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NESTORIENNE (L'ÉGLISE) LITTÉRATURE
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au temps du métropolite Paul, ci-dessus, col. 181. L'école eut de son temps un éclat particulier, nonobstant la sécession d’une partiedesécoliers. Flusieursde ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous : les nouveaux statuts de l'école de Nisibe, ses traités sur le vendredi d’or (vendredi dans l’octave de la Pentecôte) et sur les rogations du jeûne de Ninive, P. ()., t. vii, p. 53-82 ; Ébedjésus lui attribue en outre des commentaires aux Livres saints, un traité sur la fête de l’Invention de la croix, et un sermon pour le dimanche des Rameaux. Rompant, en exégèse comme en théologie, avec l’adhésion exclusive aux principes de l’Interprète, qui était générale dans l'Église nestorienne, Hèuânâ eut sur les commentateurs suivants une influence considérable, qu’A. Baumstark a notée pour lso’dad de JMerv. Oriens christianus, t. ii, 1902, p. 455 sq.

Lorsque l’enseignement antitraditionnel de Hënânâ mit en péril l'école de Nisibe (589), il y avait des écoles florissantes en plusieurs autres villes de Perse. Abâ I er, ancien élève de l'école de Nisibe, avait ouvert une école à Séleucie dès les premiers temps de son pontificat. Il était fort instruit, connaissait le grec, et s'était exercé à traduire en syriaque la recension lucianique de l’Ancien Testament. Il ne reste rien de ses homélies ni de ses commentaires, mais un traité inédit sur les usages matrimoniaux des zoroastriens a été conservé dans le recueil canonique d’Alkoche 169, copié dans le manuscrit Borgia syriaque 81. p. 577-592. Il eut de nombreux disciples : Isaï, qui fut le premier interprète de son école, nous a laissé un traité sur les commémoraisons des martyrs, intéressant pour ce qui y est dit de la vénération des saints et de l'état des âmes après la mort, éd. A. Scher dans P. O., t. vii, p. 15-22. Il eut pour successeurs Ramiso' et celui qui devint le catholicos Grégoire I er.

Arbèles avait également une école, où Paul de Bassorah avait enseigné pendant 30 ans avant de devenir métropolite de Nisibe. Paul, qui était bien persan et non syrien (contre L. Pirot, art. Junilius Africanus, t. viii, col. 1972), avait écrit une petite introduction aux Livres saints, tout imprégnée de la doctrine de Théodore, qui eut l’extraordinaire fortune d'être traduite en latin par Junilius Africanus et répandue à travers l’Occident, sous le titre d’inslituta regularia divinm legis. G. Mercati, Per la vitae gli scritti di ' Paolo il Persiano'… dans Note di letteratura biblira e cristiana antica, t. v de la collection Studte testi, Rome, 1901, p. 180-206.

Grégoire de Kaskar, qui avait été élève à l'école de Séleucie, fut exégète de l'école d’Arbèles, puis fonda une école dans son pays natal avant d'être élu métropolite de Nisibe en 596. Il prit comme tel une part importante à la lutte contre les messaliens et les henaniens. Chassé de son siège par les Nisibéniens, qui favorisaient Hënânâ, il se consacra aux missions païennes. Il avait écrit sur l’histoire de l'Église et avait composé des écrits ascétiques, dont nous ne possédons rien.

Les écoles se multipliaient en Mésopotamie : Qiyorë d'Édesse, élève de Nisibe où il avait été au temps d’Abâ I", ouvrit à Hirâ, capitale des Lahmides, une école où enseigna Sargis bar Sahiq, auteur de commentaires en forme de chaînes sur Jérémie et Ézéchiel. A. Baumstark, op. cit., p. 123.

