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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LITTÉRATURE


connaissance des sciences sacrées une culture profane assez complète pour leur avoir attiré la considération des musulmans.

Iso’yahb II, qui s'était rangé comme étudiant parmi les opposants de Hénânâ, enseigna ensuite à l'école de Balad, puis fut consacré évêque, bien que marié. Envoyé auprès d’Héraclius en qualité d’ambassadeur au commencement de son épiscopat, la profession de foi qu’il lit alors le rendit suspect au clergé nestoricn. 11 écrivit un commentaire aux Psaumes, des compositions d’histoire monastique et d’hagiographie, des homélies en prose et en vers, des lettres. Une lettre dogmatique au rabban Abraham le Mède s’est conservée en syriaque, tandis que le symbole souscrit pour être présenté à Héraclius existe seulement en arabe. M. Labourt a noté, Le christianisme…, p. 243, n. 3, que la doctrine professée dans la lettre citée correspond à l’enseignement courant parmi les nestoriens : les chalcédonicns y sont formellement condamnés.

Iso’yahb III, formé à Beil’Abë, puis à Ninive, évêque de Ninive, puis métropolite d’Arbèles, fut un homme d’action, dont les lettres montrent au mieux l’activité multiforme. Nous avons dit qu’il réalisa pour une bonne part l’organisation de l’office divin ; il composa lui-même les prières du baptême et du rite de la réconciliation, et probablement une bonne partie des leçons ou madrasê, qui se lisent dans les sessions ou mautabè de l’office nocturne. Il avait écrit un récit du martyre d’Iso’sabran, mis à mort en 620, des sentences pour les novices, un traité contre les hérétiques, des sermons et des oraisons funèbres.

Hënaniso' I er, qui mourut après avoir été renversé par le métropolite Jean de Nisibe, écrivit, au témoignage d'Ébedjésus et d’Amr, des homélies, des oraisons funèbres, des lettres et divers traités en réponse à des gestions qui lui avaient été soumises, une biographie de son contemporain Sargis Dudâ, un commentaire aux Analytiques d’Aristote et un livre sur les causes de ce qui existe. Une collection de 24 décisions juridiques nous est parvenue, ainsi que des extraits d’un commentaire aux évangiles du cycle liturgique, et un éloge en vers de son ancien maître, Iso’yahb III.

Abâ II, formé à l'école de Séleucie, écrivit de nombreux ouvrages que Mari ibn Sulaymàn prétend avoir été interpolé par ses disciples. On cite de lui un Livre des stratèges, un commentaire aux discours de saint Grégoire de Nazianze, des homélies, un commentaire à plusieurs livres de VOrganon d’Aristote, et un éloge poétique du martyr Zakë. Nous possédons seulement un écrit aux étudiants de l'école de Séleucie, à propos d’un différend que le catholicos eut avec le clergé de la ville.

Timothée I er et Théodore bar Koni seront l’objet d’articles spéciaux.

Iso' bar Nun, qui avait été condisciple de Timothée I er à l'école de Séleucie, fut son adversaire avant de lui succéder. Nous avons de lui des questions sur le texte biblique, un recueil de canons et lois en 133 paragraphes, des oraisons funèbres, des lettres sur des questions liturgiques, un traité sur les mots ayant même consonnes et des voyelles différentes. Des passages contre les païens et les hérétiques appartiennent peut-être à une Théologie, dont Ébedjésus cite le titre. Des homélies d’Iso' bar Nun furent jointes à celles de deux auteurs, dont nous ignorons le nom, , pour former un recueil de prédications correspondant à l’année liturgique, dont l'étude était imposée aux prêtres à l'époque d'Ébedjésus.

