Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée
251
252
NESTORIENNE (L'ÉGLISE), MISSIONS LATINES


le 15 août 1628, presque en même temps qu'à Ispahan, appartenait alors au chah. Clémente da Terzorio, Le missioni dei minori cappuccini, t. vi, Rome, 1920, p. 12, 23. Mais les Turcs reprirent Bagdad en 1638, et les chrétiens subirent toutes sortes d’avanies ; pendant quelque temps, l'église des capucins fut la seule église où la célébration des offices fût tolérée, de sorte que les dissidents s’y rendaient en grand nombre, lbid., p. 55. Un des Pères avait le titre de consul de France, ce qui lui donnait quelques facilités pour résister aux caprices des pachas. En 1639, le patriarche nestorien, Élie IX à ce qu’il semble, plutôt que Simon XI, autorisa les capucins à prêcher dans les églises de la « nation » nestorienne. Ibid., p. 89.

La mission de Mossoul, plus spéciakment destinée aux nestoriens, fut créée en 1632 : elle eut bientôt un important noyau de familles catholiques, et c’est sous l’influence des capucins de Mossoul qu'Élie IX envoya au souverain pontife sa lettre de 1657, qui fut portée à Rome par deux capucins. J. Al. Assémani, De catholicis… neslorianorum, Rome, 1775, p. 239. Mais ce succès même mit en danger la mission des capucins ; sous le pontificat suivant, en 1665 et 1667, les Pères furent persécutés et emprisonnés.

A Tauris où ils étaient depuis 1653, les capucins s’occupaient des nestoriens, Clémente da Terzorio, op. cit., p. 117 ; c’est de là qu’ils persuadèrent au catholicos Simon XIII d'écrire au pape la lettre qu’il lui adressa en 1664.

L’hospice de Diarbékir fut fondé en 1667 par le P. Jean-Baptiste de Saint-Aignan, qui était un missionnaire intrépide et connaissant bien les langues, ibid., p. 106 ; c’est grâce à son action et à celle de ses confrères que Diarbékir devint le centre du mouvement vers Rome parmi les nestoriens. La résidence de Mardin commença en 1685. Une période de difficultés s’ouvrit avec le xviiie siècle, correspondant peut-être à une diminution du prestige de la France à Constant inople : l’hospice de Bagdad fut abandonné en 1701, après un assaut des Turcs, ibid., p. 181 ; celui de Mossoul en 1722, après qu’il eut été mis au pillage par les nestoriens, qui y tuèrent le P. Pierre d’Issoudun, p. 184 ; celui de Diarbékir en 1726, p. 193. Revenus dans cette dernière place seulement, quelques années plus tard, p. 194, les capucins en sortent de nouveau en 1747, sur l’ordre d’un pseudononce apostolique, pour y rentrer en 1749, p. 207.

A cette époque, les maisons de Mésopotamie et de Perse passèrent de la province de Touraine (cession faite en chapitre provincial du 13 juillet 1753) à la province de Lille (acceptation du 6 septembre 1754). Op. cit., t. v, Rome, 1919, p. 157 sq. Interrompue un moment par la mort de tous les missionnaires pendant une épidémie de peste en 1759, la mission de Diarbékir dura jusqu’au 18 avril 1803.

La disparition des congrégations en France, pendant la période révolutionnaire eut pour effet de faire passer la mission de Mésopotamie entre les mains des capucins italiens : l’hospice de Diarbékir fut rouvert en 1808, abandonné en 1810, op. cit., t. vi, p. 212, de nouveau ouvert en 1828 pendant quelques, mois, t. v, p. 171-178. En 1841, par suite de la pénurie de sujets en Italie, la mission fut confiée aux Espagnols, p. 233. La mission d’Orfa fut fondée le 8 septembre de cette même année, dans une ville qui n'était pas à proprement parler en pays nestorien, mais où la colonie nestorienne était importante, et il s’y développa une communauté chaldéenne catholique, qui dura jusqu’après la Grande-Guerre, t. vi, p. 232. La mission de Mardin fut rouverte le 18 décembre 1841, p. 248, et une préfecture apostolique de Mésopotamie fut créée par décret de la S. Congrégation de

Propaganda Fide, en date du 30 août 1842, p. 260. Enfin la maison de* Diarbékir fut rouverte le 17 septembre 1843, p. 170. Les derniers développements de cette préfecture apostolique, à Malatiah, Kharpout et Ma’muret al-Aziz, ne concernent pas les Chaldéens, mais les Arméniens.