.Mais une autre institution se développait, celle des écoles monastiques, associées aux grands couvents dont nous avons relaté la fondation, col. 183-186. Ces monastères devinrent pendant les troubles politiques du vp siècle et ensuite, sous l’Islam, les tranquilles abris où purent vivre, sans trop inquiéter les infidèles, maîtres, étudiants et bibliothèques. Tandis que la littérature ascétique était fort peu représentée en Perse

pendant le v siècle et la première partie du vr (Grégoire le Moine et Nil ne sont pas nest oriens, ni certainement persans, A. Baumstark. p. 57 sq.. ! » 1). elle prit à partir de 550 une place de plus en plus considérable. Abraham de Kaskar, qui fonda le Grand-Couvent sur le mont Izala, avait fréquenté l'école de Nisibe et favorisa l'étude dans son monastère, ci-dessus, col. 185. Abraham de Nethpar, son disciple, écrivit un grand nombre de traités ascétiques, à l’usage des moines, lesquels ont été fréquemment copiés, mais pas imprimés : un court écrit sur l’identité du sacrifice de la messe et du sacrifice de la croix dans P. Bedjan, … Mur Isaacus Niniuila de per/ectione religiosa, Paris et Leipzig, 1909, p. 629-632. Job de Rewardasir, ci-dessus, col. 185, est peut-être l’auteur d’un commentaire anonyme au Nouveau Testament, remarquable par l’explication en persan de certains mots difficiles, dont le seul manuscrit connu était le n. 27 de l’archevêché de Séert. A. Baumstark, op. cit., p. 132, n. 1. Beaucoup de ces moines, outre leurs écrits ascétiques, composèrent des pièces poétiques destinées à l’office divin, tels Babaï de Nisibe, Babaï « le scribe des grottes », Subhâlemaran, Baouth, Zinaï, etc. Ibid., p. 132-134 ; Rubens Duval, op. cit., p. 22-25.

Nous avons dit, col. 158, que l'Église nestorienne eut peu d’historiens. Msihâ-zkâ, cité par Ébedjésus, n’est certainement pas l’auteur de la chronique du pays d’Arbèles publiée par M. Mingana, supra, col. 162. Bar sahdë, qui écrivit contre les zoroastriens, avait écrit aussi une histoire, dont le chapitre sur les martyrs de Nedjrân ressemble beaucoup au récit contenu dans la lettre de Siméon de Beit Arsam, d’après A. Scher, qui en a publié le préambule, Journal asiastique, sér. X, t. x, 1907, p. 400 sq. Simon Garmqâyâ avait traduit en syriaque une chronographie grecque dépendant d’Eusèbe. Barhadbesabbâ 'Arbâyâ, évêque de Hohvân, écrivit une Histoire des saints Pères qui ont été persécutés pour la vérité, en 32 chapitres, dont les 14 derniers ont été publiés, sous le titre La seconde partie de l’histoire ecclésiastique…, par F. Nau, dans P. O., t. ix, p. 493-631. Il avait été badoqâ, examinateur ou professeur de philosophie (?), à l'école de Nisibe et rédigea un de ces discours pour l’ouverture de la session, dont nous avons parlé col. 268, éd. Scher, dans P. O., t. iv, p. 314-397. Mais A. Baumstark pense qu’il y a deux personnages différents, l'évêque de Hohvân, ancien élève de Hënânâ à l'école de Nisibe, qui a écrit la Cause de la fondation des Écoles, et un homonyme du Beit 'Arbâyë ou 'Arbâyâ, auteur de l’Histoire ecclésiastique, cette dualité étant exigée par les divergences chronologiques entre les deux ouvrages. Op. cit.. p. 136.

C’est aussi à l'époque sassanide qu’ont été rédigées plusieurs compositions historiques anonymes, l’histoire deKarkâ d’Beit Slok, citée à propos des martyrs du ive siècle, col. 168, plusieurs passions postérieures au groupe décrit col. 167, comme celles de Grégoire et Yazdpanah, morts en 542, éd. P. Bedjan. … Histoire de Mot Jabalaha…, Paris et Leipzig, 1895, p. 347-415, celle de Kardagh citée col. 168, et d’autres mentionnées par A. Baumstark, op. cit., p. 137. Deux importantes biographies ont été également écrites avant l’Islam, celles d’Abâ I" et de Sabriso’I", éd. Bedjan, op. cit.. p. 206-287 et 288-331.

Babaï le Grand, (551-628 env.) se présente à la fin de cette période comme un remarquable polygraphe. Né dans le Beit Zabdaï, au village de Beit Aynatâ, il entra au Grand-Couvent du mont Izalâ. dont il fut le troisième supérieur, succédant à Dadiso'. Il joua un rôle prépondérant dans le gouvernement de l'Église nestorienne, surtout dans le nord de la Mésopotamie, de 609 à 028. entre la mort de Grégoire I er et l'élection d’ISo’yahb II, luttant contre les messaliens, le