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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LISTES PATRIARCALES

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que 2.(358 communiants, appartenant à 961 familles, dont 38 % d’hommes et 62 % de femmes. L'école pour catéchistes fondée au début de la mission fut transformée en collège, avec une section médicale et une section théologique ; un hôpital fut bâti en 1878 ; le nombre des écoles de villages atteignit un moment le chiffre de 63. J. Rient er, op. cit., p. 303-308.

2. La mission anglicane. —

Dès 1835, la Société britannique pour la diffusion de l'Évangile avait envoyé une mission d'études à frais communs, avec la Société royale de géographie. En 1842, l’archevêque de Cantorbéry envoya le Rév. G. P. Radger pour commencer d’agir dans le Kurdistan. Mais c'était l'époque de Bedr-khan et Badger dut se retirer sans rien faire : La mission ne fut commencée qu’en 1886, sous lepatronagedes archevêques de Cantorbéry, et York sous le titre de mission assyrienne (Assyrian Mission), et le premier poste fut installé dans le village même de Kotchannès, résidence du patriarche nestorien, avec le but de réformer par l’intérieur l'Église nestorienne. Mais cette localité d’accès difficile ne pouvait être le centre d’une entreprise tant soit peu importante : le quartier général des missionnaires fut donc transféré à Ourmiah. D’où conflit avec les Américains, et conflit d’autant plus aigu que les anglicans ne pouvaient voir des missionnaires appartenant à des congrégations sans sacerdoce, d’esprit si opposé par conséquent aux Églises orientales, s’occuper de réformer ces Églises ; amères réflexions à ce sujet déjà dans Badger, The nestorians and their rituals, 1. 1, p. 6-11. Opposant leurs méthodes à celles des Américains, ils se servirent le moins possible du syriaque vulgaire, essayant de renouveler dans le clergé la connaissance et l’amour de la langue liturgique. Les anglicans ouvrirent des pensionnats à Ourmiah pour filles et garçons, un pensionnat d'été pour les fils d’ecclésiastiques à Kotchannès et eurent dans la montagne jusqu'à 80 écoles.

La pénétration de l’influence russe, qui leur enleva en Perse une partie de leur clientèle, découragea les missionnaires anglicans, qui transférèrent d’Ourmiah à Van la plus grande partie de leurs établissements à partir de 1900. J. Richter, op. cit., p. 308-313.

Depuis le retour des nestoriens réfugiés près de Bagdad à la région que le gouvernement iraquien leur a destinée près de Mossoul, la mission anglicane a pris le contrôle de leur Église, s’efforçant d’empêcher, dit un des missionnaires, « cette ancienne Église indépendante de se noyer dans la branche uniatequi existe à Mossoul, ce qui mettrait fin à la longue histoire d’une nation qui commence au temps d’Abraham ( !) » W. A, Wigram, The Assurions and their neighbours, p. 239.

3. Missions diverses. —

Deux prêtres nestoriens, dont l’un avait voyagé en Allemagne, organisèrent en 1881 dans deux villages des environs d’Ourmiah des succursales de l'Église luthérienne allemande. J. Richter, op. cit., p. 308. La mission luthérienne unie d’Amérique entretint aussi quelques prêtres et envoya un missionnaire à Ourmiah en 1905. Un prêtre qui a reçu la formation luthérienne à Berlin a fondé en 1906 une imprimerie, sous le patronage d’une association évangélique pour l’avancement de l'Église nestorienne. D’autres sectes encore étaient représentées à Ourmiah ou dans la région, ibid., p. 314 sq. ; nous ne savons pas ce qu’il en est advenu depuis la guerre.

Bibliographie des ouvrages relatifs aux missions protestantes dans. !. Richter, op. cit., p. 294, 301, 303, 310, avec une statistique p. IIS sq. Plusieurs des ouvrages cités col. 150, ont été écrits par des missionnaires protestants : A. Grant a été missionnaire médical de l’Américain Board ;

G. P. Badger, A. J. Maclean et W. H. Brown étaient membres de l'Église d’Angleterre.

Russes et nestoriens.