En 1851, il était devenu nécessaire d’envoyer aux Espagnols de Mésopotamie un renfort de Pères italiens ; en 1893, il fallut encore une fois changer de main : la mission fit retour aux religieux français et fut confiée à la province de Lyon, qui la tient encore. Mais les chrétientés ont beaucoup souffert, soit pendant la guerre, soit comme celle d’Orfa, dans la période troublée qui suivit.

4. Les dominicains à Mossoul et au Kurdistan. — La mission des dominicains auprès des Arméniens fut détruite au cours des troubles qui affligèrent la Perse dans le deuxième quart du xvin siècle ; mais un nouveau rameau se développa presque aussitôt sur le vieux tronc de cet ordre, qui avait tant fait pour les nestoriens aux xme et xive siècles. Le 19 juillet 1748, Benoît XIV demandait aux dominicains de ranimer les vocations pour les missions d’Orient et, le 17 janvier 1750, deux pères italiens partaient pour Mossoul en compagnie du carme déchaussé Léandre de Sainte-Cécile, qui devait être leur introduteur dans ce pays dont ils ignoraient la langue et les usages. S’aidant, comme les capucins, par l’exer cice de la médecine, ils réussirent à prendre pied, et, en 1770, le P. Lanza estimait à un millier les catholiques groupés autour d’eux dans la seule ville de Mossoul, venus pour la plupart du nestorianisme, quelques-uns cependant du monophysisme. B. M. Goormachtigh, Histoire de la mission dominicaine en Mésopotamie et en Kurdistan…, dans Analecta sacri ordinis fratrum prædicatorum…, t. ii, 1895-1896, p. 280-283.

L’invitation du prince kurde Bahram pacha, qui les avait pris en affection, amena les dominicains à fonder, en 1759, la maison d’Amadiah dans un ancien couvent nestorien que le prince leur abandonna, encourageant ses sujets à embrasser la foi des missionnaires. Ibid., p. 407 sq. Le catholicisme se développait en même temps dans toute la contrée. Il y avait en 1770 plus de 2.000 catholiques dans les villages de la région de Mossoul et du Kurdistan, p. 411, et pourtant il n’y eut jamais alors pour les deux maisons de Mossoul et d’Amadiah plus de quatre Pères, p. 413. Ce sont les efforts de ces dominicains qui amenèrent Élie XII à envoyer au pape une profession de foi catholique, et surtout qui provoquèrent la conversion de Jean Hormez, p. 416. Mais la mission du Kurdistan dut être abandonnée de 1770 à 1800, par manque de personnel : en 1786, il ne restait qu’un Père, et il en fut ainsi de 1790 à 1800 ; de 1800 à 1803, deux Pères desservirent à la fois Amadiah et Mossoul. Enfin, la mission fut complètement abandonnée en 1815, après que le dernier suivivant, Raffæle Campanile, fût resté seul pendant plusieurs années, étendant ses prédications jusqu'à Zakho et Djézireh. La retraite des missionnaires n’eut pas pour seule cause la pénurie de sujets ; elle fut aussi la conséquence de l’opposition d’Augustin Hindi aux dominicains, qui soutenaient leur converti, Jean Hormez. C’est ensuite l’absence des religieux latins, si nécessaires in auxilium orientalium, qui permit la prolongation des conflits qui durèrent ensuite, malgré leur retour, juqu'à la mort du patriarche Audo.

Le 16 mai 1840, la Propagande demandait au général des dominicains de reprendre la mission de Mésopotamie, en suggérant d’y employer des Pères espa gnols réfugiés en Italie à la suite de l’exclaustration de 1835. Au début de mars 1841, trois Pères et un