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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LITTÉRATURE

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leur civilisation comme ils l'étaient, les chrétiens indigènes de Si-ngan-fou ont dû avoir au moins une partie de leurs offices liturgiques en chinois, mais il faut avouer que nous ne le savons pas positivement.

La deuxième expédition allemande en Asie centrale a rapporté, des environs de Tourfan, des fragments de manuscrits nestoriens en sogdien. Les morceaux d’un livre d’offices en syriaque prouvent que la langue liturgique originale était conservée dans les pays de mission, E. Sachau, Literalur-Bruchstùcke aus Chinesische Turkeslan, dans Sitzungsberivhte der kgl. preuss. Akademie der Wissenschaften, 1905, p. 964-973 ; mais les fragments de lectionnaire en sogdien publiés par F. W. K. Millier, Soghdische Texte, I, dans Abhandlungen der kgl. preuss. Akademie der Wissenschaften, 1912, philosophisch-historische Classe, fasc. 2, montrent qu’on lisait au peuple dans sa langue au moins les leçons d'Écriture sainte. Cf. A. Baumstark, Neue soghdisch neslorianische Bruchslùcke, dans Oriens christianus, neue Série, t. iv, 1915, p. 123-128 ; F. C. Burkitt, The religion of manichees, Cambridge, 1925, p. 119-125. Une copie du symbole de Nicée, F. W. K. Millier, op. cit., p. 84-88, d’autres fragments qui n’ont pas encore été publiés, peut-être aussi quelques-uns de ceux qui ont été rattachés à une ligne de transmission manichéenne, sont les très pauvres restes d’une littérature chrétienne de traduction, qui fut peut-être assez riche.

Les missionnaires nestoriens se mirent aussi à la portée des Turcs et des Mongols. Sans doute, les voyageurs occidentaux du Moyen Age ont noté l’ignorance linguistique des prêtres rencontrés par eux en Mongolie, lesquels psalmodiaient du syriaque, dont ils ne comprenaient pas le sens. Mais nous avons vu déjà, qu’au vie siècle, plusieurs ouvrages religieux avaient été traduits en hunnique par l'évêque de Arran, supra, col. 208. La deuxième expédition allemande au Tourfan a retrouvé quelques fragments en turc oriental, où M. E. W. Banga reconnu un morceau d’un apocryphe néo-testamentaire et un autre des actes de saint Georges, Bruchstùeke eines nestorianischen Georgspassion, dans Le Muséon, t. xxxix, 1926, p. 41-75. La langue vulgaire finit aussi par pénétrer dans les offices liturgique. Un contemporain de Barhébræus, à la fin du xme siècle ou au commencement du xive, Kamis bar Qardahë composa des hymnes où les strophes syriaques alternaient avec les mongoles. A. Baumstark, Geschichte der sijrischen Literatur, p. 322. En 1306, une inscription mongole en caractère ouïgours était sculptée au-dessus du tombeau de saint Bahnam, la langue officielle des conquérants ayant été préférée pour une formule d’intercession en faveur du souverain et de sa famille, tandis que le syriaque et l’arabe avaient servi pour l’inscription historique. Fac-similé de l’inscription dans Journal asiatique, sér. VIII, t. xix, 1892. planche en face de la p. 342 ; traduction par J. Halévy, Déchiffrement et interprétation de l’inscription ouïgoure découverte par M. Pognon, ibid., t. xx, p. 291 sq. ; information topographique et archéologique dans H. Pognon, Inscriptions sémitiques de la Syrie, de la Mésopotamie et de la région de Mossoul, Paris, 1908, p. 135-142 et pl. viii, xxxiii.

