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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), SOTERIOLOGIE


il dit, parlant du baptême : Ecce pueri ab infanlia sua baptizantur, non quidem in remissionem peccatorum — quomodo enim ? ecce non peccaverunt — sed in adoptionem filiorum, ut accipiant primitias spiritus ad mysterium resurrectionis et redemptionem corporum suorum. Op. cit., trad., p. 116.

Le synode de Georges I er, en 680, exprime de manière positive la doctrine qui est désormais la seule reconnue. Après avoir parlé de la création de l’homme et de l’admiration que la beauté de cette nouvelle créature suscita parmi les « natures spirituelles », c’est-à-dire parmi les anges, il continue :

Mais il y en eut parmi ceux-ci qui furent au contraire excités par la jalousie et la méchanceté, et se laissèrent entraîner dans l’abîm de l’orgueil et au mépris de l’homme. Quand notre Dieu bon vit cela, il les priva de leur honneur et les déposséda de leur puissance, c’est-à-dire le Calomniateur, qui avait été préposé a la puissance de l’air, et ceux de sa troupe qui restent depuis lors chassés de sa présence et privés de leur honneur. Au lieu du service de Dieu, du nom et de l’honneur angélique, i ! s ont hérité de la rébellion et du nom satanique de diables et de démons. Ils se sont efforcés et s’efforcent de séduire les hommes pour les faire tomber dans l’abîm î de leur méchanceté et de leur désobéissance a Dieu, comme ils ont fait à l'égard des premiers hommes, Adam et Eve, les ancêtres du genre humain, qui, par l’astuce de leur milice, se sont rendus coupables d’avoir transgressé le précepte de Dieu. Synod. orient., p. 230231, trad., p. 195.

Ainsi l’humanité pèche à l’exemple d’Adam et d’Eve beaucoup plutôt qu’elle n’est pécheresse en vertu de la l’aute des premiers parents. Et, pour l’aider à vaincre les tentations diaboliques, les théologiens nestoriens semblent compter davantage sur les secours extérieurs : lois, bons exemples, attrait des récompenses, etc., que sur des grâces intérieures. C’est bien le sens du canon 3 du synode d’Iso’yahb I er, en 585, intitulé : Des avantages qui résultèrent de l'établissement des lois et des canons, dans toutes les générations, sous l’Ancien et le Nouveau Testament. On notera que ce développement fait suite à l’apologie de Théodore de Mopsueste que nous avons précédemment citée, col. 290. Tout le passage est d’un « pélagianisme » qu’il est impossible de méconnaître.

Après avoir façonné l’homm 1 et l’avoir marqué à l’image de sa divinité, et avoir fixé en lui une intelligence judicieuse sachant s’avancer utilement ou s'éloigner avec circonspection, il l’assagit par l’imposition de lois qui secourent la raison et conservent la familiarité (avec Dieu). Ces lois contiennent les promisses des biens pour l’encourager et la menace des châtiments pour l’effrayer ; les unes ont été incrustées, les autres convninrlces, les autres écrites. Synod., orient., p. 12'. », trad., p. 400.

Suit un très long développement sur les diverses « législations » qui se sont succédé, jusques et y compris les lois données par les Apôtres et les Pères « en leurs générations ». car ceux-ci ont placé autour de nous, « comme un mur et un avant-mur, la garde des lois et des canons divins, sages et justes. » Ibid., p. 130, trad., p. 401.

Que l’on compare encore cette tirade du synode de Georges I er, en 680, qui fait suite au passage reproduit ci-dessus.

De génération en génération, Dieu a donné au monde des lois utiles, grâce auxquelles nous pouvons faire paraître convenablement la preuve de notre volonté, notre qualité et notre diligence ; de sorte que, par la soumission à notre créateur et bienfaiteur, nous montrions notre volonté dans nos propres desseins, et qu’il devienne évident que nous sommes les maîtres de notre arbitre, par le choix de ce qui nous plaît… Or, notre Dieu bon ajouta à ses lois de bonnes récompenses pour ceux qui lui obéissent, et il réprimi d’une m inière terrifiante, selon l’exigence de la justice, ceux qui lui désobéissent.

