Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée
237
238
NESTORIENNE (L'ÉGLISE), UNION A ROME


une description suffisante, sous la cote ancienne Ami. vu. caps, iv 41 et 51 (erreur pour 14 seulement). Or, lorsque le document est revenu à Rome, on a pris soin d’ajouter un titre sur la première page ornée d’une croix et de fleurons.

Liber iste professionis fidei catholicir… per manus I’atris Thomæ Novaricnsis… Domino Elire Babilonis patriarchaf.lialdæoriimque primati missus est… ad ultimandam stabiliendamquc ejus cum sancta Romana Ecclesia diu desideratam reconciliationem et iinionem qurc, divino præstante auxilio, per eumdem Patrem compléta est anno Domini MDCXIX cujus roi testimonium in fine hujus cum propria ipsius patriarch.e manu, et archiepiscoporum ejus subscriptione munituni tum propriis sigillis roboratione subsignatum videre licet.

On voit en effet au bas de la dernière page deux empreintes en rouge du sceau du patriarcat, le sceau hexagonal d'Élie et un sceau syriaque latin de Timothée, portant au centre une croix surmontant les deux clefs, l’inscription latine JVf(ar) Timotheus, et en syriaque « Timothée, métropolite de Jérusalem ». Mais au-dessus des signatures il y a une note en syriaque, de la main du catholicos, dont la traduction latine a été écrite à Rome, sur la page opposée : Hwe autem nomina Theodori et Nestorii non est possibile auferre et abradere a libris nostrorum Orientalium. Deque omnibus operibus aliis, ecce subscripserim et acceplaverim, et sigillo muniverim… Dans Giamil, op. cit., p. 186. La réserve est d’importance : les prélats acceptaient tout, oui, mais pas de supprimer dans leurs livres liturgiques les noms, anathématisés par les conciles, de Théodore et de Nestorius. Ils étaient donc animés d’un autre esprit que ces convertis de Chypre, ou ces partisans de Sulâqâ, qui demandaient à ne pas être appelés nestoriens et pour lesquels la Curie avait décidé de réserver le nom de Chaldéens. Nestorius, qui n'était cependant pour rien dans l'évangélisation de leur pays, était si bien devenu l'éponyme de leur millet ou « nation », que ces chrétiens de la Mésopotamie et du Kurditan ne voulaient plus en démordre, encore qu’ils n’eussent aucune objection peut-être contre les dogmes romains. Leur obstination sur un nom rappelle la simplicité de ce qui constitue la foi de leurs compatriotes musulmans : « Allah est Dieu, et Mahomet est son prophète. »

Lorsque en juillet 1629, le même Élie IX fut visité par les deux franciscains Francesco Quaresmino (al. Quaresmius) et Thomas de Milan, il montra sans ambages combien il était éloigné de la vérité catholique, car, après avoir dit que sa foi était la même que celle des Romains et avait été plusieurs fois envoyée et approuvée à Rome, il ajouta qu’il tenait fermement que Marie n'était pas Mère de Dieu, mais la mère d’un pur homme (?), et que cette foi, tenue par les patriarches ses prédécesseurs, était et resterait celle de son peuple, car tout simples paysans qu’ils fussent, ils refuseraient de la sacrifier pour tout l’or du monde et se laisseraient plutôt tailler en mille morceaux. Élie IX ajouta que si quelques nestoriens avaient fait à Rome profession d’une autre foi, c'était uniquement de bouche et non de cœur, par considération de leurs intérêts temporels, et que, revenus dans leur pays, ils avaient vécu de nouveau dans la foi nestorienne et y étaient morts. Relation de cette mission par le P. Thomas de Milan dans le manuscrit de la Bibliothèque Vaticane, Ottoboni latin 2536, fol. 114-126. Comment affirmer après cela qu'Élie IX vécut et mourut dans l’orthodoxie romaine ? J. Tflnkdji, L'Église chaldéenne catholique…, dans A. Battandier, Annuaire pontifical catholique, 1914, p. 461, extrait, p. 13. J. Al. Assémani, qui connaissait l'échec de la mission de 1629, ajoute cependant

qu'Élie IX envoya plusieurs fois des lettres à Rome par l’intermédiaire des capucins de Diarbékir : De catholicis seu patriarchis Chaldworum et nestorianarum…, p. 239. Ces documents sont à trouver aux archives de la S. Congrégation de la Propagande.