La poussée politique russe vers la frontière turco-persane, dans le dernier quart du xixe siècle, inspira à un évêque nestorien, Mar Yonan.de se rendre au début de 1897 à SaintPétersbourg pour y demander la protection russe en faveur de ses compatriotes, dont beaucoup avaient signé une pétition en ce sens. On pensait alors que la Russie en viendrait à occuper militairement l’Azerbeidjan, et le gouvernement russe cherchait à se créer des amitiés sur place. Deux moines et un prêtre marié arrivèrent en avant -garde à Ourmiah le 15 mai 1897. Les nestoriens les reçurent avec transport : ils se voyaient déjà délivrés du joug musulman ; ils adhérèrent d’enthousiasme au nouveau programme qui leur était proposé. Le 6 avril 1898, Mar Yonan, présidant une nombreuse députation de prêtres, était admis en présence du Saint-Synode, et le lendemain l’abjuration solennelle des erreurs nestoriennes avait lieu dans l'église du monastère de Saintvlexandre Nevsky. Une mission fut aussitôt ouverte à Ourmiah et 20.000 nestoriens, sur les 25.000 que l’on comptait en Perse, promirent d’adhérer à la foi orthodoxe.

Cette adhésion, toute politique, eut pour résultat final cette entrée en guerre des nestoriens en 1915 qui aétérapportéeci-dessus, col.257. Dans l’effondrement de l'Église orthodoxe de Russie, on ne saurait même pas dire si les nestoriens, habitant sur le territoire de l’L : nion soviétique des Républiques socialistes, sont orthodoxes ou non.

J. Richter, op. cit., p. 310-312 ; P. Deplaissan, La politique russe aux frontières de lu Transcaucasie, dans Échos d’Orient, t. iii, 1899, p. 111-114 ; G. Bartas, Dans le monde grécoslave, dans Échos d’Orient, t. vii, 1904, p. 178 ; A. Ratel, L'Église nestorienne en Turquie et en Perse, ibid., p. 349-353 ; G. Bartas, A travers l’Orient gréco-slave, dans Échos d’Orient, t. viii, 1905, p. 249 sq.


X. Listes patriarcales. —

On trouve dans les ouvrages anciens plusieurs catalogues des catholicos nestoriens. Joseph Aloys Assémani, De catholicis seu patriarchis Chaldeeornm et nestorianorum commentarius, Rome, 1775, p. lxvi, en indique trois, qu’il a publiés, ibid., p. 257-270, d’après des manuscrits de la bibliothèque Vaticane. Le premier, composé par Salomon deBassorah, qui ne donne aucune date, mais indique pour beaucoup de catholicos l’emplacement de leur sépulture, a été réimprimé d’après d’autres manuscrits dans l'édition critique du Livre de l’Abeille, E. A.W. Budge, The Book of the Bee, dans Anecdota Oxoniensia, semitic séries, t. i, part. 2, texte p. 131-135, traduction p. 116-120. Ce catalogue a été prolongé par les copistes jusqu'à Simon III, que Budge a confondu avec Simon VI, p. 119, n. 6.

Les données chronologiques proviennent surtout des chroniqueurs Mari ibn Sulayman, et Amr ibn Mattaï revu par Slibâ ibn Yuhannan, supra, col. 158. Le jacobite Barhébraîus a réuni dans une même série les catholicos orthodoxes de Séleucie-Ctésiphon jusqu'à Babowaï inclusivement, et lesmafriens ou primats jacobites de Takrit. J.-B. Abbeloos et T.-J. Lamy, Gregorii Barhebrxi chronicon ecclesiasticum, t. iii, col. 3-364 (y compris l'œuvre du continuateur). Il y a tout du long de cet ouvrage, mêlées aux biographies des maphriens, des notices sur les catholicos.

C’est de ces sources que dérivent les diverses listes pour la période qui s'étend jusqu'à la fin du xiv siècle. Il n’y a plus ensuite aucune source générale. La première tentative pour établir critiquement la série des catholicos nestoriens et des patriarches catholiques chaldéens est celle de Joseph Simoniis Assémani, Bibliothecu orienlalis…, t. ni a, p. 611-623