Par suite de la versatilité et de la liberté qu’il nous a données, comme aux natures intellectuelles et angéliques, de

nombreuses erreurs se sont propagées parmi nous, ainsi qu’une quantité de fautes et de péchés innombrables, des impiétés et des souillures fréquentes, l'éloignement de Dieu, la soumission aux démons, le culte des idoles et une foule d’iniquités et de perversités de toute espèce. Synod. orient., p. 231, trad., p. 495-496.

Et après avoir insisté sur les promesses qui vinrent éclairer les sombres époques de l’humanité, le même document salue de la manière suivante l’apparition dn Rédempteur :

La race humaine avait grand besoin de lui pour nous libérer de la dette du péché, nous racheter de la servitude et de l’esclavage des démons… et, ce qui vaut mieux que tout cela, pour donner, dans sa bonté, à notre race humaine et aux phalanges angéliques, la vie incorruptible, l’intelligence et la stabilité éternelle, avec la perfection de la connaissance de sa divinité. Ibid., p. 234, trad., p. 499.

Ce « pélagianisme » à peine atténué par la confession de l’humaine misère, cf. Badger, op. cit., t. ii, p. 94-95, restera toujours une des caractéristiques essentielles de la théologie nestorienne. En voir l’expression populaire dans le Livre de l’abeille de Salomon de Bassorab, trad., p. 20-24 ; et l’expression théologique abrégée dans le Livre de la perle d'Ébedjésus, trad., p. 347. On comprend dès lors que les professions de foi, imposées aux nestoriens revenant à l’unité catholique, fassent mention très explicite du dogme du péché originel. La profession de Sulâqâ en 1551, exprime que le Verbe s’est incarné « pour nous purifier du péché d’Adam et de nos autres souillures. » Giamil, op. cit., p. 20 ; cf. p. 35, 156.

2° L’homme, son origine, ses fins dernières. — L’anthropologie nestorienne, à laquelle se rapporteraient déjà les développements ci-dessus, a gardé sur divers points, un archaïsme qui ne manque pas d’intérêt.

La question de l’origine de l'âme humaine a reçu, de bonne heure, une solution qui s’accorde pleinement avec les tendances signalées plus haut. La doctrine de la préexistence des âmes a toujours été considérée comme une hérésie origéniste, et si Hënânâ l’a professée (ce qui n’est pas certain), c’a été un grief de plus contre lui. Le génératianisme a dû la vogue, dont il a joui quelque temps dans l’Occident latin, au fait qu’il semblait fournir une explication facile de la transmission du péché originel. Ce problème ne se posait pas chez les nestoriens, et dès lors on ne relève pas chez eux d’allusion à cette hypothèse. Le créatianisme, au contraire, semble avoir toujours été en légitime possession. Les développements de Babaï sur le moment où l'âme humaine est infusée au corps, quarante jours après la conception (ci-dessus, col. 296) tablent sur le fait de la création immédiate de chaque âme par Dieu, comme sur un fait absolument certain et reconnu par tous. Voir aussi Timothée I er, Episl., ii, c. vii, trad., p. 36 sq., qui réfute les objections que l’on pourrait faire du point de vue moral à cette doctrine. Sur ce point donc, et mise à part la question de la date de l’animation, les nestoriens se rencontrent avec l’orthodoxie catholique. Voir un texte intéressant de Joseph Hazzâyâ, cité par A. Scher dans l’article déjà mentionné de la Rivista degli studi orientait, t. iii, 1910, p. 57.

Il n’en est pas de même, tant s’en faut, de leur doctrine des fins dernières. Sur l'état des âmes séparées, ils en sont restés à la très vieille doctrine eschatologique qui, avec bien des hésitations et des reprises, renvoyait récompenses et châtiments après la résurrection générale et le jugement. Ils lui ont donné, en [ail, une précision qu’elle n’avait pas sous la forme de la théorie du « sommeil des âmes ». Bien qu’elle ne leur soit point particulière — presque tous les Orientaux l’ont acceptée — cette théorie prend, chez un de leurs meilleurs théologiens, le catholicos Timothée I er,