A la mort d'Élie IX, son neveu Jean Marogliin devint patriarche sous le nom d'Élie X, n’ayant encore que quinze ans. Le 22 novembre 1669, il adn ssait au pape Clément IX une lettre signée par lui et par trois de ses métropolites, où il renouvelait des demandes antérieures, à savoir qu’un collège fût construit à Rome pour la formation des jeunes Chaldéens destinés au sacerdoce, et qu’une chapelle fût affectée à son rit dans les sanctuaires de Jérusalem. Ses premiers envoyés, deux prêtres, Pierre et Marc, avaient été pris par des corsaires barbaresques ; le patriarche demande aussi au pape de leur venir en aide. S. Giamil, op. cit., p. 538-540. De telles aventures n’aidaient pas à la fréquence de relations qui étaient nécessaires pour maintenir l’unité. Quelques années après cette lettre, lorsque le métropolite de Diarbékir, Joseph, eut en 1672 abjuré sérieusement le nestorianisme entre les mains des missionnaires capucins, Élie se mit à le persécuter et se détourna de Rome. Les catholicos de Rabban Hormizd retombèrent dans le nestorianisme et y restèrent jusqu’au début du xixe siècle.

J. A. Assémani, Bibliotheca orientalis…, t.i, sur Élie VIII, p. 543-549 ; sur Adam Timothée, p. 549-551 ; sur Gabriel de Hassan-Kef, p. 551 sq. ; P. Strozzi, De oriu, progressa ac incremento divino religionis catholicæ apud Chaldseos féliciter propagatæ. Item de conciliatione fidei Orientalium cum ftde sanctæ romanæ Ecclesiæ degue obedientia Sancta* Sedi apostolicæ et sanctissimo Domino Noslro pncslita liber. Ejusdem dispulatio de Chaldœorum dogmatibus ad patrem… Adam…, Cologne, 1619. Le manuscrit Barberini latin S93, en plus des dépositions citées contient plusieurs documents relatifs à la mission d’Adam, fol. 145-225. Sur la mission d’Adam, voir : L. von Pastor, Geschichte der Pàpste, t.xii, Fribourg, 1927, p. 264-266 ; L. Lemmens, Belationes nationem Chaldœorum inter et custodiam Terræ sanctæ (1551-1629), dans Archivum franciscanum historicum, t. xix, 1926, p. 17-28.

La lettre d'Élie VIII à Paul V, dont Bellarmin a reproduit un passage imprimé par X. Le Bachelet, Auctarium bellarminianum, Paris, 1913, p. 570, document n° 1, ne nous est pas connue par ailleurs ; ce doit être celle qui fut remise par le catholicos aux deux jésuites, afin de se débarrasser d’eux, et qu’Adam avait essayé de leur reprendre.

La relation du manuscrit Ottoboni latin 2536 a été publié* avec de nombreuses fautes par Marcellino da Civezza, Storia délie missioni francescane, t. viii-xi, Florence, p. 597-608. Un sommaire de cette mission a été donné par H. Læmmer, Analecia romana, Kirchengeschicbtliche Forsclnmgen…, Schaffausen, 1861, p. 43 sq.

5° Les patriarches chaldéens catholiques de Diarbékir ou Amida (1681-1828). — Les jésuites Marietti et Métochita niaient en 1615 que les Chaldéens de Diarbékir eussent été véritablement catholiques ; c'était cependant leur métropolite, Élie, qui avait alors créé un mouvement en faveur de l’union. Son successeur, le pèlerin de Rome et agent de l’union, Timothéevdam, qui prétendait avoir été appelé par la voix populaire, semble ne pas avoir tenu beaucoup à ce diocèse, puisque, en 1619 il ne s’intitulait plus que métropolite de Jérusalem. Archives Vaticanes, AA. Arm. i-xviii, 1805.

Le clergé de Diarbékir, qui se rattachait au début du xviie siècle aux patriarches de Perse, dépendait après 1650 du catholicos de Rabban Hormizd et ne se disait pas catholique. Pourtant les dispositions de la population restaient si favorables envers l'Église romaine, que le capucin Jean-Baptiste de Saintvignan, s’arrêtant à Diarbékir en 1667, tandis qu’il se rendait de Mossoul à Alep, jugea bon d’y demeurer