du concile se réunirent au nombre d’environ 300 dans le sanctuaire de l’église

Sainte-Sophie de Nicée. A l’exception des deux envoyés des patriarcats soumis à la domination musulmane, tous étaient des sujets de l’empire byzantin. Les deux légats romains, Pierre, archiprêtre de Saint-Pierre, et Pierre, abbé de Saint-Sabas, étaient eux aussi, au moins en théorie, soumisà l’autorité impériale. L’évangile était placé sur un trône au milieu de l’assemblée. Devant l’ambon siégeaient les représentants impériaux, le patrice Pétronas et le logothète Jean ; derrière eux se trouvaient les archimandrites, les higoumènes et un grand nombre de moines. Mansi, t.xii, col. 999. Sur la proposition des évêques de Sicile, la présidence fut déférée à Taraise ; toutefois les légats romains signèrent toujours en premier lieu et figurent toujours en tête sur les listes de présence.

Taraise inaugura sa présidence en exhortant les Pères du concile à la brièveté dans la discussion, invitation qui, malheureusement, n’eut qu’un succès fort relatif. Mansi, t.xii, col. 999. Après la lecture de la lettre impériale qui, conformément aux conditions posées par le pape, garantissait la liberté du concile et prescrivait la lecture des lettres du pape ainsi que de celle des Églises d’Orient soumises au calife, le concile consacra le reste de la première session à régler des questions de personnes. Voir la lettre impériale dans Mansi, t.xii, col. 1001 sq. Trois évêques iconoclastes furent admis à siéger au concile, après avoir lu une profession de foi condamnant le concile d’Hiéria et les coryphées du mouvement iconoclaste, proclamant la légitimité du culte des images qui n’est pas une idolâtrie, et anathématisant ceux qui refusent de vénérer les images. Mansi, t.xii, col. 10081016. L’admission de sept autres évêques iconoclastes qui avaient contribué à l’échec de la réunion du concile à Constantinople l’année précédente n’alla pas sans difficultés ; les moines surtout s’y montraient opposés. Pour trancher leur cas, on lut d’abord douze textes patristiques plus ou moins favorables à la réintégration des clercs tombés dans l’hérésie et revenant à résipiscence. Alors Sabas le Studite demanda si les évêques en ^question avaient été ordonnés par des iconoclastes ; c’était soulever la question de la validité des ordinations conférées par des hérétiques. Cinq textes patristiques furent lus pour élucider cette question : Socrates, H. E., II, xxvii, xxxviii, P. G., t. lxvii, col. 272, 423, qui rapporte qu’Acacc le Borgne et Patrophile établirent Cyrille comme évêque de Jérusalem après avoir chassé Maxime ; un passage de Théodore le Lecteur et le début des actes du concile de Chalcédoine d’où il ressortait qu’Anatole avait été- établi évêque de Constantinople à l’instigation de Dioscore, ce qui ne l’avait pas empêché de siéger à Chalcédoine ; un passage de la Vie de saint Sabas, moine de Jérusalem au vie siècle, au dire duquel Jean, établi évêque de Jérusalem par Sévère le monophysite, fut néanmoins reconnu par les moines, dès qu’il eut accepté le concile de Chalcédoine ; un passage enfin de la lettre de saint Basile aux Nicopolitains, dans laquelle il déclare ne pas reconnaître comme évêque celui qui a reçu l’épiscopat de mains profanes pour la destruction de la vérité. Comme les moines insistaient sur ce dernier texte pour résoudre la question par la négative, Taraise se contenta de répondre que les Pères étaient toujours d’accord entre eux. Mansi, t. xiii, col. 1050. Du reste, il avait déjà fait remarquer qu’au VIe concile beaucoup d’évêques ordonnés par des monothélites avaient siégé sans opposition. Mansi, t. xiii, col. 1045.

Il semble bien que Taraise ait mené son enquête patristique avec quelque complaisance ; car sans cela il est inconcevable qu’après avoir cité dans la pre-