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NESTORIENNE (L’EGLISE ;, UNION A ROME

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aussi lourde responsabilité. Le christianisme fut déraciné en Chine par haine de la dynastie des Yuan et non des Latins ; il disparu ! on Haute-Asie, lorsque « Timour supprimait les Mongols au nom de l’apôtre Mohammed », ibid., p. 479. Dans les régions montagneuses et pauvres où les chrétiens purent subsister sans trop attirer la cupidité des musulmans, l'Église nestorienne survécut et les missionnaires de l’Occident qui n’en disparurent guère que pendant un siècle, au moment où les Turcs prenaient Constant inople et menaçaient l’Kurope, y reparurent bientôt pour y rétablir de façon durable l’union à Rome.

Les sources de ce paragraphe se trouvent indiquées sous les différents noms de lieux et de personnes dans U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du Moyen Age ; Topo-bibliographie, Montbéliard, 1894-1903 ; Biobibliographie, Paris, 1903-1907. Bibliographie des sources par ordre chronologique dans R. Slreit, Bibliolheea missionum, t. IV, Asiatische Missionsliteratur, 1245-1599, Aix-la-Chapelle, 1928 (ouvrage soigné, où manque cependant l’indication des articles de la Reuue de l’Orient chrétien, qui ont ajouté beaucoup de nouveau). La plupart des lettres pontificales ont été publiées par Raynaldi, reproduites dans les bullaires franciscain et dominicain, ainsi que dans l’appendice de M. Chabot à son Histoire du patriarche Mur Jabalaha III…, dans Revue de l’Orient latin, t. ii, p. 566-640, extrait p. 185-257. La première lettre de Yahballaha se trouve avec celle de Raban-ata dans S. Giamil, Genutnse relatianes inter Sedem apostolicam et - ssi/riorum orientalium seu Chaldicorum Ecclesiam, Rome, 1902, p. 1-8.

Parmi les travaux récents, on peut citer : G. Golubovich, Bibliotcca bio-bibliogra/ica délia Terra sanlae dell’Oriente francescano, t. i-iv, Quaracchi, 1900-1923 (les informations qui concernent la période 1215-1345, sont éparses, sous les noms des religieux employés comme missionnaires) ; San Domenico nell’appostolato de' suoi figli in Oriente (periodo de secoli XIIIe XIV), dans Miscellanea domenicana in memoriani ^'II antli sœcularis ab obilu sancti patris Dominici, Rome, 1923, p. 206-221 ; B. Altaner, Die Dominikanermissionen des 13. Jahrhunderts, dans Breslauer Studien zur historischen Théologie, Habelschwerdt, 1924 ; H. Cordier, Histoire générale de la Chine…, c. xxii, Les Mongols : Missionnaires et voyageurs étrangers, t. ii, Paris, 1920, p. 368-432 ; L. Bréhier, L'Église et l’Orient au Moyen Age, Paris, 1907, p. 219-221, 268-286, 311-3 ; P. Pelliot, Mongols et papes aux XIIIe et XIVe siècles, lu dans la séance publique annuellee ?es cinq académies du mercredi 25 octobre 1922 ; A. van den Wyngært, Jean de MontCorvin, O. F. M., premier évéque de Khanbuliq (Pe-King), Lille, 1924.


VIII. L'Église chaldéenne catholique. —

L’union des nestoriens de Chypre.


Chypre a joué pendant tout le Moyen Age un rôle très spécial : isolée par la mer d’un continent où se battaient des peuples qui n'étaient pas marins, Arabes, Turcs et Mongols, elle resta de 1192 à 1489 sous le gouvernement d’une dynastie d’origine française, il est vrai, mais profondément levantinisée et même orientalisée par plusieurs alliances grecques et arméniennes. Chypre fut un asile pour beaucoup de chrétiens orientaux fuyant les zones de combat, en même temps qu’une place d’armes où les Francs pouvaient se regrouper en sûreté après un échec ou avant une attaque.