Il fallait mentionner l’emploi de ces diverses langues par les nestoriens de Perse et de l’Asie Majeure — l’emploi des langues indiennes sera traité à l’article Syro-malabare (Église) — mais en dehors du syriaque, il n’y a que l’arabe qui compte vraiment pour l’histoire littéraire. Les nestoriens furent trop intimement mêlés aux musulmans en Mésopotamie pour ne pas s'être mis très vite à la pratique de l’arabe. Timothée I er, le savant catholicos qui transféra le siège patriarcal à la capitale des califes, connaissait si bien la langue arabe qu’il traduisit pour Al-Mahdi une partie

de la Topique d’Aristote. O. Braun, Briefe des Katholikos Timotheos I., dans Oriens christianus, t. ii, p. 2, 4 sq. ; contre J. Labourt, De Timolheo /<>…, p. 5, n. 4. Ce sont des nestoriens qui ont traduit en arabe la plupart des ouvrages grecs, qui ont passé dans cette langue par L’intermédiaire du syriaque ; mais les nestoriens sont demeurés fidèles au syriaque pour la liturgie, contrairement à ce qu’ont fait les maronites et les jacobites dont les formules de prières sont fortement mêlées d’arabe. On rencontre rarement des manuscrits contenant des textes arabes écrits en caractères syriaques orientaux (p. ex., Neofîli 52 à la bibliothèque Vaticane) tandis qu’abondent les manuscrits où l’arabe est écrit en caractères syriaques du type occidental (manuscrits karSuni).

2. Les manuscrits nestoriens.

La littérature nestorienne occupe moins de place que la littérature jacobite dans les manuels d’histoire de la littérature syriaque. Cela tient moins à une infériorité dans l’activité littéraire qu'à une moins bonne conservation des manuscrits nestoriens. Les jacobit es ont eu la chance que la sécheresse du désert de Scété a été favorable à la bibliothèque du monastère de Sainte-Marie des Syriens, qui contenait un grand nombre de manuscrits sur parchemin réunis au ixe siècle ; beaucoup de leurs œuvres ne sont connues que par là. Aucun des anciens couvents nestoriens n’a subsisté d’une façon ininterrompue jusqu'à nos jours, et y en eût-il un, les pillages des Turcs et des Kurdes, s’ajoutant aux intempéries d’un pays à violents écarts de température, y auraient eu raison de la plupart des manuscrits.

D’autre part, les pays nestoriens étaient peu accessibles au temps où se formaient les grandes collections européennes : les plus anciens fonds renferment peu de manuscrits syriaques provenant de Mésopotamie ou de Perse. Pour ne parler que de la bibliothèque Vaticane, on peut noter qu’il ne se trouve aucun manuscrit syriaque parmi les 66 manuscrits rapportés de Perse par Pietro délia Valle, au commencement du xvie siècle. Deux des anciens fonds seulement contiennent des manuscrits nestoriens, celui dit d’Amid, provenant du patriarche chaldéen catholique Joseph I er, et celui constitué à Mossoul par André Scandar, qui voyagea en Orient par ordre du pape Innocent XIII (1721-1724). Les plus riches collections de manuscrits nestoriens en Europe sont celles de Berlin, Cambridge, Manchester (John Rylands library) et du Vatican, depuis l’accession du fonds Borgia. Les bibliothèques nestoriennes d’Orient sont celles de la mission américaine d’Ourmiah, du patriarcat chaldéen catholique à Mossoul, des évêchés chaldéens de Diarbékir et Mardin, enfin du monastère chaldéen de Notre-Dame des Semences à Alkoche (al. Alqos). L’importante collection de l’archevêché chaldéen de Séert passe pour avoir été complètement détruite pendant la guerre ; il est possible cependant que des volumes en réapparaissent, après être passés en 1918 dans les mains de soldats turcs.

Sur les collections de manuscrits, voir A. Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur, p. 2 sq., avec indication des catalogues, auxquels il faudra ajouter J. Vosté, Catalogue de la bibliothèque syro-ch".'.déinne du couvent de Notre-Dame des Semences près d’AlqoM (Iraq), dans Angelicum, t. v, 1928, p. 1-36, 161-194, 325-358, 481-498.

2° La littérature de l'Église perse à l'époque sassanide. — Lorsque les chrétiens d'Édesse portèrent la foi au delà des frontières de l’empire romain, ils étaient déjà en possession d’un texte syriaque des Livres saints, une collection des livres de l’Ancien Testament selon le canon judaïque et un texte des évangiles combinés le Diatessaron. Peut-être d’ailleurs la partie la plus ancienne de leur Ancien Testament, la version du l’en-