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NICÉE (1er CONCILE DE)

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NICEE (i » concile DE). — I. Actes. II. Convocation. III. Membres. IV. Débats. V. Canons. VI. Conclusion.

I. Actes.

La préface de la collection des canons

arabes du concile de Nicée affirme que les actes de cette assemblée formaient plus de quarante volumes ou rouleaux. Mansi, Conc. amplisi. collect., t. ii, col. 1062. Toutefois, en fait de procès-verbaux des séances du premier concile général, rien ne nous est parvenu, à moins qu’on ne considère comme authentiques les fragments contenus dans le Syntagma de Gélase de Cynique. Ce dernier écrivit, au temps de la rébellion de Basilisque, contre l’empereur Zenon (476-477), une Histoire ecclésiastique en trois livres, qui va de l’avènement de Constantin au concile de Tyr de 335. aélase, édit. Loeschke-Heinemann du Corpus de Berlin, 1918, préf., p. 3. La partie narrative de cette histoire est une compilation tirée d’Eusèbe, de Rufin, Je Théodoret, de Socra’tes, ainsi que d’un certain Jean qui est totalement inconnu. Voir le tableau des sources de Gélase, édit. cit., p. xxx. Gélase prétend avoir eu à sa disposition dans sa jeunesse un livre qui avait appartenu à Dalmatius, archevêque de Cyzique, et qui contenait « tout ce qui avait été dit, fait et enseigné dans la très sainte assemblée de Nicée. » Gélase, préface, p. 2. A l’en croire, Gélase aurait fait de copieux extraits « des arguments opposés par les Pères du concile aux blasphèmes des ariens ; … des objections faites par des philosophes soudoyés par Arius, ainsi que de la réfutation qu’elles eurent à subir ; … des enseignements des Pères concernant l’unique divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ainsi que de l’incarnation… ; enfin des divines et apostoliques pensées de l’empereur Constantin. » Gélase, préface, p. 2, 3. Le deu-xième livre du Syntagmi contient un certain nombre de pièces qui semblent bien correspondre à ces extraits du livre de Dalmatius. Ces pièces sont : le discours d’ouverture du concile par Constantin, II, vu ; la profession de foi d’Hosius, II, xii ; un dialogue entre le philosophe Phédon et différents Pères du concile, traitant de la cônsubstantialité du Fils et du Saint-Esprit ainsi que de l’incarnation, II, xiv-xxiv ; enfin des diatyposes ou enseignements divers, II, xxxi. Dans un mémoire intitulé Das Syntagma des Gelasius von Cyzicus, publié dans le Rhcinisches Muséum fur Philologie, t. lx, p. 594 sq. ; t. lxi, p. 34 sq., Loeschke a essayé de démontrer l’authenticité de ces pièces, le livre de Dalmatius n’étant selon lui que la collection des actes ou procès-verbaux du concile de Nicée.

^jDans le Discours d’ouverture donné par Gélase, Constantin glorifie l’Église, le Christ et ses miracles ; il attaque le paganisme et l’idolâtrie, exhorte à la concorde, et invite les membres du concile à chercher la solution des points en litige dans les écrits inspirés. Gélase, H. E., p. 46-53. Loeschke n’a pas de peine à lémontrer que ce discours correspond bien à la mentalité de Constantin. Rheinisckes Muséum, t. lxi, p. 57 sq. Toutefois, il est à remarquer que le discours d’ouverture donné par Eusèbe, Vita Constantini, III, xii, ne contient que l’exhortation à la concorde. Voir col. 403. Théodoret a bien lu la dernière phrase du discours rapporté par Gélase, c’est-à-dire l’invitation faite aux Pères de chercher la solution des points controversés dans les écrits inspirés ; mais, dans son compte rendu, il ne fait parler l’empereur que de la concorde. Théodoret, H. E., i, vii, éd. Parmentier du Corpus de Berlin, p. 32. L’authenticité du discours donné par Gélase nous semble donc douteuse du fait de ces divergences.

