Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée
405
406
NICÉE (I er CONCILE DE)


qucr que, sous prétexte de concorde, un certain nombre d’évêques voulaient se contenter du rejet de la doctrine arienne en s’en tenant aux anciens symboles de la foi. C’est probablement dans cet ordre d’idées qu’Eusèbe de Césarée proposa de terminer le litige par l’adoption du symbole de son Église. Voir la lettre d’Eusèbe à son Église pour expliquer Bon attitude à Nicée, lettre conservée par Socrates, II. E., I, viii, P. G., t. i.xvii, col. 69. En effet, le texte proposé par Eusèbe pouvait contenter tout le monde, car il était susceptible d’une interprétation arienne aussi bien que d’une interprétation orthodoxe. Eusèbe prétend que son texte fut accepté par tous et qu’on ne lui demanda que l’insertion du terme consubstantiel. Cf. Socrates, loc. cit., col. 72. Toutefois, les modifications exigées par le concile furent plus importantes. La comparaison du texte d’Eusèbe et du symbole promulgué finalement le démontre de toute évidence

Eusèbe

iliaTsûo^ev eîç ëva 0eov riccrépa 7ravTOxpdcTopa, tÔv tûv à7ràvTov ÔpOCTWV TE

Xal àopXTCOV 7TOt, Y)TY)V.

Kai sic Ëva xôpiov’Iyjaoûv Xpiaxôv, tÔv toû 0£oû Xôyov. 0eÔv ex 0soô, Çwyjv Èx Çwtjç, ulôv (xovoyevTj, topcotôtoxov tox<ri)ç xxtæoç, Ttpà tuocvtcov twv aîwvcov Èx toû 0eoû TOXTpôç YsyEvv^uivov, 8V ou xal ÈysvsTO Ta toxvts, tôv Sià tt)v r^sxépav ou-TTjpîav a « pxa>OévTa xal èv àvOpcaTîoiç TCoXt, TeuCTà(jievov xal TzaQôvztx xal àvaaxâvTa tt ; TpCrfl YjfAÉpa xal àveXOôvra rcpôç tov TOXTÉpa xal YjÇovTa 7ràX(.v sv SôÇyj xpïvai Çwv-aç xal vrxpoûç.

niaTÉiio^ev xal sic 8v 7rv£’j(jia ayiov, toûtcov sxaotov sïvai xal ÛTOxpxsiv, ttio-teûovtsç mc-répa àXy, 0œç TcaTÉpa, xal uîôv àXy0â>ç ulov, xal uv£Û(xa ayiov àXy ( 0â>ç ayiov TOvsû(i.a, xa6wç xal 6 xûpioç T)ji.civ àrtoaTÉXXwv sîç tô XTjpuvji.a ioùç ÉauTOÙ [xa 0Y]Tàç S17ÏS - IIop£U0£VT£Ç

[i.a07]T£>jaaT£ roivTa ta ë8vï).

Traduction.

Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes choses, visibles et invisibles.

Et en un Seigneur Jésus-Christ, le Verbe de Dieu, lumière de lumière, vie de vie, Fils unique, premier né de toute la création, engendré du Père avant tous les siècles ; par qui tout a été fait ; lequel, pour notre salut, s’est fait chair et a habité parmi nous, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté vers son Père, reviendra dans la gloire pour

Nicée

niCTTEUO[i.£V EIÇ EVa 0sÔv

riarépa TOxvTOXpaTOpa, toxvtcov ôpaTwv te xal àopaTwv ttoiyjtyjv. Kal eîç sva xûpiov’Iyj OOÙV XpiCTTÔV, TÔV UÎÔV TOÛ 0£O’J, y£VVY)08VTa EX TOU

roxTpôç [i.ovoysvyj, toutsotiv êx ttjç oûolaç TOÛ

TOXTpOÇ, 08OV SX 0EOÛ, CpÛÇ ÈX ÇCÛTOÇ, 0eÔv àXyj01vôv ÈX

0eou àXyjOivoû, ysvvyjOsvTa

OÙ 7TOlY]08VTa, ÔfjlOOÛaiOV

tû TOXTpî, Si’oû Ta TiâvTa

ÈyÉvSTO, Ta TE ÈV TOI

oùpavw xal Ta Èv Tfj yfj, tov Si’Yj(i.aç toùç àvOpco TtOUÇ Xal Stà TYjV Y]|i, £TÉpaV

awTYjpîav xaTsXôôvTa xal aapxwOévTa, iraGôvTa xal àvaaTavTa tt) TpÎTY) yjuspa, àvsX06vTa eîç toùç oùpavoûç, ÈpxôfXEvov xpîvai ÇôvTaç xal VEXpoûç.