Élie I er écrivit, comme évêque de Tirhan, une grammaire syriaque en 22 questions et réponses d’après la méthode des grammairiens arabes, puis, comme catholicos, composa plusieurs pièces liturgiques et régla plusieurs offices. Il décida en synode des questions

relatives au droit successoral et aux empêchements de mariage ; il semblcen outre qu’il ait été le compilateur du grand recueil canonique du manuscrit Borgta syriaque 82, dont M. J.-B. Chabot a donné l’analyse dans le Synodicon orientale, p, 4-10, Son œuvre la plus importante était un traité en 22 chapitres, intitulé Fondements de la foi, dont les quatre premiers chapitres, sur la Trinité, sur le Christ comme Dieu, suite Christ comme homme, sur le Christ comme HommeDieu, sont contenus dans la Tour d’Amr ibn Mattal, Cet ouvrage contenait aussi les témoignages des prophètes sur la venue du.Messie, sa naissance, sa vie, sa passion, sa mort, sa glorification ; puis traitait delà descente du Saint-Esprit, de l’invention de la croix, du second avènement, de la vérité de la religion chrétienne, des ablutions et de la prière, des jeûnes, des aumônes, du feu dont souffrent les damnés, de la résurrection, etc. On ne sait si ce traité fut écrit directement en arabe ou traduit du syriaque par Amr. Voir G. Graf, Die christlirh-arabische l.itcralur…, p. 67.

Élie bar Sinâyâ, métropolite de Nisibe (975- après 1049), écrivit plus en arabe qu’en syriaque. Il écrivit en syriaque plusieurs pièces liturgiques et une pfirtie de ses lettres, dont une au clergé et au peuple de Bagdad au sujet de l'élection d' Iso’yahb IV, qui est remarquable par la connaissance du droit ecclésiastique ; Ébedjésus a utilisé dans son nomocanon une collection de décisions juridiques en quatre livres, qui doit avoir été écrite en syriaque. Élie bar Sinâyâ composa encore en syriaque une grammaire de la langue syriaque qui est devenue le manuel des écoles nestoriennes, et compila un dictionnaire arabe-syriaque, ordonné par sujets en trente chapitres. Sa chronique, disposée comme celle d’Eusèbe, qui nous est parvenue dans un unique manuscrit bilingue, fut écrite en arabe, puisque la colonne arabe de la première partie est autographe, mais elle avait été destinée dès l’origine à être lue dans les deux langues. Les autres ouvrages d'Élie sont en arabe : un commentaire du symbole de Nicée, où le texte syriaque est traduit en arabe, puis expliqué, manuscrit Vatican arabe 143, fol. 127-147 v° ; un traité sur les avantages du célibat et de la continence, en forme de lettres ; un traité sur la création du monde, l’unité du Créateur et la Trinité des personnes, qui a été partiellement inséré dans la Tour d’Amr ibn Mattaï, un traité sur les joies de la vie future contre la conception matérialiste du paradis musulman ; un livre de la démonstration de la vérité de la foi, qui est une apologie du nestorianisme contre les Juifs, les musulmans et les chrétiens orientaux de croyance différente.

Le plus célèbre des ouvrages d'Élie est le compte rendu des sept conférences qu’il eut en 1026 (certains manuscrits ont 1029) avec le vizir Abû'l-Qasim Husayn ibn 'Ali al-Magribi sur les vérités de la foi chrétienne. Voici le sujet de ces conférences : 1) sur l’unité et la Trinité ; 2) sur l’habitation de Dieu dans le fils de Marie et l’union des deux natures ; 3) preuves du monothéisme des chrétiens tirées du Coran ; 4) démonstration de la vérité de la foi chrétienne par les preuves de raison et les miracles ; 5) sur ce que la doctrine chrétienne est exempte d’erreur ; 6) sur la supériorité des chrétiens en matière de grammaire, lexicographie et rhétorique ! 7) sur l’opinion des chrétiens relativement à l’astrologie, aux musulmans et à l'âme. Il n’est pas certain que le livre sur les moyens de chasser la tristesse ait été écrit par Élie de Nisibe. les raisons de l’attribuer à Barhébrrcus l’emportent. G. Graf, Die christlich-arabische Literatur…, p. 59-67 ; Christlich-arabisches, p. 185 sq. ; cf. M. Steinschneider, Polemische und apologetische Literatur in arabischer Sprache…, dans Abhandlungen fur die Kunde des Morgent andes, t. vi, fasc. 3, Leipzig, 1877, p. 51-55.