La Profession de foi d’Hosius enseigne l’unique divinité, l’unique oW.oc du Père, du Fils et du Saint Esprit, sans confusion ni séparation des hypostases de l’ineffable Trinité. Gélase, II, xii, p. 60. Mîav OsÔtyjtoc xal tt)v ocottjv oùaiav ôp.oXoyr)Tsov rcpoç’Ô[J.côv toô TzoLzpbç, xal toû uïoû xal Toù àylou 7TV£i)(ia-oç, où aoyxucri.v Siaîpeaiv twv ttjç àppï)TOo èxswTjç xal [jiaxapîaç TpiâSoç Û7TOCTTâastov XT]puTtôvtwv y)|iûv. Pour rendre plausible l’authenticité de cette profession de foi, Loeschke fait état du renseignement donné par Socrates, selon lequel, avant le concile de Nicée, Hosius aurait discuté, à Alexandrie, la question de l’oùala et de l’ÔTtoa-c-aai. :  ;. Socrates, H. E., III, vit, P. G., t. lxvii, col. 393. Mais, si Hosius à Nicée a professé la cônsubstantialité du Saint-Esprit, comment expliquer le fait que le symbole ne la proclame pas ? Pourquoi saint Athanase n’en dit-il rien dans ses lettres à Sérapion, qui précisément traitent cette question ? Si Hosius à Nicée a professé l’unité de ï’ousie divine et la trinité des hypostases, comment expliquer le fait que les anathématismes du concile prennent les termes ousie et hypostase comme équivalents ? Comment expliquer la répugnance de tant d’orthodoxes à admettre la théologie des hypostases, quand elle fut enseignée par les Cappadociens ? L’authenticité de la profession de foi d’Hosius, telle que la donne Gélase, nous semble donc inadmissible.

Le Dialogue contient des interrogations posées par un philosophe nommé Phédon, et les réponses qui leur furent données par Hosius, Eustathe d’Antioche, Léonce de Césarée de Cappadoce, Eupsychius de Tyane, Eusèbe de Césarée et Protogène de Sardique. Gélase, H. E., II, xiv-xxiv, p. 64-101. Protogène de Sardique y enseigne « une seule divinité de la Sainte Trinité en trois hypostases parfaites et égales », jjicc Œôttjç ttjç àylaç TpiâSoç èv rpialv ùnouziazGiv TeXslaiç xal ïaaiç vooojxévY). Édit. Loeschke, p. 86. Les raisons alléguées plus haut contre l’authenticité de la profession de foi d’Hosius valent aussi contre cette partie du dialogue attribué à Protogène.

Loeschke croit pouvoir démontrer l’authenticité de la partie du dialogue attribués à Eusèbe de Césarée, par la constatation de quelques similitudes d’expressions avec certains passages d’écrits authentiques d’Eusèbe. Rhein. Mus., t. lxi, p. 68 sq. Il ne voit de difficulté que dans l’explication de Prov., vii, 22, attribuée à Eusèbe par Gélase. Tandis que, aussi bien avant Nicée, dans la Démonstration, qu’après Nicée, par exemple dans le Traité contre Marcel, Eusèbe explique ce verset des Proverbes comme visant le Logos divin, dans le dialogue, il l’interprète de la raison humaine préexistante. Gélase, p. 71. Selon Loeschke, la divergence s’expliquerait parce qu’avant Nicée Eusèbe enseignait que les écrivains sacrés avaient employé indistinctement xxiÇeiv et yevvav, par exemple, Demonstr. evang., V, i ; mais qu’au concile, pareille « naïveté » n’était plus de mise. Rheinisches Muséum, t. lxi, p. 73. Et cependant, longtemps après Nicée, dans le deuxième discours contre les ariens, c. iii, Athanase enseigne encore la même « naïveté », en écrivant : « Les saints, à propos du Verbe, au lieu de : l’a engendré emploient aussi : l’a fait. Le mot est indifférent, pourvu que la nature soit reconnue. » P. G., t. xxvi, col. 152. Dans le dialogue, Eusèbe conclut.de Gen., i, 26, à la cônsubstantialité et à l’homotimie du Fils et du Saint-Esprit. Cf. Loeschke, op. cit., p. 82. Conçoit-on qu’Athanase, qui par deux fois dans le De decretis Nicœnæ synodi, et dans YEpist. ad Afros, est. si heureux de rappeler que finalement Eusèbe a accepté 1’ôji.ooûaioç, aurait passé sous silence l’intervention d’Eusèbe, en plein concile, pour l’homoousie et l’homotimie du Fils et du Saint-Esprit ?