Kal sic tô TCVEÙjjia ayiov. Toùç Se XsyovTaç* yjv ttots ots oùx fy, r oùx 9jv 7Tplv ysvvrjGrjvai, ’/) ÈÇ oùx Ôvtwv Èys£T0, : q èc, ÉTÉpaç ùtco-CTTaaEwç r, oùalaç 9âaxov-Taç EÏvai, YJ XTIC7TÔV Y) TpSTCTOV 7) àXXoiCOTÔV TOV UÎÔV TOU 0EOÙ, TOÛTOUÇ

àvaŒ[AaTÎ^st, yj xaGoXixyj xal â.noozokiy.ri toù 0eoù’ExxXyarîa.

Traduction. Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant créateur des choses visibles et invisibles, et en un Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, seul engendré du Père, c’est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été créé dans le ciel et sur la terre ; qui est descendu du ciel pour nous et notre salut, s’est incarné, s’est fait homme, a souffert, est ressuscité le

juger les vivants et les morts.

Nous croyons en un saint Esprit.

Nous croyons que chacun de ceux-ci existe véritablement, le Père qui est véritablement Père, le Fils, qui est véritablement Fils, le Saint-Esprit, qui est véritablement Saint-Esprit, ainsi que le Seigneur l’a dit, en envoyant ses disciples pour la prédication : Allez, enseignez toutes les nations.

troisième jour, est monté aux cieux, et il viendra juger les vivants et les morts.

Et au Saint-Fsprit.

Ceux qui disent : Il y a eu un temps où il n’était pas, et il n’était pas avant d’être engendré, il est né du néant, ou qui soutiennent qu’il est d’une autre hypostase ou d’une autre substance (que le Père), ou que le Fils de Dieu a été créé, qu’il n’est pas immuable, mais soumis au changement, l’Église catholique les anathématise.

Il est à remarquer que dans l’anathématisme final les termes oùffîa et ûtootaoiç sont équivalents.

Le symbole d’Eusèbe s’applique à n’employer autant que possible que des’termes scripturaires ; celui de Nicée est plus net et plus précis ; il remplace le vocable Logos de Dieu, par celui de Fils de Dieu ; il précise le terme seul engendré de Dieu, par l’addition c’est-à-dire de la substance du Père ; il explique engendré par non créé ; il introduit le terme consubslan’icl, ô(i.ooûatoç ; enfin, dans les anathématismes, il condamne formellement les principaux points de doctrine d’Arius.

Dans le De decretis Nicœnæ synodi, Athanase nous donne la raison de ces précisions. Le concile ne s’est pas contenté de dire que le Fils est de Dieu, il a précisé qu’il est de la substance du Père pour montrer qu’ « il n’y a rien de commun entre le Fils et les créatures ; que tout a été créé, mais que le Fils seul est de Dieu. » S’il s’était contenté de dire que le Fils est de Dieu, les partisans d’Arius n’auraient pas manqué de se servir du texte de saint Paul, tout est de Dieu, I Cor., viii, 9 ; II Cor., v, 17, 18, pour ravaler le Fils au rang des créatures. De decretis, P. G., t. xxv, col. 448 sq.

A l’exemple d’Eusèbe, le concile voulait aussi préciser la doctrine sur le Fils de Dieu en se servant de termes scripturaires, comme vertu de Dieu, éternelle image du Père, parfaitement semblable au Père, immuable et vrai Dieu. Mais, comme les partisans d’Arius n’auraient pas manqué de faire observer que ces expressions n’allaient pas contre leur doctrine, puisque dans saint Paul, l’homme est appelé image de Dieu, splendeur et vertu de Dieu, I Cor., xi, 7 ; les sauterelles elles-mêmes étant qualifiées par le prophète Joël de vertu de Dieu, Joël, ii, 25 ; le terme immuable étant lui-même applicable à l’homme, puisque saint Paul écrit que rien ne peut nous séparer de la vertu de Dieu, Rom., viii, 35 ; pour couper court à toutes ces arguties, le concile introduisit dans le symbole le terme consubstantiel.

Athanase nous donne la signification de ce terme : « Les évêques ont écrit que le Fils est consubstantiel au Père, pour montrer qu’il est non seulement semblable, mais le même par la similitude qui provient de sa génération par le Père, TaÙTÔv tt) ôfiotcûoEt, Èx toû TOXTpôç, et pour montrer que la similitude et l’immutatilité du Fils est différente de l’imitation de Dieu, que nous pouvons réaliser parla vertu et l’observation des commandements. Car, sous le rapport corporel, deux choses peuvent se ressembler, sans être l’une dans l’autre et tout en étant séparées par un long espace, comme il en est des enfants et de leurs parents… ; il n’en est pas ainsi des rapports du Père et du Fils. Le Fils n’est pas seulement semblable au Père ; il est encore inséparable de la substance du Père. Lui et le Père sont un, comme il le dit lui-même, et toujours le Père est dans le Verbe comme le Verbe dans le Père ; c’est absolument le même rap-