Les nestoriens formaient à Nicosie une colonie, groupée autour d’un évêque, suffragant du métropolite de Tarse. Dès 1222, l’attention de Rome avait été attirée sur les chrétiens dissidents, qui résidaient en Chypre. Une bulle d’Honorius III, en date du 12 février de cette année-là, prescrit au patriarche de Jérusalem, à l’archevêque de Césarée et à l'évêque de Bethléem, ses envoyés dans l'île, de ramener les dissidents à l’obédience de l’archevêque latin de Nicosie et de ses sufîragants, en les frappant au besoin de censures. P. Pressutti, Regesla Honorii papæ III, t. ii, Rome, 1895, p 35, n. 3750. L’entreprise n’eut guère de succès : les laïcs grecs et syriens firent une violente opposition aux membres du clergé, qui manifestaient une certaine propension à l’union, et les privèrent de la jouissance des revenus attachés à leurs charges. Urbain IV dut intervenir le 23 janvier 1263 par une lettre au baile de Chypre, J. Hackett A hislonj of Ihe orllwdox Churcli o/ Cyprus…, Londres, 1901, p. 531 sq. Soixante ans plus tard, comme il restait des nestoriens dans l'île, Jean XXII enjoignit au patriarche de Jérusalem, le 1° octobre 1326, d’extirper les hérésies nestorienne et jacobite, en laissant d’ailleurs à sa prudence le choix des moyens à employer. Ibid., p. 532. Nous ne savons pas ce qui fut fait, mais, en 1340, Élie, archevêque de Nicosie, ayant réuni avec les dignitaires latins de l'île les chefs des différentes Églises et des interprètes qualifiés, publia une profession de foi, dont voici les considérants et la conclusion :

Quoniam in regno Cypri, in singulis civitatibus et diœcesibus, permixti sunt populi diversarum linguarum, habentes sub una fide, sicut experimento didicimus, varios ritus et mores, qui a suis episcopis et præsulibus, juxta diversitates rituum et linguarum, verbo instituendi sunt pariter et exemplo ; … decrevimus fidei professionem explicite declarare… Præscriptam igitur purissimam… fidei veritatem… ab universis et singulis regni Cypri, cujuscumque nationis existant firmiter teneri… præcipimus et mandamus, si omnipotent is Dei et sacrosanctae romanæ Ecclesiæ neenon sanctissimi demini nostri domini Benedicti papæ XII, cupiunt efîugere ultionem. Per hoc autem non intendimus inhibere Græcis episcopis, et eorum subditis.quin ritus suos fidei catholiese non adversos sequantur, juxta compositionem a felicis reeordationis domino Alexandro romano pontifice in regno Cypri inter Latinos et Grascos editam et diutius observatam. ilansi, Concil., t. xxvi, col. 372-375.

L’acceptation était-elle vraiment aussi spontanée que le déclare Élie : Memorati… præmissarum aliarum nalionum majores, pro se et subditis suis, … clare et explicite recognoverunl, … et sponlanea voluntate, omni timoré semoto, et quacumque coactione cessante, humili professione confessi sunt…? Ibid., col. 375 sq.

Us devaient avoir fait jjrofession de la foi catholique, ces nestoriens qu’Etienne de Lusignan vit, encadrés par les Éthiopiens et les « jacobites » syriens, dans le cortège d’une procession du Saint -Sacrement. J. Hackett, op. cit., p. 530. Leur rite devait être reconnu, comme celui des Grecs, seul mentionné dans la constitution ci-dessus, sans toutefois que leur office ait jamais été célébré en grec, comme l’a cru le voyageur Jacques de Vérone, qui passait là en 1335. R. Rôhricht, Le pèlerinage du moine augustin Jacques de Vérone, dans Revue de l’Orient latin, t. iii, 1895, p. 178.

Toutefois, c’est seulement en 1445 que l’union définitive est enregistrée dans un document officiel de l'Église romaine, la bulle promulguée par Eugène IV, après que le métropolite des nestoriens, Timothée, eut professé la foi catholique, d’abord à Chypre devant le dominicain André, archevêque de Colosses (= Rhodes), puis au Latran, dans la session conciliaire du 7 août 1445. Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. vu b, p. 1106. Le pape déclare qu’on devra être dorénavant attentif à ne plus traiter d’hérétiques ces Syriens revenus du nestorianisme, auxquels sera réservé le nom de « Chaldéens » : quod nemo prædictos Chaldœorum metropolita met Maronilarum episcopum, eorumque clericos et populos, neque ex populo et clero quempiam de cetero audeal hereticos appellare, aut Chaldœos de cetero nestorianos nominare prœsumat. [Hardouin], Acta conciliorum et epistolse décrétâtes, t. ix, Paris, 1714, col. 1043.

L’histoire de la colonie chaldéenne de Chypre à partir de cette date est peu connue. En 1450, une partie des néo-convertis était retournée à l’hérésie,